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Culture.
Le Salfifis des prés eft commun dans les. prés ni
trop fecs ni trop humides , dont le fol eft gras &
profond. Les touffes qu’il forme font extrêmement
du goût des beftiaux , & en conféquénce on
doit plutôt chercher à le s . multiplier qii’ à les
détruire, quoique, lorfqu’on coupe le foin-, elles
aient perdu une partie de leurs feuilles. Ces feuille
s, dans leur jeunelTe, fe mangent dans beaucoup
de lieux, ou crues & en falade, ou cuites avec des
viandes, & font très-bonnes, ainfi que j’en ai acquis
la preuve perfonnelle j de forte que je ne puis
deviner pourquoi on n’en fait pas un ufage plus
général. Il femble qu’on pourroit le cultiver dans
les jardins, pour fa racine, comme celui dont il
fera queftiôn 5 cependant je fuppofe que ce dernier
eft préférable.
Sa culture, dàhs les écoles de botanique, fe
borne à le femer tous les-ans en place, & l ’éclairc
ir , le farcler & l’arrofer. au befoin.
On cultive pofitivement de même, dans ces écoles,
les Salfifis à grandes fleurs, à feuilles ondulées
, des-jardins, blanchâtre , à feuilles de fafran,
picride, rude & v elu , quoique plusieurs d’en-
tr’eux foient dans le cas de craindre les hivers rigoureux,
parce qu’ on réferve des graines pour
renouveler lesfemisau printemps , fi les plantes
qui n’ont pas fleuri périffent pendant la première
de ces faifons.
Quant aux Salfifis de Dalecbamp & de Virginie,
comme ils font- vivaces» il faut les tenir en
pot pour pouvoir les rentrer dans l’orangerie aux
approches des gelées. Ces derniers fe multiplient
par déchirement des vieux pieds, déchirement
qui fe fait au printemps, & qui eft toujours
d’une réuflite certaine.
C ’eft pour fa racine qu’on cultive le Salfifis des
jardins. Cette racine, blanche en dehors, fouvent
de la groffeur du pouce & de la longueur du pied,
eft d’un excellent goût. Si on lui préfère, dans
beaucoup de lieux, celle de la Scorsonère (yoye^
ce m o t) , c ’eft parce que cette dernière devient
moins promptement creufe , & peut par confé.-
quént fervir à la nourriture après l’ époque ou elle
eft arrivée à toute fa croiffance.
Quoique cultivé de toute ancienneté, le Sal-
fïfis n’offre pas de variétés àffez remarquables
pour être préférées par les cultivateurs fous un
rapport quelconque» ainfi c’eft de la bonté du
terrain & des foins de la culture que dépendent
la groffeur & la faveurde fes racines.
Pour que le Salfifis puifïe acquérir toute? les
qualités defirables, il faut que la terre où on le fème
foit en même temps légère , profonde, fraîche;,
bien labourée & bien amendée ; cependant;,
comme il prend très-facilement le goût, du fumier,
des boues des villes | & c ., il faut, ou n’amender
çecte terre qu’avec du terreau, bien copfommé,
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ou n’employer que celle qui a, été amendée un an
à l'avance.
Ceux- qui, dans le climat de Paris, font une
grande confommation de Salfifis, en fèment dès
la fin de mars, & continuent à eh femer tous les
huit jours, afin que fi le plant des premiers femis
eft frappé par les dernières gelées, celui des
fuivantes puiffe le remplacer. Plus le femis eft
précoce, & plus les racines deviennent belles.
Couvrir ces «femis avec des paillaffons o.u des
planches pendant les nuits froides, eft un fur-
croît de prudence qu’on devroit avoir plus.géné-
ralement.
Le femis du Salfifis s’exécute foit en rangées
efpacées de huit à dix pouces, foit à la volée. Le
premier mode eft préférable 3 parce qu’ il permet
des binages, & que les.binages concourent toujours
au groffiffement plus rapide ou plus confidé-
rable du plant. Dans le fécond, il faut que les
graines foient à trois pouces environ de diftance
les unes des autres, afin que les pieds ne fe gênent
pas réciproquement, car il y a à gagner à avoir de
groffes & iongues racines, plutôt qu’ un grand
nombre de racines.
