
R U C
D e s ru c h e r s .
L'expérience a prouvé que les abeilles profpé*
roient mieux lorfque les Ruches étoient en plein
air, & feulement recouvertes d’un furtout, quelorf-
qu’elles étoient dans un vacher, dont le feu! avantage
eft de conferver plus longtemps lesRuches.
D e s R u c h e s .
La Ruche écoffaife , figurée avec les détails né-
ceffaires , pl. 37 de Y A r t a ra to ir e , faifant partie de
Y E n c y c lo p é d ie m é th o d iq u e , les Ruches de M. Palteau,
de M. Boisjugan} de M. DucarnedeBlangy, &c.,
font du nombre de celles qu'on appelle à h a u jf e s .
On les a beaucoup préconifées , furtout fous le
rapport de la facilité d'en faire la récolte fans,
nuire aux abeilles ; cependant, quoique beaucoup
de propriétaires éclairés en aient fait ufage, nulle
pari elles font devenues ufuelles. Le vrai eft que,
i°. dans celles à deux hauffes, comme la Ruche
écoffaife, il ne refte ordinairement pas affez de
miel, quand on a enlevé la fupérieure, pour
la nourriture des abeilles jufqu’à la récolte prochaine,
fi oc fait cet enlèvement avant l'hiver, &
qu’on y trouve peu de miel, fi on ne l'exécute
qu’au printemps 5 20. dans celles à trois, & encore
plus dans celles à quatre ou un plus grand nombre
de hauffes, le miel, d’un côté, eft plus mauvais
, foit à raifon de fon ancienneté, foit à raifon
de ce qu'il eft mêlé avec les débris des larves qui
ont été précédemment placées dans les mêmes alvéoles
j de l’autre côté il eft moins abondant, parce
que ces mêmes débris ont rétréci la capacité des
alvéoles.
M. Lombard a paré aux inconvéniens de ces
Ruches dans la compofition de la fienne, qu'il appelle
R u c h e v i l la g e o i f e , mais qui réellement n’eft
que la Ruche écoffaife, dont la hauffe fupérieure
a été diminuée des trois quarts en hauteur, & a
changé de forme & de deftination.
Voici la defcription abrégée de cette Ruche.
Le corps de la Ruche a quinze pouces d'élévation,
& eft compofé de dix-fept à dix-neuf rouleaux
de paille de neuf à dix lignes de groffeur,
liés entr’eux, de pouce en pouce, par.de l'ofier
refendu ; le tout forme un cylindre creux d’un pied
de diamètre.
Au-deffus du dernier rouleau fe trouve fixé un
plancher fait avec des rouleaux de paille de cinq
à fîx lignes de diamètre , difpofés en fpirale, &
ayant ■ un trou au centre. Les bords de ce plancher
offreur dix fentes , dont cinq de trois à quatre*
pouces de longueur fur cinq à fix lignes d’ouverture
, & cinq autres moins grandes.
Sous le plancher traverfe une baguette de quatre
lignes d’épaiffeur fur huit lignes de largeur,
Taillante de dix-huit lignes. D’un côté elle fert
à foulever la Ruche avec les deux mains , & de
l'autre elle donne la facilité d'attacher le couvercle
fur la Ruche, ce couvercle ayant également une
baguette en faillie, qui correfpond à celle dont
il vient d’être queftion.
Les trois premiers rouleaux du couvercle font
du même diamètre que celui de la Ruche j les autres
rentrent infenfibiement, de manière que ce
couvercle offre un bombement de cinq pouces. Au
fommet on laiffe une ouverture pour y inférer un
manche conique, long de dix pouces, & attaché
en deffous par deux petites traverfes en croix $
la partie de ce manche qui eft engagée dans le
couvercle, eft plus petite que celle qui y touche,
afin d’éviter les infiltrations d’eaux pluviales.
Deux ou trois baguettes croifées , diftantes de
trois pouces, traverfent la Ruche & fervent à
foutenir les rayons j on les arrache du dehors
avec des tenailles, lorfqu'il s’agit de dépouiller
la Ruche.
- Au bas de la Ruche font deux ouvertures op-
pofées, d’environ deux pouces de long, fur fix
lignes de haut, pour la fortie des abeilles 5 une
d'elles refte ordinairement bouchée.
