
mer une jufte idée de la magie de l’enfemble &
de la beauté des détails.
Pour prolonger la durée des fleurs des Renoncules
, on les couvre de toiles pendant la grande
chaleur du jour ; car 1*ardeur du foleil accélère
beaucoup leur évolution. Ces toiles fe tendent
depuis dix-heures jufqu’ à quatre, fur des piquets
élevés de deux pieds au-deflus des planches.
On eft quelquefois, à raifon de la fécherefle
de la faifon, obligé d’arrofer les Renoncules pendant
qu'elles font en fleur, ce qu’il faut exécuter
avec les mêmes précautions indiquées plus haut ;
mais, dès que cette époque eftpaflee, on ne doit
plus le faire, cela pouvant donner lieu à un renouvellement
de végétation qui feroit perdre beaucoup
de griffes.
Les griffes des Renoncules fe lèvent dès que les
feuilles font defféchées. On procède à cette opération
en prenant la tige & les feuilles d’une main,
& en paffant de l’ autre une houlette à long fer tk
à court manche pour la-.foulever : puis on fecoue
la terre qui refte attachée à la griffe ; on fépare les
reftes de la tige & des feuilles par un Ample
effort fi elles tiennent peu, & en les coupant fi elles
réfiftent, puis on les jette dans un cafîer fi elles font
par ordre, ou dans un panier fi elles font en mélange.
Quelques cultivateurs, & Rozîer en particulier,
veulent qu’on attende la defficcation des griffes
pour les nettoyer & les féparer 5 d’autres font
d ’avis qu’on doit faire ces opérations le jour même
quelles font fortiesde terre.M. Feburier obfërve
que, par ces deux méthodes , on eft expofé à caffer
facilement les tubercules en faifantdes efforts pour
féparer les griffes doubles, triples, & c .; parla
première, à raifon de ce que ces tubercules font
caflans ; dans la fécondé, à raifon de ce qu’ils font
trop ferrés ou trop enchevêtrés. Le moment véritable,
félon lu i, eft celui où elles font à moitié
defféchées, parce; qu’ai ors elles ont diminué de
volume & font devenues molles. Il fuffit d’ob-
ferver une griffe dans cet é ta t , pour être convaincu
qu’ il eft fondé dans fon opinion.
Il y a deux manières d’ enlever la terre des griffes
de Renoncules : la première, à la main, elle eft
fort longue & fort incomplète dans fes réfultats ;
la fécondé, en les lavant à grande eau dans des
paniers à claire-voie, & fans y employer la main,
le jour même qu’ on les fort de terre : elle s’exécute
avec rapidité, & remplit bien fon objet.
C ’eft celle que pratique M. Feburier.
Les griffes lavées , on les expofe à l’air pendant
un jour , & enfuite on les porte dans un appartement
; & lorfqu’elles font à moitié defle-
chées, ondivife les doubles & triples ; on enlève
les reftes des feuilles, des.racines, & c . , & , après
leur defféchement complet, on les renferme ou
dans lecafier, ou dans des boîtes, ou dans des fa es
qu’on conferve dans un lieu fec jufqu’à la plantation
, qui peut être retardée jufqu’ à la fécondé
année, même avec avantage, puifqu’il eft reconnu
que celles qui fe font ainfî repofées, font moins
fujettes à dégénérer.
M. Feburier a confervé, pendant trois ans,
cinq cents griffes de Renoncules fans les planter;
elles pouffèrent lentement & ne donnèrent pas
une fleur; cependant elles produifirent des griffes
affez bie>n -nourries. Elles ne fleurirent pas davantage
l’année fuivante, mais elles donnèrent des
griffes très-belles. C e ne fut qu’ à la troifieme
année qu’elles portèrent des fleurs , 8 c ces fleurs
étoient plus doubles qu’ à l’ordinaire.
La dégénération des Renoncules a plus généra*
lement lieu , d’après les obfervations de M. Feburier
, lorfque les hivers 8c les printemps font
pluvieux, que dans le cas contraire. Cette dégénération
a lieu dans les afiatiqués par la perte d’une
grande partie de leurs pétales du centre & de leurs
panaches, & dans les pivoines, par leur retour à
la couleur rouge.
