
ou de marne argileufe n’étoit pas fi coûteux, on
devroit en couvrir de loin en loin les Terres
fèches pour les améliorer.
C ’eft le fumier de vache qu’ il eft le plus convenable
de répandre fur les T erres fèches, parce que
c’eft celui qui conferve le plus long-temps fon
humidité.
La méthode d’enterrer des récoltes,êti fleur dans
les Terres fèches , furtout des récoltes de raves,
de navette j de farrafin, de vefce & autres plantes
aq u eu fe sd o it être préconifée comme le plus fur
moyen d'en obtenir des produits abondans. J'invite
donc les propriétaires à la mettre en pratique.
V o y e i Récoltes enterrees p o u r en g r a is . 11 eft beaucoup de Terres fèches qu’on peut
nrrofer par la déviation d’un ruifleau, d'une riv
iè re , d’un étang. 11 ne faut jamais négliger de
profiter de ces facilités. Dans les jardins on arrofe
à la main ; aufli les Terres fèches font-elles préfé- ]
râbles aux autres pour leur établiffement.
Les labours doivent être moins nombreux &
moins profonds dans ces fortes de Terres que
dans les fortes.
Il eft des genres de produirions,, qui profpèrent
dans les Terrés fèches. Quand je ne citerois que
la V ign e, que le Seig le , que le Sa in f o in , on
reconnoîtroit qu’ on peut, en tirer un parti très-
avantageux. Voyé[ ces mots.
Quelle que l'oit la nature des Terres fèches, il
eft plus utile de les enfemèncer ou de les planter
en automne qu’au printemps , parce que les pluies
de l ’hiver y favorifent la végétation, & que les
chaleurs de l’été arrêtent cette végétation. On ne
fait pas généralement a fiez attention à ce fait dans
la plus grande partie de la France , & on diminue
par-là confidérablement les bénéfices généraux de
îa culture..
L ’expérience prouve que les terrains fecs doivent
être femés plus épais que les autres, pour
diminuer d’autant l’aétion des rayons du foleil fur
elles. , ‘ -r: ' 1 - '
Par la même raifon il eft bon de les Pa il l e r ,
de les Mousser (w y e ç ces mots) dans la petite
cùlture, & on ne doit pas les épierrer dans la
grande, furtout lorfque les pierres qui s’y trouv
ent, font plates. J'ai vu un terrain de cetce nature
•qui donnoit de très-bon feigle, devenir complètement
infertile par fuite de cette opération. ( V oy.
P ie r re -.) Rozier a même propofé de paver les
vignes en terrain très-fec , & l’expérience fur laquelle
il a appuyé fa propofition , a réufli. (Bosc\)
T erre silicée.. V o y e\ Silice & Q u a r t z .
T erre tueine ou tu fa cé e , ’ ou to fa c é b .
-C’eft celle qui repofe fur le tuf ou qui en contient
des fragmens. Voye% T uf. (B qscS)
T erre usee.., C ’eft celle qui a porté plufieurs
récoltes confécutives d'une même forte de graine.
Une Terre ufée fe répare par le repos, par
des fumiers, par le femis des prairies artificielles. ■
JToye^ Ja chères x En g r a is ,
Jamais les Terrés d’ un bon cultivateur ne s’ a«
fent, parce qu’ il fait faire fuccéder à des récoltes
épuifantes , des récoltes réparatrices. C ’eft l’objet
de la fcience des Assolemens. Voye^ ce mot
& celui S uccession de cu l tu r e . ( B osc. )
T erre v ég é t a le : Terre la plus propre à
la croiffance des végétaux, c’ tft-à-dire, un mélange
d’argile, de fable, de calcaire , & furtout
d'humus dans des proportions telles , que les
racines des plantes y pénètrent facilement & y
trouvent une fuffiiante quantité de nourriture. Voy.
T e r r e , T erre fra n ch e , Humus & T er r e a u .
Dans l’acception rigoureufe, ce nom convient
à toutes les Terres qui nourriffent des plantes,
& prefque toutes en nourrilfent > mais dans l’u-
fage ordinaire, il ne s’applique qu’à celles de ces
Terres qui jouiflent d’ un certain degré de fertilité,
& que leur abondance de terreau rend d’une cou-
I leur noire plus ou moins foncée.