Le bois eft préférable à la pierre pour faire
le tablier, parce que fa température eft moins
variable. Ce tablier eft cloué fur crois pieux formant
triangle, & déborde la Ruche de quatre
pouces.
La Ruche eft enduite d’un pourget compofé de
deux parties de boufe de vache & d’une de cendres,
afin de la garantir des injures de l'air. On fe
fert de la même compofition pour luter la Ruche
fur le tablier, & le couvercle fur la Ruche.
Cette Ruche de M. Lombard eft peu coûteufe,
facile à fabriquer, & de longue durées elle maintient
la température la plus égale poffible dans
fon intérieur, à raifon de fon épaiffeur. Au moyen
du plancher, les rayons du couvercle fe joignent
rarement à ceux de la Ruche , de forte que les
derniers ne font pas brifés par l’enlèvement de
ceux du premier, qui ne font remplis que de miel,
& qu’on peut laiffer en partie fi on le jugé à
propos.
Comme les couvercles doivent s'adapter fuccef-
lïvement à plufieurs Ruches, il faut qu’ils foient,
ainfi que les Ruches , rigoureufement du même
diamètre.
J’obferve que fi la capacité de la Ruche de
M. Lombard paroît petite , c’eft quelle eft calculée
pour les environs de Paris, qui font fort
peu favorables aux abeilles, à raifon des grandes variations
de i’atmofphère & des écarts fréquens des
faifons, écarts qui s’oppofent à la récolte du miel
parcesinfeétes. Onpourroit augmenter cette capacité
dans les pays de montagnes boifées & dans les
départemens méridionaux 5 mais en général il eft
préférable en tous pays, & j’en ai l’expérience,
qu® les Ruches foient plutôt trop petites que trop
grandes} car les abeilles mettent moins de zèle à
remplir une vafte capacité , & elles y éprouvent
davantage les effets du froid & les ravages de la
fauffe-teigne.
Selon l’abondance delà récolte du miel, M.Lombard
enlève, une ou deux fois par an, le couvercle
de fes Ruches. Tous les trois on quatre ans , pour
renouveler les rayons & en tirer profit, il fait
paffer les abeilles dans une nouvelle Ruche, par
la fimple opération de fouder pendant fix mois
une de ces dernières fur une ancienne, donc il a,
au préalable , enlevé le couvercle. Cette opération
eft commandée par la multiplication des Truffes
teignes,par le rétréciffement des alvéoles qui
ont reçu plufieurs fois du couvain, & par la diminution
du nombre de ces alvéoles , qui font
remplies de- pollen incapable d’être utilifé.
On ne peut nier que la Ruche de M. Lombard
foit bien conçue , & remplit auffi bien que poffible
fon objet} auffi a-t-elle été adoptée par un grand
nombre de cultivateurs qui fe louent de la facilité
de fon ufage & de fa longue durée, lorfqu’elle
eft conftamment tenue, au refte, fous une che-
mife de paille bien difpofée.
IL eft probable que les premiers qui voulurent
étudier les moeurs des abeilles fe contentèrent de
placer des verres à différentes parties des Ruches,
comme on le fait encore en tant de lieux} mais
les abeilles ne travaillent plus dès qu’on éclaire
leurs opérations, que leur grand nombre empê-.
cheroit, au furplus, de voir. J’ai eu auffi des Ruches
vitrées, mais j’y ai bien promptement renoncé,
comme étant complètement inutiles à leur
objet. La feule qui puiffe donner quelques réful-
tats, c’eft celle compofée de deux verres écartés
feulement de vingt lignes, & dans laquelle on
force les abeilles à conftruire leurs rayons parallèlement
aux verres. On lui donne ordinairement
trente pouces de haut fur quinze de large } les
verres font fixés en dehors, feulement avec de
petits clous & du papier, pour pouvoir les lever
à volonté & les nettoyer ; l’ouverture pour le
paffage des abeilles eft creufée dansTe tablier} on
recouvre le tout d’un furtout en bois, qui fe lève
pour l'obfervation feulement. Deux fois j’ai pof-
fédé de ces Ruches, & chaque fois je n'ai pu y
conferver un effaim plus que l’année. Au refte,
lorfque les verres n’étoienc pas ternis par une vapeur
aqueufè, ou par la cire que les abeilles y
colloient pour faciliter leur marche, je pouvois
allez bien voir ce qui s'y paffoit, ou mieux ce
qui s’y étoit paffé} car les abeilles ceffoient leurs
travaux dès que je levois le furtout.
