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pas à fe décompofer , fi elles font en tas , à
s’enflammer par la réaction de l ’air fur les pyrites
qui entrent dans leur compofition. Il en réfulte
une pouflièré- rouge & grife contenant une-grande
proportion de fulfate d’alumine ( alun) & de
fulfate de fer (vitriol v e r t) , que, fous les noms
de cendre de Baurain, de cendre de houitlt, de
cendre rouge, on emploie depuis une cinquantaine
d’années à l’amendement des Terres dans les pays
précités & dans ceux qui les avoifinent.
On a d’abord employé la Terre noire pour cet
objets mais comme fon effet eft quelquefois trop
lent &r quelquefois trop rapide, on s’ett déterminé
à préférer les cendres. On les répand à la main fur les
prairies humides, fur les champs argileux femés en
céréales, & c . Leurs effets font miraculeux, car elles
augmentent fouvent les produits d’un tiers 5 auffi
leur emploi s’eft-il d’abord étendu avec une grande
rapidité > auffi l’exploitation des tourbières eft-elle
devenue un article important d’ induftrie dans ces
pays. Ayant habité le Laonois à différentes époques,
j’ai pu fuivre les progrès de leur découverte
& en apprécier les avantages j mais j’ai pu
auffi fuivre les inconvéniens qui font la fuite
de leur emploi. Aujourd’hui on n’en répand plus
auffi généralement fur le fol qui la recouvre ; mais
on n’en tire pas moins autant, parce que fon
exportation eft augmentée, & qu’il s’eft établi des
ateliers pour en retirer l’alun & le vitriol.
La manière d’agir des cendres rouges paroît ne
pas différer de celle du Pl â t r e ( voyei ce m o t ) ,
c ’eft-à-dire, que les fels fulfureux qu’elles contiennent
, ftimulent l’a&ivité de là végétation,
mais n’augmentent en rien la fertilité du fol. Il réfulte
de cette explication que l’emploi de ces cendres,
faifant produire à la Terre davantage qu’elle
ne devroit naturellement, l’ufe beaucoup plus tôt,
& qu’il faut ou augmenter la maffe des engrais-
qu’on lui donne, ou fe réfoudre à voir diminuer
rapidement fa fertilité. C ’eft ce qui eft arrivé , &
c ’eft ce qui fait que les propriétaires des mines de
Terres noires en font aujourd’hui moins ufage ,
comme je l’ai annoncé plus haut.
Un autre inconvénient qui fe joint à celui-ci,
lorfqu’on fait un ufage exagéré des cendres rouges
, c’eft que l’oxide de fer qu’elles contiennent
fe fixe en une croûte, en liant entr’ elles des parcelles
de T erre, au-deffous du point où la charrue
pénètre, & que cette croûte s’oppofe à l’infiltration
des eaux, à la prolongation des racines des
arbres, de la luzerne, & c . , & diminue par conséquent
encore d’une autre manière la fertilité
du fol.
Il réfulte de ce que je viens de dire, que l’ufage
des Terres noires ou des cendres rouges qui en
proviennent, doit être très-modéré, c'eft-à-dire,
qu’il n’en faut répandre que fur les Terres fertiles
ou très-fumées, & ce encore en affez petite quant
ité , pour que la croûte ferrugineufe dont j’ai
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parlé , & dont j’ ai perfonnellementr vérifié autrefois
l’exiftence, ne fe forme pas.
Au refte, les cendres noires ne fe rencontrant
en France, du moins à ma connoiffance, que dans
le canton précité , ne peuvent devenir un article
d’ utilité générale. Voyc% C en d r e . ( B o s c .)
| T erre n o v a l e : expreflion d'ufage dans plu.
fleurs parties de la France, & qui eft fy non y me
de Terre nouvellement défrichée. Voye[ Défrichement.
<
Généralement c’ eft 1’A vo in e qu’ on fème d’abord
dans les Terres novales* ordinaires. Dans
celles qui proviennent du defféchement d’un marais
, de la deftru&ion d’un bois , on cultive avec
tin grand avantage du T a b a c , du C o l z a & autres
plantes qui exigent une grande vigueur de
végétation. Voyeç les mots ci-deffus. ( Bosc.)
T erres ochreuses : Terres ordinairement
argileufes, qui contiennent une grande quantité
d’oxide jaune ou rouge de fe r , oxide qui s’appelle
OcHRE. Voye^ ce mot.
