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pendant, leurs mots élémentaires , dont lis varient
les combinaifons figurées, ne furpaffent pas
330. Ce font autant de monosyllabes indéclinables
, qui finiffent prefque tous par une voyelle
ou par la confonnante n , ou ng. La différence
des accens, des tons , des afpirations & des autres
changemens de la v o ix , varie à l’infini ce
petit nombre de fyllabes dans la converfation ;
d ’où il fuit qu’un feul & même mot paroît figni-
fier une foule de chofes différentes ; ce qui établit
.moins la richeffe de la langue Chinoife, que fa
pauvreté ; car la langue la plus riche, eft celle qui
exprime le plus de chofes d’une manière claire &
prccife. Mais cette obfcurité difparoît dans l’écriture
par le nombre & la pofition des différens
lignes ajoutés au caraâère radical. D ’ailleurs, il
faut moins s’étonner du grand nombre de leurs
càraâères , puifque chez eux chaque mot peint
une id é e , au lieu que dans les autres langues chaque
mot ne rappelle que le fon que l’on auroit
proféré en le prononçant. O r , les fons fe réduifent
à un bien plus petit nombre que les idées. Le ftyle
des Chinois eft concis, allégorique, & fouvent obf-
çur, par la variété des fens qu’on peut donner à
une phrafe, lorfqu’on n’eft point a fiez verfé encore
dans l ’ufage de leurs caraéfères. Il exprime quantité
de chofes en peu de mots ; les expreffions font
vives , animées, entremêlées de comparaifons hardies
& de métaphores : elle manque de certains
ions qu’on trouve dans les autres langues ; par
exemple , au lieu de Hollande , ils prononcent
Go-lan-ki ; & au lieu de Stockolm, Setuyau-ko-
culma.
On diftingue quatre religions différentes , à la
Chine. i°. La religion naturelle, qui eft celle des
lettrés & du gouvernement; 20. celle du philosophe
Lau-Kyun , qui n’étoit dans le principe,
qu’une corruption de la loi naturelle, loi rétablie
enfuite par Confucius ; 3®. celle de l’impofteur F o ,
qui confifte dans une idolâtrie groffière ; 40. celle
de Y u-Ky au , qui paroît un rannement de la première
, & qui eft le partage d’une feéfe de lettrés.
On peut joindre à ces quatre efpèces de cultes
, le Judaïfme, le Mahométifme & le Chriftia-
■ tîifme , qui ont fait quelques progrès dans l’empire.
Le principal objet du culte Chinois eft l’Etre
Suprême, qu’ils adorent fous les deux noms de
Chang-Ei, qui fignifie fouverain Empereur, ou de
Tyen ; c’eft-à-dire l’efprit qui préfide au Ciel. Ils
honorent auffi , mais d’un culte fubordonné, les
-efprits inférieurs qui dépendent du premier être,
dk qui préfident, luivant la même doéirine, aux
v ille s , aux rivières , aux montagnes , & c . Les
Chinois ont le bon efprit de ne perfécuter per-
fonne pour fa croyance religieufe ; les lo ix , fur cet
o b je t, font tolérantes, parce qu’elles ont été faites
moins par les bonzes, que par la raifon.
• Les mandarins compofent neuf ordres ou claf-
fes. D’abord , les kolaos ou miniftres d’état, qui
forment le premier ordre des mandarins, avec
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les premiers préfidens des tribunaux fuprêmes }
& les principaux officiers de l’armée. Ce degré eft
le plus relevé, auquel les lettrés puiffent aïpirer.
Le nombre de ces kolaos ne paffe guère cinq à
fix ; l’un d’eux jouit ordinairement de quelque dif-
tinéfion au - deffus des autres ; il a toute la confiance
de l’empereur , & il eft comme le premier
miniftre.
Les mandarins de la fécondé claffe font , en
quelque forte, affiftans de la première ; c’eft de
leur ordre qu’on tire les vice-rois des provinces ,
& les préfidens des autres tribunaux. On agite
dans leur tribunal prefque toutes les grandes affaires
, à moins que l’empereur n’affemble exprès
le grand confeil.
Ceux de la troifième claffe font les fecrétaires
de l’empereur; ceux-ci font tirés du quatrième,
du cinquième & du fixième ordre des mandarins.
Les mandarins font diftingués en civils & militaires
: les mandarins civils font répandus dans toutes
les parties de l’empire, & montent à 13,647;
les militaires font au nombre de 8,5 20.
