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fe c , & les moins larges poflîble. Pour qu’ils interceptent
d’autant moins les rayons du foleil , ils
ne portent point de traverfes. Leur longueur fera
d’environ quatre à cinq pieds, de forte qu’ il en
faudra plufieurs rangs pour compofer un vitrage;
rangs qu’on évitera de faire d’inégale longueur , à
raifon au défagrément du coup d’oeil. Quelques-
uns de ces panneaux, tant en haut qu’en bas, feront
rendus fufceptibles de s’ouvrir comme une
fenêtre, afin de pouvoir donner de l’air à la Serre.
Pour empêcher les montans de ces panneaux de
fe tourmenter, on les lie par deux traverfes très-
légères en fe r , & on fixe fur leur face intérieure
de petites tringles de ce même métal. Ils doivent
être peints comme les autres pièces.
Les carreaux de verre font fixés dans les feuillures
des montans par le moyen du maftic des
vitriers & de petits clous, ou , Iorfque cela eft
néceffaire, de petits Z en fer-blanc.
Autrefois, & on en voit encore des exemples au
Jardin du Mufeum de Paris, on croyoit bien faire
en conftruifant les montans des Serres, gros &
p e tit, en fer; mais le fer eft beaucoup meilleur
conduffceur de la chaleur que le b o is , & il eft
bien plus fufceptible de fe dilater par le chaud &
de fe contracter par le froid ; aufli ces Serres font-
elles fort mauvaifes. V o y e% C haleur.
A raifon du bon marché, on emploie toujours du
verre commun à la conftruétion du vitrage des
Serres; cependant comme les rayons rouges font
plus chauds que les autres, il y auroit certainement
de l’avantage à employer du verre coloré avec
T oxide d’or ou même feulement avec de l’oxide
de fer.
Ainfî que je l’ai déjà obfervé plufieurs fois, l’ air
étant un très-mauvais conducteur de la chaleur,
il y auroit beaucoup d’avantages à mettre au moins
deux, & encore mieux trois vitrages les uns devant
les autres, à un demi pouce de diftance. Il
fàudroit, dans ce cas, que les deux premiers fuf-
fent en verre blanc, pour qu’ il y eût moins de déperdition
dés rayons folaires. Je ne doute pas que,
par ce moyen, on parvînt à faire fleurir, à Paris,
beaucoup d’aï bres des pays chauds qui s’y font ré-
fufés jufqu’ici. La dépenfe d’établiffement feroit
double ou triple, mais elle fe jetrouveroit fur la
confommation du bois, qui feroit prefque nulle
dans tout autre temps que les fortes gelées. A cette
occafion, pour preuve de la bonté de cette idée,
je rappellerai l’ expérience de Ducarla, dont j ’ ai été
témoin. Il y à voit fuperpofé , fur un plat de faïence,
douze récipiens de verre blanc, écartés l’un de
l’autre de deux à trois lignes, & fixés par leur
bafe au moyen de bandes de papier. La chaleur
étoit fi.forte dans le dernier, Iorfque l’appareil
étoit expofé au foleilqu-’un thermomètre y indi-
quoit prefque l ’eau bouillante, & qu’ une pomme
y cuifoit en moins d’ une heure. Trois jours après,
le thermomètre n’étoit pas encore revenu à: la
température de l’atmofphère, & il feroit peut-
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être refté ce temps à la moitié de fon élévation
s’il y eût eu également douze plats fuperpofés &
calfeutrés.
La porte desSerres peut être placée dans toutes
les parties de leur pourtour; cependant il vaut
mjeux la percer vers le fond , fur un des petits
côtés, principalement pour économifer de la place.
Cette porte fermera rigoureufement, & fera accompagnée
d’un tambour qui s’ oppofera à l’intro-
duCtion d'une grande quantité d’air frais dans la
Serre lorfqu’on y entrera pendant les gelées.
• Ici la Serre tempérée, ç ’ett-à-dire, qui n’eft
échauffée que par les rayons du foleil, eft achevée ;
mais les Serres chaudes doivent être de plus pourvues
d’ un ou plufieurs poêles pour y élever la
température à volonté, indépendamment de la
préfence du foleil.
