
point. On ne peut fe diffimuler qu’ils forcent les
beftiaux qui s’en fervent à prendre une pofition
fatigante 3 & qu’ils les couvrent fouvent de pouf-
nëre ; mais ces inconvéniens font de beaucoup
compenfés par l’économie dans la confommation
du fourrage, qui eft la fuite de leur adoption ^
furtout lorfque les beftiaux font en grand nombre
dans le même local. Aujourd’hui il ne feroit plus
poffible de s'en paffer dans les grandes exploitations
rurales.
La largeur la plus commune d’un Râtelier eft
de deux pieds & demi, & l’écartement de fes
barreaux de fix pouces pour les chevaux & les
bêtes à cornes, & de quatre pouces pour les brebis.
On doit apporter la plus févère attention à ce
que toutes fes parties ne préfentent aucun angle
aigu, & foient rigoureufement polies. Le mieux
eft de faire les barreaux ronds, & fufceptibles de
tourner au moindre effort dans les trous qui les
reçoivent.
Le coeur de chêne eft le meilleur bois qu’on
puiffe employer pour faire des Râteliers, parce
que c’eft celui qui pourrit le plus lentement, &
qui eft le moins fujet aux vers.
La hauteur à laquelle il* convient de placer les
Râteliers , eft, pour les chevaux, à deux pieds &
demi ; pour les bêtes à cornes , à un demis &
pour les brebis, à fix pouces , terme moyen foi-
ble s car e’eft toujours avec peine que je vois les
beftiaux tenir la tête levée pour manger, ce qui eft
contre nature. Leur diftance du mur n’eft ordinairement
que de fix pouces en bas , & fouvent de
deux pieds & plus en haut j mais cette inclinaifon ,
eft trop forte, ainfi que les agronomes éclairés, &
en particulier M. de Perthuis, l ’ont reconnu ,
parce que la tête des chevaux fe trouvant tout
entière fous le foin ou la paille, la pouflière & les j
menues pailles tombent dans leurs yeux. Le mieux
eft que fa partie fupérieure ne foit écartée du mur
que de quatorze à quinze pouces.
Tantôt on fixe la partie inférieure du Râtelier
contre un mur élevé à cet effet ; tantôt fur des
pilaftres de bois ou de pierre , efpacés convenablement
s tantôt fur des travérfes fcelléës dans le
mur. La partie fupérieure eft retenue par des tra-
verfes de fer ou de bois également fceliées dans
le mur.
Lorfque les Râteliers font placés au milieu du
bâtiment, on les fait prefque toujours doubles.
Voyez Ecur ie , Éta b le & Berg erie.
Une mangeoire eft un acceftoire iudifpenfable
aux Râteliers des écuries, ainfi qu’à ceux des étables
où on nourrit les boeufs & les vaches avec
des racines crues ou cuites ; elle eft moins nécef
faire dans les bergeries. C’eft une efpèce' d’auge
en pierre ou en bois, de la longueur du Râtelier ,
de fix à huit pouces de largeur au fond, de dix à
douze à lVuverture, îV de huit à dix pouces de
profondeur, dans laquelle on met l ’avoine, le fon,
les racines, 8cc. Le plus fouvent ce font des madriers
de deux à trois pouces d'épaifleur qui la
compofent. Voyez Augé 6’ Crèche,
Les Râteliers & les mangeoires font plus fouvent
au milieu de la bergerie que le long des murs.
Voyei BETES A LAINE, MOUTON & Mérinos.
11 eft extrêmement utile à la conférvation de la
fanté des beftiaux de tenir conftamment propres les
Râteliers, & furtout les mangeoires des beftiaux.
En conféquence il faut les épouffeter une fois par
mois, & les laver à grande eau bouillante deux
fois par an. Quand on confidère que c’eii par le
contaêt des Râteliers, & encore plus des mangeoires,
que les chevaux prennent la morve, le
farcin & autres maladies contagieufes,, on ne doit
pas fe refufer au léger embarras de cette opération.
( Bosc. ) v
RATISSAGE. Ce mot a trois acceptions en
agriculture.
