
ce que. nous avons dit, serait composé de grains
infiniment petits, et quelquefois fondus les uns
dans les autres , de feldspath , d’augite , de fer
oxidulé et d’amphibole (i). Au volcan de Beau-
lieu, où M. Ménard a vu la dolérite passer, par une
suite de nuances intermédiaires , au basalte le
plus parfait, et où il s’est ainsi assuré, dit-il, de
l’identité spécifique des deux substances, le basalte
serait composé des éléments du feldspath, del’au-
gite , de l’olivine et du fer oxidulé. En général,
on peut le regarder comme ayant pour principes
composants , le feldspath , l’augite et le fer oxidulé
, auxquels se joignent F divine, l’amphibole,
etc. : le feldspath serait le plus souvent le
principe dominant.
La nature des roches volcaniques permet, plus que celle de
roches primitives, de suivre le passage des masses granitoïdes
(i) V^crner, il est vrai, regardait la dolérite ( grünsteïn) du
Meisner comme composée de grains d’hornblende et de feldspath.
Mais à l ’époque où il vit le Meisner, et où il fit sa détermination,
l’on confondait, sous le nom d'hornblende, l’hornblende proprement
dite ( amphibole ) et l’augite. Ce savant, qui d’ailleurs a
le premier reconnu que l ’augite formait une espèce distincte ,
n’ ayant point révisé son travail sur la dolérite du Meisner, a continué
à employer les anciennes dénominations : c’était une erreur
plutôt de mots que de choses. J ’ai donné , dès i 8o5 , la vraie
composition de cette dolérite ( Journal des Mines, tom. X V III ;
pag. 197 ), d’après les échantillons que j ’avais à ma disposition, Au
reste , ce n’ en est pas moins Werner qui a établi la formule qui
conduit à la connaissance de la nature du basalte; dans un des
termes , on a substitué ensuite une quantité à une autre.
TERRAIN BASALTIQUE. 5 5 g
aux masses compactes, et par conséquent de déterminer la nature
minéralogique de celles-ci. Dans les roches volcaniques, les
grains cristallins , en diminuant de volume , restent plus long-
tems distincts , vraisemblablement par suite du mode de fluidité
ou de consolidation. Ces roches sont pleines de petits
pores qui tiennent leurs parties séparées les unes des autres, de
sorte qu’on peut souvent les distinguer à la loupe, et même les
séparer par des moyens mécaniques. C’est ainsi que M.Fleuriau, à
l’aide d’observations microscopiques et par desdemi-triturations
suivies de lavages, etc., a fait voir que la lave de Capo di bove,
près de Rome, dont on pave les rues de cette cité, et que l’on
nomme en conséquence selce romano, malgré son grain fin,
n’est qu’une agrégation de grains cristallins de leucite, d’augite, de
fer oxidulé, denépheline et de mélilite : il termine son article
sur Vanalyse mécanique de la lave de Capo di Bove, par observer
que, d’après l’exemple qu’il vient de donner, il serait possible
et nécessaire de caractériser avec plus de précision qu’on ne
le fait ordinairement,beaucoup de roches, telles que le basalte,
la wacke,\2iCornéenne (1). M. Cordier, en suivanteette marche,
vient de soumettre à l’examen microscopique et mécanique un très-
grandnombre de substances volcaniques , et les résultats de son
grand travail le portent à regarder le basaltecomme un augite
compacte, mélangé de beaucoup de feldspath et de fer oxidulé,
auxquels s’associent des particules d’divine, de leucite et de fer
oxidé (2).
Quoique, d’après ce qui vient d’être dit, le basalte paraisse
devoir varier beaucoup dans sa composition, cependant les diverses
analyses faites sur des échantillons pris dans des lieux
éloignés, présentent une uniformité assez remarquable, ainsi
qu’on le voit dans le tableau suivant. 1
(1) Journal de Physique , tom. LI.
(2) Idem j tom, L X X X I I I , Mémoire sur les substances minérales
dites en masse qui entrent dans la composition des roches
volcaniques.