
bas fonds par les eaux pluviales, ce qui fait que
par-tout où elles séjournent, en hiver, le terrain
devient salé : toui. les lacs du pays le sont également,
et tous les grands amas d eau le deviennent
au bout de quelques années.
Les grandes landes ou steppes de la Sibérie formées,
ainsi que nous lavons dit, de sable et d argile
, présentent des phénomènes analogues , notamment
au nord de la mer Caspienne : on y voit
une multitude de lacs dont les uns sont d’eau
douce et les autres d’une eau salee tantôt par le
muriate , tantôt par le sulfate de soude (sel de
Glaubert). On peut voir des details a ce sujet dans
les voyages de Pallas : je me bornerai à citer le lac
d’Indersck qui a vingt lieues de circuit. « Le
» fond en est couvert d’une croûte de sel qui
« a près de six pouces huit lignes d épaisseur.
» Ceci n’offre rien d’etonnant, vu 1 abondance
« continuelle ( des sources très-salées qui se jet-
» tent dans le lac ) et les grandes évaporations.
» On croirait, en voyant cette croûte, que le lac
» est couvert d’un glaçon : elle est dure comme
» la pierre blanche et d’une grande netteté. . . . .
» On trouve au-dessous un sel grumelé , gris,
« formé de grains irréguliers ; il a si peu de soli-
w dite qu’on y enfonce une pique de cosaque à
» plus d’une brasse et demie de profondeur. »
Les terrains argileux qui constituent le grand
plateau du Mexique ont encore présenté à M. de
485
Humboldt une grande quantité de sel ; ils en sont
comme imprégnés. Plusieurs des lacs qu’on trouve
sur ce plateau sont salés, celui de Penon-Blanco,
qui se dessèche tous les ans, est la grande mine
de sel du Mexique ; on en retire annuellement
plus de trois cent mille quintaux.
D’où vient le sel que l’on trouve ainsi au milieu de ces
plaines et dans ces lacs ? Y est-il amené par des sources salées
qui s’en seraient chargées dans des montagnes salifères ï L alternative
des lacs salés et des lacs d’eau douce que l’on voit
quelquefois dans la même contrée, en Sibérie comme au Mexique
, pourrait porter à le croire : cela est même positif pour
plusieurs de ceux qui avoisinent la mer Caspienne. Mais cette
cause n’est plus applicable à la salure des grands déserts ; là on
est loin de toute montagne, et il n’y a point de source : 1 universalité
de leur salure, et la remarque faite que presque tous
les lacs situés au milieu des grandes plaines ou steppes , qui ont
des affluents , et dont l’eau ne sort que par évaporation, forcent
en quelque sorte à admettre l’hypothèse d’une formation
spontanée du sel à la surface de ces déserts et plaines, formation
qui serait analogue à celle du salpêtre ( nitrate de potasse)'
que nous voyons se faire journellement sous nos yeux
dans certaines terres, et elle n’aurait rien de plus extraordinaire.
Une observation rapportée par M. de Humboldt rendrait
même le fait certain : au Mexique, on lessive les terres
pour en retirer le sel ; la première couche du terrain seulement
est salifère, dit-on, mais lorsqu’elle est enlevée , la suivante le
devient à son tour, et au bout de quelques mois, on peut
l’exploiter. L ’opinion d’une formation spontanée parait encore
plus naturelle que celle dans laquelle on regarderait le sel
comme un vestige de celui qui pourrait avoir été contenu dans
les terrains de grès , dont les sables des deserts seraient aussi