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en ont un. 11 eft une grande quantité de jardins
où il s’en trouve plulïeurs.
Les Citernes & les Mares fuppléent , dans
beaucoup d'endroits, aux Puits , mais rarement
avec avantage. V^oyé^ ces mots.
L’eau des Puits paffe pour inférieure en bonté
à celle des fontaines; mais cela n’ eft fondé que
fur ce que, dans beaucoup de lieux , elle contient
de la félénite ou de la terre calcaire en diffolution;
car généralement elle n’offre d’autre différence
que d’être moins aérée & moins rapprochée de ]a
température de l’atmofphère. Je ne parle pas des
eaux des Puits voifins des fumiers , des latrines ,
de ceux creufés dans des marais, ni de ceux qu’on
ne nettoie jamais, ou dans lefquels on a jeté des
matières végétales ou animales.
Il eft des pays où la conftru&ion d’ un Puits eft
l ’ affaire d’une journée & d’une dépenfe de quelques
francs. 11 en eft où cette opération exige ,
foit à raifon de la nature du fol, de la profondeur
où fe trouve l’eau, des acceffoires, & c . , des années
de travail & des dépenfes très-confidérables.
J’ai dit plus haut que les eaux fe trouvoient dans
la terre en nappe ; en effet, dans le voifinage des
rivières qui coulent en plaine, & où il y a des
couches de fable repofant fur des couches d’argile,
les eaux provenant de ces rivières s’arrêtent
fur les couches d’argile. Il en eft de même dans
les plaines qui fe trouvent à la bafe de la plupart
des montagnes, où les eaux fouterraines, defcen-
dant de ces montagnes, peuvent s’étendre de niveau
fur une couche d’argile. Ainfî, il eft un ex-
trêmement grand nombre de lieux où il fuffit de
creufer un Puits plus ou moins profondément pour
avoir de l’eau en abondance; & comme ordinairement,
dans ces deux cas, furtout dans le premier,
la profondeur où fe trouve l’eau eft peu
confidérable, & que les couches fupérieures de
la terre font de fable , de marne ou de pierre calcaire
tendre , la dépenfe de leur établiffement n’eft
pas hors des moyens des plus pauvres cultivateurs,
comme le prouve le Mémoire que j’ ai publié dans
la Bibliothèque des propriétaires ruraux, relativement
à ceux des plaines de Houilles & de Mon-
ceffon, fur les bords de la Seine, où un homme &
une femme en creufent un dans une journée.
Quelquefois ces nappes s’établiffent fur un lit
de roche, même entre deux lits de roches; & ,
dans ce dernier cas , il peut arriver que* descendant
d’ un lieu beaucoup plus élevé, & fe trouvant
remplir complètement l’intervalle des roches
, il ne faille que percer la roche fupérieure
pouf la faire fortir en jailliffant, & arriver jufqu’à
la furface du fol. C ’eft parce que la plaine
d’ Arras a une telle difpofition de roches, qu’on
peut y creufer ces Puits ft célèbres, appelés
Puits artefiens ,• mais ils fe font bien trompés ceux
qui ont cru qu’on pouvoit en creufer partout de
<els ,, car les deux circonftançes auxquelles ils
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font dus, font fort rares à rencontrer : on ne cite,
après Arras , que Bologne en Italie , où elles
foient connues.
Mais dans les pays de montagnes, où les eaux
coulent dans la terre en fî'ets femblabks à des
ruiffeaux, même à de petites rivières, à .travers
les fentes des rochers ou dans les déflexions de
!eurs couches , pour creufer un Puits il faut re-
connoïtre le lieu où doit fe tiouver un de ces
filets, & on n’eft jamais certain de ne pas fe
tromper. La confidération des Puits déjà exiftans,
celle de la dëpreflion ou de la pente de la fur-
face'du fo l, d’une humidité plus fenfible pendant
î les grandes féchereffes , d’une végétation plus
forte, & c . , font les indices d’après lefquels on
peut travailler avec quelqu’apparence de fuccès.
S’il y avoit dans le voifinage une fonde de miné-
ralogifte, &r c ’eft ici le lieu de faire le voeu pour
qu’ il y en ait une dans chaque chef-lieu de préfecture
& de fous-pré fe élu r e , on devroit l’employer
pour acquérir toute la certitude néceffaire.
