on a confervé le regain pour le faire pâturer au
premier printemps par les beftiaux.
Cette manière de tirer parti des prés peut avoir
des avantages, & pour les beftiaux, 8c pour les
herbes, & pour le fol i. cependant je ne l’ai vuufiter
nulle part en France. V o y e \ Prairie. ( S ose. )
ROUESSE. Ce font, dans les environs de Moulins,
dé petites parties de bois qu’on réferve,
dans chaque exploitation rurale, pour le pâturage
des boeufs pendant les grandes chaleurs. V ôy e%
Pâturage 6* Boeuf. (B o s c .)
ROUGE-BE : c eft la Cameline aux environs
de Laon. V oy e% ce mot.
ROUGE-HERBE : ce nom s’applique, dans beaucoup
de lieux, au Melampyre des champs.
V o y e \ ce mot.
ROUGEOLE : nom vulgaire du Melampyre
des champs. On nomme aufli de même le C lav
e au . V o y e \ ces mots.
Rougeole ou Maladie rouge. On appelle
ainfi, dans le département de laCreufe, une mala-'
die du feigle, produite, félon M. Rougier de la
Bergerie, par le manque de chaleur pendant fa flo-
raifon , qui s’arrête avant l’époque voulue par la
nature > elle eft caraftérifée par une ou plufieurs
longues taches rouges fur les épis : fes fuites font
une grande diminution dans la production des
grains. On peut la prévenir par des -Abris. V o y e ç
ce mot & ceux Ha ie , Seigle, Montagne ù
Bois,
Comme le manque de nourriture fait aufli que
la fécondation ne fe termine pas dans les plantes,
il feroit poflîble que cette caufe produisît égale-;
ment la Rougeole j mais M. Rougier de la Bergerie
n’a pas pris cette circonftance en confidération.
Dans ce cas, des engrais ou un changement dans
l’affolement feroient des remèdes infaillibles.
J’ai vu, à ce que je crois, des épis de feigle
attaqués de la Rougeole dans les environs de
Paris 5 mais comme il y en a peu , & qu’on ne s’en
plaint pas, je l’ai regardée comme une Ample altération
accidentelle, 8c j’y ai fait peu d’attention.
( B o s c . )
ROUGETTE : c’eft la Melampyre des
champs dans quelques lieux.
Dans d’autres, ce font des terres franches de
couleur rougeâtre , qui, lorfqu’eiles ont du fond,
font propres à toutes fortes de culture. Elles font
plus ou moins légères, plus ou moins fèches, 8c
fort faciles à labourer en tout temps. V o y e £
T erre. ( B o s c . )
ROUGISSURE : maladie des -fraifîers , qui eft
due, comme la Rouille, à un Uredo. V o y e [
ces mots,
ROUGO. T J x ïL u i tG A i iA .
Arbre de Madagafcar, fur lequel'M. de Lamarck
a établi un genre dans la polyadeiphie pentandrie,
& qu’il a figuré pl. 645 de fes l llu f t r a t io n s d e s
g e n r e s .
Comfne cet arbre n’eft pas cultivé dans nos
jardins, je n'ai rien à en dire de plus. ( B o s c . )
ROUHAMON. L a s i o s t o m a .
Arbriffeau grimpant de Cayenne, qui feul constitue
un genre dans la tétrandrie monogynie, lequel
eft figuré pl. 81 des llluftrations d e s g en r e s de
Lamarck.
Cet arbriffeau ri’étant pas cultivé dans nos jardins,
ne peut être ici l’objet d’un plus long
article.
Il eft poffible que le genre Polyoze doive être
réuni à celui-ci. ( 5 o-sc. )
ROUILLE : premier degré de l’oxidation du
fer, caradlérifé par une pouffière jaunâtre.
C’eft l’oxigënede l’air, qui, fe combinant avec
le fer par l’intermède de l’eau, fait naître la
Rouille. V o y e i Fer ù Oxide.
