
La Renoncule dorée croît abondamment dans
les b o is , & fleurir une des premières au printemps.
Comme la Renoncule ficaire, elle eft dans
le cas de concourir à l’ornement des jardins payfa-
gers : c’eft prefqu’exclulivement de graines qu’on
la multiplie, car elle donne rarement des rejetons.
Les- vaches & les chevaux la mangent.
La Renoncule rampante eft une des plantes les
plus communes des prés argileux & humides, auxquels
elle nuit beaucoup en tenant la place d’autres
plantes plus'du goût des beftiaux, car il n’y
a que les chevaux & les moutons qui s’en accommodent
, encore n’ eft-ce que lorfqu’elle eft jeune.
Ses tiges prenant racine à chaque noeud, & chaque
noeud devenant l’origine d’un nouveau pied, elle
fe multiplie avec une effrayante rapidité. Un pré
qui en eft trop infeftë doit donc être prompte*
ment labouré & cultivé, comme jer l’ ai indiqué
plus haut, afin de la détruire j mais c ’eft ce que
malheureufenrer.t on fait trop peu fouvent. Elle
n’eft pas fans élégance,, foir en.feuilles, foit en
fleurs ; suffi la voir-on quelquefois fervir d’ornement
aux parterres, où, lorfque fes fleurs font doubles
, elle porte le nom de bouton d'or. Elle de-
vroit auffi fe placer, par la même raifon; fur le ;
bord des'allées, dans les corbeilles des jardins
payfagers, lï elle n’y étoit pas naturellement fi
commune : on la multiplie avec la plus grande
facilité par le déchirement des vieux pieds pendant
l’hiver.
La Renoncule âcre relfemble b’eaucbup à la
précédente ; & quoiqu’elle ne- fe multiplie pas i
aufti rapidement, elle eft aufti abondante qu’elle \
dans les prés qui font en bon fo l, ni fec ni aquatique
: fon âcreté eft; telle , qu’en appliquant fes
feuilles fur la peau, elles y caufent une excoriation
; auffi la plupart des beftiaux la repouffent-ils.
Tout ce que j’ ai dit à l’occafîon de la précédente
lui convient. La culture la fait aufti doubler.
La Renoncule bulbeufe eft également très-commune
dans certains prés ; elle eft encore plus âcre
que la précédente : aufti fes racines font-elles mortelles
pour les campagnols & les mulots qui en
mangent : par conféquent il eft fort important de ;
la détruire par rapport aux beftiaux, & on y parvient
par les moyens indiqués plus haut. Sa variété
double fe voit aufti dans les parterres & dans les
jardins' payfagers.
Il eft' à obfeiver que les feuillés' dé ces trois
efpèces, & en général de toutes les Renoncules, :
perdent leur âcreté par leur defficcation, & qu’ainfi
elies peuvent entrer dans le foin fans nul inconvénient;
Ces trois Renoncules, ainfi que la Renoncule
couchée ', une fois mi fes en place dans les écoles
de botanique, n’y demandent d’autres foins que
ceux de propreté.
La Renoncule fcélérâte croît' fur le bord dès
eaûx croupiflantes ; elle eft fi âcre, qu’ on emploie
fés racines pour véfiçatoires : auifi, quoique les i
moutons & les chèvres s’en nourriffent, quoique
fes feuilles cuites fe mangent dans quelques pays
du Nord, pafte-t-elle pour être un poifon très-
redoutable. J’ai lieu de croire qu’elle abforbe l'air
délétère des marais, & qu’ainft elle rend fervice
aux habitans de leurs bords. Son abondance eft
quelquefois telle, qu’il peut être avantageux-de
l’arracher au milieu de l’été pour- h tranfporter
fur le fumier, dont elle augmentera la malle, ou
en former un compoftfur le bord même du marais.
Dans les écoles de botanique', les graines de
cette efpèce fe fèment en place. Le plant levé s’éclaircit
8c ne demande plus que des arrofemens
abondans pendant les chaleurs. Elle' né devient
jamais aufti belle dans ces jardins que dans les lieux
où il eft de fa nature de croître ; mais' cela n’ eft
pas néceffaire pour l’étude dé fes caractères.