Dans la première, il fignifie ramaffer le foin,
les herbes, les petites pierres, les ordures, &c.,
au moyen d’un Rateau . Voyez ce mot.
A Dans la fécondé, il veut dire recouvrir avec un
râteau les femences confiées à la terre.
Dans la troifième, il indique l’aélion de gratter
les allées Tablées avec une ratifloire, pour arracher
les herbes.qui s’y trouvent, & de les en retirer
enfuite au moyen d’un râteau. Voyez Ratis-
soire.
11 femble que ratifier foit une opération qu’on
puifie exécuter d’abord aufii bien que par la fuite $
mais il n’en eft pas moins vrai qu’elle demande de
l’intelligence &„de l’habitude.
Des trois manières de ratifier , la première eft
fans contredit la plus facile ; cependant il fufïît
d’obferver plufieurs perfonnes agiffant fur un pré,
pour juger- que tel individu fait plus d’ouvrage,
du meilleur ouvrage , en moins de temps , & en
fe fatiguant moins que tel autre. On doit donc
préférer, lorfqu’on a le choix , des ouvriers
formés à ceux qui ne le font pas : cette attention
paroîtra furtout importante à ceux qui confidére-
ront que la'conférvation d’une récolte entière
de foin , étendue fur le pré, dépend fouvent, aux
approches de l’orage ,-de la célérité de fon enlèvement;
o r, le préliminaire de cet enlèvement eft
toujours le Ratiffage.
Dans quelques cantons où les prairies font
bien de niveau, on ratifie les foins avec de grands
râteaux à un , deux & même trois rangs dé
dents, traînés par plufieurs hommes ou un cheval
, & on y trouve une grande économie de
temps & de main-d’oeuvre.
' On eft dans l’ufage, en certains lieux, d’arracher
les chaumes, de gratter les prairies naturelles
& artificielles pour.en enlever la moufle,
& on dit qu’on les ratifie.
L’habitude dont j’ai parlé plus haut eft encore
plus néceflaire dans le Ratiffage des terres enfe-
mencées, parce qu’il faut faire attention , non-
feiilement aux circonftances qui raccompagnent,
mais encore à celles qui les précèdent & qui les,
Suivent : ainfi il faut choifir le jour cilla terre
S ni trop fèche ni trop humide , parce qu il
ne s'exécute pas bien dans ces deux cas ; on doit
aufli prévoir la poffibilité qu'une pluie douce vienne ;
favorifer la germination des graines quil .a recouvertes.
Voyez Semis. WÊMmMSM „
que toutes les herbes foient coupées au-deflbus
du collet de leurs racines , & que fi elle étort
■plus grande , les allées feraient dans le cas d'être
gâcheufes ou dégarnies de fable a ht première
pluie. Je n’ai ici en vue que celles qui font fondes
Cette forte de Ratiffage fe fubdivife en Ratiffage
léger & en Ratiffage appuyé, fubdivifions dont la
différence eft indiquée-par les noms. 11 faut donc
encore confidérer que la première s app ique aux
terrains légers & aux femences fines, & le fécond
par conféquent aux terrains argileux & aux le-
mences qui demandent à être beaucoup enterrees.
Quelquefois on ratifie avec le dos du rateau,
foit lorfqu’on appuie très-peu, feulement pour
unir davantage le terrain, foit lorfquon appuie
fortement, pour remplir le même objet & taiier
le terrain : dans ce dernier cas on doit le conii-
dérer comme un léger Plombage. Voye^ ce
mot. ' 1 a' Il eft encore un cas où on ratifie de meme ;
c’eft lorfqu’on fème en rayon & qu’on craint
que les dents du râteau ne dérangent les graines
de la ligne où elles ont été -placées. # ]
Un bon labour eft conftamment un préliminaire
defirable pour un bon Ratiffage.
Souvent on doit ratifier avant & ratifier après
les femailles : cela eft principalement néceflaire
lorfque le terrain eft chargé de greffes mottes,
de beaucoup de pierres, de beaucoup d herbes,
de racines, &c.
Comme l’enlèvement des objets etranger* eft
un des objets du Ratiffage, il faut laiffer le moins
poffible de ceux que je viens d’énoncer, en con-
féquencé les réunir d’abord en petits tas fur le
bord des allées, & enfuite, excepté les mottes
qu’on brifera, les tranfporterdans la Fosse aux
débris. Voyez ce mot.
