
Il fcutj psndant les gelées furtout, les obferver
plulïeurs fois le jour & Ja n u it. pour'augmenter
ou diminuer le feu félon qu’ils l’indiqueront.
L entretien d une Serre paffe généralement ■
pour être un objet de grande dépenfej mais lorf- i
que celle qu'on poiïede eft dans les dimenfîons
que j ai données plus haut , & qu’elle eft réparée
chaque année , il n'eft pas très à charge.
Deux ou trois cordes de b ois , cinq ou fix tombereaux
de tannée, que, dans beaucoup d’en- j
droits, on a prefqu’ uniquement pour les frais
de tranfport, & quelques douzaines de carreaux j
par an, en font la principale partie. Je ne parle
pas des pots & autres uftenfiles, encore moins
du jardinier & de fou garçon , parce que je fup-
pofe c,u on les payeroit lors même qu’on n’au- I
roit pas de Serre.
Généralement on place dans les Serres une I
grande variété de plantes appartenant à divers I
climats , & qui demandent par conféquent un *
traitement particulier, indépendamment du traitement
général. Je vais donner, d ’après Nolin,
quelques notions fur ce qui les concerne.
i° . Les plantes de la zone torride & des climats
intertropicaux. De ces plantes, les unes ne
peuvent fupporter le plein air de notre climat
pendant k s nuits même les plus chaudes de
été j elles doivent donc refter conftamment dans
Ja serre ; les autres, moins délicates , peuvent
etre mîtes dans cette fa ite s pendant plus ou moins
de temps, a une expofition chaude & abritée. On
les rentre généralement quand le thermomètre
commence à s abaiffer, la nuit, à quinze degrés
au-deffus de z é r o , c'eft-à-dire, vers le commencement
de feptembre.
1°. Les plantes originaires des pays fitués en-
tre les tropiques jufqu'au trente - dixième degré
de latitude. La moindre chaleur de ces climats
étant de dix degrés, elles doivent être remifes
dans la Serre lorfque le thermomètre ne monte
pas pendant la nuit au-deffus de ce degré
qui arrive vers la mi-feptembre. 3
3 . Quelques-unes des plantes des climats com-
pris entre le trente-lîxième & le quarante-troi-
herne degré de latitude, qui peuvent bien paffer
I hiver dans 1 orangerie, mais qui ont befoin de
plus de dix degrés de chaleur pour fleurir en
automne ou en hiver. On doit les rentrer en même
temps que les précédentes.
4°. Les plantes des pays tempérés, ou même
froids , dont on veut accélérer la végétation.
A Schoenbrunn, jardin de l’empereur d’Àu-
triche près Vienne , chaque Serre eft affeétée à
une culture particulière; de manière que les palmiers
de 1 Inde, qui craignent tant l'humidité, ne
le trouvent pas avec les plantes de la Guiane, qui
croilient naturellement dans l'eau.
Quelques jours ayant de rentrer les plantes
dans la Serre, on doit, i° . renouveler leur terre
en tout ou en partie (voyeç R em po t fm en t ) j
i ° . féparer leurs accrus & leurs marcottes ; les
débarraffer de tous ceux de leurs Gourmands
qui font a craindre ( voyer ces mots ) , de toutes
leurs branches mortes, de toutes leurs feuilles
mourantes, & de toutes les cochenilles, les pucerons,
les ordures, & c .
Je ne donnerai pas ici de détails fur le lieu de la
Serre où il convient de placer telle ou telle plante
parce que j’ ai eu foin de l'indiquer à fon article. ‘ *
Dès que le thermomètre placé dans l’ intérieur
de la Serre ne monte plus qu’ à quatorze ou
quinze degrés pendant la mm, on commence à
faire du feu quelques momens après le coucher du
foleil, & a mefure qu’ il défend on augmente fon
intenfité & fa durée. Lorfqu’ il eft arrive à dix degrés,
on commence à faire du feu le jour. Quand
| il g è le , le feu s’ entretient fans difeontinuer, &
s augmente a raifon de la rigueur de ta gelée. .4
cette époque il devient indifpenfable de recharger
les fourneaux vers minuit 8c vers cinq heures du
matin, afin q u e , pendant le plus gr’and froid, ils
donnent une plus grande chaleur. Dans les temps
brumeux & dans les dégels, il devient également
neccilaireyi’augmenterle feu pour Dire dil paraître
humidité de la Serre, l’air humide étant beaucoup
plusnuifibleaux plantes que le froid, lorfque
ce dernier n’eft pas au degré de la congélation.
