
paiement le lupin au lieu de fumier ; & encore
aujourd'hui, c’eft lui qu’onpréfère, pour cet objet,
en Italie & en Efpagne.
Les plantes, à l ’époque de leur floraifon, contiennent,
d'après Théodore de Sauffure , plus de
potafle qu’à aucune autre de leur vie : ainfî , non-
feulement elles agiffent comme engrais, mais encore
comme A mendement. Voyeç ce dernier
m o t, & ceux Potasse 6* C haux.
Elles agiffent encore, même lorfqu’elles font
plus jeunes, de deux autres manières comme
amendement, c’eft-à-dire , qu'elles portent dans
les terres fèches toute l'humidité dont elles font
pourvues (humidité qui eft plus permanente que
celle produite par les pluies), & quelles foulè-
vent les terres fortes, les rendent plus légères,
avantages très-précieux, puifque la végétation ne
fe développe bien qu'autant que la terre eft humide
& perméable aux racines.
Enterrer des plantes pour engrais, eft donc toujours
très-favorable aux fuccès des cultures ; &
cependant il eft peu de cultivateurs qui faffent
habituellement cette opération.
Dans toutes efpèces de terre, la première condition
à obferver., c ’eft que les plantes à enterrer
pou lient très rapidement, & offrent beaucoup de
tiges & de feuilles , afin qu'on puifle les femer
comme Récolte dérobée (voye^ ce m o t ) , ou
au moins qu'elles ne faffent perdre qu’une Récolte
fur trois. Or, le nombre des plantes, objets aéluels
de nos cultures, qui rempliffent le mieux cette
condition , fe réduit à douze 5 (avoir : i° . dans le
nord de la France, pour les terrains fecs & lé gers
, la Ra y e , la Na v e t t e , la Mo u ta rd e ,
le Sa r r a s in , le T refle, la Spergule ; pour
les terrains humides & argileux , la Fève de mar
a is , le Pois & la Vesce 5 i° . dans le midi, le
Lupin & le C hiche. Voyeç çes mots.
Les amis de la profpérité agricole de la France
doivent defirer q u e , dans toutes les exploitations
rurales , il y a i t , chaque année, une certaine
étendue de terrain confacrée à être améliorée par
le femis d’une des plantes ci-deffus, femis fait immédiatement
après la.première Récolte, afin qu’on
puifle mettre une plus grande quantité de fumier
iur celle deftinée à porter le froment ou autre
Récolte de première importance.
Je puis difficilement établir ici la proportion
d’engrais; qu’une Récolte enterrée tranfmet à un
champ d une étendue .donnée, puifque cette proportion
dépend de l'efpèce de la plante enterrée,
de fon plus ou moins de grandeur, de fon plus
ou moins d’écârtement, & c . Il fuffit, dans la plupart
des cas, de favoir qu'elle- augmentera les
produits de celle qu'on lui fubfUtuera, de manière
a payer les frais & à donner un bénéfice. Il
eft cependant quelques obfervations qui permettent
d’évaluer d’ un quart à une demi-fumure l'amélioration
produite par une bonne Récolte enterrée
en fleur.
Si on tardoit d’enterrer une Récolte jufqu'à
l’époque ou fa graine approcheroit de fa maturité,
l’amélioration feroit augmentée , parce que les
graines contiennent bien plus de carbone que les
feuilles & les tiges ; mais il eft très-rare qu’il ne
foit pas plus frudtueux , à raifon du temps qu’on
a devant foi pour la culture fubféquente, de
l’enterrer, comme je l’ai indiqué plus haut, lorsqu’elle
eft en pleine fleur, qu’elle a acquis toute
fa croiffance en hauteur.