Les compofans de la Terre végétale varient
fans fin dans leurs proportions, & c’eft de la partie
dominante que tel terrain eft appelé argileux,
tel autre fablonneux , tel autre calcaire. Dans le
terreau, c’eft l’humus qui domine; mais, excepté
là & dans la tourbe, il ne fe trouve nulle part en
grande malle , & ici il. ne jouit pas de la faculté
végétative. Voyeç T o u r b e .
Un des avantages de la Terre végétale qui n‘a
pas été fuffifamment apprécié par les agriculteurs,
c’eft de conferver ni plus ni moins la quantité
d’eau qui eft néceffaire à la végétation ; aufli les
bonnes Terres craignent-elles moins les années
pluvieufes que-les argiles, & moins les, années
fèches que les fables ou le calcaire.»
A moins que des éboulemens, des alîuvions,
ou la main de l’homme l’ ait recouverte , la Terre
végétale eft toujours la plus extérieure des couches
de la Terre. Dans le cas de fon recouvrement
ancien , elle a perdu la faculté reproductiv
e , & -il faut qu’ elle, foit expofée de nouveau,
plus ou moins long-temps , à l’a ir , pour la reprendre.
Il en eft de même des parties inférieures
des couches épaiffes que la charrue ne ramène jamais
à la furface, c’eft-à-dire, de celles qui font
à plus d’ un pied de cette furface. Voye£ Humus.
Il eft extrêmement remarquable que la couche
de Terre végétale tranche prefyue toujours net
avec la couche qui lui eft inférieure : il femble,
en obfervant ce phénomène, quelles eaux pluviales
n’ont aucune aêlion fur elle ,■ & cependant
elles en diffolvent une petite portion , & cependant
elles en entraînent de grandes quantités dans
les vallées.
Une bonne culture peut être entreprife dans
une Terre végétale d’un demi-pied d’épaiffeur >
le feigle,. la rave, la navette, &c. s’accommodent
même de.; moins ; les arbres pénètrent fouvenc
dans les fiffurcs des rochers, des argiles., dans
les fables qui pacoiffent les plus dépourvus dlhur
mus..
On doit conclure de ce fait, que la Terre végétale
n’eft pas toujours néceffaire à la végétation ;
& en effet, un grand nombre dé perfonnes ont fait
croître des plantes d’ une ftature élevée dans du
fable lavé, dans du verre p ilé, dans de la grenaille
de plomb , & c . , en les "entretenant dans une
confiante humidité & en les laiffant continuellement
expofées à la lumière. De même on rencontre
fréquemment, dans les campagnes, des plantes qui
croiffent dans des argiles pures , dans des fables
d’une aridité extrême, fur les^ rochers , les murs,
les toits , tous lieux où elles ne trouvent pas une
grande quantité de Terre végétale. Voyei V égéta
t io n .
•Dans quelques cantons, l’ ufage eft de défendre,
par une claufe du bail, de mêler , par les labours ,*
la couche inférieure avec la Terre végétale; ce--
pendant ce mélange eft plus fouvent utile que
nuifible,' en ce qu'il approfondit l’efpace où les
racines peuvent pénétrer, & en ce qu’étant ordinairement
marneufe, cette couche porte dans la
Tçrre .végétale une Augmentation de principe de
fertilité. Les trois cas où on doit éviter ce mélange,
ç’eft lorfque la couche inférieure eft ferru- j
ginetife, lorfque la Marne eft exceflivement ;
pierreufe , & lorfque la Terre végétale repofe
immédiatement fur lé Sab le ou le G r a v i e r .
Voyei ces mots.
Au moyen d’engrais furabondans on peut tranf-
forniêr, en peu d’années, une Terre argileufe ou
une Terre fablonneufe en Terre végétale; mais
la.dépenfe’ que cette opération entraîne ne permet
de le faire que fur de foibies efpaces, dans les Ja r dins
, par exemple. Voye% ce mot & celui M a raîcher.
