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aromates & de l’ébene, dont on fait ifTÎ aflez grand
commerce fur cette côte.^ La trop grande chaleur
& la difette d’eau y occaiionnent la défertion. Les
habitans fuivent le mahométifme, & font pour la
plupatt fujets ou tributaires du grand-Seigneur.
Leur gouverneur pour la Porte demeure à Suaquem
, capitale de la contrée. C e pays fait partie
du pays des anciens Troglodites. La partie méridionale
eft au roi de Dancali, mahométan. ( R.')
A B C A D , ville d’Afrique fur la côte d’Abex.
On y trafique en co'ton, en ébene, & en plantes
aromatiques. Elle eft fur une haute montagne , au
milieu d’un air fans ceffe parfumé des plus douces
odeurs. C ’eft la ville la plus confidérable du pays,
après Suaquem. Long. 5 7 ,3 0 , lat. 16 , 10. (/?.)
A B IA G R A S SO , petite ville fortifiée dans le
duché de Milan , au confluent du canal qui porte
fon nom, & du canal de Naviglio quipaffe à Milan.
Elle eft à environ 5 li. fud-ouen de cette capit. (R-)
A B IN G D O N , A B IN G TO N , ou AB IN D O N ,
agréable ville d’Angleterre fur la Tamife, à 5 milles
d’Oxford. Elle envoie un député au parlement. On
y fait beaucoup de mâts qu’on tranfporte dans des
barques à Londres. Il y a deux églifes & une école
de charité'pour les enfans pauvres. Long. 1 6 ,2 0 ;
Lit. 5 1 ,4 0 . Elle eft à 13 li. de Salisburi, 12 de
.Winchefter, & 14 de Londres. ( R. ^
AB IOU RD , ville d’Afie dans la t e r f e , au K o -
rafan. ( R. )
A B ISC Â S , peuple de l’Amérique, à l’eft du
Pérou & de l’audience de Lima.fi?.)
ABISSINIE , grand royaume de la partie orientale
de l’Afrique ; il eft borné au nord par la Nubie,
à l’oueft pap la Nigritie, & partie de l’Ethiopie, au
fud par lé pays de? Galles, à l’eft par la mer Rouge
$c la partie feptentriçnale de la cote d’Ajan. Cette
contrée qui a encore le titre d’empire, avec la
Nubie formoit anciennement l’Ethiopie orientale
ou l’Ethyopie fous l’Egypte. Il n’y a , pour
ainfi dire , aucune yille dans ce grand empire. Ce
ne font par-tout que de çhétivès maifons éparfes
dans le pays , que l’on abat dans un endroit pour
les reconftruirè ailleurs. Plufieurs de fes rivière»
foulent des paillettes d’or. On y fait du pain avec
une efpèce de graine qu’pp nomme Tef. La boifibn
ÿ eft l’hydromel, & le cidre fait de pommes fau-
yages.
L ’Abiflinie a des mines d’o r , d’argent dç cuivre
, de fe r , de plomb & de foufre, dont les habitans
ne favent pas tirer parti. IUy croît du riz,
du mais, du millet, de l’o rge, des légumes , des
cannes à fuçre, des plantes, médicinales. On y recueille
du lin , du coton ; & le miel ainfi que la
c ire , y font fort abondans. Il eft encore fertile en
oranges, citrons, grenades, pêches,raifins , figues :
ôn y trouve dé l’encens , de la ’ myrrhe, du fel
foflile, & une grande quantité de fen é , dont les
Juifs font un trafic confidérable. C ’eft un pays couvert
de montagnes, qui néanmoins font aflez fer-
files. On y rencontrç des zébrés : Çc Içs rivières
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nourrîflertt des îrocodiles, des torpilles qui ont la
fingulière propriété d’engourdir le bras qui les
touche immédiatement, ou même au moyen d’un
bâton ; & des hypopotames ou chevaux de rivières
, animaux amphibies, plus à craindre encore
que le crocodile.
