
tité qui en ex ifle , on ne peut fe refufer à croire
à letendue du fupplé.nent d'engrais qu'ils peuvent
fournir aux parties de la France les plus pourvues
de rivières & d'étangs. Les frais d"extraction
confident en quelques journées de femmes & d'en-
fans en été , & quelques journées d hommes &
de chevaux au printemps fuivant. Le terreau qui
en provient eft principalement applicable aux
terres maigres & fèches , fur lefquelles il produit
des effets qui durent plulieurs années , arnfi
qu'il a été conftaté en Angleterre, où on ne
biffe pas perdre ces plantes comme chez nous.
Je fais des voeux pour que, mieux éclairés fur
leurs vrais intérêts, les agriculteurs français en
faffent de même, (ü o s c .)
POTASSE : alcali végétal mêlé d'autres fels &
de terre, qu'on retire par la leffivation des cendres
des végétaux qui n'ont pas crû dans un fol
falé. Voye{ Alcali & Souee.
Toutes les plantes, & chaque plante aux di-
yerfes époques de fa Végétation, ne donnent pas la
même quantité de Poraffe par incinération; celles
qui font âcres, & celles qui commencent à fe développer,
en donnent généralement davantage.
Comme étant d'un emploi fort étendu dans la
fabrication du verre, du favon, de la poudre à
tire r , dans le leffrvage du linge, S ic ., la Potaffe
eft toujours d'un prix élevé ; ainli il eft de l'intérêt
des cultivateurs de fpécultr fur fa production.
On peut fabriquer de la Potaffe ou avec les cendres,
réfultat de la combufiion du boisfou exprès,
ou dans les foyers & dans les 'ufir.es 5 ou avec
celles des arbuftes & des grandes plantes repouf-
fées par les beftiaux 8c croiffant le long des chemins,
des haies,dans les champs abandonnés, dans
les b ois, S e c., plantes qu'on coupe à cet effet,ou
enfin avec des plantes fpécialement cultivées dans
ce but.
Le terreau réfultant de la pourriture des chênes,
fournit, d'après M . de Sauffure, un quart de fon
poids en Potaffe. C e fait explique celui fi anciennement
connu, qu'en mettant le feu dans l'intérieur
des arbres creux, on obtenoit plus de Potaffe
qu’en brûlant leur totalité. IL eft probable
aufli que la lenteur de la combuftion, dans ce cas,
concourt à en augmenter la quantité.
La cherté aéluelle du bois ne permet plus d'en
brûler exprès pour en obtenir la Potaffe. Ramaf-
ler chez chaque cultivateur la partie des cendres
de fon foyer, dont il ne fait pas emploi pour
fes leflïves, eft une entreprife fort coutsule &
fort longue, à laquelle on ne peut fe livrer que
dans les pays abondans en bois, & où par con-
féquent on ne le ménage pas. C ’eft cependant le
moyen par lequel le commerce fe procure pref-
que toute la Potaffe'qui fe fabrique en France.
Il eft en France des cantons où on ramaffe les
arbuftes, lès plus grandes plantes vivaces, parmi
lefqudles fe diflingue la fougère proprement dite
(jttris aqüilina Linn. ) , pour lés brûler & retirer
de la Potaffe de leurs cendres} mais ces cantons
font peu nombreux.
J’obferve, en paffant, qu’on acru jufqu’àces derniers
temps que la fougère étoit la plante qui four-
niffoit le plus de Potaffe, mais que Darcet fils a
prouvé, par une analyferigcureule, que c’étoient
des fels neutres , principalement des fulfates, qui
avoient induit en erreur les fabricans, & que la
fougère étoit une des plus mauvaifes plantes a employer
pour obtenir de la Potaffe.
Nulle part, à ma connciffance, on ne fe livroit,
avant les derniers temps, à la culture des plantes
dans le feul but de les brûler pour en obtenir de
la Poraffe. Aujourd'hui il y a deux ou trois propriétaires
qui ont entrepris cette fpéculation, à
l'égard de laquelle j'ai provoqué un prix à la Société
pour l’encouragement de l ’induftrie nationale.
