
qu’entraîneroit l'obligation de recommencer deux
ou trois ans après.
Un moyen de mettre de niveau certains terrains
fufceptiblesde recevoir une culture de R iz ,
c ’eft d’y diriger des eaux troubles, qui, y devenant
ftagnantes, dépofent le limon dont elles font
chargées, en en rempliffant les parties baffes. Les
petites digues qui entourent les champs à R i z ,
doivent avoir au moins un pied de hauteur & de
largeur dans les parties latérales, & au moins le
double dans les parties fupérieure 8c inférieure
qui doivent fupporter la pouffée des eaux , & fur
lefquelles on eft dans le cas de pafler plus fouvent.
Quelquefois on donne une très-grande largeur
aux digues des champs à Riz , & cette largeur
eft cultivée ou en plantes qui aiment les terres
fèches, ou plantée en arbres & arbuftes.
Les digues offrent, dans les parties les plus
hautes & les plus baffes des champs, des ouvertures
qui fe ferment avec des gazons , ou mieux
avec des vannes , lorfqu’on veut empêcher l’eau
d’ y entrer ou d’en fortir. Le demi r moyen eft
préférable, & eft préféré par les cultivateurs
éclairés 5 mais ce ne font pas les plus nombreux.
Cette culture du Riz fe rapprochant de celle
des céréales d’Europe, exige audiimpérieufement
u’elle des engrais, des affolemens variés. On ne
oit donc la pratiquer que tous les quatre à cinq
ans dans le même lieu, & la faire précéder d’ une
bonne fumure. Je ne fuis pas en état d’indiquer
quelles font les plantes qu’il convient le mieux
de mettre avant ou après le R iz , parce que, dans
aucun pays intertropical, on n’ a, à ma connoif-
fance, fait d’expériences comparatives pour mettre
fur la voie.
Partout où on cultive le Riz par arrofemens,
on reconnoît l’avantagé, iQ. de le femer en place
plutôt que de le femer en pépinière, pour le repiquer
lorfqu’ il a acquis trois ou quatre pouces
de haut ; 2°. de faire tremper deux ou trois
jours la graine dans l’eau avant de la répandre ;
30. de mouiller plus forcement la terre quand cette
graine vient d’être répandue que lorfque le germe
eft forti de terre.
Il eft des lieux où on regarde les arbres comme
nuifant, par leur ombre, à la végétation du Riz ;
il en eft d’autres où on croit que l’abri qu’ ils four-
niffent ou contre les vents violens, ou contre les
vents froids, leur eft favorable. On peut avoir
raifon dans les uns & dans les autres.
Dans certains pays, comme à Java, on laboure
les planches deftinéesà porter du Riz en y faifant
entrer un troupeau de bifons, qui, par leur trépignement
, en remuent la vafe. Dans la plupart
on exécute cette opération au moyen de la houe.
Partout où les cultivateurs connoiffent la charrue,
ils 1’ emploient de préférence, comme plus expéditive.
lorfqu’ ils le peuvent, c’ eft-à-dire , lorfque
les planches font fufceptibles d’être à volonté
complètement defféchées»
En général, la vigueur de la végétation dans
les pays chauds, & la bonté ordinaire du fol des
lieux marécageux , difpenfent de donner aux
champs de Riz des bbours auffi parfaits qu’aux
champs de blé i cependant de bonnes façons ne
nuifent jamais.
C ’eft au printemps, plus tôt ou plus tard félon
la latitude, l’élévation , l’expofition , & c . , qu’on
enfemence les champs de Riz. Dans la plupart des
lieux, on procède à cette opération à volonté>
dans d’autres, principalement en Chine , on fait
ufage du Sem o ir ( voye[ ce mot ) ; dans d’autres ,
enfin, comme à Java , on fème le Riz en pépinière
& on le tranfplante à la main , dans des trous faits
au moyen d’un plantoir ou d’ une pioche, lorfqu’il
a acquis trois à quatre pouces de haut.
Lorfqu’on plante le Riz au moyen du plantoir,
on né met ordinairement que deux ou trois pieds
dans le même trou , 8c on feroit mieux de n’y en
mettre jamais qu’un. Lorfqu’on fait ufage ae la
houe, on en met c in q , fix 8c huit dans chacun
des trous, qui font alors plus efpacés.