Comme le fer fe rongé en s’oxidant , & qu’il
peut ainfi fe détruire complètement, il eft bon que
les cultivateurs garantifient le plus poffible du
conta61 de l’eau ou de l’air humide leurs inftru-
mens de fer, en les rentrant tous les foirs dans
une chambre, ou fous un hangar, & qu’ils faffent
peindre à l’huile, ou goudronner, ceux des ferre-
mens de leurs voitures* de leurs maifons, 8cc.,
qui n’éprouvent pas des Frottemens habituels.
On peut auffi, dans beaucoup de cas, produire
les mêmes réfultats avec de la graiffe de porc
( fain-doux), mélangée de plombagine en poudre.
La Rouille de fer ne diffère de l’ocre jaune que
parce que cette dernière contient de l’argile 8c de
ia filice. Toutes deux peuvent être employées à
la peinture , 8c transformées en rouge par le
moyen de la calcination. .
On marque en jaune, d’une manière indélébile,
le gros linge, comme facs, bannes, 8cc., en y
appliquant de la Rouille détrempée dans une petite
quantité d’huile. Ce moyen devroit être plus
ufité qu’il ne l’eft dans les exploitations rurales.
( B o s c .) '
Rouille : taches plus ou moins nombreufes ,
plus ou moins larges , formées par une pouflièré
jaune, analogue en apparence à la Rouille du fer,
qui fe montrent fur les Feuilles & autres parties
de beaucoup de plantes, furtout dans les années
froides 8c humides, 8c dans les lieux voifins des
bois ou des marais.
Les cultivateurs attribuant la Rouille aux brouillards
, on a, pendant des fiècles, bâti des fyftèmes
-pour expliquer fa reproduction. Aujourd’hui on
fait qu’elle eft due à un champignon parafite interne,
du genre Uredo. V o y e% ce mot & ceux
C arie & C harbon.
Il eft des années où la Rouille diminue confidé-
rablement la récolte du froment & autres céréales
, & même des lieux où elle a forcé d’en
abandonner la culture. J’ai connu en France des
vallées marécageufes, fituées au milieu des bois.
qui fe trouvoient dans ce cas. Les tentatives faites
pour introduire la culture du froment dans la baffe
Caroline, dont l’air eft toujours furchargé d'humidité,
ont été rendues infruétueufes par la-même
caufe, ainfi que j’ai été dans le cas de m’en af-
furer pendant le féjour que j’y ai fait, fi
< Le pain fait avec le froment rouille eft moins
bon. ,
La paille rouillée eft une fort mauvaife nourriture
pour les beftiaux , & le fumier dans laquelle
on la fait entrer eft'inférieur.
L’analogie fembleroit indiquer le chaulage
comme moyen d’empêcher la reprodudtion de
la Rouille * mais les bourgeons férniniformes du
champignon qui la forme ne s attachent pas aux
grains comme ceux de la carie & du charbon ; ils
tombent fur la terre avant la récolte, & s y conservent
jufqu’à l’année fuivante, qu’ils montent
avec la fève dans les nouvelles plantes > 8c ce d autant
plus abondamment, comme je l’ai déjà dit,
que l’année ou l’expofition eft plus humide.
Les deux feuls moyens de iiiminuer les effets
défaftreux de la Rouillé font :
i°. De faucher, avant qu’elles montent en
tige , les feuilles des céréales qui en offrent affez
pour faire craindre leur influence fur les produits
de la récolte, l’expérience prouvant que celles
qui les remplacent en offrent peu ou point j 8c
ces feuilles étant enlevées avant la maturité des
bourgeons féminiformes du champignon qui la
caufe, il y en a moins pour l’année fuivante.
20. D’alongèr les retours des céréales dans le
même terrain 5 car , quoiqu’on ne fâche pas combien
d’années les bourgeons féminiformes de la
Rouille peuvent fe conferver vivans dans la terre,
il eft probable que plus on attend, 8c plus il en
périt. V o y e i Succession de culture.
Les engrais puiffans-, en favorifant l’aélivité delà
végétation , empêchent la Rouille de fe développer
j dé-là ce pafiage de Columelle : U b i v e l
a lla p e f t is J eg e tem m e ca t , i b i c o lum b in um f te r c u s
c o n v en u . Quelques obfervations faites en Angleterre fem-
blént conftater qu’en femant épais les céréales, on
diminue la produétion d,eja Rouille. Ce fait eft
difficile à expliquer.
