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qu’elle éft mouillée, & fa chaleur, fuite de cette
fermentation , fe conferve long-temps, ce qui détermine
à la fubfti.tuer au fumier pour les couches
qui fe conftruifent dans les ferres. V o y . C ouche.
La proportion de l’humidité eft la çonfuieration
la plus importante lors de l’écâbliffement d’une
couche de Tannée , car trop ou trop peu empêche
également la fermentation de s’y établir ;
cependant il m’eft impoflible d’indiquer cette
proportion, parce qu’elle ne pourroit le calculer
que pour du Tan complètement fec, & qu’on
n’en emploie jamais de tel. On conftriiit donc
la couche avec le Tan tel qu’on l’apporte de la
tannerie, fauf à l’arrofer eniuite fi on en recon-
noît la néceflljté. Dans le, cas où il paroîtroit
trop humide à fon arrivée, on l’étendroit pendant
quelques jours dans un lieu fec, voifinde la ferre,
en le remuant vers l’heure de midi. Pour connoî^
tre le degré de chaleur delà couche, on y enfonce
des bâtons de la grofîeur du pouce , & le lendemain,
en les retirant âr tâtant avec la main fer-*
mée, on la juge avec une exaétitude fuffifante.
La crainte que la trop forte chaleur d’une couche
de Tannée nouvellement faite brûle les plantes
dont elle eft deftinée à accroître la végétation,
fait qu’on ne les y place que lo’rfqu’on s'eft affuré, par
plulieurs jours d’expérience, que fa fermentation a
pris une marche régulière, qu’elle diminue graduellement
lors même qu’on l’arrofe ou qu’on ne
l’arrofe pas. Je ne puis donner des indications
fixes pour guider les jardiniers dans fa conduite ,
parce que les circonftances varient fans fin, & que
la plupart ne peuvent être expliquées d’une manière
Tatisfaifante. Ici donc, comme dans tant
d’autres cas, la pratique vaut mieux que ta théorie.
Pour arrêter une trop forte fermentation, il faut
arrofer avec de l’eau de puits 5 mais il eft bon d’agir
avec prudence, parce qu'il n’eft pas facile, fi on
dépafle ce point, de ramener la chaleur autrement
qu’en démontant la couche pour la fairefé-
cher ou y réunir du Tan fec, ce qui n’eft pas une
petite opération.
Dumont-Cçurfet, dans la nouvelle édition du
B 0ta n i f t e - C u l t i v a u u r y annonce que les couches de
Tannée font plus nuifibles qu’utiles dans les fer tes.
11 eft poffible qu’il foit fondé en raifons, car ces
couches répandent une grande humidité* mais il
eft certain que les plantes des ferres du Muféum
d’hiftoire naturelle de Paris, où elles on été fup-
primees par des motifs d’économie, font moins
vigoureufes que lorfquMles y exiftoient. V o y e 1
Serre.
C'eft principalement dans les Bâches qu’on
établit des couches de Tannée. V o y e ^ ce mot &
celui Ananas.
La conduite des couches de Tannée demande
une furveillance de tous les inftans 5 quelquefois
après des femaines, des mois de fer vice régulier,
elles perdent leur chaleur en peu de jours * d’autres
fois , au contraire, elles en prennent inftanta-
T A N
nément une très-forte. Il faut, dans le premier cas,
les réchauffer, foit en les arrofant* foit en les la-
bourant, foie èn les remaniant, foit en leur donnant
de la nouvelle Tannée. Dans le fécond cas
qui eft le plus dangereux pour les plantes qui s’y
trouvent plongées, on doit ou les arrofer, ou ou-
vrir un, pluficurs, ou tous les cbâflis, ou ôter
tous les pots. Fréquemment on ne peut prévoir, & j
encore moins expliquer les caufes de ces variations.:
Ordinairement on renouvelle lès couches de
Tannée tous les ans, aux appro.ches de l'hiver . &
on leur donne un.fimplè labour ou un remuago
accompagné d’une recharge „de quelques brouettées
de nouvelle Tannée à l’iffue de l’hiver 5 il
arrive cependant, ainfî que jè viens de l’indiquer,
des cas où on eft forcé de multiplier ces opérations,
qui, lorfqu’elles ont lieu pendant les gelées,
ne fe font pas .fans danger pour les plantes.