Les Renoncules moyenne, en faucille'& velue
font annuelles & ne fe cultivent que dans'lé écoles
de botanique , où elles fe fèmènt en place, s’é-
claircîflent & fe fardent. Les terrains légers font
ceux qu’elles préfèrent.
Les-Renoncules à feuilles de platane , à feuilles
d’aconit, de Penfylvanie & d’Illÿrie, font
trois grandes & élégantes plantes qui peuvent
contribuer à l’ ornement des parterres , quoique
la fécondé feule, dont les fleurs font blan-
ches, y foit employée, & encore n’eft-ce que
fa variété double. Elles aiment un terrain un peu
frais. On les multiplie par le* femis de leurs grai-
nes, & , quand on les poffède, par le déchirement
■ de leurs vieux pieds en hiver, déchirement dont
le réfultat donne des fleurs dès la même année.
Les Renoncules à feuilles de rue , glaciale &
des frimats, ainfi que les autres qui croiffVnt également
fur les hautes montagnes , étant la moitié
de 1 année fous la neige, fembient pouvoir être
cultivées fans difficulté en pleine terré; cependant
elles y périflent prefque toujours par fuite
des gèlées de' l’hiver ou du printemps , gelées
dont elles font'garanties par la neige dans leur
lieu natal. En conféquénce , on eft obligé de les
tenir en pot pour pouvoir les rentrer dans une
orangerie : comme les autres Renoncules vivaces,
on les multiplie 8c par graines & par déchirement
des vieux pieds.
Les Renoncules à pètites fleurs, hériffée &
des champs,, font annuelles & fe fèment en placé
dans les écoles dé botanique ; elles fe plaifent'dans
des terrains fablonneux 8c nuifent aux beftiaux.
Eclaircir leur plant & le farde r, font toute la
culture qu'elles demandent.
La fécondé dé cés efpèces à des fruits garnis'd’épines
qui bleffeht les cultivateurs qui marchent
nus pieds. La dernière, qui eft très-véhénëufe,
d’après les expériences de Brugnone & Krapf, eft’
quelquefois fi abondante dans les céréales, qu’elle
niiit à leurs produits. Pour la détruire, il faut in-
troduire^dans le champ un bon fyftème d’affole-
mëftt, ç’eft-à-dire, faire* fuccëdër dès prairies'*
artificielles aux céréales , & à ces prairies des
cultures qui exigent des binages d ete.
La Renoncule à feuilles de lierre croît dans
l’eau des petites fontaines. Pour la comerver dans
les écoles de botanique, il faut la femer dans un
pot dont on tient conftamipent le fond dans un
baffin d’eau pure. Comme fes tiges,font traînantes,
on la multiplie très-facilement par le déchirement
des vieux pieds, dès qu’une fois on la obtenue
de graines. „ , . , ,
La Renoncule aquatique, & les variétés qu on
y rapporte, fi ce ne font les efpèces, eft excejfiveinent
abondante dans les eaux (Lignantes qui ont
peu de profondeur; elle offre par conféquent aux
cultivateurs qui manquent de fumier, une ref-
(burce; car il fuffit de l’arracher pendant les chaleurs
de l’é té , époque où les eaux font ordinairement
baffes, avec des râteaux de fer à long manche,
& de la dépofer fur les bords de ces eaux,
pour avoir, au printemps fuivant, un excellent engrais
qu’on peut répandre avantageufement fur les
maigres.
Par fon feuillage flottant & fes nombreufes
fleurs blanches, la Renoncule aquatique embejlit
les eaux où elle croît. On fera donc bien d en
placer quelques pieds dans celles des jardins payfagers.
Lés poiffons aiment à frayer fur fes tiges &
à fe cacher entr’elles , foit pour le garantir de
leurs ennemis, foit pour éviter l’aélion des rayons
d-u foleil. Il y a lieu de croire que les carpes mangent
fes graines.
On récolte fes feuilles dans quelques lieux pour
les donner vertes ou fèches aux beftiaux.
On conferye la Renoncule aquatique dans les.
écoles de botanique , en la plantant dans un pot
qu’on enfonce en entier dans un autre pot plein
d’eau.
J’ai vq dans les collections des jardins de Paris,
des Renoncules en plus grand nombre que je viens
d'en énumérer, parce quelles font fujettes à périr
fans caufes apparentes.