M. Dumont-Courfet a reconnu que c’étoit une
erreur dé croire que, parce que l'hurnidité étoit
nuifible aux plantes renfermées dans une Serre,
il faille, comme !p font la plupart (les jardiniers, la
fermer hermétiquement pendant les temps humides.
r
Lorfque les' nuits font très - rigoureufes, ou
qu | tombe de la neige, on couvre les vitrages
avec les toiles ou les paillaffons que j’ai dit être
difpofés a cet effet au haut des vitrages; mais
on les laiffe le jour le moins de temps poffible,
la lumière étant indifpenfable à la profpérité des
plantes en état a â i f de végétation. Foyer Lumiè r e.
Des qu’il ne gèle plus, on doit profiter de
tous les beaux jours, & ne font pas réputés beaux
ceux ou 1 air eft chargé de brouillards ou d’une
grande humidité, pour donner de l’air à ces Serres
en ouvrant un ou plulïeurs de fes panneaux vers 1 heure de midi. On laiffe ces panneaux plus ou
moins long-temps ouverts , félon l’ état de l’at-
mofphère & l’époque de la faifon, c’eft-à-dire,
félon que l’air eft fec & chaud, & que l’hiver approche
de fa fin. Dans les froids, ils ne le font
qu un quart d heure.
La température de la Serre ne variant prefque
p as , les plantes y croiffent fans difeontinuer,
tandis que celles qui font en plein air font retar-
dees par le froid de la nuit, par le froid qui ré-
fulte du paffage du vent au nord ou à l’ eft.
C ’elt principalement à la «agnation de l'air
qu on doit attribuer la débilité des plantes des
Serres, lorfque d’ailleurs elles jouiflènt autant
que poflible de la lumière.
Les arrolemens ne fe donnent que lorfqu’üs
font indifpenfables, ce qu’on reconnoît à l’affaiffe-
ment des feuilles, c’eft-à-dire, au moment qui
précède celui où elles fe fanent : deux petits
valent mieux qu’un trop fort. Pour lés faire, on
choifit un jour où le foleil brille , & de neuf à
dix heures, & on opère avec l’arrofoir à goulot
non garni., en prenant garde que, débordant le
pot, l’eau tombe fur l’aire de la Serre, où toute
humidité furabondante eft nuifible. Je rappelle que
c’eft de l’eau à la température de la Serre qu’ il
faut employer. Quelquefois on exécutera ces ar-
rofemens fur les feuilles, au moyen d'une pompe à
main, terminée par une pomme à très-petits trous.
V o y e i Pompe , Arrosoir & A rrosement.
Quelquesefpèces déplantés, comme les grades,
les laiteufes, les réfineufes, celles qui font dans
la tannée, celles qui ne font pas en état aétue! de
végétation, demandent moins d’arrofemens que
les autres.
Il eft très-avantageux à la fanté des plantes de
les débarraffer chaque jour des feuilles & des
bourgeons qui fe moififfent, même de ceux qui
fe deffèchent. Au moins une fois par femaine
on épouffetera les carreaux, les planches fervant
de gradins ; on balayera tous les paffages. Tous
les deux mois on remaniera toute la Serre, c’eft-
à-dire , qu’on ôtera tous les pots de leur place,
qu’on donnera un Serfouissage à la terre qu’ ils
renferment, qu’on labourera Ja tannée & la re-
nouvellera en partie, qu’on examinera les plantes
depuis le bas jufqu’au fommet, qu’on les nertoyera
de toutes les C ochenilles , les Pucerons ,
le Mielat, les ordures qui s’y trouveront, même
en frottant leurs tiges & leurs branches avec
une broffe, même en lavant leurs feuilles avec
une éponge , & on les placera, celles qui feront
les plus foibles, dans un lieu plus favorable, en
gardant cependant un ordre agréable à 1 oeih
Au printemps, les plantes de ia Serre en font
retirées en ordre inverfe de celui où elles-y avoient
été mifes. Alors, un ou plufieurs panneaux reftent
ouverts pendant une partie des jours ; on donne
des arrofemens plus fréquens & plus abondans;
on remue de nouveau la tannée. Il eft des cultivateurs
, enrr’autres Dumont-Courfet, qui ne
mettent de la nouvelle tannée qu’à cette époque,
& qui s’en trouvent bien.