Je crois plus prudent de faire deux couches à
Tannée par an, en faifant entrer dans leur corn-
pofition une moitié ( plus ou moins ) de l’ancienne,
afin que la chaleur ne monte pas d’abord fi haut
& ne tombe pas enfuite fi bas:.
La Tannée, moulée grofîièrement s’échauffe
plus lentement & conferve mieux fa chaleur que
celle qui eft fine ; ainfi on doit la préférer pour les
ferres* cependant celle qui eft trop greffe eft aufli
mauvaife que celle qui eft trop fine* celle qui,a
été defféchée ne vaut abfolument rien * aufli faut-il
l’employer au for tir de la foffe.
Une grande couche de Tannée conferve fa chaleur
plus long-temps qu’une petite* mais celle
d’une petite le règle mieux, de forte qu’il y a
compenfation.
Cette, denrée eft p.refque de .nulle valeur dans
les départemens ; on la vend fort cher -à Paris.
A défaut de Tannée , on peut faire les couches
dans les ferres & dans les bâches avec des feuüfès
fèches , avec celles de .chêne principalement.
V o y e ^ Feuilles./
Lorfque la Tannée eft retirée des ferres après
un an ou plus de fervice, elle a perdu de fa qualité
comme engrais , mais elle ne doit pas. moins être
encore.employée fous ce rapport feulement, fauf
à en augmenter;la proportion.
Je rappelle., | cette occafion, que la Tannée
nouvelle contient encore quelquefois du tannin,
qui eft un principe délétère pour les plantes, &
que , par conféquent, il ne faut jamais.l’employer
en malle, mais feulement en la fermant comme
de la graine* au refte, ce n’eft que rarement qu’on
en fait ufage en grandi les tanneurs trouvant plus
d’avantages, furtout auprès des villes , de la dif-
pofer en m o t te s pour le chauffage.
Celle qui a fervi à former des couches eft inférieure
, fous ce rapport, à la nouvelle, mais cependant
on peut s’en fervir également pour chauffer
la.ferre , lorfqu’elle a été mile en mottes & delTe-
chée * feulement il faut la mêler avec uns ; plus
grande proportion de bois., { . B o s c . )
T A N T A N 43i
T an. Dans les montagnes du centre de la France,
on donne ce nom à la fécondé peau de la Châtaigne
qu'on tft obligé d’ôter, à raifon de fon
âcreté, avant de la manger , foit avec la main,
foit avec le Dï-boiradour. Voye^_ ces mots.
TANACClUiVi. Genre établi pour placer quelques
efpètes de Calebassiers (voyq; ce mot),
qui n’ont pas complètement les caractères des
aiur; s. L renferme les ca leb a jfie r s à f e u i l l e s a ilé e s ,
grimpant & p a r a f ite .
TANAISIE. Tanacetum.
Genre de plantes de la fyngénéfie fuperflue &
S 'd e la famille des Corymbiféres , qui raffemble dix-
neut efpèces, dont uneelt fort commune dans nos;
campagnes, & huit, en comprenant cette dernière,
fe cultivent dans nos écoles de botanique.
[ Il eft figuré pl. 6516 des I l lu f i r a t io n s d e s g en r e s de
Lamarik.
“ Obfervations. ;
13. La T anaisie à feuilles imbriquées.
T a n a c e tum v e f i i t u m .T h u n b . Du Cap de Bonne-
Efpérance.
14. La T anaisie à longues feuilles.
T a n a c e tum l o n g i f o l iu m . Thunb. Dtl Cap de
Bonnè- Efpérance.
15. La T anaisie à fleurs axillaires.
T a n a c e tum a x ï l la r è . ThuF.b. Du Cap de Bonne-
Efpérance.
1 6 . La T anaiste à folioles obtufes-
T a n a c e tum o b u ififoU um . Thunb. Du Cap de
Bonne-Efpérance.
17. La TANAisiE-à fleurs tomenteufes.
T a n a c e tum tom e n to fum . Thunb. Du Cap de
Bonnë-Efpérançe.