Le Ratiffage en grand des champs femés en
céréales, en plantes tourrageufes , &c.} eft bafe
fur les mêmes principes, mais il fe fait avec un
infiniment différent, qu’on appelle Herse. Voye\
ce mot & celui Hersage.
Le Pvatiffage des allées, des jardins demande
encore plus néceffairement à être fait lorfque
la terre n’eft ni trop fèche ni trop mouillée,
parce que, dans le premier cas, la RatissoiRE
ne pourroit pas mordre deffus, & que, dans le
fécond cas, le Rateau ne pourroit pas conve-'
nablement enlever les herbes. Voye£ ces deux
mots.
Les ratiffoires à pouffer expédient mieux la
befogne & font un meilleur ouvrage, parce qü’on
les voit agir; ce font donc celles que ]e confeille
de préférer ; cependant, quand la terre eft trop
molle, celle à tirer a l’avantage, parce qu’elle
s’enfonce moins.
La profondeur à laquelle doit parvenir un bon
Ratiffage eft fix lignes, parce qu’elle fufïît pour
, car s'il y avoir trois à quatre pouces de
fable-, il faudrait ratifier au-deffous delà profondeur
indiquée.
Lorfqu'une allée a été fi'donnée par l'enlèvement
d'une partie de fon fable, ou en partie recouverte,
de fable provenant des allées qui l’avoifinent, il
eft prefque toujours bon de lui donner un binage
avec une houe à large fer avant de la ratifier.
Voye\ A l lé e.
L'opération finie , on laiffe les herbes coupées
fe de flécher , fans y toucher', pendant vingt-
quatre heures , après quoi on les change de place
par un Ratiffage irrégulier, appelé Br o u il l é . Ce
n’eft qu'après le même efpace de temps que,
fi la faifon eft favorable, on les enlève à la fuite
d'un nouveau Ratiffage, fait avec foin & régularité,
c'eft-à-dire, qui enlève tous les objets étrangers
, & qui refte indiqué par des lignes parallèles
aux bords de l’allée.
Un jardin dont les allées font bien ratifiées
annonce un jardinier aétif & ami de l'ordre ; celles
qui font en.terrain ni fec ni humide,. & fuffi-
famment garni de fable, exigent, pour être convenablement
tenues, fix Ratiffages par an, favoir,
deux au printemps, un .en é té , deux en automne,
& un en' hiver. Dans la plupart on fe contente de
quatre , & ils fuffifent lorfqu'on fait choilîr le
moment le plus propice ; ceux qui font en terrain
très-fec en demandent moins, & un par mois
né fuffit pas toujours pour ceux dont le fol eft humide
& l'expofition chaude: Au refte, fi la propreté
eft agréable dans les jardins, l'excès de cette
propreté; eft ridicule, car il eft des perfonnes qui
ne veulent pas que leurs domefliques, leurs enfans
s'y promènent, crainte d’effacer les marques du Ratiffage,
& qui ne s’y promènent pas elles-mêmes
fans fe faire fuivre par un ouvrier pour effacer les
traces de leurs pas.
On a aufli, pour ratifier les allées des jardins ,
des ratiffoires à tirer ou à pouffer, dont le fer
eft quatre à cinq fois plus long que celui de celles
dont je viens de parler, & dont l'affemblage fe
rapproche de celui des charrues, c‘eft-à-dire -,
onc un manche & un timon, ou un brancard,
avec une ou deux roues. Le travail qu’elles exécuten
t1, qu'elles foient mifes en mouvement, foit
par des hommes, foit par un cheval,.eft fort
rapide , mais il n'efl pas toujours bon ; c'eft
principalement pour les terrains fahlonneux &
humides qu’elles conviennent. ( Bosc.)
RATISSOIRE : lame de fer aiguifée d'un côté
& épaiffe de l'autre, dont la longueur eft de dix
à douze pouces, & la largeur de trois à quatre,
laquelle porte fur le milieu, du côté le plus épais,
une douille, deftinée à recevoir un manche de