Les plantes qui fortent de la Serre font placées
pendant quelques jours dans un lieu ombragé
pour les accoutumer au giand air, puis on rempote
celles qui doivent l’ê tr e , on les débarraffe
des branches mortes , on en fépare les marcottes,
les accrus, & c . (voye% Depotf.ment) , après
range dans le lieu où elles doivent
r-ft r , lieu qui n’eft pas toujours contre un mur
expofé au foleil.
Quant aux plantes qui reftent dans la Serre pen-
aAnt toute l'année , il faut leur continuer les
bernes Coins , mais fans faire de feu. On leur
renouvelle l’air prefque tous les jours ; on les garantit
des coups de foieil les jours d’orage ; on les
arrofe fréquemment, tantôt avec le goulot, tantôt
avec la pomme, tantôt avec la pompe.
Rarement on fème dans les Serres, cette opération
réuffiffant mieux dans des Bâches , fous
des C hâssis , fous des Cloches. Voye[ ces mots
& le mot Sem is .
La conduite des Serres tempérées, à celle du
feu près, nont on fe paffe, ne diftèie pas de celle
des S.rres chaudes ; mais les époques où on y
met & où on en retire les plantes, font en automne
un peu reculées, & au printemps un peu
avancées.
D après ce que je viens de dire , on doit croire
que toutes les Serres ont une certaine élévation,
& en effet celles dont j'ai parlé julqu’a préfent
doivent avoir de douze a dix-huit pieds perpendiculaires
j cependant j'ai annoncé que plus le vitrage
étoit incliné , & meilleure étoit la Serre ,
lurtout pendant l ’été j & avec une telle hauteur,
jointe à une largeur de moins de dix pieds, U n’eft
pas poflible d’avoir une grande inciinaifon lorfque
le vitrage n’tlt pas brifé.
Les cultivateurs fentant le befoin d’ un haut
degré de chaleur, produite principalement par les
rayons du foleil, ont donc dû être déterminés
à imaginer des Serres dont l’inçlinaifon du vitrage
fût d’environ quarante^cinq degrés plus ou
moins , félon la latitude & félon l’objet qu’ ils
avoient en vu e , c ’eft-à-dire, intermédiaires entre
celles dont il vient d’être queftion & les C hâssis.
( Voyei ce m ot.) Cette nouvelle forte de
Serre a été appelée Bâche, & fa conftruétion eft
établie fur des principes un peu différens de ceux
indiqués plus haut.
L ’invention des bâches ne remonte pas à un
fiècle ; encore aujourd’hui il n’y a guère que les
jardiniers qui fpéculent fur la production dus ananas,
des primeurs, des plantes à fleurs des p^ys
chauds, des arbres & arbuftes exotiques, qui en
poffèdent : de-là les noms de Serres à ananas.
châjfis fixes, qu’elles portent dans quelques lieux.
En effet, tantôt les bâches fe rapprochent plus
des Serres que des châflis, tantôt plus des châflis
que desSerres. Je ne parlerai ici que de celles qui
gardent le milieu. Leur véritable caractère diftinc-
t if confifte en ce qu’elLs font toujours au-deffous
du niveau du fol.
Les avantages des bâches font, i° . d’être plus
facilement & plus économiquement échauffées
que les Serres ; i ° . de pouvoir recevoir une chaleur
humide très-élevée, qui eft très-convenable
à certaines plantes équinoxiales; 30. de laiffer.
jouir les plantes de la même quantité de lumière
que fi elles étoient à l’air libre.
La largeur & la longueur des bâches font à peu
près les mêmes que celles des Serres, cependant
plus fouvent en deftous qu’ en deffus : fouvent on
en place pluûeurs ù la fuite les unes des autres«