On ne peut nier que la plantation du Riz n’ait
des avantages relativement aux produits; mais elle
ne doit s’exécuter que dans les pays très-peuplés
& où la main-d’oeuvre eft à bon compte, parce
que fa dépenfe eft, dans toute autre circonftance,
fupérieure à l’augmentation du bénéfice qu’elle
procure.
Tantôt le femis du Riz n’ eft pas recouvert,
tantôt il l’eft, ou par le piétinement des buffles ,
ou par le moyen de grands râteaux, ou à l’aide
de herfes armées ou non de branches d’arbres.
Veill .r fur les oifeaux, eft d’une obligation in-
difpenfable.
Dans les terres complètement defféchées, on
met l’eau fur le Riz dès qu’il eft femé, afin de fa-
vorifer fa germination j dans celles qui font toujours
humides, on retarde à le faire jufqu’au moment
où il a acquis deux ou trois pouces de haut.
Les cultivateurs font peu d’accord fur l’époque de
cette opération, fur la hauteur qu’on doit donner à
l’eau, fur le temps qu’ elle doit refter fur le champ j
& en effet, il eft impoflîble de fixer une règle générale
fur ces objets , la latitude, le terrain, l'année
, devant les f tire varier fans ceffe.
Dans la culture du R i z , comme dans toutes
les autres qui ont pour but une récolte de graines,
le fuccès dépend de la lenteur de la végétation
des pieds dans leur première jeuneffe ; ainfi c’eft:
alors qu’il faut les tenir le plus long-temps fub-
mergés.
Une attention qu’ on doit avoir, autant que pof-
fible s’entend, c’eft d'augmenter l'eau dans les
rizières à mefure que le Riz s’élève , de manière
qu'il n’y ait jamais que deux à trois pouces de
longueur de feuille au-de (Tus de fon niveau. Je
dis autant que poffible , parce qu'il eft un grand
nombre de localités où il n'y a pas moyen d'éle ver
ainfi l'eau, foit parce qu’on en manque, foit parce
«u’oti ne peut la diriger ou l’arrêter à la hauteur
defirée. Il paroît même que cette attention eft
plus néceffaire dans les pays froids, probablement
parce qu’une grande profondeur d’eau conferve
les racines dans une température plus élevée.
Des Sa r c l a g e s font toujours néceffaires au
Riz foit qu'on les fafle feulement en arrachant
les mauvaifes herbes, foie, ce qui vaut beaucoup
mieux , qu’ils réfultent d'un Bin ag e . ( Voye1 ces
deux mots. ) Il eft des pays où on ne fe donne pas
ce foin ; mais il eh eft d'autres où on fait jufqu'à
trois binages, afin d’augmenter d’autant plus la récolte
: les cultures dirigées par les Européens en
reçoivent un ou deux. îl eft des lieux en Chine ou
on les fait à la charrue, généralement o'eft à la
pioche. Pour les exécuter, on retire l’ eâii pendant
quelqués jours. v A
Lorfque les épis commencent a blanchir, on ote
l’eau des rizières pour ne l’y plus remettre ; c ’eft
alors que les oifeaux commencent à fe jeter fur
les grains, & il eft des lieux où on ne récolteroit
rien fi on ne favoit employer plufieurs moyens
pour les tue r , ou au moins les éloigner. Je les ai
vus tomber par milliers à la fois dans les rizières
de la Caroline, ■ on m’a dit qu’ il n'étoit pas
rare d’en tuer cinquante à foixante d’un coup de
fufîl chargé de petit plomb. Généralement ce font
des enfans qui font employés à les chaffer, parce
que leur deltru&ion avec le fufil feroit trop cou-
teufe , qu’ils fe prennent en petit nombre aux
pièges qu’on leur tend, 8c qu'ils s'accoutument
promptement aux épouvantails qu’on leur oppofe,
quelle que foit la forme qu'ils offrent, ou le bruit
qVils faffent.