18. La T anaisie multiflore.
T a n a c e tu m m u lii f io r um . Thunb. Du Cap de
Bonne-Efpérance.
19. La T anaisie à feuilles de lin.
T a n a c e tum l in i f o l iu m . Thunb. Du Cap de
Bonne-E'fpérance.
Desfonraines a féparé de ce genre pîufièurs
efpèces à fleurs dépourvues de rayons, pour en
former le genre Balsamite, dont les efpèces,.
n’ayant pas été mentionnées a ce mot, font dans
le cas d’être rappelées ici.
E fp e c e s .
1. La T anàisi-ë commune.
T a n a c e tum y u lg a r e . Linn. Indigène.
2. La T anaisie à une féule fl. ur.
T a n a c e tum m o n a n th o s . Linn. 0 Du Levant.
3. La T anaiste à fleurs de eotula.
T a n a c e tum c o tu lv id e s . Linn. 0 Du Cap de
I Bonne-Efpérance.
4. La T anaisie blanchâtre.
T a n a c e tum in c a n ù m . Linn. Du Levant.
y. La T an ai sie de Sibérie.
T a n a c e tum fi: iricum . Linn. De la Sibérie.
6. La Tanaisie baiftmite.
T a n a c e tum b a i fam i ta . Linn. % Du midi de la:
I France.
7. La T anaisie d’Otient.
T a n a c e tum o r ie n ta le . Wilîd. % Du Levant.
8. La T anaisie à grandes fleurs.
T a n a c e tum g ra n d iflo rum . Poir. cf De la Barbarie.
.9. La T anaisie annuelle.
I T a n a c e tum a n n u um . Linn. Q Du midi de la
■ France. .
{0. La T anaisie pileüfe.
T a n a c e tum p i lo ju m . Linn. 0 Du-midi de l’Eu-
! rope.
11. La T anaisie fous-arbufte.
J T an a c etum ju f fr u t ic o fum ,. Linn. f) Du Cap de
| Bonne-Efpérance.
12., La T anaisie en éventail.
B T a n a c e tum f la b e iü fo rm e . Lhéiit. ï? Du Cap de
[Bonne-Efpérance.
C u ltu r e .
La Ta ri aillé commune eft une grande plante qui
forme de groffes touffes d’un afpeét fort élégant,
& qui, malgré fon odeur forte, eft très-propre à
orner les parterres & les jardins payfagers * fa variété,
à feuilles .crépues eft encore plus remarquable.
Il lui faut un terrain léger, fertile & un
.peu humide * elle ne demande , une fois en place,
•d’autres foins que ceux de propreté. Yvart.a obfervé
que les moutons en étoient fort avides après fa
ieftiocation, & qu’elle les préfervoit de la pourriture,
ce qui doit engager à en cultiver dans
routes les exploitations rurales. On la multiplie
le graines, & , plus fouvenr, par le déchirement
des vieux pieds, déchirement qui fe fait .au printemps
& qui réuflit toujours.
C tte plante s’emploie en médecine,* elle fournit
beaucoup de potaffe par fon incinération, &
pourroit utilement être cultivée pour en fabriquer.
( Voycç Potasse.) Dans.beaucoup de lieux
on la coupe pour chaufferie four, & on devroit
tou murs le faire pour augmenter la m.affe dès fumiers
, là où elle eft très-commune.
La Tanaifie balfamite, vulgairement appelée
b a um ié r e , m e n th e -coq, fe cultive très-fréquemment
dans les jardins,’ à raifon de la bonne odeur
qu’exhalent fes feuilles dans la chaleur, ou quand
elles font froifiées* elle ne craint que les très-
fortes gelées de l’hiver, & on l’en garantit facilement
en couvrant fes racines de feuilles fèches &
de fougère. La couleur blanchâtre de fes feuilles la
fait ccntrafter avec les autres plantes , & concourt
à la faire employer à la décoration des jardins
payfagers. On la multiplie des mêmes manières
que la précédente, & aufli facilement.
Les Tanaifies de Sibérie &r d’Orient fe cultivent
' de même dans les écoles de botanique. La fécondé