
Comme ces fortes de Terrains font mal diftin-
gués des marais, dont ils diffèrent cependant beaucoup
, j’en parlerai avec quelqu’étendue au mot
U ligineux. .
T e r r a in v a g u e . C ’eft un lieu non cultivé,
ou dans lequel il n’exifte qu’un pâturage de peu
de valeur. s
Prefque toujours les Terrains vagues font des
C om m u n a u x . Voyez ce m o t, ainfi que ceux
Pâ tu r a g e & L a n d e . ( B o s c . )
TERRAS : nom que porte, dans les landes de
Bordeaux,la réline qui découle des pins, 5c q u i,
tombant fur la terre, fe mélange de fable 5c de débris
de feuilles de cet arbre. On la purifie par la
fufion. Voyez RÉSINE. ( Bosc. )
TERRASSE. Tout terrain élevé au-def|us du
fol porte ce nom. Voyez A llée. ^ *
Cependant on l ’applique plus fpécialement aux
parties des terrains qui font en pente, qu’on a rendues
horizontales, loir pour la commodité de la
promenade, foit pour empêcher l’éboulement des
terres 5c faciliter la culture. Voyez Mon tag n e .
On pratique des Terraffes dans les jardins 5 c
dans les campagnes 5 les premiers diffèrent peu des
A llées ou des C a r r é s . Voyez ces mots. |
Le côté en pente des Terraffes eft tantôt dif-
pofé en T a lus , tantôt revêtu d’un Mu r . Voyez
ces mots.
On peut, avec du temps, former des Terraffes
ruftiques à peu de frais fur la pente des montagnes,
en y plantant des haies tranfverfales plus
ou moins rapprochées, haies qui retiennent les
terres entraînées parles eaux pluviales, 5c les dif-
pofent en talus dans leur épaiffeur : ces haies peuvent
être tenues aufli larges 5c auffî baffes qu’il eft
moitié inférieure pour en recouvrir la Terraffel
afin que les cultures puiffént y profpérer. V0^
T erre. , ^
Cette manière de faire les Tèrrafiès eft
feule qui puiffe être fuivie dans les campagnes, à
railon de l'économie; car les produits delà grande
culture ne font jamais a fiez confidérables pour
payer l’intérêt & en même temps rembourfer le
capital de la dépenfe d’ un remuement de terre de
quelque conféquence.
néceffaire. Voyez Ha ie .
Les murs de Terraffes doivent être d’autant |
plus folidement bâtis, que la Twraffe' eft plus
haute 5c les terres plus fufceptibles d'être pouf-
fées contre eux par l’ effet des eaux pluviales ;
ceux des jardins font le plus fouvent en pierre de
taille, avec des ouvertures à leur partie inférieure
pour l’écoulement des eaux; ceux des campagnes,
à raifon de la néceffité d’économifer les frais de
conftruétion , font prefque toujours en pierre
fèche.
La mode des Terraffes entièrement fa&ices eft
paffée ; on n’en voit plus conftruire à grands frais
dans les jardins en plaine ; elles font toujours utiles,
de fouvent indifpenfabies dans ceux en pente.
Voye% J a r d in .
La conftru&ion de Terraffes dans les terrains
très en pente peut s’exécuter fans tranfport^de
terre, puifqu’ il fuffit de faire, defcendre celles de
la moitié fupévieure fur la moitié inférieure ; feulement
dans le cas où la Terraffe eft deftinée à
recevoir des cultures, lorfque les couches infé-,
rieures font ou de pierres ou d’argile infertile, il
faut enlever la totalité de celle de la furface de la
Lorfque les Terraffes des jardins font uniquement
deftinées à former des allées plantées d’arbres
pour-la promenade, & ceia a lieu fréquemment,
on peut fe contenter de creufer des trous
dans la partie qui n’ a pas été remuée, & "d’y apporter
de la bonne terre , les arbres pouvant lî
plus fouvent y profpérer.
1 Les avantages des jardins en Terraffe font qu’ils
ont une "belle vue, qu’ on peut difpofer de leurs
eaux naturelles de manière à faire croire quelles
font très-abondantes, 5c lorfqu’ ils font expofés
au midi ou au levant pour avoir des E spaliers,
que les abris pour avoir des Pr im eu rs y font très-
multipliés. Voyez ces deux mots 5c ceux Bassin,
C a s c a d e , Jet d ’ea u .
