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î’anis. Son territoire eft des plus abondans. Les
François , les Hollandois, les Anglois, & quelques
états à ’Italie y tiennent un conful. Elle fut
enlevée aux Maures en 1264. Elle eft fitnée fur une
baie de fon nom à 15 lieues nord-eft de Murcie,
& 30 fud de Valence. Long. 1 7 , 40 ; lat. 38,
4©. ( R.)
A L IÇ A T A , ville de Sicile , dont les environs
produifent de très-bons vins & beaucoup de bled
que l’on y charge. Les Turcs la faccagèrent en
1543. Elle eft dans une efpèce d’ile près de la mer,
à 9 lieues fùd-eft de Girgenti. Long. 3 1 , 37 ; lat.
3 7 , H .(Æ .)
AL IPH E , ancienne ville du royaume de Naples,
dans la Terre de Labour , près du Volturne, avec
un évêché fuffragant de Benevent. Elle eft prefque
•ruinée. (J?.)
ALISE : cette ancienne ville de Bourgogne,
capitale des Mandubiens, a été fi célèbre du tems
des Gaulois & des Romains ; le bourg qui en a
pris la place fous le nom de, Sainte-Reine, eft encore
fi fameux par Tes eaux é£Tâ dévotion des pèlerins
, qu’on eft étonné de voir cet article oublié
dans l’ancienne Encyclopédie , & fi mal traité
dans la Martiniere. Le voici 6c plus au long 6c
plus vrai.
A life , Alefia, Alexia , dont la prife eft un des
plus glorieux exploits de Céfar, étoit métropole
des Gaules , & capitale des Mandubiens, dans la
répblique des Eduens. Elle étoit très - ancienne,
puifque Diodore de Sicile veut bien attribuer fa
fondation à Hercule le Lybien, à fon retour. d’I-
bérie.
Son emplacement fur le terre - plain du mont
Auxois , entre Flavigni, Sémur & Montbard , a
environ mille toifes de longueur fur une largeur
de quatre cents ; & nous voyons qu’outre fes ha-
bitans , elle reçut une garnifon de 8000 hommes.
. Ce mont eft élevé au deffus de la plaine d’environ
deux cent cinquante toifes de hauteur perpendiculaire
: il eft elcarpé de toutes parts , & paroît
comme placé fur une autre montagne dont la pente
eft plus douce.
Le pied eft baigné des deux côtés par deux
rivières ( l’Oze & l’Ozerain ). Une plaine de trois
mille pas s’étendoit devant la ville ; c’eft la vallée
des Lomes depuis Sainte-Reine jusqu’aux Granges
de Brignon.
A li fe , excepté du côté de la plaine, étoit environnée
de tous côtés, à une petite diftance , de
montagnes aufli élevées que l’emplacement de la
ville. En effet, on voit au nord la montagne de ■
Ménétreux, à l’eft le mont de Gréfigni où cam-
poient Caniniùs & Antiftius , où fe fit la première
attaque des Gaulois, & leur plus grand carnage ;
au fud-eft eft le mont de Prévenelle ; au fud-oueft
le mont Druaux ( à Druïbus ). Toutes ces circonf-
tances, tirées de C é fa r , déterminent l’emplacement
d’Alife , & décident que cette ville étoit
afîife fur le mont Auxois.
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. Céfar, après la prîfe de Génabum chez les Car-
nutes , apres le fac d’Avaricum chez les Bituriges,
& la levee du fiège de Gergovia, paffe la Loire
près de Nevers, furprend les Eduens qui s’étoient
révoltés , les bat 8c les met en fuite fur la rivière
d Armanfon , à ce qu’on croit, entre Tonnerre 6c
Ravieres, 6c les pourfuit jufqu’à Alife,oùVercen-
gentorix s’étoit enfermé.
Toute la Gaule animée par le defir de recouvrer
fa liberté, arma deux cent cinquante mille hommes
pour le fecourir. Critognate , Auvergnat,
propofa de facrifïer à la fubfiftance des afîiégés les
perfonnes inutiles, plutôt que de fe rendre. Malgré
cette multitude & les effots du général, l’habileté
& la bonne fortune de Céfar le firent triompher de
toutes les difficultés ; après la défaite des Gaulois
6c fept mois d’un fiège opiniâtre, la ville fe rendit,
Vercçngentorix fut captif, & toute la Gaule afl'er-
v ie , l’an de Rome 701.