Les Terres ochreufes véritables fe trouvent
j principalement dans les montagnes fecondaires.
Quoiqu’ infertiles, elles nuifent peu aux .produits
généraux de la richeffe agricole de la France,
parce qu’elles font rares & de peu d’étendue.
Il n’en eft pas de même des Terres ochreufes
qui ne peuvent pas être mifes dans le commerce,
parce qu’elles ne contiennent pas affez d’ oxide ou
qu’il y eft trop mélangé de pierres ; elles font fort
fréquentes & guère plus produdives que les précédentes.
On les appelle G la ises dans la plus
grande partie de la France. Voye% ce mot. (Bosc.)
T erres pa n ic ie r e s . On donne ce nom, dans-
le département de l’Ain , aux Terres qui peuvent
donner tous les ans une récolte de froment ou de
maïs. C e font d’excellentes T erres franches.
Voye^ce mot. ( B o s c .)
T erre p a u v r e . C ’eft celle qui contient fi peu
d’humus, qu’elle peut à peine porter de loin en
loin de chétives récoltes de -feigle. C ’ eft principalement
fur ces fortes de Terres que la culture
par A ssolemens réguliers eft d'un grand,avantage.
( Voye£ ce mot. ) Les labours fréquens leur
font toujours nuiflbles ; c’eft pourquoi on doit
préférer les femer en prairies artificielles ou en
bois. Elles exigent d’abondans fumiers , fi on veut
leur faire produire des récoltes paffables. Voye{
Sa b lo n n eu x , A r g il eu x , L an d e s , C r a ie ,
Gr a n i t , Schiste & G n eis s. ( Bosc. )
T erre qu i perd. C ’eft la même chofe que
T erre gou rm an d e . Voye^ce mot. (B o s c . )
T erre p o u r r ie . Dans quelques cantons de la
ci-devant Bourgogne, on appelle .ainfi un tuf fort
tendre & fort infertile 5 il ne donne que de chétives
récoltes de feigle, defarrafin ,de raves, &c.»
& encore feulement dans les années pluvieufes.
Voye^ T ue.
Dans quelques autres parties du même pays, on
donne également ce nom.à des fchiftes en décornpofition
1
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pofition, qui, par leur couleur noire & leur forme , durée de l’é t é , de la quantité d’eau qui eft nécef-
pulvérulente, femblent devoir être très-fertiles, faire pour alimenter convenablement les plantes
mais qui le lont encore moins que les ttiîs prece-
dens. Voyei Sch ist e . (B o s c . )
T erre qu a r t z eu s e 1 expreflion employée
dans quelques livres pour indiquer les Terres qui
contiennent beaucoup de C a il lou x ou de Sa ble
j elle eft fynonyme de T erre s ilic eu se.
Voye\ ces mots. (B o s c .)
T erre r efermée. Les cultivateurs des plaines
du nord de Paris appellent ainfi les Terres
qui, par l’effet des pluies, fe taffent à leur furface
après les,labours, de manière à faire croire qu’elles
n’en ont point reçu. Ces Terres font toutes des
marnes, & diffèrent fort peu de celles qu’on appelle
T erres blanches. Voye^ ce mot & ceux
Ma r n e , C r a ie , A rg ile .
Lorfqu'elles ont été fèmées en céréales, les
Terres refermées devroient être herfées avant &
après l’hiver, pour égratigner leur furface & la
rendre perméable aux gaz annofphériques & aux
eaux des pluies. Cette opération, comme nous
l’a appris Varennes de Fenilles, étant extrêmement
favorable à la croiffance des céréales dans les meilleures
Terre s, doit l’être encore plus dans celles-
ci. (B o s c .)
T erre rou g e . Plufîeurs efpèces de Te r re s ,
foie argileufes, foit fablonneufes, foit calcaires ,
portent ce nom à raifon de leur couleur, couleur
qui eft due conftamment à un oxide de fer.
Les Terres rouges argileufes^ diffèrent peu des
glaifes par leur compofition, & varient de même;
elles font également infertiles &: s’appliquent aux
mêmes ufages économiques, principalement à fup-
pléer le mortier dans la bâtiffe des ’maifons rurales,
àconftruire l’âtre des fours, l’aire des granges, &c.