A raifon des dégradations produites par les
eaux pluviales, par la pouffée des terres, &c.,
les jatjdins en Terraffe font d’ un entretien plus
difpendieux que les autres. On peut cependant
en diminuer les frais par une furveillance de tous
les momens; ainfi, dès qu’ il s’y fera formé une
r igo le, on la comblera; dès qu’ une pierredumut
fera détruite, on la remplacera.
Les efpaliers profpèrent moins contre les murs
de Terraffe que contre les autres, parce que
l’humidité que rendent permanente les terres placées
derrière, refroidit l’ air autour d’eux. Cette
j confidération 5c celle de la durée des murs en-
1 gagent quelques perfonnes à établir leurs Terraffes
derrière une v o û te , laquelle fert de Serre a
légumes ( voyez ce mot ) ; mais la dépenfe d’une
telle conftru&ion arrête la plupart des propriétaires,
Les avantages de la culture en Terrafle des
terrains très en pente a dû. engager à en établit
dans les pays de montagnes, qui ne diffèrent 1
cet égard que du plus au moins. En effet, il n’en
eft point parmi ceux que j’ ai parcourus, 5c j’en
'ai parcouru un grand nombre en Fiance, en
Efpagne, en Italie & en Suiffe, ou elles font
complètement inconnues, 5 c il en eft où elles font
très-multipliées. Prefque partout ces Terraffes
font foutenues par des murs en pierre lèche)
comme plus économiques; mais ces murs font
expofés à être entraînés par les eaux des pluies,
furtout lorfqu’ ils font élevés &. formés de petites
pierres, & que les orages fontviolens &. fréquent
Un des cantons de la France qui fe diftingue le
plus par ce genre de conftrwftion, eft la vallée ™
Gardoningue, ancien lit d’ un lac qui feterminotti
Anduze. Chaptal, qui en a décrit la culture, ne WJ
pas en éloges fur l’ intelligence avec laquelle les
Terraffes fans nombre qui s'y voiéht ont ete
conftruites. J’y fuis paffé peu de jours après un
violent orage , & j’ai été frappé de la fcène de
défolation qu’elle préfentoit, par les débris des
murs entraînés loin du lieu ou ils exiftoient,
par les profonds ravins qui fillonnoient la plupart
des propriétés. Les feuls champs qui^ fuflent intacts,
étoient ceux dont la Terraffe étoit placée
derrière une haie qui avoit rompu la force des
eaux en la divifant. Depuis lors j’ ai porté dans
mes voyages mon attention fur les haies > lorf-
qu'elles traverfoient des pentes, 5c j ai partout
vu que les terres s'étoient accumulées contre
leur p ied , du côté fupérieur, 5c y formoient
naturellement une Terraffe plus ou moins elevee,
laquelle rempliffoit plus ou moins bien fon objet
fans inconvénient autre que l’ombre de la haie ;
inconvénient qu’on pouvoit affoiblir en la tenant
très-baffe, ou en la compofant d’arbuftes de petite
ftature. .
Ainfi que je l ’ai déjà dit plus haut , je voudrois
donc, pour l’avantage des propriétaires & de la
fociété en général, que toutes les pentes de montagnes
qui ne font pas couvertes de bois fuffent
divifées en parties d’autant moins larges, que
ces pentes feroient plus rapides, par des haies
tranfverfales compofées d'une grande quantité de
toutes fortes d’ arbuftes 5c de grandes plantes vivaces;
contre lefquelles on dépoferoit toutes les
pierres que la charrue ou la houe rameneroit à
la furface. Ces haies, qu’on ne tiendront qu à un
ou deux pieds de hauteur, fubfifteroient éternellement
, puifque les arbuftes s’y fubftitueroient
continuellement les uns aux autres, & non-feulement
feroient former à la longue de véritables
Terraffes, fans aucune mife de fonds autre que
celle de leur plantation, mais empêcheroient les
i terres d’être entraînées dans les vallées par les
eaux pluviales. Les pays de vignobles, où le
rapport des terres du bas en haut, cous les huit a
dix ans, eft fi coûteux, éviceroient par-la cettede-
I penfe. Voyez V IGNE*
Je fais des voeux pour que les proprietaires fe
I convainquent, par l'obfervation , de-ce que je
I viens de dire , 5c mettent mon confeil à profit.
