
5i6 T R E
T r è f l e ja u n e p e t i t . C’eft la L u z e r n e l u -
p u l in e . Voye^ c e m o t.
TREILLAGE. On appelle ainfi une difpofition
de perches ou baguettes, les unes parallèles , les
autres perpendiculaires au fol, & deftinées à fournir
des points d’attache aux branches des arbres
en efpâlier , en cor. tr’efp aller , en palmette, en
Treille , &c.
Quelquefois aifflî les Treillages n’ont d’autre
objet que de former clôture , & mène dè fer-
vir à l'ornement ; dans ce dernier cas on leur
donne la forme de galerie 3 de portique, de va
fe | &c.
Les perches de châtaignier refendues font les
matériaux les plus communs des Treillages aux
environs de Paris & partout où on peut fejes procurer
5 elles méritent cette préférence par la régularité,
la longueur, le bas prix, & furtout la
durée des baguettes qui en proviennent.
On emploie auflî , depuis quelques années, le
même bois entier & recouvert de fon écorce pour
faire des Treillages pour clôture de luxe, Treillages
aux parties défquelles on donne des formes
contournées fort variées & fort élégantes 5 mais
elles durent peu, à raifon de ce qu'il faut, pour
qu’il foit facilement pliable, choifir celui qui n’eft
pas encore fuffifamment confolidé, & que l’écorce
fe détachant promptement, forme des godets où
fe conferve l’eau des pluies.
Pour que les Tteillages durent long-temps, il
faut que leurs baguettes foient faites avec des
perches de châtaignier de dix à douze ans au
moins 5 cependant , le plus communément, on
les coupe à fept ans. VoyeçC h â t a ig n i e r dans le
Dictionnaire des Arbres & Arbufles.
Le chêne refendu eft peu différent,en qualité du
châtaignier, mais les baguettes qu’il donne font
rarement auffi droites & coûtent beaucoup plus.„
Dans les pays où on n’eft pas' dans l’ufage de
refendre le chêne en baguettes, on fait les Treillages
avec des Lattes. F'oye^ ce mot.
Le frêne fupplée à ces deux fortes de bois dans
les lieux où ils font rares, .mais fes noeuds nuifent
à fon emploi.
Après ces bois , i! n’y a plus guère que le coudrier
& le faule dont on puiffe faire ufage en
Francé avec économie dans la conftru&ion des
Treillages, mais ils durent fort peuprincipalement
le derni-r.
La fabrication des baguettes de Treillage s’exécute
dans les forêts, par les mêmes ouvriers que
ceux qui font les C ercles de tonneau.' ( Koyer
ce mot. ) Quoique très-facile quand on a les inftru-
mens néceffaires, comme je m’en fuis alTuré par
ma propre expérience dans la forêt de Montmorency
où elle a lieu très en grand, il eft mieux
que les cultivateurs achètent celles dont ils ont
befoin, que d’entre-prendre de -les confectionner
eux-mêmes., à r-ifon des grands.rifques auxquels
leur inexpérience les expo fer oit.,
T R E
Les baguettes deftinées aux Treillages les plus
ordinaires des jardins ont généralement un pouce
de large fur fix lignes d’éparifleur : leur longueur varie
j cependant à,Paris on n’eu .vend que de deux,
la grande de dix pieds, la petite de fix pieds.
Lorfque ces baguettes ne font pas bien droites
ce qui arrive trës-fouvent, malgré qu’elles foient
fortement liées enfemble, immédiatement après
leur fabrication, on les redreffe lors de leur emploi
, en les entaillant d’un feul coup de ferpe finie
côté de leur courbure.
On prolonge beaucoup la durée des Treillages
en les peignant à l’huile, & c’eft ce qu’on fait
dans les jardins de luxe. Deux couches de couleur
font indifpenfables, & trois feroient avantageufes.
Souvent on les repeint au bout de quelques
années.