Koyei Gla ise & A rgile.
Les fables rouges font fort communs & alternent
fouvent, dans le même lieu, avec les blancs
& les jaunes ; ils s’ emploient aux mêmes ufages
que les autres 3 quelquefois on les préfère pour
recouvrir les allées des jardins. Voye^ Sab le &
Allée.
Le calcaire rouge eft affez rare, & n’ offre rien
qui puiffe mériter l’atrention des cultivateurs.
Voye^ C a l c a ir e . ( B osc.)
T erre r o u g e t t e . Koy; R o u g e t t e & T e r r e
f r a n c h e .
Cette forte de Terre eft affez commune, & généralement
très-fertïle.' (B o s c .)
T erre sa u v a g e . Ce nom s’applique, dans
le département de l’Aveyron , aux Terres q u i, à
raifon de leur mauvaife qualité , & furtout de leur
peu d’dp ai fleur au-deffus de la roche , ne peuvent
être cultivées que de loin en lo in , c’eft-à-dire,
tous les trois, quatre , fix , même dix ans, & q u i,
pendant l’intervalle, fourniffent un chétif pâturage
aux bêtes à t laine. Voye% PATURAGE, DÉFRICHEMENT
É cd su AGE. ( B osc. )
T erre sèche : Terre qui manque, pendant la
Agriculture. Tome VI.
qu on y cultive.
Dans l’ordre ordinaire de la nature, les Terres
fèches ne font point dépourvues de végétation ,
parce qu’elles fe couvrent de plantes auxquelles
une grande humidité feroit nuifible ; mais l’homme
ayant peu befoin de ces plantes, il regrette fouvenc
de ne pouvoir y multiplier, avec tout le fuccès
qu’ il defire, celles dont il a fait choix.
Plufîeurs natures de Terres peuvent être appelées
Terres shh.es. Ainfi les A rgiles tenaces, placées
fur les pentes des montagnes à l’expofîtion du
midi, font fouvent auffi fèches que les C r a ie s ,
que les Sables (voye% ces mots), parce que l’eui
des pluies gliffe deffus elles, & ne peut les imbiber
comme fi elles étoient en plaine.
Cependant, en général, les Terres fèches font
desTerres ou calcaires ou fablonneufes , à travers
lefquelles l’eau s’infiltre trop facilement, ou donc
elle s’évapore trop rapidement.
Les Terres qui ne font fèches qu’à raifon de
la rapidité deieurs pentes, laquelle ne laiffe pas à
l’eau des pluies le temps de les imbiber , peuvent
être améliorées par la formation dé terraflès eu
pierres fèches, ou parla plantation de haies tranf-
verfales , qui retardent l’écoulement de cette eau.
On trouve une grande quantité de ces Terres
en France, foit dans les montagnes, foitvdans les
plaines, & leur peu de fertilité doit faire defîrer
qu’elles fuffent moins communes : elles demandent
une culture un peu différente des autres.
Les Terres fèches argileufes font prefqu’ impof-
fibles à améliorer fans d’énormes dépenfes. Les
lai fier en pâturage ou les planter en bois , eft ce
qu’on peut faire de mieux.
Celles qui font calcaires ou fablonneufes ont
l’ avantage d’être plus précoces, & par conféquenc
quelquefois très-précieufes pour la formation d’un
jardin ou pour la culture des primeurs dans les
environs des grandes villes. Il eft tel arpent de
fable dans les plaines du Point-du-Jour, des Sablons
, de Genevillers, de Houille & autres des
environs de Paris, qui rapportent plus que dix
arpens de bonne Terre dans une autre partie de
la France, uniquement parce qu’ il fournit les premiers
petits pois, les premiers haricots verts, &c.
Un des moyens les plus économiques & les plus
affurés de diminuer les inconvéniens des terrains
fées, eft de Les entourer de haies ruüiques d’ une
élévation fuffifante, ou d’une ceinture de grands
arbres propres à les garantir de l ’aélion direéte des
rayons du foleil. On peut fuppléer à ces plantations
, dans les Terres dont on n’eft .que le fermier
, par celle de rangées de topinambours dirigées
du levant au couchant, rangées d’autant plus
rapprochées que la Terre eft plus fèche. Voye^
T o p in am bo u r .
Si le tranfpori: d’ une grande quantité d’argile
N n n .