Chacun de ces mandarins jouit d’une pleine
étendue d’autorité dans fon diftriâ ; mais il dépend
lui-même de plufieurs autres mandarins plus
puifl'ans, qui dépendent à leur tour de ceux de la
première claffe, & ceux-ci de l’empereur. Ainfi ,
dans cette filiation de puiflànce, on doit concevoir
avec quelle facilité l’ordre & l’harmonie doivent
s’établir dans cette vafte machine.
Cet immenfe empire produit prefque tous les
fruits de l’Europe, & plufieurs autres encore, qui
nous font inconnus : mais la variété des mêmes
fruits n’y eft pas fi grande ; ils n’ont par exemple
que trois ou quatre fortes de pommes, fept
ou huit fortes de poires , & autant de fortes de
j.êches. Ils n’ont pas de bonnes cerifes, quoiqu’il
en croiffe de tous côtés ; & tous ces fruits même
ne font pas comparables aux nôtres, par !e défaut
d’habileté des Chinois, dans l’art de cultiver
les arbres.
Quoique leur raifin foit excellent, ils. ignorent
l’art d’en faire du vin ; celui qu’ils boivent ordinai*4
rement eft une efpèce de bierre de riz. Leur vin
de coing eft délicieux. L’ufage de la Chine, pour
toutes fortes de vins, eft de les boire très chauds.
Il y a un arbre qui porte un fruit, dont l’huile
fe nomme c h a -y e u , & qui eft excellent dans fa
fraîcheur ; mais plus il eft gardé après qu’il
eft cueilli, plus il produit d’huile. On y trouve
auffi des ananas, des guaves, des bananes, & c .
le lic h y , que les Chinois regardent comme le
meilleur des fruits, & qui eft à-peu-près de la
forme d’une datte; le yfe-tfe, fruit un peu plus
gros qu’un oeuf; il a le goût du fuçre, & fec il
devient farineux comme nos figues ; le long-yen ,
ou oeil de dragon , fruit très - fain 8%, odoriférent ;
le mwey-chu, petit fruit aigre qui aiguife l’apé-
tit, Le pa-to-mye eft le plus gros fruit de l’uni;
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vers ; 11 s’en trouve qui pèfent jufqu’à cent livres ;
il tontient quantité de noix auffi jaunes que 1 o r ,
chacune avec fon noyau , qui fe mange rôti, &
qui eft d’un goût délicieux. C e fruit croit fur le
tronc de l’arbre & non fur les branches qui ne
feraient pas affe2 fortes pour le porter. Le chi-ku,
fruit d’une chair douce , molle & agréable ; le
platane, l’u - tong - chu, efpèce de fycomore ; â
produit un fruit gros comme un pois & du gout
de la noifette. Cet arbre eft d’un fuperbe^ ornement
pour les jardins. Outre une foule d’autres
arbres les Chinois poffèdent auffi l’arbre qui produit
le café, celui qui produit le bétel, des arbres
à canelle d’une efpèce différente cependant, l’arbre
au camphre, l’arbre au vernis, l’arbre à l’huile,
l ’arbre au fuif, l’arbre à la cire blanche, le ku-chu,
arbre qui produit une forte de lait dont on fe fert
pour la dorure; le cotonnier;l’arbre à thé, qui
produit un thé eftimé chez toutes les nations. Les
arbres & les arbuftes à fleurs font en fi grand
nombre, que cet article feul demanderoit plufieurs
Volumes ; nous citerons feulement une efpece de
ro fe , que les Chinois nomment moût-tau, reine
des fleurs,qui eft effeéfivement, félon Duhalde,
la plus belle fleur du monde. Lés montagnes, fur-
tout celles de Chen-fi, de Ho-nan, de Quang-tong,
& de Fo -k y e n , font couvertes d’immenfes forêts,
dont les arbres principaux font le pin, le frêne,
l’orme, le chêne, le palmier, le cèdre, & c . , &
quantité d’autres peu connus en Europe , tels que
le nan-mu, efpece de bois inaltérable, bois éternel
, dont l’arbre eft de la plus grande efpèce, &
ne reffemble point au cèdre ; & le tfe - tau, ou
bois ro fe , qui eft d’un rouge noirâtre, rayé, &
coupé de belles veines noires qu’on prendrait
pour l’ouvrage du pinceau. Ils ont auffi le bois de
. fe r , dont lé nom feul exprime la dureté ; il égale
ta hauteur de nos plus grands chênes. On s*en
fert pour les ancres des vaiffeaux de guerre. Nous
ne devons pas oublier le bambou, dont on trouve
plufieurs efpèces , ni les cannes à lucre > ni le
ratan , plante fort menue , mais très - forte, qui
rampe fur terre jufqu’à la longueur de huit cens,
jufqu’à mille pieds , & dont on peut faire des
cordes.
