
ture de l’air, avec une très-grande rapidité ; ce
qui peut occafionner dans la filaffe des altérations
qu'il n’eft pas facile de prévoir , & par conféquent
de. prévenir.
De grandes précautions doivent être prifes
lorfqu’on vide les folles où le chanvre a roui de
cette manière, à raifon des gaz mortels qui s’y
trouvent. C’eft toujours avant le lever du foleil
qu’on doit y procéder, & remettre, en opérant,
au- deffus du vent.
La terre qui a recouvert le chanvre & le lin
dans ces fortes de routoirs, ainli que celle qui
remplit le fond des routoirs à eaux, eft un excellent
engrais, qu’on ne doit jamais fe réfuter à uti-
lifer. V o y e^ E ngrais.
Aujourd’hui, en Angleterre, l’eau même dans
laquelle le chanvre ou le lin a roui', eft employée
à l’engrais des terresj & une expérience conftate
qu’un champ produifant io francs, en a produit
fo lorfqu’on l’a arrofé avec elle. ( B o s c . )
ROULAGE. En agriculture, ce mot lignifie
l’aéHon de faire paffer un cylindre de bois, de
pierre ou de fer, tournant fur un axe 8c traîné par
un cheval fur les terres arables, foit lorfqu’elles
font légères pour les Plomber, foit lorfqu’elles
font fortes pour en écrafer les Mottes, recouvrir
la Semence qui a é t é répandue, C hausser
le pied des céréales qui y végètentf, les faire Tabl
er. V o y e z ces mots & celui Rouleau
L’utilité au Roulage , dans ces cinq cas , eft fi
évidente, qu’on ne peut concevoir comment il
fe trouve.des pays ou il eft inconnu.
Dans quelques cantons on fait précéder le
Roulage d’une opération qu’on appelle Dôsser ,
& qui confifte à promener le dos de la herfe finie
terrain nouvellement labouré j afin de commencer
à rompre les parties fai liantes & à remplir
les creux. On ne peut qu'approuver cette
opération, quoiqu’un léger binage avec une houe
à cheval, munie deplufieurs focles, doive remplir
mieux l’objet qu’elle a en vue, & ne foit pas plus
coûteux.
Ainfî on peut rouler immédiatement après le
labour, immédiatement après le femis 8c après j
l’hiver, félonie but qu’on fe propofe. Quelquefois
on roule avant & après le femis, avant & après
l’hiver.
Le Roulage après l’hiver eft furtout avantageux
dans les. terres qui lé foulèvent par l’effet des
gelées, comme les granitiques & les tourbeufes.
V o y e [ T erres levées.
Pour que le Roulage s’exécute convenablement,
il faut que la terfe ne foit ni trop lèche ni trop
humide, parce que, dans le premier cas, elle ne
fe plombe pas & que les mottes réfiftent, 8 c que,
dans le fécond, la terre fe plombe trop & s’attache
au rouleau.
Les terres qui fe cultivent en billons font plus
difficiles à plomber que celles qui fe cultivent en
planches, cependant, au moyen d’un rouleau
court & d'un plus grand nombre d’opérations ;
on y parvient fort bien, V o y e i Billon. ( B o s c . )
ROULEAU. Deux inflriim ens d’agriculture qui
varient dans leur emploi, & de chacun defqusls
il eft plufieurs fortes, portent ce nom.
L’un eft de bois, de pierre ou de fonte de fer,
& fert à Plomber les terres arables, à bri'fer leurs
Mottes , &c. V o y e^ ces deux mots & celui Roulage.
L’autre eft toujours de bois, quelquefois cependant
armé de fer, & a pour objet le Dépiquage
ou Battage des graines. Voy e% ces deux
mots. - •.
La longueur & la grofiVur du Rouleau à plomber
varient félon la nature des terres, le mode du
labourage 8c la matière dont il eft compofé. Ceux
en bois doivent être plus gros que ceux en pierre
ou en fer ; ceux deftinés à agir fur des terres argi-
leufes, plus gros que ceux deftinés à agir fur des
terres fablonneufes. Ils doivent être plus courts’
lorfqu’on laboure en billons, que lorfqu’on laboure
en planches.