La néceflîté de peindre les extrémités des baguettes
& les entailles faites dans leur longueur,
tantôt d’un côté, tantôt de l’autre-, pour les re-
dreffer, ne permet pas de les peindre avant leur
emploi, ce qui eft un grand dé fa vaut âge fous le
rapport de l’économie & de la durée. C’eft fans
doute à cette caufe qu’on doit.attribuer la rareté
d’une opération qui affureroit encore ‘plus leur
durée§ celle de les plonger en mafte dans du G o u d
r o n beuilianr. ( V o y e^ ce mot.) En général, la
peinture des Treillages fe fait mal, & principalement
quand elle a lieu à l’enrreprife.
La couleur qu’on donne aux Treillages eft ordinairement
le vert-clair ; on les peint auflî en
brun, furtout ceux des efpaliers.
Il eft des Treillages temporaires, comme ceux
deftinés à former un C o n t r ’e s p a l i e r , dont les
perches ou baguettes peuvent être attachées les
unes aux autres avec de l’ofier ; tous les autres font
affemblés avec du fil de fer ou du fil de laiton,
rarement avec des.clous. .
La largeur des carrés des Treillages varié fans
fin : le terme moyen peut être établi à fix pouces.
Rarement on fait les Treillages en lofange,
cependant ils o..t l’avantage de recevoir plus facilement
les attaches des branches, ainfi que j’en
ai vu l’expérience.
On appelle c r e illa g eu r s les perfonnes qui font
leur état de la conltruétion des. Treillages. Les
cultivateurs doivent les employer loriqu’ils le
peuvent, parce qu’ils font mieux & plus vite.
, La manière de difpofer les branches des arbres
fu r les Treillages eft décrite aux mots P a l is sage
& E s p a l ie r .
A l’article L o q u e on trouvera le moyen de
fuppléer avantageufement aux Treillages dans les
lieux où les murs fe font en plâtre ou en pifé.
Un Treillage, en bon bois de châtaignier ,
peint avec foin , doit durer une quarantaine d’années
5 & fi avant cette époque on le remet à neiu
& le repeint, il durera encore la moitié de ce
temps. J’en ai même vu à Verfailles auxquels on
donnoic cent ans,, & qui n’étoient pas encore hors
T R E
de fe rv ic e ; il eft v ra i q u ’ils a v o ie n t é t é o rig in a irem
L’ufage eft fort fréquent d’établir une Treille
en cordon à la partie fupérieure des murs contre
lefquels font placés des pêchers & autres arbres
en eipalier. Cette difpofition eft certainement fore
: agrtable, mais il eft reconnu .qu’elle eft nuifibie
par l’humidité quelle verfe fur les efpaliers ; auflî
les bons jardiniers la repouffent-ils aujourd’hui.
e n t, p e in ts au b la n c d e p lom b .
Jamais il ne faut employer les vieux Treillages
à chauffer le four, même à allumer le feu de la
eu i fi ne, parce que le plomb & le cuivre qui entrent
prefque toujours dans la peinture qui les recouvre
, font de mortels poifons. Je pourrois citer
des exemples effrayans de malheurs arrivés pat
cette caufe , telle qu’une famille compofée de
neuf perfonnes, empoifonnées à Meudon, avec
du pain fortant d’un four chauffe avec de vieux
Treillages; tels que ces enfans d’un jardinier de
Sceaux, empoifonnés pour avoir fait cuire des
pommes de terre dans uiv feu entretenu avec de
vieux Treillages.
Dans quelques lieux on fait auflî des Treillages
avec du fil de fer & de l’ofier, mais ils ne valent
pas ceux dont il vient d’être queftion 5 les premiers
s’appellent même plutôt des G rillages, & les
féconds des C l a y o n n a g e s . ( B os a )
TREILLE. Une vigne dont les rameaux .font
attachés contre un mur ou contre un T r e il l a g e ,
une P a l i s s a d e , & c„, porte ce nom.
P a r ab u s d ’a c c e p tio n o n ap p e lle auflî q u e lq u e fois
d e m êm e les v ig n e s g rim p a n t fu r les a r b r e s ,
& m êm e ce lle s q u i fo n t te n u e s baffes. Voye^ V ig n e
dans le Dictionnaire des Arbres & Arbufles.
Généralement il eft d’ufage dans les jardins,
principalement dans le Nord, de tenir les vignes
en Treille, & pour les raifins de table, tels que
leschaffelas, mufeats, madeleines, morillons, &c.,
parce que, par cette difpofition, le rai fin mûrit plus
tôt, eft plus favoureux, plus gros, plus coloré, &c.