C ’èft avec raifon que les écrivains anciens Sc
modernes fe font accordés à regarder le fiège de
cette place 6c fa prife, comme le plus grand effort
du courage & du génie.
Si Céfar a détruit A li fe , il eft certain qu’elle fut
rebâtie fous les empereurs. Pline dit que ce fut
dans cette ville que commença l’invention d’argenter
au feu les ornemens des chevaux, 6c le
joug des bêtes attelées aux voitures roulantes; mais
ce qui démontre qu’elle étoit confidérable fous les
Romains , ce font plufieurs voies publiques qui
tendoient à cette ville ou qui en partoient, 6c dont
on trouve encore des veftiges.
Une de ces voies a fa direétion entre l’eft 6c le
fud , paffant fur îe mont Prévenelle, & dans la
forêt d’Eugni : elle eft affez bien confervée l’efpace
d’une lieue depuis le mont Auxois. On retrouve
une partie de cet ancien chemin entre Salmaife &
Saint-Seine , dans la forêt de B lign i, qui tendoit
chez les Séquaniens.
Une autre paffe à Flavigni. Il y a apparence
qu’elle s’étendoit jufqu’à Autun , traverfant Mont
Saint-Jean 8?Arnai-le-Duc.
Une troifième aboutiffoit à Sens ; on la fuit depuis
Sainte-Reine jufqu’au-delà de Fins ( Fines ) ,
près de Montbard , & on la retrouve entre Aizi &
Fulvi au-deffus de Périgni ; elle reparoît entre Anci-
le-Franc & Lérines jufqu’à Tonnerre. On travaille
aâuellement à une grande route depuis cette ville
à V iteaux , qui fuivra la direélion de l’ancienne
chauffée.
Une quatrième voie defcendoit au pont de Rav-
coufe, c’onduifoit à Langres par Darcey & Frolois.
Une branche de ce chemin tendante à Troyes ,
paffoit par Lucenai, Vilaines , Larrey, 8c par une
ancienne ville nommée Lan-fur-Leigne, fituée fur
une éminence à demi-lieue de Molême à l’oueft,
dont il ne fubfifte plus rien.
- Ce concours de plufieurs voies publiques prouve
qu’A life fe conferva dans un état affez floriffant
fous la domination romaine ; ce fut le lieu du
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martyre de Sainte R e ine, on ne (ait en quel tems.
On bâtit fur fon tombeau une églife q u i, dans la
fuite, devint abbatiale. Ware , fondateur de celle
de Flavierti, dans fon teftament de lan 722 , fait
mention des églifes de Saint-Andoche de Saulieu
& de Sainte Reine d’A li fe , auxquelles il donne plufieurs
de fes terres. , .
A la chûte de l’empire d’O ccident, Aide etoit
encore le chef-lieu d’un pays étendu , Pagus-AU-
ftcnfii ou Alficnfis, d’où s’e â formé le nom François
d' Aulfois , depuis Auxois, comme on écrit aujourd’hui.
Ce Pagus avoit le titre de comté : la ville de
Semur en eft maintenant la capitale.
Les ravages des Normands occafionnèrent la
tranflation des reliques de Sainte Reine à Flavigni,
l’an 864, du confentement de Jonas, évêque d’Au-
tun.L
e moine Erric, qui a fait un poëme fur la vie
de Saint Germain d’A uxerre, vers ce même tems ,
affure qu’A life étoit dans un état de décadence 6c
de mine :
Te quoque Coefareis f ta l is Alifia caflris..?.
Nunc refiant veteris tantum vefligia caflri, '
Alife étant ruinée, il refta quelques habitations fur
le penchant de la montagne, qui ont formé un
bourg, auquel le nom d’A life s’efty confervé. Il a
pris enfuite le nom de Sainte-Reine, depuis que
cette côurageufe fille y eut fouffert le martyre.
11 eft du domaine de l’évêché d’Autun , auquel
l’annexa Charles-le-Chauve en 877, en le détachant
de Flavigni dont il dépendoit.
On voit par un a<âe de 1488, qu’il y avoit une
chapelle de Sainte Reine au milieu des vignes , élevée
dans le lieu où l’on croit qu’elle avoit enduré
le martyre. La dévotion & le pèlerinage ont fait
coriftruire au bas & à l’entour beaucoup de maifons.
