
S A U
C u ltu r e .
Nous cultivons dans nos jardins quarante à cinquante
de ces efpèces, & je traiterai, en les groupant,
de la culture qui leur convient, après avoir
parlé de la Sauge officinale & de la Sauge des prés,
qui font d‘un intérêt plus général pour les cultivateurs.
La Sauge officinale préfente plufieurs variétés ,
dont quatre, à raifon de là grandeur, de la diipo-
fition & de la couleur de leurs feuilles, font recherchées
j favoir, celle à f e u i l l e s f r i f é e s , celle à
f e u i l l e s p a n a c h é e s , celle à f e u i l l e s t r ic o lo r e s ƒ celle à
f e u i l l e s é t r o it e s ou S a u g e d e C a t a lo g n e , qui eft peut-
être une efpèce, fe cultive auffi pour l’agrément,
& de plus pour fes uCages médicinaux, à raifon de
i’o.ieur plus fuave de toutes fes parties. Il eft des
départemens où il eft d’ufage d’en avoir un ou deux
pieds au moins dans chaque jardin. Les trois premières
variétés font plus d’effet que l’efpèce dans les
parterres 8c dans les jardins payfagers, mais elles
fleuriffent moins abondamment. Comme plus délicates
que le type, elles ne profpèrent que dans les
terrains fecs 8c légers, 8c dans les expofitions découvertes
& chaudes. Ceci s’applique encore plus
à la quatrième.
En général, la Sauge officinale fouffre, fous le
climat de Paris, dans les hivers très-froids 8c dans
les hivers très-humides ; mais il eft rare qu’elle pé-
riffe entièrement. Lorsqu’elle fe trouve dans les
circonftances dont je viens de parler, il ne s’agit
que de couper, foit fes branches près de la tige,
fait fes tiges rez terre, pour qu’on ne s’aperçoive
pas du mal fix mois après. Le^plus fouvent on la
laiffe en buiffon, quelquefois on l’élève fur une
feule tige. C’eft au fécond rang des plates-bandes
des parterres 8c le long des allées des jardins paÿ-
fagers qu’on doit la placer. Tous les trois ou quatre
ans il faut en relever les pieds pour replanter à une
autre place leur partie îa plus vigoureufe , parce
qu’elle épuife la terre, 8c eft »oins agréable lorf-
qu’elle offre des branches mourantes ou mortes.
La multiplication de la Sauge officinale a lieu
par graines, par marcottes, par boutures 8c par
déchirement des vieux pieds : ce dernier moyen
eft le p!us employé , par.ce qu’il donne des jouif-
fances plus promptes & qu’il fuffit bien au-delà du
befoin du commerce..
. Pour que les feuis réuffiffent bien, pour que les
boutures reprennent avec certitude, il eft bon de
les faire fur couche.*
Enti’ouvrir lts rameau* d’une touffe dans les
premiers jours du printemps, & jeter dans fon
centre deux ou trois pelletées de terre, eft le
moyen le plus employé pour avoir, à pareille
époque de l’année fuivante, autant de belles marcottes
qu’il y avait de rameaux.
Le déchirenjenc des vieux pieds fe fait pendant
l’hiver; il n’offre aucune difficulté quand c’eft
une main exercée qui l’exécute. La principale at- j
tention qu’il faut avoir, c’eft de ne replanter què
les rejets les plus nouveaux 8c les racines qui Itur
appartiennent.
L’infufion fucrée des feuilles de fa Sauge offici-
nale, fur tout de fa variété à feuilles étroites, eft
très-employée pour ranimer les forces vitales
exciter les fueurs. Son goût eft fi agréable, qu’il
eft étonnant qu’on n’en faffe pas un ufage auffi
général que du thé. On rapporte que les Chinois
s’étonnent.qu’ayant une auffi excellente feuille,
nous allions chercher la leur.