Le principal fouverain de l’Abiflinie fe nomme
Négus ; il eft maître abfolu de la vie & des biens
de fes fujets. Il eft entouré continuellement d’une
garde nombreufe ; &. il campe, ainfi que fes peuples
, fous des tentes neuf mois de l’année, & les
trois ou quatre autres mois, qui font ceux des
pluies périodiques qui caufent les débordemens du
N il, il les paffe à Gondar, capitale de fon royaume,
qui n’eft qu’un gros village. Il change prefque tous
les ans le lieu de fon camp : on diroit, en voyant
le grand ordre qui y règne, que c’eft une cité
ambulante. Les nies y font larges, la police exaéle
& rigoureufe, & le culte de la religion fidellement
obfervé. Quand le Négus donne un repas, il ne
touche pas aux viandes : fes pages les lui portent
à la bouche. La coutume y e ft , relativement au
meurtre , de livrer l’aflaflin aux parens du défunt,
qui peuvent lui faire grâce ou lui faire endurer,
toutes les tortures qu’il leur plaît.
La côte d’Abex ou d’Abiffmie, qui règne depuis
le port de Suaquem, ju.fqu’au détroit de Babel»;
Mandel, fait partie du pays des anciens Troglo-;
dites. Lès Turcs en pofiedent la meilleure partie;
le refte , qui eft au midi, eft au roi de Dancali ,
mahométan.
L’Abiflinie étoit autrefois plus riche ,.plus étendue
, & jouoit un rôle plus confidérable qu’elle ne
le fait depuis environ deux fiècles. Les Abiflîns
font noirs ou fort bafanés. Iis ne manquent pas
d’efprit & d’adrefle , & font fobres & robuftes. Ils
font d’ailleurs grands & bien faits & d’un naturel
Fort doux ; mais ils fcntpareffeux d’habitude. Quoique
noirs , ils ont le nez & les levres d’une affei
belle forme: ils font de la religion dès Cophtes,
feéle fchifmatique de chrétiens en E gypte, qui font
Eutichéens, & n’admettent en Jefus-Çhrift qu’une
feule nature, la nature divine. Ils ont un évêque
qu’ils reçoivent du patriarche des Cophtes , qui ré*,
fide à Alexandrie : ils font d’ailleurs mêlés de Juifs,
de Mahométans, & autres.
L ’air y eft exceflîvement chaud, fur-tout dans
les vallées : il n’eft tempéré quelîiir les montagnes;
& hors des pluies abondantes qui ne ceffent d’y,
tomber dans les mois de mai, juin, juillet & août ,
il n’y en tombe point dans le refte de l’année. C e
pays eft fous la zone torride , entré le 6e & le 7®
degré de lat. feptentrionale , & comprend une
étendue d’environ 200 lieues, tant du nord au fud
que de l’eft à l’oueft. Les Abiflîns fe font nommés
autrefois Axumites, de la ville d’A xum , anciennement
capitale , ajourd’hui ruinée, & où l’on
voit encore les reftes d’une grande & belle églife
où le grand Négus doit être couronné, fuivant lq
coutume. Elle eft dans le diftrift qu’on nommç
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Royaume de T ig ré , au nord-eft de l’Abiffinîe.
On trouve les fources du Nil dans l’Abiflinie. Il
y croit une herbe fingulière, dite aflazoë , qui a la
vertu d’endormir les afpics & les ferpens. Il s’y
trouve des boeufs d’une grandeur prodigieufe , &
des moutons dont la queue p efe, dit-on, jufqu’à
40 livres. La langue en eft l’Ethiopique, qui eft
ancienne & , dit-on, fort belle. Les Àbiflins vivent
très-long-tems. Le feul commerce qu’ils faffent
entr’eu x , eft celui du fe l, dont ils ont une grande
quantité. L ’entrée en eft interdite aux millionnaires
catholiques ; & en général, elle eft extrêmement
dangereufe pour tous les étrangers, La loi de prof-
cription , établié en 1632 , porte que le fouverain ,
à fon avènement au trône, fera ferment de faire
pendre ou lapider, fans forme de procès , tous les
catholiques Romains aflez audacieux pour pénétrer
dans le pays.