• Le Riz étant complètement mûr, on le coupe
foit avec la faux, foit avec la faucille, comme
nous, coupons nos blés dans les pays où ces inf-
trumens font connus; mais le plus généralement
c ’eft avec une ferpette ou un couteau, & épi
par é p i, ce qui feroit fort long & fort coûteux
dans ceux où la population feroit moins nom-
breufe & plus occupée. 11 eft même des lieux où
le manque abfolu d’ inftrumens de fer oblige de
tordre les épis à la main , ou d’arracher les trochées
les unes après.les autres.
Comme on fait rarement du fumier dans les
climats où on cultive le plus le R i z , on eft déterminé,
par la plus grande facilité de l'opération
, à couper le plus haut poffible. Le chaume,
après avoir été piétiné par les beftiatfk pendant
quelques jours, s’enterre par un labour , & fert
d'engrais à la terre. Voye^ Récol te s en terrées.
En Caroline , en Italie & autres lieux qui terminent
la zone où le Riz peut fe cultiver, les
un lait abondant & excellent, duquel on tire un
beurre & des fromages fort eftimés, comme ) ai pu
en juger dans les deux pays cités plus haut. Quel-
ques auteurs lui ont même attribué la fupérioricé
du fromage Parmefan, mais je me fuis affuré
qu'on en faifoit également dans les fermes ou on
ne cultivoit pas le Riz.
Le mode de battage du Riz varie encore plus
que celui de fa récolte. Dans les pays les moins
civilifés, comme à Sumatra, on fait ufage des
pieds des hommes ; dans d'autres, de ceux des
beftiaux ; plus généralement de bâton & de perches.
inconftances atmofphériques ne permettent pas
toujours d'attendre fa complète maturité pour le
récolter. Alors fes racines repouffent 8c feurnif-
fent un excellent fourrage, que , le plus fouvent,
on abandonne aux vaches, auxquelles il procure \
En Chine, en Amérique 8 c en Europe, on
préfère le fléau. Voye% Ba t t a g e .
La groffe paille fe fépare du grain, après le battage,
au moyen de la main, au moyen de fourches
, de râteaux, & c . , comme on le fait en Europe
pour le blé.
Pour débàrraffer le grain des menues pailles,
des graines étrangères, de la terre, & c . qui s’y
trouvent toujours mêlées, on le foumet, encore
comme le blé en Europe, à deux.opérations :
la première confifte , le plus fouvent, à le jeter
par pelletées contre le vent, ou à le faire tomber
d'une certaine élévation dans un courant d’air. Les
parties les plus légères font entraînées au loin ,
& les lourdes reftent près, 8 c le bon grain entredeux.
On emploie auffi le yanage, quoique moins
expéditif, furtout dans les cultures dirigées par
les Chinois & les Européens. Voyei V an age .
Voilà le Riz propre à être emmagafiné, & il
J’eft après quelques jours d’expofition à l'a ir , foie
dans' des facs de feuilles de palmier, de chanvre
, &c. , foit dans des coffres de bois de rotang,
& c .j foit enta s, dans des chambres ou des
greniers, mais il n’eft pas encore propre à être
mangé ; il faut encore le débarraffer des enveloppes
(balles ) qui lui reftent intimement unies,
comme dans l’orge 8 c l’avoine.
Les moyens employés pour enlever les enveloppes
au R iz , varient infiniment. Le plus fimple,
le plus ufité, mais le plus long 8 c le plus coûteux,
c’eft de l’égruger légèrement dans un grand mortier
de bois avec un pilon de même matière. Dans
les pays éclairés, on a , ou des mécaniques mues
par un ou plufieurs chevaux, boeufs , chameaux,
&;c., & mieux par l’eau, par le vent, qui font agir
un grand nombre de pilons , ou une ou plufieurs
meules de bois ou de pierre , lefquelles remplif-
fent parfaitement 8c économiquement leur objet.
Après avoir été dépouillé,. le Riz eft vanné
de nouveau. Le grain brifé eft confomtné de fuite
dans la maifon, ou donné aux beftiaux & aux
volailles, &c celui refté entier eft gardé pour l’u-
fage ou livré au commerce.
Le Riz dépouillé ayant perdu fon germe, n’eft
pas propre aux femis :• ainfi il ne faut pas toucher
à celui deftiné à ceux de l ’année fuivante.
On a remarqué , dans les pays où croît le Riz ,
que çelui qui étoit anciennement dépouillé avoit
Y ij