Il eft probable que les premières Serres confif-
toient en une chambre dans laquelle on plaçoit
un poêle femblable à celui employé dans le ménage
; mais un tel poêle rempliffoit trop mal fon
objetpourfatisfaireauxintentionsdes cultivateurs.
Toutes les Serres font aujourd’hui chauffées
non par un poêle, mais par un fourneau conftruit'
au-deftous de leur aire, contre le maffif fur lequel
elles font conftruites. Des conduits en briques
ou des tuyaux en terre en diftribuent la chaleur
fur toute leur aire, & contre les murs à un pied
de cette aire.
Cette difpofition du fourneau eft bafée fur la
propriété de la chaleur libre de tendre toujours à
s’élever, & fur la nécefliré d’échauffer davantage
la terre qui nourrit les plantes, que l ’air dans lequel
plongé leur cime.
La conftruétion d’un fourneau de Serre n’eft
pas une opération que le premier venu puifle
I exécuter. Il faut qu’ il confommé le moins poifible
! de> ! s ° u de charbon de terre, ou de tourbe,,
qu’il diftribue fa chaleur avec égalité & fans perte,,
que les conduits ou tuyaux ne lailTent pas échapper
de la fumée qui eft mortelle aux plantes. Un architecte
inftruit des principes de la pyrotechnie eft
; feul en état de donner le plan, qui doit varier félon
la grandeur de la Serre,.fa pofition, la nature du.
combuftible, & c .
L’expérience a prouvé qu’ un fourneau de deux
pieds carrés, fur dix-huit pouces de hauteur ,fuf-
fifoit pour une Serre de trente pieds de longueur.
II eft également de fait que deux fourneaux de
moitié p-us. petits, placés aux deux extrémités,,
valent mieux, fous le double rapport de l'augmentation
de la chaleur & de la diminution du combuftible,
qu’un feul, mais le fervice eft un peu
plus pénible.
Lorfque le fourneau eft conftruit hors de la
Serre ou dans le mur de la Serre, on le fait précéder
d.’ un tambour ou d’un petit cabinet où fe
dépofe le bois , & dont la porte fe ferme à clefi
Quand la Serre eft bâtie fur une voûte, le fourneau.
peut fe placer fur cette voûte..
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G’eft de la grandeur du fourneau que dépend
celle de la conduite de chaleur. En partant du
fourneau, elle aura à peu près, pour la hauteur,
les trois quarts de celle du"fourneau; & pour la
largeur,'un peu plus du tiers de celle du fourneau.
Il diminuera graduellement pendant le trajet, &
arrivé à cinq ou fix pieds, on lui donnera pour
hauteur les deux tiers ^ & pour largeur le tiers
de-celle du fourneau; ainfi graduellement jufqu’à
fon entrée dans la cheminée, où elle n’aura plus
que fix pouces de largeur.
Aux côtés de la conduite de chaleur, il eft bon
de faire deux autres conduites qui, au moyen de
bouches, s’ouvrent & fe ferment à volonté.^
J'ai été témoin des effais qui ont été faits au
Jardin du Muféum pour chauffer les Serres, au
moyen de tuyaux de cuivre remplis d’eau chaude
qui ferenouveloit fans ceffe. On y a renoncé, parce
que cette chaleur étoit trop égale en tout temps,
& trop foible pour les temps de gelée.
La néceflité d’avoir de l'eau à la température de
la Ser.e, pour les arrofemens, oblige de placer,
dans un des angles de la Serre , ceux du tond de
préférence, une cuvette en plomb, en pierre ou
en bois, deftinée à contenir l’eau réfervée pour cet
objet, eau qui eft apportée à bras, ou mieux par
une conduite. Auffitôt que cette cuvette eft vidée,
on la remplit.
Une Serre chaude étant d’autant meilleure
quelle a moins de contaCt avec l’air, on augmente
cette qualité en conftruifant derrière elle
des logemens pour les jardiniers, ou des chambres
pour dépofer les outils, les graines, & c . , & fur
les deux ailes, deux Serres tempérées, au travers
d’une defquelles il faut paffer pour y arriver. Ces
deux Serres gagnent elles-mêmes à lui être accolées.
Il en eft de même d'une Serre tempérée
étroite & peu élevé e, toute en vitrage, placée
devant elle , comme on le voit dans la grande
Serre du Jardin du Muléum d’hiftoire naturelle.
