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tîpodes>—que conclure de-là, finon que le pape
étoit, comme tous les autres, dans l’erreur fur ce
fujet, mais qu’il n’en étoit pas plus en droit de
prendre pour article de fo i , une opinion populaire
& fanfle, & de vouloir faire condamner Virgile
comme hérétique, pour avoir foutenu la vérité
contraire ?
Enfin, la bonne intelligence vraie ou prétendue,
dans laquelle Boniface & Virgile vécurent depuis,
ne prouve point que le pape Zacharie ne fe foit
pas trompe, en voulant faire condamner Virgile
liir les antipodes. Si Virgile fe rétraéla, c’eft peut-
être tant pis pour lut.
Dans toutes ces difcuffions, je fuppofe les faits
exaélement tels que l’anonyme les raconte; je n’ignore
point que l’opinion la plus généralement
re çu e , eft que le pape condamna en effet Virgile
pour avoir foutenu Fexiftence des antipodes ;
& peut-être cette opinion eft-elle la plus vraie :
mais la queftion dont il s’agit eft trop peu importante
pour être examinée du côté du fait.
Je fuis fort étonné que l’anonyme n’ait pas pris
un parti beaucoup plus court & plus fage : c’étoit
de paffer condamnation fur l’article du pape Zacharie
, & d’ajouter que cette erreur phyfique du
pape ne prouve rien contre l’infaillibilité de l’E-
glife. Nous foutenons le mouvement de la terre,
quoique les livres faints femblent attribuer le mouvement
au foleil, parce que, dans ce qui n’eft
point de fo i , les livres faints fe conforment au
langage ordinaire. De même, quoique le pape
ait pu fe tromper fur une queftion de Cofmo-
logie & de phyfique, on ne fauroit en conclure
que l ’églife & les conciles généraux qui la représentent,
ne foient pas infaillibles dans les matières
qui regardent la foi. Voyef fur cela les décifions du
concile de Confiance, & les articles de l’affemblée
du clergé de 1682. Cette réponfe eft tranchante,
& je ne comprends pas comment elle n’eft point
venue à l’anonyme.
Pour en venir aux fentimens des premiers chrétiens
fur 'les antipodes, il paroît qu’ils n’étoient
point d’accord entr’eux fur ce fujet. Les uns, plutôt
que d’admettre les jnduélions des philofophes ,
nioient jufqu’aux démonftrations des mathématiciens
fur la fphéricité de la terre. C e fut lé parti
que laéfcanee prit, comme on peut s’en afliirer par
le xxij. chapT du livre I I I de [es Injl. D ’autres s’en
tinrent a révoquer en doute les conje&ures des
philofophes : c’eft ce que fit S. Auguftin, comme
on le voit au chap. jx . du liv. X VI de la cité de Dieu.
Après avoir examiné s’il eft vrai qu’il y ait des
cyclop es, des pygmées & des nations qui aient
la tête en bas & Tes pieds en haut, il pafle à la
queftion des antipodes , & il demande fi la partie
inférieure de notre terre eft habitée. Il commence
par avouer la fphéricité de îa terre ; il convient
cnfuite qu’il y a une partie du globe diamétralement
oppofée à celle que nous habitons ; mais il
nie que cette partie foit peuplée ; & les raifous
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qu’il en apporte ne font pas mauvaifes pour ttnf
temps où on n’avoit point encore découvert le
Nouveau-Mondè. Premièrement, ceux qui admettent
des antipodes, dit-il, n e font fondés fur aucune
hiftoire. 20. Cette partie inférieure de îa terre
peut être totalement fubmergée. 30. Admettre des>
antipodes, & confeqnemment des hommes d’une
tige différente de la nôtre ( car, les anciens regardant
la communication de leur monde avec celui
des antipodes, comme iinpoffible, îa première fup-
pofition entraînoit la fécondé ) , c’eft contredire
les fâintes écritures, qui nous apprennent que toute
la race humaine defcend d’un ieul homme. Telle
eft l’opinion de ce pere de leglife.