Ces avantages font dus au moindre ombre des
feuilles , qui ne nuifent pas aux effets dire&s des
rayons du S o l e il , & quand ils font contre des
murs, au puiffant A b r i de ce M u r . V o y e% ces
mots. -
Après les Treilles contre les murs, ce font
celles en allées , dirigées du levant au couchant,
qui donnent le meilleur raifin. Celui de celles en
berceaux, du moins de leur partie fupérieure,
pendant au-de flous des feuilles, jouit moins des
avantages d-deffus, & eft par conféquent inférieur.
Dans plufieurs vignobles de France, on tient
auffi en Treille tes vignes deftinées à donner du
vin, & on s’en trouve bien.: c’eft même cette,
méthode que je crois la plus économique & généralement
la meilleure, relativement à l’abondance
des produits combinés avec, leur qualité.'
Quand elles font bien paliffadées, les Treilles
font toujours ornement, ce qui permet d’en établir
dans toutes les fortes de jardins 5 cependant
c’eft dans les potagers qu’on les place ordinairement.
Tantôt les Treilles contre les murs couvrent
toute la furface de ces murs, tantôt y forment
un ou plufieurs cordons. Toujours il faut tendre à
jnettre de la régularité dans la difpofition des tiges
& des rameaux.
Il vaut beaucoup mieux avoir une Treille compofée
d’un petit que d’un grand nombre de pieds
de vigne, foit relativement à la beauté à la
bonté’des raifins, foit relativement à l’agrément
du coup d’oeil; mais malheureufement peu de
poffeffeurs de jardins font convaincus de cette
vérité, -fondée fur ce que les arbres de même ef-
pèce le nuifent par leurs racines ; que plus les
vignes font bien nourries, & plus le raifin en eft
gros; plus elles font vieilles, & plus le raifin en eft
fuctié.
La formation d’une Treille eft bien moins difficile
que celle d’un efpalier, parce que la vigne
fe prête aifément à toutes les combinaifons d’ar-
rangemens pofîîbles. Indiquer i.ci fes différens
modes feroît fupeiflu , puifqu’ils doivent être
décrits en détail à -fon article. Je dirai feulement
qu’il convient mieux d’opérer lentement, c’eft-à-
dire, en taillant, chaque année, fur deux ou trois
yeux, que de conferver la plus grande longueur
poflîble des farmens, comme on ne le fait que
trop, parce qu’on arrive plus tôt au but, qui eft
d’avoir un gros cep pourvu de longues & vigou-
reufes racines. Voye^ T a il l e .
A raifon de la vigueur de fa végétation lorf-
qu’elle eft dans un bon terrain, il convient de dif—
pofer les rameaux de la vigne de manière que la fève
ne parvienne à aucun fans avoir fait une ou plu--
fieurs déviations. Elle fe prête, à cet égard, mieux
que beaucoup d’autres arbres aux moyens violens
qu’on prend pour arriver au but. Ainfi on peut
faire faire à fes rameaux autant de zig-zags qu’on
veut, la faire courir parallèlement au fol, l’arquer
prefqu’en demi-cercle, fans la faire périr. Ces
avantages, elle les doit à fa nature, qui eft de grimper
fur les arbres & de laiffer pendre fes rameaux.
L’époque de la taille des Treilles eft la même,
que celle des autres vignes, favoir, à la fin de
l’hiver. Lorfqu’on opère trop tard, il y a une déperdition
de fève qui affoiblit les pieds & qui retarde
la pouffe des bourgeons. Cette dernière cir-
conftance étant quelquefois avantageufe dans les
pays froids, où les dernières gelées du printemps
font à craindre pour la vigne, elle engage à n’y
tailler que peu avant h fortie des bourgeons.
Ce n’eft que Iorfqu’on veut affoiblir une partie
de Treille, qu’il convient de tailler long, parce
que la vigne portant fes fruits fur les bourgeons,
plus ces bourgeons font vigoureux , & plus les
grappes font nombreufes, font garnies de grains,,
& plus ces grains font gros. En conféquence, le
principe eft de la tailler fur deux yeux.
Autant que poflîble on doit décharger- les Treil