Entre les herbes, nous citerons le pe-tfay, qui
eft excellente à manger, & qui croît dans une
abondance incroyable ; le tabac, qui eft à vil prix
par fa quantité ; le fouling, qui eft un très-bon fu-
dorifique; le hu-chu-u, à laquelle on attribue la
propriété de prolonger la v ie , & noircir les cheveux
gris ; le fart-tfi, qui eft, après le jin-feng,
Celle que les médecins Chinois eftiment le
plus.
La Chine a une quantité de montagnes fameufes
par leurs mines, leurs, fources minérales, & leurs
fimples. On y trouve des mines d’or , d’argent,
de fer , de cuiv re, d’étain, de cuivre blanc, &
de vif-argent; du lapis-armenus* du cinabre, du
vitriol, de l’alun , du jafpe, des rubis, du criftal-
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de-roche, dés pierres d’aimant, du porphyre , &
des carrières de différentes fortes de marbre. Orï
ne connôît point de pays auffi riche que la Chine
en mines de charbon de terre. Les falines y font
en quantité, & dorinent du fel en abondance.
Quant aux volailles & aux oifeaux , la Chine eri
poflede de prefque toutes les efpèces connues. Le
gibier y abonde également ; les ours, les tigres ;
les buflés, les chameaux, les rhinocéros y font en
grand nombre, mais on n’y voit pas de lionsi
Il eft inutile de parler des animaux domeftiques,
tels que les boeufs , les vaches , les moutons,
& c . : on doit croire qu’ils ne font pas moins communs
qu’en Europe.
C e t empire offre une prodigieufe abondance de
poiflons ; les rivières, les lacs, les étangs & les
canaux mêmes en font remplis; il fourmille juf-
ques dans les foffés qu’on creufe au milieu des
champs pour conferver l’eau.
Gengis-Kan fit la conquête de cét empire an
x i i i* fiecle : mais il en fut bientôt chaffé. Les Tar -
tares le fournirent de nouveau en 1644, & s’y font,
confervés. Les Ruffes avoient voulu s’étendre dé
ce côté ; mais en 1689, on en régla les frontières
à la rivière Kerbecbi. Ayant fait ae nouvelles tentatives
, & s’étant avancés dans le p a y s , ils furent'
repouffés en 17 15. La cour de Pétersbôurg réuffit,
à force de négociations, à rétablir le commercé
éteint entre les deux nations : mais la caravane
de 1721 ne s’étant pas conduite avec plus de ré-
ferve que celles qui l’avoient précédée , il fut
ârfêté que dans la fuite les deux nations ne traî-
teroient enfemble que fur la-frontière.
Il fut arrêté entr’autres articles, en 1 7 2 7 , qu’une
caravane Ruffe iroit tous les trois ans à Pékin , &c.
On abolit les privilèges des particuliers en faveur
du commerce de cette caravane qui en avoit le
droit exclufif. Cependant depuis 1755 on n’a paS
envoyé de caravane à Pékin. En 1762 , l ’Impératrice
Catherine renonça, en faveur de l’avantagé
du commerce, au droit qu’avoit réfervé la couronne
de conferver, pour fon compte, tout ce
qui concerrtoit les fourrures : cependant, en 1780,
les caravannes ont été rétablies, fans que l’Impératrice
reprît lés anciens droits de fa couronne.
Kiachta, fur les frontières de la C h in e , eft le
centre du commerce Ruffe ; & Maimatfin, qui eft
au fud, à peu de diftance, eft le centre du commerce
Chinois. Entre ces deux places font des
poteaux de dix pieds de haut, fur lefquels font
des infcriptions Ruffes & Chinoifes, indiquant que
ce font-là les limites des deux empires.
Si l’on veut de plus grands' détails fur le commerce
des Européens à la C hine, yoyeç ce qu’en
dit l’éloquent auteur de YHifioire P hïlofophique &
Politique, tom.- I I I , pag. 187 , & fuiv. (Ma s s o ir
D E M O R V I L L I E R S )
CHINEY. Voye^ C h i n a y .
CHIN G, ville de la Chine, cinquième métro«
pôle de la province de Ghen-Si. .
l i i ij