Dès qu’un amateur voit un pied dégénéré dans
une planche, il doit l’arracher, parce qu’ il eft
probable que fa dégénération fe perpétuera, ou
au moins reviendra fouvent. Il doit également
arracher tous les pieds dont les feuilles font petites
, recoquillées, & qui ne donnent pas de fleurs
ou qui né donnént que des fleurs irrégulières,
parce qu’il eft encore plus rare qu’elles fe rétablif-
fent, la caufé de cette altération étant organique.
Il ne me .refte plus, pour terminer ce que j’ai
adiré fur lesRenonculesdes jardins,que deparler
du femis de.fes graines.
J’ai dit plus haut qu’ il falloit cultiver des Renoncules
femi-doubles, quoiqu’ elles ne foient plus
de mode , afin d’.en recueillir la graine' pour la
femer & en obtenir de nouvelles variétés doubles.
Dans ce cas, celles de ces femi-doubles dont les
pétales font larges, bien arrondis, épais & vivement
colorés , doivent être préférées.
Si on employoit la graine des Renoncules Amples,
on obtiendroit dexpiantes vigoureufes, mais
en partie feulement femi-doubles..'Voye^ Fleurs
doubles.
La maturité de la graine des Renoncules fe re-
connoît à fa décoloration : alors on coupe les
tiges & on les dépofe dans un lieu fec. Quelques
jours après, on peut en féparer, les graines en
frottant les têtes entre les mains, & les femer.de
fuite; mais, à raifon des dangers de l’hiver, il eft
bon de n’opérer alors que fur la moitié de la récolte,
de réferver le refte pour le printemps.
Si on ne fème les graines de Renoncules qu’un
an-après leur récolte, il y a lieu d’efpérer une plus
grande quantité de fleurs doubles-, parce que leur
germe fe fera affoibîi. Voyeç Fleurs doubles.
Les dangers de l’hiver étant prefque toujours
certains dans le climat de Paris, on fème, en automne,
la graine de Renoncule dans des terrines
remplies de terre légère , pour pouvoir les rentrer
dans l’orangerie s’il arrive de grands froids. La
«raine y eft répandue fort clair, fi elle eft bonne,
& recouverte d'une ligne d’épaifleur de terreau.
On les couvre de paille ou de moufle ; on les dépoté
à l’ombre, & on les arrofe toutes les fois
que cela eft jugé néceffaire. La graine leve vers
le quarantième jour. Lorfque les terrines font dans
le cas d’êrre rentrées dans l’ orangé rie ,on les place
auprès des fenêtres, & on leur donne de 1 air toutes
les fois qu’on le peut. Ces terrines font forties de
bonne heure au printemps, & mifes contre un mur
au levant, après avoir été éclaircies, terreautees
de nouveau, en faifant attention à ce que les
feuilles ne relient pas enterrées. ( Voye1 T erre
a u t e r .) Pendant tout le temps de la végétation
de ce plant, on le farcie & l’arrofe aubefoin.
On lève ou on ne lève pas les griffes cette première
année, félon qu’on le juge bon.
Les mêmes foins fontnéceflaires aux femis faits
au printemps, foi t en terrines, foiten pleine terre,
excepté qu’il faut faire la chafle aux limaces &
aux infeCtes, & farder plus fouvent. Si on ne veut
pas lever les jeunes griffes ,'on pourra les recouvrir
d’un demi-pouce de terre & d’ un lit de fougère.
Ce n’eft qu’à la troifième année que la plus
grande partie des jeunes Renoncules commencent
à fleurir; je dis la plus grande partie, parce que
quelques-unes fleuriflent dès la fécondé, & d’autres
feulement la quatrième. Celles qui ont fleuri
la fécondé année ne méritent aucune attention.