Actuellement. je vais entrer dans des détails
étendus fur la culture de la Renoncule des jardins,
qui, ainfi que je l’ ai déjà obfervé, eft l’objet des
foins d’une clafte de cultivateurs qu'on appelle
Fleuristes. Voye^ ce mot.
C ’eft du Levant que provient la Renoncule des
jardins ou Renoncule afiatique, comme on l'a vu
dans le catalogue des efpèces. Sa culture a pris faveur
à Conftantinople vers le milieu du feizième
ftècle, 8c en France quelques années plus tard;
elle a été plus ou moins à la mode à différentes
époques , mais principalement fur la fin du règne
de Louis XIV & Je commencement de celui de
Louis XV. Aujourd’hui le goût des plantes étrangères
l’a fait im peu tomber ; mais elle eft encore
l’objet des foins de beaucoup d’amateurs. M. Fermier,
membre de la Société d’agriculture de
Verfailles, à qui on doit un fort bon-Traité fur ce
qui les concerne, Traité dont j’ai beaucoup profité,
eft au nombre de ceux qui lui (ont reftés fidèles.
La racine de la Renoncule des jardins s'appelle
GRiFfE. ( Voye\ ce mot.) Elle eft formée par la
réunion de fix a huit tubercules fufiformes, fou<-
vent courbés, qui convergent dans le même point,
dont la longueur eft de quatre à lix lignes, & la
couleur brun-clair. Sa partie fupérieure offre un
difque couvert de poils, dont fortent un, deux,
trois & même quatre yeu x, qui font les riidi-
mens d’autant <le tiges. Comme la plupart des
racines charnues, celle-ci contient de l’amidon
fufceptible d’être employé à la nourriture.
La végétation des Renoncules commence par
la forcie de plufieurs racines de là bafe des yeux :
elles font blanches, fetacées , 8c de quatre à cinq
pouces de long. Bientôt leur bafe fe renfle & elles
le changent en une nouvelle griffe , fupérieure à
l’ancienne, qui fe deffeche lorfque les nouvelles
entourent complètement l’oeil ; elles fe fubdivilcnt
par la deftruction de cet oeil en plufieurs autres
griffes ayant chacune un çeü nouveau. Ainfi cette
plante, quoique vivace, renouvelle, comme la
T ulipe (.voye-tj ce m ot), fes racines tous les ans, &
même elle fournit des efpèces de caïeux avec lesquels,
on la multiplie, comme je le dirai plus bas.
Pendant que les racines précitées s’alongent, il
fort des yeux d'abord trois tuniques, enfuite deux,
trois ou quatre feuilles ; enfin , une, deux, crois
ou quatre tiges, portant chacune une feuille &
une fleur : rarement ces tiges fe ramifient.
Lorsqu’on multiplie les Renoncules de femence,
la griffe eft deux ans à fe former, & la troifîème
elle donne des fleurs. Si on ne la relevoit pas après
la floraifon , celle qui la remplace s’éleveroit
jufqu’à la furface & périroit. De-làon peut conclure
que, dans l’état de nature, la plupart des pieds de
Renoncules des jardins périflent la feconae année
après leur femis, & que, dans l’état de culture, on
peut les conferver auffi long-temps qu’ on le defire
en les relevant tous les ans, afin de les replanter
à la profondeur re.quife pour qu’elles puiffent former
une nouvelle griffe amdellus de l’ancienne.
Spus l’influence de la culture, la Renoncule des
jardins a fourni une quantité innombrable de va-
| rié té s , parmi lefqueiles il ne faut pas placer,
| comme les botaniftes s’obftinent à le faire , la pi-
! voine ou plivre (JR.anuncu.Lus fanguineus Millei), qui.
eft une véritable efpèce originaire 4’A fr iq u e ,
qui a aufti fes variétés, mais au nombre de quatre
feulement, favoir, la pivoine rouge ou rouma , la
pivoine jaune jonquille ou fénaphiqule d? Alger , la pivoine
orange ou fouci doré, OU merveilleuse, h pivoine
rouge panachée'de jaune , OU turban doré , parce
qu’ elles nous ont été tranfrnifés doubles par les
Arabes, & qu’il n’a pu par conféquent s’en former
de nouvelles.
On divife les Renoncules en fimples, femi-
doubles & doubles. Les amateurs ne font aucun