On doit à M. Huber d’avoir imaginé une Ruche
une. planche, & qui tous font réunis, foit par une
corde,, foit par des crochets, des clavettes, &rc.
La porte peut être, ou dans une des planches latérales,
qui donne, auffi bien que celle en verre, la
connoiffance de tout ce qui s'y fait, & qui'n’a
aucun de fes inconvéniens } c’eft celle qu’il a
appelée R u c h e a f e u i l l e t s ; elle eft compofée de
douze cadres de bois de dix-huit pouces de haut
& de large , & de feize lignes d’épaiffeur } cette
dernière dimenfion rigoureufement exaéte, dont
les deux extérieurs font fermés., d’un côté, par
ce qui vaut mieux, ou dans la partie inférieure
de la ligne de réunion d’un des cadres du
milieu. ,
Lorfqu’on veut ouvrir cette Ruche vide, il ne
s'agit que de délier les cordes, tourner les crochets,
enlever les clavettes & écarter les cadres.
On le pourra donc également, lorfqu'elle fera
pleine , en déterminant les abèillés à' faire
leurs rayons parallèlement aux lignes de jonétion ,
& en les empêchant de piquer. C’eft dans ce but
qu’il a donné rigoureufement feize lignes de largeur
à chaque cadre } car les rayons, dans leur
état naturel , ayant quatorze lignes d’épaiffeur,
elles ne pourront en placer qu’un dans chaque cadre,
& laiffer une ligne de chaque côté pour le
paffage. Or, il,a obfervé qu’en fixant exactement
au milieu ^du côté fupérieur d'un des cadres du
centre, un petit morceau de gâteau, à l'aide de
de deux crochets, de deux fils de fer, &c., on
déterminoit l’effaim placé dans la Ruche à conftruire
les alvéoles nouvelles à la fuite de ce mor-
I ceau de gâteau, & les nouveaux rayons parallèlement
à celui-ci, c’eft-à-dire, un dans chaque cadre.
De plus, quand on fait entrer de la fumée de
vieux linge dans la Ruche, & qu'on ferme fon 1
ouverture, les abeilles, après s'être difpofées à la
défenfe , voyant qu'il n'y a pas moyen de furmon-
ter les obftacles , ne penfent plus qu'à couvrir la
femelle de leur corps , & fe mettent, ce que j'ai
appeléen.état dé bruijfement, c’eft-à-dire , qu'elles
fe groupent en élevant leur ventre & agitant leurs
ailes, & ne cherchent plus ni à piqu'r ni à s’envoler,
à moins qu'on ne les y force. ,
Je fuis certainement le premier qui ait conftruit,
en France, dès Ruches en feuillets , car c’étoit peu
de jours après avoir reçu par la porte l’ouvrage de
M. Huber ; elles ont fait ma confolation lorfque,
profcrit par Robefpierre, je vivois dans .les folitu-
des de la forêt de Montmorency, où fe trouvoient
alors placées mes Ruches. J’ai pu répéter & j’ai
en effet répété prefque toutes fes expériences -,
je dirai fes découvertes 5 ainfi je puis en certifier
& j'en certifie l’exadlitude.
Mais une Ruche de douze feuillets eft coûteufe
à conftruire, difficile à manier, d’une courte durée,
&c. Il en faut une plus fimple aux cultivateurs,
& c’eft ce qui m’a déterminé à ne compofer mes
Ruches, pour l’ufage ordinaire, que de deux boîtes
de.dix-huit pouces de haut, fur un pied de large
& fix pouces de profondeur, formées de planches
de fapin d’un pouce d’épaiffeûr, percées chacune,
dans leur partie inférieure , d’un trou d’un pouce
de long, fur trois lignes de hauteur. Deux fiches de
fix pouces, fixées l’une au-deffus de l'autre, &
écartées de fix pouces, fervent à affurer les rayons
contre leur propre poids ou les fecouffes. Je détermine
les effaims que j’introduis dan^ c<*s Ruches