On doit à Théodore de Sauffure la preuve d'un
fait qui éclaire beaucoup en ce moment la fabrication
de la Potaffe; c'efl que plus elles font jeunes
(o u leurs parties), & plus elles en fourniffent
par leur incinération. On croyoit tout le contraire
autrefois; ainli donc on peut.cultiver avec profit,
pour cet o b je t, les plantes qui pouffent de'bonne
heure & vigoureufement, & que plulieurs coupes
fucceffves dans la même année n’ affoibliffent pas
fenliblement. *
Braconnot nous a appris que les. plantes.les plus
âcres font celles q u i, toutes chofes égales d'ailleurs
, donnent le plus de Potaffe. C e f t d'après
cette donnée que je propofe la lifte des plantes
ci-deffous aux cultivateurs qui voudroient fpécu-
ler fur la fabrication de ce Tel.
La buniade orientale.
La paffe-rage à larges fçujlles.
Le fifymbre à filiques grêles.
L ’afclépiade de Syrie.
L’after de la Nouvelle-Angleterre.
L'aller de la Nouvelle-Belgique.
L 'after ofier.
L'after à tiges pourpres.
La verge-d'or très-élevée.
La verge-d'or toujours verte.
La verge-d'or du Canada.
L’hélianthe tubéreux, ou topinambour•
L'hélianthe vocaffan.
L ’hélianthe multiflore.
La vergerette âcre.
La vergerette glutineufe.
L'armoife commune.
L'armoife eftragon.
L'armoife abfinthe.
La tanaifie commune.
Le fureau yèble.
Le phytoiacca décandre ou rai fin d’Amérique.
Toutes ces plantes font d'une facile, multiplication
», d'une rapide croiffance, Sc peuvent, pour
la plupart, profpérer dans un terrain àu-defious du
médiocre. La quantité de Potaffe qu'a fournie h
leffive
leffive de leuts cendres, varie félon les terrains
( les terrains argileux eu fourniffent moins que les
terrains fablonneux, & ceux-ci que les terrains
calcaires) ; félon les années ( les années froides &
pluvieufes font moins favorables à fa produétion
que lés années chaudes & fèches) ; félon les faifons
(les coupes d’été font plus avantageufes que celles
{lu printemps & d'automne). Leur culture fe réduit
après leur plantation, à deux ou trois bi-
nages pâran, .?
parmi ces plantes, la dernière peut devenir
un moyen de fortune, puifqu’elle fournit,
d'après lés expériences faites en grand par mon
frère, moitié de fon poids en Potaffe , & qu’elle
eft dans le cas d’ être coupée quatre fois par an ,
fans inconvéniens remarquables. Le feul reproche
qu’ôn puiffe lui faire, c’eft de fécher difficilement
; mais il eft facile de l’affoiblir, foit par
un appareil convenable, foit en la mélangeant avec
d’autres plantes d’une nature moins aqueufe, avec
le topinambour, par exemple, qui donne également
beaucoup de fel.
Je n’ ai point parlé des plantes annuelles, telles
que le tabac, telles que le tournefol, telles que
la morelle noire, & c . , qui donnent aufli beaucoup
de Potaffe , parce que les frais de leur culture
étant plus confidérables que ceux de scelles dont
je viens de parler, elles ont néceffairement du
défavantage fur elles.
Je n'ai point non plus parlé des feuilles des arbres,
comme celles du noyer, de l'orme, du fureau,
qui fourniffent beaucoup de Potaffe, parce
que leur récolte feroit trop coûteufe. 11 eft ce-
pendantpoflible qu’ il devînt avantageux de cultiver
le fureau comme les plantes vivaces, parce qu'on
peut couper fes bourgeons deux ou trois fois par
an fans faire périr les pieds.
Pour obtenir économiquement la Potaffe des
grandes plantes repouffées par les beftiaux , qui
font répandues dans toutes les parties d’un domaine
, il faut les brûler fur place, & en confé-
quence fe pourvoir d'un fourneau portatif. Il peut
être une fimple caiffe de tôle fixée fur un brancard’;
on peut aufli le bâtir en Briques, en le po-
fant fur une charette. C'eft faute d'avoir pris
cette méfure & de connoître les efpèces de
plantes qui donnent le plus de Potaffe, que plulieurs
cultivateurs fe font trouvés en perte ; les
feuls frais de tranfport des plantes à la foffe où on
doit les brûler abfoibent fouvent les produits de la
vente.