Tantôt on enterre les Récoltes pour engrais en
les labourant immédiatement, foit à la charrue,
foit à la bêche; tantôt après les avoir coupées à
la faux pour les coucher à la fourche dans les
filions. Les pois & les vefces , dont les. tiges
grimpantes s’embarralTent entr’elles & avec la
charrue, font principalement dans le cas d'être
coupées. -
En Angleterre , pn a imaginé une charrue qui
porte en avant un rouleau propre à coucher ces
plantes parallèlement aux raies, & qui favorife
par conféquent leur enfouiflement total. Voye£
Charrue.
Les T rèfles qu’on rompt à leur fécondé
année, les Luzernes & les Sainfoins auxquels
on fait fubir cette opération de la fixième à la
douzième année, peuvent être regardés comme
des Récoltes enterrées par la quantité de débris
qu’ils laiffent dans la terre. Voye£ ces mots &
Prairies artificielles.
Il en eft de même- des C haumes très-garnis
d’herbes & des Prairies temporaires , donc
la pâture a été incomplète. Voyez ces mots.
( B o sc . ) ■
Récoltes épuisantes. Ce font celles qui ,
en fourniflant des graines, enlèvent à la terre
plus de principes fertîlifans que leurs débris n’en
laiffent; les céréales, principalement le froment
& fo r g e , les oléifères, telles que le co lz a , le
pavot, le chanvre , & c ., donnent lieu à des Récoltes
épuifantes. Voye% A ssolement. ( Bosc. )
Récolte morte. On appelle ainfi, dans quelques
cantons, les Récoltes qui ont manqué par
fuite des intempéries de la faifon, ou d’une inondation,
& dont les produits ne peuvent pas payer
les frais. '
Un cultivateur intelligent ne fouffre pas de Récolte
morte dans fon exploitation, parce que, dès
t^u’il eft afluré de l ’altération des femis, à quelque
epoque que ce foit, il les laboure & les remplace
par d’autres cultures, ne fût-ce que par une Récolte
enterrée. Voyeç ce mot & ceux Gelée ,
Pxuie , Orage , Inondation-. ( Bosc. )
RECOQUILLÉES (Feuilles). Ce font celles
qui fe contournent irrégulièrement fur elles-
mêmes.
Une altération organique, un coup de fole il,
la" piqûre d’un infe&e, & c . peut caufer le re-
coquillement.
Les feuilles recoquillées n’exécutent pas complétement
leurs fondions : auffi les cultivateurs
foigneux les enlèvent-ils à mefure qu us les re-
connoiffent. Voyei Cloque. MJ
RECÔTONNER. C e mot eft fynonyme de
RECOULER : nom du troifième labour donné
aux terres à blé. '/.U. .
RECOUPE & R E CO U PE T TE . C e font la
fécondé & la troifième farine qu’on retire du fon
remoulu , dans la mouture économique. Voye1
Farine & Moulin.
RECGURADEN : araire à deux verfoirs , employé
dans le Médoc pour' chauffer le blé. Voye^
C harrue..
RECOURIR. C ’eft , dans la ci-devant Bourgogne,
le fécond ébourgeonnement qu’on donne
aux V ignes. Voyei ce mot.
RECRUE. C e nom s’applique à la repouffe
d’un bois qu’on vient de couper. Voye1 Forêt
dans le Dictionnaire des Arbres & Arbuftes. ^
R E CUITE : un des fynonymes du Serai , c’eft-
à-dire, du fromage qu’on tire du petit-lait après
la fabrication des fromages de Gruyère, du Cantal,
&e. Voye\ Fromage.
RECURE - CHAPEAU : nom vulgaire de
I’Élatine alsinastre.
REDONDE : .cercle de dix pouces de diamètre,
fait avec des branches d’orme ou de chêne entrelacées,
q u i, dans les montagnes de l’eft de la
France, fe paffe, en forme de collier, dans le cou
des boeufs pour les atteler.
. Le peu de folidité des Redondës, & les blef-
fures qu’elles font aux boe u fs , doivent les faire
proferire de toute exploitation bien montée. Elles
annoncent la mifère & l’ignorance. Voye% Boeuf
& Joug.