A gauche en entrant chez les Cordeliers, eft la cé-
lèbre- fontaine dont l’eau eft fi eftimée. Elle eft en
plein a ir , le prolongement de la nef au bas de laquelle
elle fe trouve, n’ayant point été achevé. La
feue reine ne buvoit pas d’autre eau ; le maréchal
de Saxe en faifoit beaucoup ufage en Flandres & à
Paris , aufli bien que fes officiers, en 1746 & 1747.
On la tranfporte par-tout ; elle dure en bouteille,
dans toute fa pureté, quinze à vingt ans.
Par arrêt du confeil, les cordeliers qui deffervent
la chapelle, ne prennent que dix-huit deniers par
bouteille qu’on tranfporte, & ils la diftribuent
gratis à ceux qui en boivent fur les lieux : ils don-
x nent à l’évèque d’Atun 600 liv. fur cette fontaine.
On venoit en boire autrefois de très-loin. On voit
dans le tome III des lettres de M. de Buffi, édit, de
ï 16 9 7 , que le roi de Pologne vint aux eaux de
Sainte-Reine : ce qui enrichiffoit le bourg , qui depuis
qu’on la tranfporte eft devenu pauvre & dépeuplé
; car à peine y compte t-on maintenant trois
cent cinquante communians.
,Tout le commerce eft en chapelets, châffes,
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fleurs , bouquets artificiels dont s’ornent les pèlerins
qui accourent en ce lieu de toutes les parties
de la France ; les Lorrains , les Picards , les Champenois
, font les plus dévots. La fête de Sainte
Reine fe célèbre deux fois l’année ; la première và
la Trinité; la fécondé, la plus folëmnelle, le 7 de
feptembre.
Cet hofpice fi utile aux pèlerins & aux gens du
voifinage , eft deffervi par les Soeurs de Saint-Lazare
, dites Soeurs-Grifes.
La fontaine de Sainte-Reine dont on a parlé i
forme un réfervoir d’environ deux pieds en quarré.
Son eau eft claire, froid e, infipide. J’en ai ptiifé
dans la fontaine , & plufieurs croient que c’eft fauf-
fement qu’on la nommeroit minérale. Il s’en trouve
une autre fource beaucoup plus grande & plus
abondante dans un champ, à une portée de fufil
de la ville ; & il e ft, dit-on , démontré que l’eau
en eft plus fraiche, plus légère & meilleure.
Il ne refte plus fur le mont Auxois , aucun vefi
tige d’antiquité apparente. Le terrein de l’anciennç
Alife eft en terre labourable : /
Nunc feges ubi Troja fuit'.
On y trouve feulement des fragmens de thuiles y
d.e briques très-épaiffes , des vafes de terre cuite
de differentes couleurs , des fers de lance, & quelquefois
des morceaux de chaîne d’or. On y voit
des puits , des reftes d’aqueducs. On ne laboure
guère fans déterrer tous les ans des médailles, romaines
%d’o r , d’argent, de cuivre. (R .)
ALISÔ : ,1e nom d’A lifo a été commun à une
rivière 6c à une fortereffe dans le pays des Sicam-
bres , aujourd’hui dans l’évêché dé Paderborn.
Drufus , dit D ion , bâtit un fort fur le confluent
de la Lippe & de l’Alifo. Velleius & Tacite , ra-
. contant l’expédition de Germanicus , difent que les
Germains affiégèrent Alifo. Ainfi dans le diocèfe
même de Paderborn < le nom de Lippe convient à
un comté, à une v ille , à une rivière.
Alifo eft le premier endroit de la Weftphalie où
les Romains fe font établis : Drufus, Tib e re , Ger?
manicus, en ont fait comme leur principale place
d’armes. Varus s’y laiffa furprendre par Àrminius, &
y périt avec trois légions qu’il commandoit. Drufus
le fortifia.
Comme D ion marque expreffément le confluent
de la Lippe & d’une autre rivière nommée Alifo , il
n’eft pas permis d’aller chercher le fort ou le camp
Alifo fur les bords du Rhin, & l’on ne peut rai-
fônnablement le placer que vers l’endroit où l’A ime
tombe dans la Lippe. La rivière d’A lme eft
Alifo rivière; 6c Elfen, qui n’eft pas éloignée du
confluent, eft le camp A li fo , qui apparemment
s’étendoit jufqu’à Neuhaus , lieu de la réfidence
ordinaire de l’évêque dè Paderborn , au confluent
même des deux rivières. La reffemblance des noms
& la tradition du pays , confirment cette con-
| j,e&ure. _