
pieds qui n*ont plus qu’un an à refter dans la pépinière.
L'objet qu'on a en vue eft toujours rempli,
mais plus ou moins, félon la nature du fol,
l'efpèce de l’arbre , les perturbations atmofphéri- 1
ques , & c . VoytT^ Pincement & Ec im a g e .
Rarement, dans les pépinières , on eft dans le
cas de revenir fur la Taille en crochet; mais cependant
il eft bon de vifiter, dans le courant du
mois de mai fuivant, les pieds qui l'ont éprouvée,
pour arrêter avec l'ongle les bourgeons qui pouf-
feroient trop vigoureufement. }
Parmi les arbres fruitiers , il en eft qu’on deftine
à devenir des pleins-vents, d autres ce qu on appelle
des bajfes tiges; ces deux fortes d'arbres doivent
fubir une troifième Taille dans les pépinières,
Taille qui ne diffère de I’Elag ag e que par fon but.
Elle confifte à couper rez du tronc, avant la fève
d'août qui précède leur probable enlèvement,
toutes les branches qui avoient été taillées en crochet,
& à raccourcir, à environ un p ied , celles qui
font deftinées à former la tête 5 on' choifit le mois
d 'ao û t, parce que la fève defcendante cicatrife
promptement les plaies, & donne rarement naif-
fance à de nouvelles pouffes fur le tronç.
On pourroit encore regarder, comme une Taille
le pincement des bourgeons des arbres exotiques
qui s'A outent difficilement, foit dans le but
d'empêcher la gelée de les frap p e r fo it dans celui
d’en tirer de bons yeux pour la G reffe. Voye^
ces deux mots. , f . ; . • - 1 . . w
Voilà les principales opérations de Taille qu’on
pratique dans lesNpépinières,, car fi on y forme
des quenouilles, des efpaliers, & c . , c eft abufi-
vement. V'oye^ Pép in iè re. - ..
Je paffe donc à la Taille des arbres dans les jar-
dins & dans les champs 5 je parlerai d’abord des
arbres fruitiers. %
s’il s'en dé.veloppoit, & à émonder les ramilles
intérieures fi elles fe multiplioieurtrop.
Cette Taille, ainfi que je l'ai annoncé plus haut,
fe divife en Taille de formation & en Taille de
fru&ification. £ ■ 1 1
Les poiriers en quenouille peuvent refter dans
cette pofition, & alors ils ne ((furent que fix à huit
ans, ou être transformés én dÿramide ou en pal-
mette, ce qui prolonge leur exifténce quatre fois
plus long-temps. '
Toutes les branches des quenouilles latérales fe
taillent, d’ abord les groffes fur' deux ou trois
yeux, & les petites fur un ou deux, félon la force
du pied & le defir plus ou moins preffant d’avoir
du fruit; on fupprime entièrement celles de ces
branchés q.ui font trop rapprochées des autres. Il
vaut mieux en avoir peu de bien dirigées, que
beaucoup de confufes^ la tige eft étêtée à quatre
ou cinq pieds.
La Taille de formation differe>& félon l’efpèce
d’arbre, & félon la difpofition qu’on veut lui
donner. Il convient donc de les paffe r tous en
revue, renvoyant, pour les détails, a chacun de
leurs articles dans le Dictionnaire des. Arbres &
Arbujtes-
Les poiriers font les arbres qui fe prêtent le
mieux à toutes les fortes de formes; aufli, quand
on fait convenablement les. conduire, refte-t-i-1
peu à apprendre relativement aux autrés.
Toutes les Tailles fe font dans les jardins pendant
l'hiver, excepté celle qu’on appelle E bourgeonnement
: je parlerai particulièrement de
cette dernière à fon article. Celle des arbres à
fruits à noyau fe commence feulement à l’époque
de leur floraifon.
Les poiriers à haute tige gagnent à être mis en
têtes fur trois branches principales,. & chaque
branche fur deux fecondaires; on les abandonne
enfuite, à eux-mêmes ,.fauf à arrêter les gourmands.