La Sauge des prés.eft abondante le long des
chemins, dans les pâturages , dans les prés fecs,
qu elle orne qaand elle eft en fleurs. On-doit en
placer quelques touffes au milieu des gazons 8c
le long des allées des jardins payfagers, certain
qu’elle y produira de bons effets. Les moutons 8c
les chèvres la mangent avec plaifif, mais les autres
beftiaux n y touchent pas. Comme fes larges feuilles
radicales s’oppofent à la croifîance des graminées,
des legumineufes 8c autres bonnes plantes four-
rageufes , il eft utile de la détruire partout où
elle fe trouve, furtout dans les prés ; ce à quoi
on parvient facilement, foit en coupant fe» racines
entre deux terres, foit en labourant le fol.
Elle peut être employée à augmenter la maffe
des fumiers ou à faire de la potaffe. Sa culture
dans les écoles de botanique fe réduit au femis
de fes graines en place 8c aux farclages ou binages
de propreté.
Les Sauges annuelles qui fe voient dans nos
écoles de botanique font celles indiquées fous
les nos. i, 17, 19, 20 & 60. On en fème les
graines dans des pots remplis de terre à demi
confiftante, 8c on enterre ces pots dans une couche
nue lorfque les gelées ne font plus à craindre.
Le plant, arrivé à quelques pouces de hauteur,
fe repique feql à feul dans d’autres pots ou
dans un terrain fec 8c expofé au midi. Parmi
elles, la 17e. fe fait remarquer par fes bradées colorées
, 8c fe cultive quelquefois dans les parterres.,
On trouve dans les mêmes écoles, en Sauges bif-
annuelles, celles des n0ï. 39, 43 ^ 46, 49, 114,
121, 125 8c 124. Toutes appartenant à des pays
chauds, fe fèment dans des pots fur couche, 8c
leur plant fe repique en pot afin de le rentier
pendant l’hiver dans l'orangerie. On peut, 8c
on le fait fouvent, les repiquer en pleine terre
le printemps fuivant pour avoir de plus beau»
pieds.
Les Sauges vivaces cultivées dans nos écoles
fe divifent en Sauges de pleine terre, Sauges
d’orangerie 8c Sauges de ferre chaude.
Les premières font celles des n##. u , 12,
l7> > I i > U > 3^, 48 , 58, y9 , 119 , 133 8*
13 j j elles fe fèment en place comme la Sauge
des prés, 8c ne demandent pas plus de foin. En automne
on coupe leuris tiges rez terre. >Une fois
obtenues, oij les multiplie par te déchirement de*
S A U
S À u vieux pieds. Plufieurs font élégantes 8c méritent P iU R E . $ au ru au s .
d'être introduites da is les jardins payfagers , le
long des allées, autour des fabriques, & c c . Il
faut les relever tous les deux à trois ans pour les
changer de lieu ou leur donner de la nouvelle
terre.
Les fécondés font indiquées fous les noî. 10,
27, 3 7 , 4 0 , y o , 8 6 , 8 8 , 98 8c 103. On les
fëme dans des pots fur couche, & elles fe repiquent
dans d’autres pots, qu’on rentre dans
l'orangerie aux approches des froids. On les multiplie
auffi par déchirement des vieux pieds.
Les troifièmes fe rapportent aux n°5. 27, 31,
44, y2, y3 8c y61 On les fème dans,des pots fur
couche à châflis, 8c leur plant, repiqué, fe rentre
dans la ferre chaude lorfque les gelées commencent
à fe faire craindre, c’eft-à-dire, dans\le
climat de Paris, vers le milieu d’oéfcobre.
Toutes les Sauges frutefeentes qui fe voient
dans nos écoles de botanique 8c dans les collections
des amateurs peuvent être confidérées comme
d’orangerie, quoique quelques-unes puiffent paffer
les hivers doux en pleine terre, 8c que quelques
autres ne profitent bien qu’en ferre chaude :
ce font celles des nos. 2, y, 6, 8, 27, 40, y y, 70,
96 i 106, 107, 110, 112, ri 7. 8c 136. Il leur
faut, comme aux précédentes , une terre à demi
confiftante 8c fort peu d’arrofemens, hors le moment
de leur entrée en végétation. L’humidité
& le défaut de lumière font leurs plus grands
ennemis 5 en conféquence, c’eft près des jours
8c loin des plantes grafifes qu’il faut les placer.
Diminuer leurs rameaux par une taille rigoureufe
eft fouvent une excellente opération pour prévenir
leur chanciffure. On les multiplie de graines
femées dans- des pots fur couche à châffis, de
boutures 8c de marcottes : les deux derniers de
ces moyens font les plus employés.