Le plant levé s’éclaircit & fe farcie au befoin ;
on le bine deux ou trois fois lorfqu’ il eft difpofe
en rangées ; on le ferfouit au moins une fois dans
le cas contraire , & on l’arrofe abondamment pendant
les féçhereffes. Tous les pieds qui montent
en fleurs doivent être arrachés auffrtôt qu’on s’en
aperçoit. Il eft des perfonnes qui coupent les
feuilles à -la fin de l’été pour les donner aux beftiaux,
qui les aiment beaucoup j mais elles agi fient
contre leur b u t, puifque c’ eft principalement par
elles que les racines fe nourriffent. V o y e i Feuille.
Généralement on peut commencer à manger les
racines de Salfifis vers les premiers jours de fép-
tembrej cependant il vaut mieux, lorfqu’on le
peut, attendre un mois plus tard, car ce n’eft
qu’alors qu’elles ont acquis toute leur groffeur &
leur faveur.
Comme ce n’eft que les très fortes gelées qui
frappent les racines de Salfifis laiffées en terre, &
qu’ il s’y conferve meilleur que dans les ferres à
légumes, & encore mieux que dans les caves, il
eft bon de ne 1 arracher qu’ à mefure du befoin ;
cependant, fi ces fortes gelées étoient annoncées
par quelques lignes certains, il faudroit lever la
totalité pour l’enterrer près à près horizontalement
dans du fable à moitié fe c , dans un des abris
ci-deffus, ou dans une foffe de trois à quatre
pieds de profondeur, qu’ on recouvriroit d’un pied
& demi de terre. On les mange jufqu’à ce que la
végétation fe ranime en elles, c’ett-à-dire , juf-
qu en mars ou avril, époque ou toutes deviennent
creufes.
Les racines de Salfifis qui font devenues creufes,
ou qu’on ne peut pas confommer, fe donnent aux
vacnesou aux cochons qui les aiment avec paflion.
On doit laiffer en terre les pieds deftinés à
porter
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porter des graines, parce que la tranfplantaron.
les affoiblit toujours, & que c’eft de la beauté des
pieds que dépend la bonté des femences, à l’ effet
de quoi on couvre ces pieds d’une épaiffe couche
de fougère ou de feuilles fèches. Couvertures.)
Dans le cas où on a été obligé de
les lever, on choifit les plus belles pour les planter,
à un pied de diftance, dans un lieu expofé au midi.
La graine de Salfifis fe recueille chaque jour, à
mefure qu’elle fe montre, & elle fe conferve dans
des facs de papier dépofés dans un lieu fec. Elle
refte bonne pendant trois ans & plus.
Il feroit à defirer que la culture du Salfifis fé fît
en grand, mais je ne fâche pas un feul endroit,
même aux environs de Paris , où elle foit ainfi
faite. {Bosc. ) v
Salsifis d’Espagne. C ’eft la Scorsonère.
Foyer ce mot.
SALSiGR AME : un des noms du Géropoüon.
Voye^ce mot. f
SALUBRITÉ des lieux d’habitation et
. des bâtimens ru raux. Dans les temps anciens
où l’ignorance régnoit fans oppofition 1 tir toutes
les cl ailes de la lo ciété, & encore aujourd’hui
dans les contrées où les lumières n’ont pas pénétré
, on ne portoit aucune attention dans le
choix des lieux d’habitation & dans la difpofition
interne des bâtimiens ruraux. Cependant la con-
fervation de la fan té & même de la v ie , non-feulement
des *hommes, mais encore des animaux
domeftiques, dépend beaucoup de la Salubrité de
ces lieux & de ces bâtimens.
On n’eft pas toujours le maître, dans l’état
a&uel de la foc ié té , de choifir le lieu le plqs fa-
lubre d’une contrée pour y bâtir fa demeure,
puifqu’il faudroit en être le propriétaire j mais on
peut prefque toujours en choifir la place fur tel
domaine , 8c furcout l'améliorer intérieurement
fous le rapport de la. Salubrité.