On voit par-là que faint-Auguftin fe trompoît^
en croyant que les antipodes dévoient être d’une
race différente de la nôtre ; car enfin ces antipodes
exiftent; & il eft de foi que tous les hommes
viennent d’Adam, A l'égard de la maniéré dont
ces peuples ont paffé dans les terres qu’ils habitent
, rien n’eft plus facile à expliquer : on peut
employer pour cela un grand nombre de fuppo-
fitions toutes auffi vraifembîables les unes que les
autres. Au refte, nous remarquerons ici que faint-;
Auguftin condamne, à la vérité, comme hérétique
l’opinion qui feroit-venir les antipodes d’une autre
race que de celle d’Adam; mais il ne condamne
pas comme telle celle qui fe borneroit purement
& fimpîement à l’exiftence des antipodes. S’il avoit
penfé à feparer ces deux opinions , il y a grande
apparence qu’il fe feroit déclaré pour la fécondé*
Quoi qu’ri en fo it , quand même il fe feroit
trompé fur ce point peu important de îa géographie,
fes écrits n’en feront pas moins refpeélés
dans l ’églife, fur tout ce qui concerne les vérités
de la foi & de la tradition ; & il n’en fera pas
moins l’oracle des Catholiques contre les Manichéens,
les Donatiftes, les Pélagiens, Semi-péla-
giens, &c.
Nous pouvons ajouter à cela que les PP. de
Péglife n’étoient pas les feuls qui rejètaffent la pof-
fibilité des antipodes.
Lucrèce avoit pris ce parti long-temps avant
eux , comme il paroît par la fin du I. liv re , verf*
10 , 60 , & c . Voye^ aujjî le livre de Plutarque y,
de Facie in orbe lunce Pline réfute la même opinion
, liv. II. c. Ixv.
C e qu’il y a de plus propre aux antipodes, &
en quoi feulement nous les confidêrons i c i , c’eft:
d’être dans des lieux diamétralement oppofes en-
tr’eux fur le globe terreftre ; de maniéré qu’ayant
mené une perpendiculaire ou une verticale à un
lieu quelconque, & qui, par conséquent, paffe
par le zénith, de ce lieu, l’endroit oppofé de la
furface du globe que cette verticale prolongée ira
couper, en foit l’antipode. Tout le refte n’eft qu’ac-
cefîoire à cette idé e, dans la fuppofition énoncée
ou tacite de la fphéricité de la terre ; car, fi la
terre n’eft point une fphêre, fi c’eft un Sphéroïde
elliptique, applati ou allongé vçrs les pôles, il n’y;
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jj plus d’antipodes réciproques; c’eft-à-dlre, par
exemple, qu’ayant mené une ligne par le zénith
de Paris, oc par le centre de cette v ille , qui eft
dans fhémifphère boréal, cette ligne ira couper
Thémîfphêre auftral en un point qui fera l ’antipode
de Paris, mais dont Paris ne fera pas l’antipode ;
-aiilfi, l’égalité réciproque de pofition , de latitude,
de jour & de nuit dans les hèmifphères bppofés
Jt fix mois de différence, & tout ce quon a coutume
de renfermer dans l’idée des antipodes ,
•comme inséparable, ne l’eft plus, & doit effectivement
en être féparé , dès que l'on déroge à la
fphéricité de la terre. Il ne faut qu’un peu d attention
pour s’ en convaincre.
Tout ceci eft fondé fur ce que la fplière, ou,
pour fimplifier cette théorie, le cercle eft la feule
figure régulière que tous les diamètres, paffans
par fon centre , coupent à angles droits. Donc en
toute figure terminée par une autre courbe, dans
l ’elïipfe, par exemple, la perpendiculaire, menée
à un de fes points, ou à fa tangente, excepté les
deux axes qui répondent ici à la ligne des pôles,
ou à un diamètre quelconque de l’équateur, ne
fauroit pafler par fon centre, ni aller rencontrer
la partie oppofée du méridien elliptique à angles
droits ; donc le nadir de Paris n’eft pas le zénith
de fon antipode, & réciproquement. Si l’on éle-
voit au milieu de Paris une colonne bien perpendiculaire
à la furface de la terre, elle ne feroit
pas dans la même ligne que celle qu’on éleverdit
pareillement au point antipode de Paris ; mais elle
•en déclineroit par un angle plus ou moins grand,
félon que l’ellipfe ou le méridien elliptique diïfé-
reroit plus ou moins du cercle. La latitude de l ’un
•& de l’autre -de ces deux points différera donc en
même raifon, & conféquemment la longueur des
jours & des nuits, des mêmes faifons, &c.
Les lieux fitués à l ’un & l’autre p ô le , ou fur
l ’équateur, en font exceptés, parce que, dans le
•premier cas , c’eft un des axes de l’ellipfe qui joint
le s deux points, & que, dans le fécond, il s’agit
toujours d’un cercle , dont l’autre axe de l’ellipfe
oft le diamètre, le fphéroïde quelconque applati
ou allongé étant toujours imaginé réfuîter de la
révolution du méridien elleptique autour de l’axe
du monde. Voye^ hiß. acad. 1741. (JL)
ANTISCIENS, du grec âvu, contre, <nti&, ombre..