Quelques cultivateurs prétendent que les fro-
mens barbus font moins fujets à la Rouille que
les autres;
Au refte, il y a prefque toujours quelque peu
de Rouille fur les feuilles ci es céréales , même
dans [es terrains fecs 8e très-expofés aux vents,
de forte qu’on doit croire absolument impofiible
de la détruire dans la grande culture , quels que
foient les moyens employés. ( B o s c . )
Rouille des fchns. Lorfque les prairies ont
été, peu avant lqur.récolte, ou après leur coupe,
inondées par une eau chargée de terre, une partie
de cette terre s’attache aux tiges des plantes , 8c
on dit que le foin en eft rouillé. V o y e [ Pra ir ie.
Les foins très-rouillés font repoufles par Ls
beftiaux, 8c ne peuvent plus fervir qu’à faire de
la litière , ou à être jetés fur le fumier. Les
boeufs 8c les vaches mangent quelquefois ceux
qui font peu rouillés, mais ils peuvent leur oc-
cafionner des maladies graves, V o y e ^ Hygiène. '
On peut diminuer lés inconvéniens de la rouil-
lure des foins en les battant en plein air avec de
longs bâtons, ou des fléaux , ainfi qu’en les lavant
dans les eaux.courantes. Les mouiller avec un peu
d’eau falée les fait manger plus volontiers par les
bêtes, à cornes. . , „
11 eft une forte de Rouille des foins qui n eit
pas aufli vifible que ia précédente , mais qui n en
éloig' e pas moins les beftiaux : c’eft celle produite
par les matières extraétives animales ou vegecales
contenues dans lès eaux qui les ont inondées 5 ce
font principalement les eaux d’étangs, 8c encore
plus de marais qui la produifent. Laver plulieuis
foisles foins à grande eau , eft le feul moyen qu on
puiflè employer avec quelqu’apparence de fuccès
pour faire difparoître leur mauvaife odeur 8c leur
mauvais goût. (Bosc.) . ■ c ROUISSAGE : opération a laquelle on tournet
le C hanvre 8c le Lin pour en ifoler les fibres
8c pouvoir en former de la filaffe, & par lui te du
fil & de la toile. V o y e i les deux mots précités. K
C’eft ordinairement dans l’eau 8c à fa tempe-
rature naturelle, qu’on rouit j mais on le fait cependant
aufli quelquefois fur 1 herbe, dans la
terre, 8c au moyen d’agens chimiques.
Le but du Rouiffageeft dediffoudre, ou mieux
de décompofer le gluten qui unit les fibres des
plantes, lequel eft compofé , par livre d écorce >
de quatre gros dix-huit grains de réfinè , & trois
I onces trois gros 8c demi de gomme. C eft donc
une gomme-réfine : or, les gommes-réfines font decompofables
par l’eau-de-vie , par les alcalis, les
favons, la chaux en diffolution, 8c enfin par la
fermentation de la partie gommeufe.
De tous ces moyens de décompofer le gluten
des écorces du.chanvre 8c du lin, il n y a que le
dernier qui foit affez économique pour être employé
en grand d’une manière profitable, 8c c eft
aüfli celui qui l’eft exclufivement.
La méthode la plus ordinaire d’exécuter le Rouif- -
fage confifte à mettre le chanvre ou le.lin, au
préalable lié en petites bottes 8c débarraffé de
fes racines, dans une eau flagnante ou peu courante,
8c de l’y tenir Submergé, au moyen de
piquets ou de groffes pierres. Le lieu ou on met
rouir s’appelle Routoir ou Rouissoir. V o y e ^
ces mots.
Dans l’arrangement des bottes de chanvre ôu de
lin dans le routoir , il faut faire en forte que les
bafes des tiges d’un rang foient fous les têtes des
tiges des deux autres , afin qu’il y ait plus d’égalité
dans l’opération, les bafes rouiffant plus promptement
que les têtes, 8c fourniffant du ferment à
ces dernières.