V o y e\ Sonde.
Heureufement pour les cultivateurs que les pays
où les Puits font les plus incertains & les plus
coûteux à creufer, les pays de montagnes, font
ceux où ils font les moins fouvent néceffaires ,
ces pays étant ordinairement bien pourvus de
fources.
Souvent, dans les montagnes, Iorfque la pente
eft rapide, il eft poflible de transformer un Puits
en fontaine, foit en creufant une galerie qui aille
chercher la fource à fon niveau , foit en bouchant
l’ouverture par où l’eau s’écouloit, ce qui la force
à monter jufqu’à la furface du fol. J’ai vu plusieurs
exemples de ces deux moyens dans la ei-
devant haute Bourgogne.
Ceci me conduit à obferver que la maçonnerie
même la mieux faite, avec la chaux & le ciment,
n’eft pas toujours fuffifante pour empêcher les
eaux d’ un Puits creufé dans la roche de perdre
fon eau. Il faut auparavant boucher, à refus de
maillet, les trous par. où elle s’échappe avec du
bois tendre & exttêmement feç, du bois de faule,
par exemple , les premiers morceaux ayant environ
un pied de long. & les derniers, qui peuvent
être plus courts, ayant la forme de coin,
: parce que ce bois fe gonflant par l’humidité, ferme
les plus petites iffues. On appelle la manière de
boucher les trous des rochers pour empêcher l’entrée
ou la fortie de l ’eau, piquage, en terme de
; mineur.
Lorfqu’ on eft dans le cas de creufer un Puits
dans le voifinage d’une maifon * il faut calculer la
poflibilité que les eaux des latrines & celles des
fumiers s'y infiltrent, car là dépenfe de fa fabrication
feroit perdue fi cela arrivoit. Je dis calcule
r ,. car il eft très-fréquent de voir des Puits
dans l’intérieur des maifons & des baffes-cours
imais alors ils font placés au-deffus dç l’écourp
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lement naturel de eaux pluviales, & leur ravalement
eft à chaux & à ciment. # . . .
La forme qu’ on donne aux Fuits.eft »e plus ordinairement
la circulaire ; je dis le plus ordinairement,
parce que, Iorfque l’ un d eux eft deitinea
fervir à deux locaux féparés par un fimple mur,
on le fait ovale, & que ceux dune très-grande
dimenfion font quelquefois carres ou paradélo-
gramiques. , ' , . .
• La largeur des Puits doit être d’environ trois
à quatre pieds, fans y comprendre le revêtement
lorfqu’ il y en a , lequel fe compte le plus fouvent
pour deux pieds, largeur fuffifante pour le jeu de
deux féaux, l’un montant & l’autre defcendant ;
cependant, dans les lieux où on eft obligé de percer
une roche très-dure pour arriver à l ’eau, on ne
leur en donne , par économie, qu’ une de deux
pieds à deux pieds & demi, ce qui force à n’employer
qu’ un feau, & l’expofe à des frottemens
contre les parois qui i’ufent très-rapidement.
Le creufement d’ un Puits fe fait par deux ou
trois hommes, au moyen de, la pioche ou du
p ic , quelquefois du ci feau & de la poudre. On
ne peut jamais établir fa dépenfe que fur celle
qu'ont occafionnée ceux du voifinage. Quelquefois
leurs déblais font de bons amendemens fur
les terres fortes, & par-là diminuent un peu ce.
qu’ ils coûtent. Je n’entrerai pas dans le détail
de l’opération, qui eft fort fimple, & ne fe rattache
qu’ indireélement à l'agriculture.; . .
Arrivé à la nappe ou au filet d’ eau, on creufe
encore , fi on le juge néceffaire, deux ou trois
pieds plus bas pour avoir une cuvette toujours
pleine d’eau, & propre à la retenir fi elle n’eft
pas abondante, ou fi elle eft fujette à diminuer
dans les temps de féchereffe ; après quoi, fi le fol
n’eft pas une roche, on defcerid des bouts de
madriers de chêne, qu’on difpofe circulairëment,
& fur lefquels on établit les premières affffes du
revêtement du Puits.