REDOUL. Cor iar ia .
Genre de plantes de la dioecie décandrie , qui
réunit fix efpèces-, dont une eft fort abondante
dans les terrains incultes des parties méridionales
de la France, oc s’emploie dans les arts. Il eft figuré
pl. 811 des lllujirations des genres de Lamarck.
Efpeces.
1. Le Redoué à feuilles de myrte.
Coriaria myrtifolia. Linn. J) Du midi de l’Europe.
2. Le Redoux à feuilles de fragon.
Coriaria rufeifolia. Linn. T> Du Chili.
3. Le Redoul à petites feuilles.
Coriaria microphylla. Lam. J) Du Pérou.
4. Le Redoul à feuilles de phylique.
Coriariaphylicifolia. Willd. J> Du Pérou.
y. Le Redoul à feuilles de thym.
Coriaria thymifolia* Willd. T? Du Pérou.
6 . Le Redoul farmenteux.
Coriaria farmentofa. Forft. De la Nouvelle-
Zélande.
Culture.
La première efpèce eft extrêmement commune
dans les lieux où elle croît naturellement. On en
coupe tous les deux ans une certaine quantité, au
milieu de l’é té , pour l’ufage de la teinture & de
la tannerie, où elle fupplée la noix de galle & l’écorce
de chêne, fes feuilles & l’écorce de fes
tiges contenant une affez grande proportion de
tannin. C ’eft un poifon pour les hommes & les
animaux qui en mangent, poifon qui paffe pour
agir fur le fyftème nerveux.
On cultive cette efpèce dans toutes les écoles
de botanique & dans quelques jardins payfagers;
elle craint les fortes gelées du climat de Paris,
mais il eft rare que fes racines en foient affrétées.
On peut en garantir fés tiges par des couvertures
de fougère ou de feuilles fèches; mais le plus fou-
vent on ne le fait pas, à raifon de ce que, coupées
rez terre, elles repouffenc au printemps, & les
nouvelles tiges forment des touffes plus belles que
les anciennes. C ’eft furie bord des maflifs, au milieu
des gazons, contre les fabriques expofées au midi,
quelle fe place le plus ordinairement, parce qu’elle
s’ y fait mieux remarquer par fa belle couleur verte.
Une terre légère & un peu humide èft celle où
elle fe plaie le plus. Elle craint le grand foleil, & ,
dit-on, les grands vents fecs.
La multiplication de Redoul, dans le climat de
Paris, a lieu par le moyen de fes graines femées
dans des pots fur couche nue, pots qu’on rentre
dans l’orangerie l’hiver fuivant. Au printemps on
repique le plant en pleine terre, & il ne demande
plus d’autres foins que ceux propres à tout jardin
bien tenu. Dès qu’on en a un pied de quelque force,
on peut le multiplier bien plus rapidement par fes
rejets, qui font ordinairement nombreux, & par
éclats de racines, moyens qui fourniffent, dès la
même année, de fortes touffes, & le plus fouvent
en plus grande quantité qu’ il n’eft néceffaire aux
befoins. 11 faut éviter de mettre cès pieds dans les
terres fujettes à être couvertes d’eau, parce que
cette fituation eft mortelle pour eux. (B o s c . )
REDRUGER: fynonyme de Recourir. V o y e^
ce mot.
REDUTEE. R e b u t e a .
Plante annuelle de l’île de Saint-Thomas, qui
feule forme un genre dans la monadelphie polyandrie
& dans la famille des Malvacées. Elle
eft figurée par Ventenat, pl. 11 du Jardin d9
Cels.
Culture.
Les graines de cette plante fe fèment dans
des pots remplis de terre à demi confiftante,
pots qu’on place fur couche & fous châflis, &
qu’on arrofe au befoin. Le plant levé fe repique
feul à feul dans d ’autres pots ou contre un mur
expofé au midi, où on ne lui donne pour tout foiu