1 ( Bosc.)
TERRASSIER. On a confervé ce nom aux ouvriers
qui fe louent pour faire des terraffes , des
K défoncemens , pour creufer des étangs , des fof-
l.fés, pour établir des chemins, pour entrepren-
I dre enfin tous les travaux qui ont pour objet de
I remuer la terre.
I Généralement lesTerr aflîers font regardes comme
1 les derniers en rang parmi les agens de 1 agricul-
§ ture, & cela parce qu’ ils fe contentent du plus I foible falaire ; c’eft le prix de leurs journées qui
I règle celui des autres claffes d’ouvriers. Voy. Ou- I vrier 6* A g r icu l tu r e . _
î! Il eft un choix à taire parmi les Teirafliers; car
Agriculture. Tome VI.
quelque facile que foie leur travail , il eft mieux
fait, ou plus tôt fait par des hommes intelligens &
forts, que par des hommes idiots ou débiles.
Ainfi un ou deux fous par jour de plus pour pouvoir
faire ce choix, ne font pas toujours à regretter.
La mifère dans laquelle vivent la plupart des
Terrafliers, fait que leurs journées font prefque
toujours au rabais pendant l’hiver ; c’eft pourquoi
il eft économique de choifir cette époque pour
faire tous les travaux de terraffes qui peuvent
être retardés. (B o s c .)
TERRE. C e nom a deux acceptions dans la
langue françaife.
Il s’applique & à la planète que nous habitons,
& à la furface plus ou moins pulvérulente de cette
même planète.
Quoique la première de ces acceptions foit du
reffort 'des Dictionnaires d’Agronomie & de Phy-
fique, je crois devoir , non pas indiquer d'out
provient le globe terreftre, quelle eft la nature
des fubftances qui en forment le noyau , pourquoi
il roule fur lui-même en vingt-quatre heures ,
& tourne autour du foleil en une année, mais
donner l’idée de la formation de fa croûte, la
feule de fes parties qui intéreffe directement le
cultivateur, puifque c’eft elle feule dont il eft
appelé à prendre connoiffance.
Les opinions ont extrêmement varié relativement
à la formation de la croûte de la
Terre ; mais ces opinions feréduifent à deux principales
, celle qui emploie le fe u , & celle qui
emploie l’eau comme moyen. L’étude des montagnes
dont je.me fuis occupé,toute ma v ie , 5c
les voyages que j’ai faits dans leurs principales
chaînes, au midi de l’Europe, m'autorifent à
croire que les élémens du G r a n it & de fes accef-
foires, le Jaspe , 1e G neiss, le Schiste & autres
pierres filiceufes moins abondantes, ont été primitivement
tenus en diffolution dans une petite
quantité d’eau, chauffée en rou ge,'ou au moins
comme elle le feroit dans une marmite à papin
qui feroit rouge extérieurement. La difficulté ré-
fuitante de la faculté expanfible de l’eau par la
chaleur, peut fe réfoudre par la réfiftance de la
portion de ces vapeurs-déjà élevées; un refroidif-
fement fubit ou prefque fubit de cette eau a dû
donner lieu à la précipitation du G r a n i t , dont
les élémens font mélangés intimement, quoique
plus ou moins féparés & criftallifés, précipitation
qui s’eft faite par groupes, dont les principaux font,
I en France, les Alpes, les Pyrénées, les Cévennes
les Vofges. Nous voyons les choies fe paffer à peu
près de même dans nos fabriques, lors de la crif-
tallifation du falpêtre, du fel marin , de la foude ,
de la potaffe, & c . Un plus grand refroidiffe-
menc de la maffe terreftre a amené la chute des vapeurs
& la formation des Jaspe s , des Gn e is s ,
des Schistes ,& c . 5 ce n’ eft qu’ alors que les mers
primitives fe font peuplées d’abord de polypiers,