L’année fuivante on taille, d’après les mêmes
principes, fur la pouffe de l’année précédente,
mais de manière à ce que les branches dont on laide
la bafe foient également diftantes, & des autres &
de la tige , car c’ eft de la régularité de leur diftribu-
tion que réfultera la libre circulation de l’air; la
complète aéiion du foleil, ce qui eft très-important
pour la bonté des fruits. Les cas varient tant, qu’il
n’eft pas poflîble de fixer des règles générales, &
qu’il faut plufieurs années de pratiqué pour les
connoître tous.
Les quenouilles peuvent être regardées comme
formées après cette fécondé Taille ; ainfi je paffe
à celle des Py r am id e s & des Pa lm e t t e s . Ÿoy%
ces mots.
Les pyramides ne different des quenouilles que
parce qu’on laiffe leurs branches inférieures s’a-
longer ,d’autànt plus que leur fommec, qu’on n’arrêté
pàs > s’élève davantage. Leur Taille, la première
année, ne diffère de celle des quenouilles
que parce qu’on ne fupprime pas le rarnéaq terminal,
qu’on fe contente de le tailler fur deux
yeux; la fécondé' année, les branches inférieures
font laifféès un peu plus longues, & ainfi de même
la troifième année, que l’arbre a la difpofition qu’il
doit avoir & qu’il faudra lui conferver.
Les palmettes font des pyramides paliffadées
contre un mur, & auxquelles on enlève les branches
perpendiculaires à ce mur. Leur formation,
du refte, ne diffère de celle que je viens-d’indiquer
que par cette circonftance.
Je regarde les difpofitions en pyramide & en
palmette comme les plus avantageufes. &r les plus
agréables de celles qu’on peut donner aux poiriers
qui doivent être fournis à la T aille ^ en conféquence
j’invite les amateurs à les, préférer. .
Les poiriers en efpaliers & en cont-r’efpaliers fe
conduifent de même quant à leur formation ; on
coupe,la tige au-deffus de leur fécond ou troifième
oeil au moment de leur plantation,, & les deux
bourgeons auxquels ces yeux donnent naiffance
font coupés fur deux yeux s’ils font foibles, &
fur trois ou quatre s’ils font forts, pendant l’hîV“f
de l’année fuivante. Si. ces bourgeons font, avec te
chicot de la tige , un angle de moins de quarante-
cinq degrés, on,leur donne forcément cet écartement
en les attachant à des piquets avec de Tôlier.
L’année fuivante les nouvelles pouffes , les
unes, celles qui font perpendiculaires au plan de
l’arbre, & , parmi les-parallèles à ce plan, celles
qui font trop rapprochées, font totalement retranchées;
les autres font taillées à deux ou trois yeux
& maintenues rigoureufement dans le plan par leur
attache, foit au mur, foit à des piquets fortement
enfoncés en terre. L’ arbre peut être dès-lors regardé
comme formé; cependant ce n'eft que la
troifième année qu’ il eft fixé. Je renvoie, pour le
furplus, à ce que je dirai plus bas du pêcher, l’arbre
à efpalier par excellence.
Les poiriers en buiffon, qu’on appelle auffi &
moins improprement poiriers en vafe, en entonnoir,
font les plus longs & les plus difficiles à former.
Ils ont été pendant long-temps à la mode ; aujourd’hui
on leur préfère les pyramides, les palmettes
& les contr’ efpaliers, par des motifs .qui feront
développés à l’article qui les concerne.
Voici comment il faut opérer :
On choifit dans les pépinières des fujets greffés
fur des francs jeunes & vigoureux , & on les rabat
à cinq ou fix yeux au-deffus de la greffe. L’année
fuivante il pouffe autant de branches qu’il y avoit
d’yeux, branches dont on fupprime les plus fo ibles
: on peut fort bien commencer la formation
de l’arbre fur trois branches, mais il eft mieux de
l’effeétuer fur quatre, & encore mieux fur"cinq.
Ces trois, quatre ou cinq branches font taillées
fur trois yeux, & leurs bafes font fixées à un
cercle qui les oblige de conferver un écartement
uniforme & auffi grand que poflîble fans beaucoup
d’efforts, foit du prolongement fuppofé de leur
fouche, foit les uns des autres.