Ainfi l’humidité permanente étant la principale
caufe des maladies de l’été & de l’automne, on
peut, ou choifir l’endroit le plus fec & le plus
aéré, ou rendre plus fain par le defféchement
des terres, des marais , des étangs, par l’abatis des
bois, par l’expofition au.midi ou au levant de la
principale façade,par la grandeur des pièces intérieures,
par les le nombredescroifées,par l’étendue
des caves, & c ., celui qu’on eft forcé d’adopter.
Mais les cultivateurs n’ont malheureufement
pas toujours le moyen de fe bâtir des habitations
. affez vaftes, dé facrifier de-grandes forçâmes à
i’ affainiffement du terrain environnant. Dans ce
cas ils doivent fe borner à élever le fo l, ou. à
élever leur chambre d’ habitation à quelque djfr
tance du fol, & à laiffer autour un efpace vide
d’arbres.
Quoique je parle de coupe de bois, d’efpace
vide d’arbres, ce n’eft pas que je regarde la.vëgé-
tation comme mal-faine j au contraire, il eft toujours
avantageux d’avoir auprès d’ une habitation
■ Agriculture. Tome VI.
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quelques arbres ou quelques-bouquets d’arbres
qui épurent l'air par l’ abforption des gaz délétère s,
qui le rafiaîchiffent par l'agitation de leurs feuilles
j mais j’ai en vue ces maffes qui arrêtent les
vents, & , ensîoppofant à l ’a&ion des rayons du
foleil, entretiennent une humidité confiante.
Lorfque la chambre d’habi-ation eft au rez de
chauffée & qu’il n’y a pas de caves, il faut en
garnir le fo l, d’un pied d’épaiffeur au moins, de
cailloux ou de petites pierres, recouvrir cet af-
femblage de charbon de;bois groflièrement p ilé, •
& le charbon d’un pavé en pierres ou en briques,
à chaux ou à ciment.
1 On dira peut-être que la plupart des maifons
rurales fontfituées dans des lieux humides, quels
plancher de leur unique chambre eft le plus fouvent
;!efol même, que même quelquefois cette chambre
n’a pas de fenêtre, ou n’en a qu’une fort petite,
& que cependant la famille qui l’habite eft bien*
portante, élève beaucoup d’enfans. Cela eft fréquemment
vrai, parce que l’habitude eft une féconda
nature, & que les pauvres cultivateurs font
plus fouvent hors que dans leur maifonj mais fui-
vez cette famille pendant plufieurs années, & vous
prendrez une opinion différente. En effet, les
cultivateurs pauvres font très-fujets aux fièvres
tierces & quartes produites par la chaleur humide,
& ils fuccombent fréquemment après des mois 8c
même des années de perte de temp. 8c de dé--
penfe au-deffus de leurs moyens.
Si les Écuries & les Étables gagnent toujours
à être pavées comme je viens de l'indiquer,
cela eft indifpenfable pour les Bergeries, pour
des Poulaillers & les C olombiers , parce que
les animaux qui les habitent craignent l’humidité.
Les T oits a porcs même doivent l’être par une
autre raifon. (Koyq; ces mots.) En général, tous
ces bâtimens font mieux placés lorsqu’ ils font à
l’expofition de l’ eft ou à celle du midi. ( Bosc. )
SALVADORE. S a l v a d o r a .
Genre de plantes de la tétrandrie monogynie
& de la famille des Atrocités, formé par une
feule efpèce originaire de Perfe, & qui ne fe.
cultive pas dans nos jardins. Il eft ficuré pi. 81
des Ilhflrations des genres de Lamarck.
5ALVINIE. S a l v in ïa .
Plante annuelle qui flotte fur les eaux dormantes
des parties méridionales de la France , & ,
avec trois autres , originaires de l’Amérique méridionale
, forme un genre dans la familLe des
Fougères. Elle eft figurée pi. 8.69 des lllufirations
des genres de Lamarck.
Cette plante n’eft pas cultivée dans nos jardins,
Lôrfqu’on veut la pofféder dans les écoles de botanique
, on va la chercher dans les marais & on
la met dans un baquet plein d ’eau, où elle fubfifté
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