Le choix des pieds à conferver peut donc fe
faire à la troifième année; mais on ne peut les
juger définitivement qu’après deux ou trois autres
floraifqns, parce que plufieurs dégénèrent.
ce Dans le principe , obferve M. Feburier , on
ne recherchoit que des Renoncules doubles à une
feule couleur, comme des blanches, des rofes,
des rouges, des feux, des jaunes-orange, des jonquilles,
des foufres, des olives, des brunes 8c des
noires. Quand on a été fatisfait fous ce rapport,
on a voulu des plantes des couleurs ci- deflus avec
des coeurs verts, enfin des plantes panachées.
Un amateur fageréunit toutes les belles Renoncules,
foit qu’elles n’aient qu’une couleur, foit
qu’elles en aient deux, bordées ou panachées* S’ il
a du goût 8c qu’ il les mêle avec a r t , il établit des
contraftes qui leur donnent un nouvel éclat, &
cette harmonie des couleurs, fi je puis m’exprimer
ainfî, contribue à fes jouiffances 8c à celles de tous
les amateurs éclairés qui viennent admirer fa collection
& l’ordre qu’il y a établi. » ( Bosc. )
RENONCULIER. Quelques perfonnes appellent
ainfî le Merisier à fleurs doubles. Voye-[
C erisier dans le Dictionnaire des Arbres & Ar-
bufies. -
RENOUÉE. PoLYGON UM,
Genre de plantes de l’oCtandrie trigynie & de
la famille des Polygonées, dans lequel fe rangent
cinquante-huit efpèces, dont une eft l’ objet d’une
grande culture, 8 c plufieurs autres font fi abondantes
dans nos champs ou nos marais, qu’ il.n’eft
pas permis aux cultivateurs de fe refufer à les
connoître. PoyeçpL ÿi 5 des Illustrations des genres
de Lamarck, où il eft figuré.
Efpèces,
Renouées a tige frutefeente.
1. La Renouée en arbriffeau.
Polygonum frutefeens. Linn. T} De la Sibérie*
2. La Renouée à grandes fleurs.
Polygonum grandiflorum. Willd. T) De l Orient.
3. La Renouée polygame.
Polygonum polygamu m. Ven t . T? De la Caroline.
4. La Renouée fétacée.
P oly gonum fetofum. Jacq. T) Du Levant.
c. La Renouee à feuilles d’ofejlle.
Polygonum âcetoftfolium. Vent. T? Du Bréfil.
Renouées a tige herbacée.
6 . La PvEnouée biftorte.
Polygonum biflorta. Linn. Tf. Des Alpes.
7. La Renouée vivipare.
Polygonum viviparùm. Linn. Dès Alpes.
8. La Renouée de Virginie. â
Polygonum virginianum. Linn. 2£ De 1 Amérique
feptentrionale.
9. La Renouée à feuilles de patience.
Polygonum lapathifolium. Linn. Indigène.
10. La Renouée amphibie.
Polygonum amphibium. Linn. "2f Indigene.
11. La Renouée vaginale.
Polygonum ochroatum. Linn. 2f De la Sibérie.
12. La Renouée poivre d’eau.^
Polygonum hydropiper. Linn. 0 Indigène.
13. La Renouée faux poivrier.
Polygonum hydropiperoides.VLich. 0 D e l Amérique
feptentrionale.
14. La Renouée à tige baffe.
Polygonum puf Hum. Linn. O Des Alpes.
iy. La Renouee perficaire.
Polygonum perficaria. Linn. O Indigène.
16. La Renouée à feuilles étroites.
R oly gonum anguftifolium. Lam. O De.....
17. La Renouée à fleurs vertes.
R oly gonum yiridiforum. Lam. De 1 Amérique.
18. La Renouee tomenteufe.
Polygonum incanum. Schr. 0 Indigène.
19. La Renouée des teinturiers.
Rolygonum tinCtorium. Lour. d* De la Cochin-
chine.
20. La Renouée filiforme.
Polygonum filiforme. Thunb. Du Japon. .
21. La Renouee barbue.
Rolygonum barbatum. Linn. 2p Des Indes.
22. La Renouée glabre.
Rolygonum glabrum. Willd. Des Indes.
T ij