Les avantages qui font la fuite de ces difpofitions
doivent engager tous les cultivateurs, à les donner
à leursSerr.es chaudes.
Comme les Serres font dans le c a s , furtout
au printemps & les jours d’orage,, de craindre
les effets des coups de foleil ; comme il n’eft
pas bon que la neige féjourne fur leur vitrage,
foit à raifon de fon poids, foit à raifon de fa
température ; comme leurs vitres peuvent être
caffées. par la grêle, principalement lorfqu’ eiles
font obliques ou à vitrage b rifé, on doit dif-
pofer dans leur partie fupérieure des moyens de
les recouvrir de pàill^ffons ou.de toil s. A cet
effet on y ménage, un paffage. en planche (ur des
branches de fer., tk un rouleau en buis , tournant
fur des tourillons pour relever & envider les toiles
ou les paillaffons, qu’ on peut étendre par leur
fimple poids, en peu de minutes, fur le vitrage.
Il v a plufieurs manières de difpofer les pots
dans la Serre..
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Lorfqu’on met les pots fur des gradins, comme
on les mettoit jadis généralement, il fe fait une
plus grande évaporation de l'humidité de ces-
pots, évaporation qui caufe néceliàiremenc icur
r-froidiffement ; ainfi il leur faut un plus haut
degré de chaleur Ÿ oye^ E v a p o r a t io n .
Cependant il eft des plantes , ce.les qui veulent
une grande lumière , qu'on eit obligé de
placer fur des gra lins contre les vitrages.
Aujourd’hui donc on pofe les pots fur l'aire
même, ceux qui contiennent les plus grandes
plantes fur le derrière, & par contre les p lu s petites
fur le devant. Un paffage eft ménagé tout
autour. Le fond de la Serre eft, ou pourvu d’ une
caille en pierre ou en bois de toute fa longueur,
& large d’un pied, pour plinter à demeure des-
arbriffeaux ou des arbuftes grimpans & .les palif-
fader contre le mur, ou garni de pots renfermant
des femis, des oignons, des racines qui ne
doivent pas végéter pendant l’ hiver.
Lorfqu'une Serre n'a pas fon aire conftruite-
fur un lit de laitier ou de mâche-fer, on trouve de
l’avantage, ainfi que l’a reconnu Jean Thouin , à
pofer ces pots fur une couche d’ une de ces matières
, réduite en petits fragmens.
Beaucoup de plantes de la zone torride ont
beloin d'une grande chaleur humide ; c’ eft pour
elles qu’on conftruit, dins les Serres, des couches-
dans iefquelles on enfouit , jufqu’au bord , les
pots qui les contiennent. Ces couches font toujours
encaiflées , mais élevées d’ un pied au-deffus-
de l’aire. Le fumier ayant une mauvaife odeur, 8c
perdant promptement fa chaleur, eft moins bon
que la tannée pour faire ces couches ; aufli n’en-
voit-on que de cette dernière. Voye% C ouche,.
Fumier & T annee.
Les couches à tan , ou mieux à tannée, ont-
ordinairement la longueur de la Serre, moins le-
paffage des deux extrémités. Leur largeur varie,,
mais furpaffe rarement fix pieds ; leur profondeur
ne peut être moindre que de deux, ni ne doit
être plus forte que de quatre pieds.
La. grande chaleur qui fe développe dans la tannée
nouvellement mife dans la Serre peut être
mortelle pour les plantes ; ainfi il faut lui laiffer
jeter fon f e u comme difent les jardiniers , ayant
d y enfouir les pots. En général, ceux de ces jardiniers
qui travaillent pour le profit font rarement,
des couches neuves, & fe contentent de réchauffer
: deux fois par an les anciennes , au commencement
& àJa fin de l'hiver, en enlevant une partie de
leur tannée. 8t en y remettant, autant de nouvelle ,
qu’on mélange exactement avec celle qui refte.
C'eft au moyen d’ un bâton enfoncé dans le tan
& qu’on en retire, qu’ on juge,.à l’aide de la main
à raifon de la fenfation qu’ il y- produit, du cegré
de chaleur de la tannée.-
’ Deux ou trois thermomètres placés, les uns-
ifolément au milieu de la Serre » les autres contre
; les miu'SjTervent.à apprécier fa chaleur moyenne..