-
La Terre végétale étant journellement entraînée
des lieux élevés dans les lieux bas, elle a p f s’accumuler
dans les longues vallées, fur les bords des
grandes rivières, pendant la fuite des fiècles ; aufli'
eft-il des cantons où elle a plufieurs pieds, même
plufieurs toifes d’épaiffeur. Ces cantons font des
lieux favorifés, où la culture eft. toujours avanta-
geufe, toujours économique , & où il fuffic de
labourer profondément pour rendre au fol-fa fertilité
première.
Ces fols, fi riches, peuvent être par eonféquent
dépouillés d’ une partie.de leur Terré végétale fans
inconvénietïs pour leur fertilité ,* & cette Terre:
peut être employée à améliorer celle d’autres
cantons , toutes les fois que les frais de tranfport
peuvent être diminués par le voifinage d’ une
rivière ou par toute autre oirconftanee. On tait
commerce de cette Terre dans quelques îles de la
Loire au-deffous d’Angers. Dans quelques pays
où la culture de la vigne eft- très-fruétueute ,
comme en Bourgogne, en Champagne, on reporte
fur ies coteaux la Terre végétale que lès pluiès ont
entraînée dans les vallées.
Les curures d’étangs , de fofles , les Termes des
tnarais qu’on utilife comme engrais dans tant de
lieux, doivent être rangées dans la même catégorie.
( Bosc. )
T erre v eu le . Ce nom fe donne, dans quelques
lieux, aux Terres fablonneufes, à travers lesquelles
l’eau des pluies paffe rapidemment, ou
aux Terres calcaires qui fe deffèchent très-promptement,
par l’évaporation des mêmes eaux, &
qui ne peuvent être cultivées', avec profit, que
lorfque les années font pluvieufes ; il eft par con-
féquent fynonyme ou prefqùe fynonyme de T e r r e
légère.
On*améliore ces Terres par des tranfports de
marnes, par des engrais très-confommés , par.
des récoltes enterrées en fleur, par des plantations
de haies élevées ou de ceintures de: grands
arbres qui y entretiennent de l’ombre & de la
fraîcheur.
Au refte, ces Terres font plus productives en
bois qu’en tout autre o b je t, & on doit y en planter
toutes les fois qu’ il n’y a pas de motifs infur-
montables. Voye% Bois dans le Dictionnaire des
Arbres & Arbujles. ( B o s c . )
T erre v ierg e : Terre qui n’ a jamais été fou-
mife à ia culture.
Les progrès de la population, & par fuite de la
culture, ne permettent d’appliquer ce nom, en Europe,
qu’à un très-petit nombre de cantons, que
foit leur aridité ou l’abondance & la groffeur des
pierres qui les couvrent, foit l’ impoflibilité de
les débarraffer de leurs- eaux fuperflues, n’ont jamais
permis de labourer. En Amérique, où, avant
l ’arrivée des Européens, il n’y avoit que deux
peuples agricoles, ces Terres au contraire font
extrêmement communes.
Les produirions naturelles des Terres vierges
font d’autant plus belles & d’autant plus abondantes,
qu’elles ont une plus grande profondeur
de T erre v é g é t a l e . ( Vpye% ce mot.) Ordinairement
elles portent des bois qui fe fuccèdent
éternellement; quelquefois elles ne peuvent nourrir
que des plantes herbacées, comme le prouvent
; les immenCes prairies qui ont été reconnues à
l ’oueft du Mifliflipi. Les défères de la Sibérie,
i de l’Arabie & de l’Afrique , qui font fans doute
aufli, au moins en partie , des Terres vierges,
n’offrent que des pâturages maigres & qui dilpa-
: roiffent pendant l’été.
Les avantages des Terres vierges , c’eft de
contenir une furabondance d-’humus, & de con-
ferver par cela même, pendant les premières
années qui fiiivent leur défrichement, une humidité
favorable-à l.i végétation des plantes qu’on
leur confie. Ainfi , quand on plante pour la première
fois du maïs, ou qu’on fèm. du b!é dans les
Terres vierges de la vallée du Milfiflipi, par
exemple, la croiffance de ces planta s eft fi vigoureuse
, qu’elles .s’é lèvent, la première à d o iz e
ou quinze pieds , la fécondé à fïx ou fep t, mais
elles ne donnent de grains ni l’une ni l’autre ,
parce que toute l ’aâtion végétative fe porte fur la
N n n ij