On appelle revêtement un mur en pierres de
taille , plus ou moins groffes, qu’on élève contre
les parois du Puits, Iorfque cés parois ne font pas
creufées dans la roche, pour empêcher leur ébou-
lement, & par fuite le prompt comblement de
fon'fond. C ’eft un objet de grande dépenfe, qu’on
évite quelquefois dans lès pays où l ’eau eft à peu
*de profondeur, en y fubftituant des tonneaux défoncés
par les deux bouts , même feulement un
tonneau défoncé p3r le haut, & percé de trous
latéraux pour recevoir l’eau d’ un coté , & arrêter
les débris de la paroi de l’autre, auquel cas le Puits
doit avoir deux ou trois pieds de plus de largeur
que le tonneau. C ’ eft ce qu'on pratique dans la
plaine des environs de Paris, déjà citée.
Le plus ordinairement, & on devroit toujours
le faire, à raifon des accidens qui peuvent réfulter
du manque, de ce foin pour les hommes & les
animaux, on élève le revêtement à trois pieds
au moins au deffus de la furface de la terre, &
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on recouvre fa dernière aflife d’une feule pierre
percée, ou de plufieurs pierres liées les unes aux
autres pour éviter les dégradations ; c’ eft ce qu’ on
appelle une margelle.
Il eft toujours préférable de laiffer les Puits dé- .
couverts, parce que la circulation de l’air s’y exécute
plus complètement, & que l’eau s’en améliore
d'autant. Ainfî, lorfqu’il y a des motifs de
les couvrir, foit pour éviter les accidens, foit
pour empêcher d’y jeter des immondices, on
doit le faire avec un grillage plutôt qu’ avec des
planches.
Les mêmes confidérations exiftent pour les Puits
placés dans les caves, dans les cuifines, & c . On
ne doit en creufer dans de tels endroits que lorsqu'on
a des raifons majeures, & on ne doit en
employer l’eau à la boiffon des hommes & des
animaux, ainfî qu’aux arrofemens, que dans Pim?
poflibilité de faire autrement.
11 exifte un grand nombre de moyens de tirer
l ’eau d’un Puits. Le plus fimple eft un feau qu’on
defcend dans le Puits, attaché à un crochet ou à
une corde , & qu’ on retire par le feul effort du
bras; il eft fatigant, dangereux, & ufe très-rapidement
la corde. Un autre également fimple, qui,
comme les deux précédées, ne peut s’appliquer
qu’ aux Puits peu profonds, c ’eft un levier dont le
côté le plus long eft terminé par une perche à crochet
qui eft fufpendue au centre du Puits > & donc
lé côté* le plus court eft garni de poids tellement
combinés, que le feul effort de la main fuffit pour
faire fortir le feau plein d'eau. Le plus ufité & le
plus fufceptible d’être appliqué à tous les Puits,
c’eft une greffe poulie fixée à environ fix pieds au-
deffus des bords du Puits & à fon centre, poulie
autour de laquelle paffe une corde portant un feul
feau, ou deux , un à chacune de fes extrémités ,
féaux dont l’un defcend vicie Iorfque l’autre monte
plein, par l’aétion de deux bras qui tirent du côté
vide. Dans beaucoup de lieux on fubftitué un treuil
à la poulie, ce qui rend, l’opération moins fatigante,
mais plus lente. Souvent, dans les lieux
où on a befoin de beaucoup d’eau, c’eft un ca-
beftan mu par un cheval qui fait monter & descendre
les féaux. Ces moyens peuvent être combinés
& variés de beaucoup de manières, que je
ne crois pas devoir développer ici.
Tantôt on emploie des cordes de chanvre , ce
font les plus durables & les-plus lourdes, tantôt
des cordes d’écorce de tilleul, ce font les plus
economiques & les plus légères :on fubftitue quelquefois
des chaînés aux cordes.
Au lieu de féaux on attache quelquefois des
godets, ou petits féaux, de diftance en diftance,
tout le long de la corde , & un manège fait tourner
le tout io n appelle cette difpofition un noria
en Efpagne & en Italie, où elle eft fort ufitée.
Une fimple co rd e , ou une chaîne tournant
rapidement, fait également monter l’eau ; c’eft lit
i machine de Vera*