C’eft ordinairement en chêne dans les pays ou
il y a des forêts , & en orme dans ceux où il n'y
en pas, qu’on fait les Rouleau*. Le hêtre, le frêne
8c le charme fervent aufti quelquefois. Les garnir
de trois cercles & de trois bandes de fer, eft une
précaution très-favorable pour afiurer leur durée,
8c qu'on ne prend pas allez généralement.
On ne peut faire de bons Rouleaux en pierre
que dans les pays de montagnes, la pierre des
vpays à couche étant généralement trop tendre :
ceux de granit font les meilleurs relativement
à la durée.
Il a été fait aux environs de Lyon, fous les yeux
de M. Chancey, des expériences fur les différentes
fortes de Rouleaux,defquelles.il eft réfulté que le
Rouleau conique & uni, en pierre, faifoit plus
d’ouvrage & de meilleur ouvrage dans le même
temps , que les Rouleaux cylindriques 8c que
les Rouleaux de bois & de pierre crénelés. Il y
a plus de moitié d’économie dans les frais, &
la paille eft meilleure pour les beftiaux.
Il fefabrique des Rouleaux de fonte pleins &
des Rouleaux de fonte creux : ces derniers font
les f)lus communs} on les remplit-de bois : ils font
généralement plus courts que ceux de bois &de
pierre. C’eft en Angleterre qu’on en voit le plus.
La préférence qu’ils méritent eft évidente pour
ceux qui en ont fait ufage.
Lorfqu’on arme les Rouleaux de bois ou de
fonte, de pointes de ferobtufes, longues de deux-
à trois pouces, & écartées d'autant* ils brifenc
bien plus facilement les mottes, ôr'peuvent donner
, avec la plus grande rapidité , une efpèce de
labour-qui fuffit dans beaucoup de cas. Les amis
de la profpérité agricole de la France doivent
defirer que leur ufage s’étende.
Les propriétaires des grands jardins ont auffi
des Rouleaux gros & courts en pierre ou en fer,
pour
pour unir leurs allées 8c leurs gazons, & pour
faire taller ees derniers. V o y e i Gazon.
Dans la ferme expérimentale du roi d'Angleterre
à Windfor , on fait ufage, pour femer en
rangées, d’un Rouleau garni de diftance en dif-
tance d’anneaux triangulaires de fer fondu, anneaux
qui creufent des filions où tombe la fe-
mence qu’on répand à la volée. Je ne crois pas
cet ingénieux inftrument employé en France. V o y e ^
R angées. Ces différentes forcés de Rouleaux offrent, au
.centre de chacun de leurs bouts, un boulon de
fer au moyen duquel ils.tournent dans des trous
percés aux extrémités d’un brancard auquel eft
attaché le cheval qui les fait mouvoir.
On ne prend pas affez de précautions pour con-
ferver les Rouleaux loi fqu’ils ne fervent pas : ceux
en bois rèftent toute l’année dans les champs , ou
dans la cour , expofés à la pluie 8c au foleil. On
devroit les faire peindre à l'huile de temps en
temps , & les rentrer fous un hangar dès qu’on
n’en fait plus ufage.
La forme des Rouleaux à dépiquer varie infiniment.
Dans quelques lieux ce font des roues tranf-
formées en oCtogones, à l’eflieu defquelles font
attachées deux cordes.
Dans d’autres , ce font des cônes tronqués,
creufés-longitudinalement de manière à former
huit, dix , douze & même un plus grand nombre
de vives arêtes.
De tous ces Rouleaux, il en eft un qui paroît
mieux adapté à fon objet, c’eft celui en ufage dans
quelques parties de l’Italie, 8c introduit depuis
quelques années dans les départemens du midi de
la France. En donner la description fuffïra pour
faire connoître les principes d’après lefquels ils
doivent tous être conftruits.
J’obferve d’abord que le battage du grain par
le moyen des Rouleaux ne s’exécute que dans les
pays fecs 8c chauds, parce’ qu’il ne feroit pas fuffi-
iant, dans les pays humides & froids, pour obtenir
„ tout ce qu’on a droit d’en attendre. ( V o y e^ Battage.