Pendant l'hiver de la troifième année, on fupprime
toutes les branches qui ont pouffé en dedans
& en dehors du cercle; on n’en réferve que deux
furies côtés de chacune des premières qu'on taille
également à trois, quatre & cinq yeu x, & qu’on
attache, en les écartant autant qu’il eft néceffaire,
fur un fécond cercle plus grand que le premier,
qu’on fixe à d’autres piquets. Les branches qui ont
pouffé dans l’intérieur font également retranchées
entièrement, ainfi que celles qui ont pouffé fur les
côtés, au-deffous de celles qui ont fupporté la
Taille. Les extérieures, qui doivent plus tard porter
le fruit, font taillées à deux ou trois y eu x , après
avoir fupprimé celles d’entr’ellés qui font trop
rapprochées.
La Taille de la troifième année ne diffère pas de
cette dernière, excepté q uelle s’exécute ou fur
douze, ou fur fe ize , ou fur vingt branches3 &
que le cercle doit être encore plus grand que les
précédens ; alors l’arbre eft cenfé formé, quoiqu’ il
ne le foie réellement qu’à la quatrième année.
Quelque difficile qu'il foit d’opérer toujours
avec la régularité que je viens d’ indiquer, il eft
d’une grande importance d’agir dans le but d’y arr
iv er, parce que plus les canaux de la fève font
déviés & répartis également, & plus le fruit eft
beau & abondant, & d’un rapport certain.
Le pommier réuflit fort bien greffé fur fes variétés
naines le Pa r a d is & le D ou c in ; en conféquence
on dirige fou vent aujourd’hui à la Taille
les belles variétés en buiffons irréguliers & fort
petits, qui ne portent que quelques fruits, mais
d’une groffeur extraordinaire.
La Taille des pommiers greffes fur cesvariétés
fe réduit, la première année de leur plantation,
à couper tous leurs rameaux à deux ou trois yeux,
en fupprimant ceux qui font trop rapprochés des
autres. L’année fuivante on recommence cette
opération, mais en faifant attention de tailler
l’oeil en dehors celles des nouvelles branches qui
tendent à fe rapprocher du centre, & l ’oeil en
dedans celles qui tendent à s’en écarter. Si deux
ou. trois branches partant du voifinage de la greffe
dans une dire&ion verticale, font à peu près de
la même fo r c e , on tend à leur donner la forme
de vafe ordinairement fans le concours d’un cercle.
. L'année d'après, ces pommiers, qui donnent alors
généralement du fruit, fe taillent comme il vient
d’être dit, en réfervant toutes les Bourses.
Voye[ ce mot.
On met rarement aujourd’hui les pommiers en
quenouille, en pyramide & en palmette, par la
difficulté de leur conferver long-temps une forme
régulière ; mais on en voit encore beaucoup
en contr’efpalier, & quelques-uns, principalement
1 Tapi i en efpalier.
La taille de formation de ces arbres ne diffère
pas de celle des poiriers, excepté qu’elle doit
être plus courte.
Rarement on taille le coignaflîer, le néflier &
le cormier ; mais fi on vouloir le faire, on opére-
roit comme fur le pommier.
L’amandier fe refufe généralement à la Taille.
On doit donc fe borner à retrancher celles de fes
branches qui fe rapprochent trop des autres, & à
arrêter fes gourmands. Si, par circonftance, on vouloir
le mettre en efpalier, il faudroit le conduire
pofitivement comme le pêcher.
Le pêcher eft l'arbre qui gagne le plus à être
mis en efpalier , & qui récompenfe le plus certainement
le cultivateur des foins qu’ il donne à fa
Taille. Je dis en efpalier, parce qu’ il eft fort
difficile & peu fruétueux de lui donner une autre
forme artificielle.
Comme ne pouffant pas, ou au moins très-rarement
des bourgeons fur fon vieux bois, & comme
le? branches qui ont porté du fruit périffent ordinairement
un ou deux ans après, le pêcher tend
toujours à fe dégarnir du bas. Il en réfulte, lorf-
qu’ il eft abandonné à lui-même, que fes racines ,
au bout de quelques années, deviennent plus
nombrèufes que fes branches, ne reçoivent plus
des feuilles affez de féye organifée, 8c périflent ;
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