On appelle, en géographie, Antifciens les peuples
qui habitent de différens côtés de l ’équateur,
& dont les ombres ont. à midi des direéiions contraires.
Ain fi, les peuples du nord font antifciens à ceux
du midi ; les uns ont leurs ombres à midi, dirigées
vers le pôle ar&ique, & les autres les ont du
rigées vers le pôle antar&ique.
Il rie faut pas confondre les Antifciens avec les
Antéciens, ou ceux qui habitent d’un §£ d’autre
côté de l ’équateur, & qui ont la même hauteur
sie pôle.
Les aftrologucs donnent quelquefois lç npm
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d’antîfciens à deux points du ciel également difi-
tans d’un tropique : c’eft dans ce fens qu’ils difent
que les figues, du lion 6e du taureau font antifciens
l’un à l’autre. En effet, ces deux fignes font
également diftans du tropique du cancer. (JL)
" AN T ITAU RU S, montagne de la petite Arménie,
féparée du mont Taurus, vers le nord , entre
l’Euphrate & l’Arfanias. Les habïtans de ces contrées
l ’appellent Rhoam-Taura. (R.)
AN T iV A R I , ville de la Dalmatie dans la Turquie
Européenne, fur le golfe de Y en ife , à l’oppofite
de Bari, dans la Pouille. Long. 36, 45 ; lat. 42. (JL)
Les Turcs prirent cette ville aux Vénitiens en
en 1Ç73. Elle eft le fiège d’ un évêque catholique*
Cette v ille , fi tuée fur une hauteur, près de la mer,
eft munie d’une forterefl'e. Elle eft à 4 lieues 11. de
Dulcigno, & 10 f. e. de Ragufe. (/L)
À N T IV E N TR ÏA , nom que les Espagnols donnent
à l’une des fubdivifions qu’ils ont faites de
la terre-ferme, dans P Amérique méridionale. Cette
fubdivifion comprend les gouvernemens de Sainte-
Marthe, du nouveau royaume de Grenade, &
quelques autres au fud de Carthègene, jufqu’à la
riviere des Amazones. (R.)
A N T IUM , ville de Volfques, célèbre par les
guerres des Antiates contre les Romains, L’an de
Rome 262.
11 ne refte plus rien de fes vaftes & fomptueux
édifices , fi ce n’eft des ruines fur le bord de la mer."
On travailla en 1704, au rétabliffemeut du port ,
& le pape Lambertini fongeoit auffi à reprendre ce
projet en 1750 ; il y confacra même l’argent qui
fut donné par l’Efpagne , lors du concordat pafle
au fujet des élections 8c des annates ; mais cela
n’a pas fufti pour en faire un endroit confidéra-
ble : on l’appelle aujourd’hui A n z io, Anzo , ou
An{io Ravinato. Le cap d’Anzio eft gardé par une
tour fortifiée. Il y a dans fon voifinage une belle
maifon de campagne à la maifon Corfini. ( R.)
A N T O C O ( Volcan d’ ) , montagne des Indes,
dans l’Amérique méridionale, dans le C h ili, à l’orient
d’A n g o l, qui vomit du feu. ( R.)
ANTOINE (Saint) , petite ville de France, dan%
le Dauphiné, diocèfejde Vienne. Il s’y trouve une
célèbre abbaye, chef d’un ordre de chanoines réguliers
de Saint-Auguftin, Elle eft dans un pays mon-
tueux , à 10 lieues de Vienne. ( R.)
A ntoine ( Saint ) , île d’Afrique, la plus fep-
tentrionale ôç la plus occidentale des îles du cap
V e r d ,à 6 lieues de Saint-Vincent. Elle eft remplie
de montagnes fort hautes, d’où découlent des eaux
abondantes qui fertilifent çette île. On y cultive
l’indigo. Il s’y trouve une ville au rnilieu des montagnes
, & quelques, villages.. ( R.)
Antoine ( le pic de Saint ) , très-haute montagne
du Japon, fur la côte d’Efo. On prétend qu’elle
renferme de riches raines d’argent, & qu’elle produit
une grande quantité dç fiçaux arbres de divers
fes efpèces , tous fort hauts 8ç très-propres à faiftj
des mâts. ( R .)