Plufieurs de ces Sauges fe font remarquer par
la beauté de leurs fleurs. ( B o s c . )
SAULE. S a l i x .
Genre de plantes qui renférme plus de cent
efpèces d’arbres, foit naturels à la France, foit
fufceptibles d’y être cultivés en pleine terre ,
8c dont plufieurs intérefîent éminemment les cultivateurs,
foit à raifon de la rapidité deleurcroif-
fance, foit à raifon de la flexibilité de leurs rameaux.
Ii en fera queltion dans le D i c t io n n a i r e d es
A rb re s & A r b u f i e s .
SAUPOUDRER. Quelquefois on faupoudre
les femis avec du terreau, de la terre de bruyère,
8c alors ce mot eft fynonyme de T e r r e a u t e r .
Quelquefois on faupoudre les champs cultivés
en céréales ou en fourrages de P o û d r e t t e . de
C o lom b in e , de C h a u x , de Pl â t r e . V o y e z
ses mots.
Plante vivace qui croît dans les marais de la
Caroline, & qui feule forme un genre dans l’hep-
tandr-ie tétragynie 8c dans la famille des N a ï * d e s .
Elle eft figurée pl. 276 des I llù f t r a t io n s d e s g en r e s de Lamarck.
Cette plante, dont j’ai obfervé d’imnv: nfes
quantités dans fon pays natal, fe cultive en Europe
dans les écoles de botanique 8c les collections
des amateurs. Pour l’obtenir d’abord , on
fème fes graines dans un pot rempli de terre de
bruyère , pot qu’on place fur couche nue 8c
qu’on arrofe abondamment. Le plant levé fe repique
dans d’autres pots, qu’on place dans des
terrines à moitié pleines d’eau, 8c à une expofi-
tion méridienne. Les pieds provenant de ce
plant tracent beaucoup; de forte que, dès l’année
fuivante, on peut les divifer pour les multiplier,
8c ainfi de fuite tous les printemps.
Les gelées ne font nullement à craindre pour
la Saurure, de forte que fi on a une place un
peu marécageufe fur le boid des eaux dans les
jardins payfagers , on peut l’y planter, bien certain
qu’elle s’y fera remarquer, pendant fa florai-
fon; par fes longs épis recourbés. Il y en a eu
beaucoup autrefois à Trianon. { B o s e . )
SAUSSAIE : lieu planté en S a u l e . V o y e ^
ce mot.
SAUT DE LOUP. C’eft ainfi qu’on appelle,
en terme d£ jardinage, un foffé prefque toujours
revêtu de murs, au moins d’un côté, qui fe
creufe à l'extrémité des allées, à l’effet d’empêcher
d’entrer dans les jardins, 8c cependant de
ne pas s’oppofer à la vue. Il doit avoir au moins
huit pieds de large 8c de profondeur.
Les Sauts de loup, jadis fort à la mode dans
les jardins français, font rarement employés dans
les jardins payfagers; on les fupplée par des monticules
de terre ou par des conftruétions en maçonnerie
plus élevées que les murs, d’où l’on
jouit de la vue de toute la campagné environnante.
V o y e z Ja r d i n . ( B o s c . )
SAUTELLE ou SAUTERELLE. Dans quelques
vignobles c’eft un tas d'échalas, dans d’autres
les marcottes faites dans l’intention de regarnir
une place vide, dans d’autres enfin, les farmets
courbés en arcs dans l’intention de leur faire produire
une plus grande quantité de raifin. '
Dans quelques vignes des environs de Paris
on coucne les Sautelles en terre, c’eft-à-dire,
qu’on en fait de véritables 'marcottes, qui fe
relèvent 8c fe coupent l’hiver fuivant.
Cette pratique, en fourniffaut plus déracinés
A*' plus d’humicité aux grappes, eft excellente
dans les mauvais terrains ou les terrains épuifés,
pour favorifer le groiîilîement des grains ; mais
elle ne doit pas concourir à l’amélioration du vin,
puifqu’elle affimile le raifin des vieilles vignes à
celui des jeunes.