Un bois trop lourd 8 c un bois trop léger font
également à repouffer lorfqu’on veut conftruire un
Rouleau à dépiquer. Le .frêne paroît celui qui
fournit le bois dont le poids eft le plus convenable.
'
Le Rouleau en queftion eft un cône tronqué de
trois à quatre pieds de long , fur vingt pouces de
diamètre d’un côté & feize de l’autre, à la fur-
face duquel font Solidement fixées huit barres ou
jumelles arrondies d’un côté, de même longueur
& de fix pouces de haut fur quatre de large $
à travers paffe un effieu de fer d’un pouce de diamètre,
qui fait faillie de quatre poupes à chaque
bout. Cet effieu Sert à fixer le Rouleau dans un
cadre dont les côtés font recourbés en haut, &
aux extrémités antérieures duquel font fixés
A g r ic u ltu r e . T om e V I .
deux crochets de'fer,, qui fervent à attacher les
cordes deftinées à faire mouvoir le tout par un
cheval.
Cette machine eft dirigée fur les céréales, au
préalable déliées & étendues circulairement fur
l’aire, par un homme placé^u centre, & tenant, au
moyen d’un court bâton attaché près fon mords,
le cheval qu’il fait tourner; d’autres hommes retournent
les céréales, les ôtent & en apporter t
de nouvelles félon le befoin. Chaque fois qu’une
jumelle quitte la furface de l’aire, fa fuivante
tombe fur les céréales avec une force proportionnelle,
& à leur diftance refpeétive & au poids total
de la machine. Il en réfulte d’abord une per-
| euffion & enfuite une compreffion qui font fortir
le grain de fa balle. La feule attention à avoir,
c’eft de ne faire marcher le cheval ni trop vite,
ni trop lentement.
Des expériences faites à Touloufe conftatent
qu’il y a à gagner un vingtième à dépiquer par le
moyen de ce Rouleau, fur le dépiquage par les
pieds des animaux, que la paille eft moins brifée ,
moins falie, & conlerve par conféquent plus de
valeur. De plus, l’opération eft plus rapide. ( B o s c . )
ROULURE. On appelle ainfi un accident caufé
aux arbres par les grands vents qui en tordent les
fibres, & à une maladie dont le réfultat eft la dif-
jonCtion d’une ou de plufieurs couches ligneufes,
foit dans toute ou une partie feulement de leur
longueur & de leur tour.
Cette fécondé forte de Roulure peut avoir plufieurs
caufes , dont les deux principales paroiffent
être la féchereffe & la gelée, portées à un affez
haut degré pour déforgahifer l’intervalle entre
‘ l’aubier & l’écorce, c’eft-à-dire, le Liber de
Duhamel ( v o y e ç ce mot) : du moins les arbres
qui croiflent dans des terrains fecs y font plus fu-
jéts que les autres, 8 c on a remarqué que ceux
qui ont été coupés après le fameux hiver de 1709;
en étoient prefque tous atteints.
On trouve rarement de jeunes arbres attaqués
de Roulure5 ce qui prouve que la foibleffe de la
végétation concourt également à la produire. Il
eft des efpèces qui y font plus fujettesque d’autres,
le châtaignier par exemple, ce qui eft dû à la peti-
teffe des fibres qui vont de la moelle à l'écorce.
Au refte, il n’y a pas moyen d’empêcher la production
de la Roulure , & on ne la peut recon-
noître que lorfqu’on travaille pour la charpente,
ou la menuiferie, les bois qui en font affeélés. Si
elle diminue beaucoup la valeur des bois deftinés
à ces deux fervices, elle n’affoiblit pas celle de
ceux qu’on doit brûlen V o y e [ C ouches ligneuses,
Aubier, Lib e r , Gè l ivu r e , C adran.
(Bo^c.)
ROUPALE. Ru p a l e a.
% Genre de plantes de la tétrandrie monogynie
& de la famille des P r o t é e s , dans lequel fe trou-
Bb