La pratique ordinaire dans la fabrication de la
Potaffe confifte à creufer en terre, dans un lieu
fe c , une foffe plus profonde que large, & proportionnée
à la quantité de plantes qu'on a à brûler.
En général, il y a de l'avantage à la faire plutôt
petite que grande. On fera dans le fond un petit
feu de bois fec , &, lorfque fes parois feront un
peu defféchées, on y entafll-ra les plantes à moitié
defféchées. L’art confifte à les faire brûler fans
Agriculture* Tome V L
flamme. On parvient à ce but en comprimant
de temps en temps le tas, & en le chargeant de
nouvelles plantes dès qu’on voit le feu arriver à
fa fürface, plantes qu’on peut mouiller dans l'oc-
cafion. Jamais on ne doit jeter de l’eau dans la
foffe. Comme certaines plantes brûlent plus rapidement
que certaines autres, il faut que leur mélange
foit combiné de manière à rendre la combuftion
la plus égale poflible. Une plaque de tôle
plus grande que la foffe, & au moyen de laquelle
on peut la couvrir, feroit toujours fort utile ; cependant
on s’en paffe le plus fouvent.
Une fois en train, le fourneau doit être alimenté
jour & nuit, jufqu’ à ce que toutes les
plantes récoltées foient confommées ; après quoi
on le couvre avec la plaque de tôle ci-deffus ou
des planches mouillées, & on le laiffe refroidir.
Ce n’eft qu’après deux à trois jours qu’on doit
enlever les cendres pour les porter au magafin,
ou les livrer au commerce.
Dans cet éta t, les cendres peuvent être utili-
fées pour les leflives , la fabrication des verres
communs & des bouteilles, & c . Lorfqu’on veut
en retirer la Potaffe pure, on les met dans un tonneau
défoncé par le haut, & percé de petits trous
par le bas ; puis on y verfe de l’eau chaude, qui,
après avoir diffous la Potaffe, eft reçue dans un baquet
inférieur & tranfvafée dans une chaudière
placée fur un fourneau, où elle eft entièrement
évaporée.
L e réfîdu de cette évaporation s’appelle Jalin.
II eft coloré en brun par une matière extraCtive
qu’on ne peut lui enlever que par une nouvelle
calcination dans un fourneau de réverbère bien
propre; après quoi on le diffout, on le filtre &
on évapore de nouveau comme il a été dit précé-^
demment. Il fort blanc & criftallifé de la chaudière
; alors c’eft de l’alcali, ou , pour parler plus
exactement, du carbonate de Potaffe.
La Potaffe ayant la propriété d’attirer l’eau de
l ’air, il faut, pour qu’elle ne fe perde pas, la mettre
dans des vafes imperméables, tels que des barils
ou des tonneaux, & la dépofer dans un lieu fec.
La théorie adtuelle de la végétation nous fait
regarder la Potaffe pure comme le plus puiffant
des amendemens : elle diffout en effet complètement
l’ humus ou terreau, ainfi que l’avoient entrevu
les chimiftes du dernier fiècle, & que l ’a
prouvé, il-y a quelques années, le chimifte Bra-
çonnot déjà cité. Si elle frappe de mort toutes
!jes plantes qui font expofées à fon a& ion, fi
elle rend infertiles pour plufieurs années les terrains
fur lefquels on la répand, c’ eft parce que fon
énergie eft trop v iv e , & qu’ il faut exceffivement
l’affoiblir pour pouvoir l’utilifer fous.ce rapport.
La chaux qui coûte fort peu , la marne qui coûte
encore moins, la fuppléent avantageufement dans
les cultures'; aufli ne l’emploie-t-on nulle part.
Voye\ Chaux & Humus- ( B ose. )
PO TE LÉ E : nom vulgaire de la Jusquiame.
B