Plufieurs des royaumes ou provinces compriles
dans l’Abiflinie, ne dépendent pas immédiatement
de l'empereur : élis ont des fouverains particuliers
qui en font tributaires , ou quelquefois même elles
fe gouvernent elles-mêmes. On rapporte qu’il s’y
trouve des contrées fi fertiles, qu’on y fait trois
récoltes par an.
La position de cette contrée fur le glo be, fait
que les jours y font à peu-près égaux aux nuits
pendant toute l’année, c’eft à-dire, d’environ 12
heures, & qu’on n’y éprouve que peu d’aurore & ,
de crépufcule, les révolutions diurnes apparentes
du foleil, tombant prefque à angles droits fur l’ho-
rifon qui les coupe, à de chofe près , en deux
parties égales. Les neige sy font inconnues. Il s’y
forme des nuages qui ne fe réfolvent point en
gouttes ou en pluies, mais qui verfent à flots &
par torrens.
C ’eft le fouverain de ce pays qui a été nommé
par les Portugais , le Prête-Jean, fur des rapports
fabuleux. Les charges, dans l’empire, font vénales.
Ses forces militaires confiftent en 40000 hommes ,
dont 1500 feulement bien armés , le refte fans discipline
; mais le pays eft couvert & défendu par
des montagnes efcarpées , taillées à pic en bien
des endroits, & prefque inacceflibles.
Les femmes y ont une toute autre liberté que
dans l’orient, & fortent comme en Europe. Elles
font fortes - & accouchent la plupart fans le fémurs
de perfonne. Celles du fang impérial o n t ,
dit-on, le privilège de fe tout permettre. On fa-
cre le roi en lui mettant d’abord fur la tête une
couronne d’epines , que l’on fùrmonte enfùite
d’une autre d’or garnie de perles. Le Négus ne fe
marîe qu’après .cette cérémonie, à l’iflùe de laquelle
il choifit trois ou quatre femmes parmi les
filles qu’on lui préfente. Il a d’ailleurs un grand
nombre de concubines. On le voit rarement en
public ; & quand il y paroît, c’eft avec un nombreux
cprtège & fur un fiège exhaufîe , porté par
des chevaux. Il a a fa cour les enfans des principaux
du pays qu’il tient en otage, & comme garant?
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de leùr fidélité. Autrefois les empereurs Abiflins
ne fe lâiflbient point voir à leurs fujets. Un truchement
de derrière un rideau , en forme d’oracle ,
manifeftoit lés volontés de l’empereur à fes officiers
; & pour indiquer que ce prince étoit préfent
& connoifloit ce qui fe faifoit en fon nom, on
lui faifoit montrer un pied ou un b r is , & le peuple
étoit fatisfait. Cet ufage fut aboli par le roi
Dabid au commencement du 16« fiècle , fur le rapport
des Portugais, qui lui apprirent que les rois
d’Efpagne fe montroient à leurs fujets, 6c communiquaient
avec eux.
Outre les zèbres dont nous avons parlé» qui
font de la taille du mulet, avec une peau bigarrée
, l’Abiffinie nourrit des lions féroces, des léopards,
des tigres, des panthères , des hyenes très-
.fanguinaires, des ferpens d’une grandeur prodigieufe
, des troupes innombrables de finges, des
civettes , & en général toutes fortes d’animaux
domeftiques & fauvages.
Les prêtres Abiflîns ont un grand afcendant fur
les peuples & fur les rois. Le mariage leur eft permis
; mais s’ils furvivent à leur femme , ils ne peuvent
en prendre une fécondé ; & pendant leur
viduité, s’ils font convaincus de quelque intrigue
avec une femme, iis font dégradés honteufement.
Les moines Abiflîns ont un genre de vie très-
rude. On n’entre dans les temples que pieds nuds,
& le filence y eft general. L’auftérité des jeûnes eft
telle , qu’on ne mange qu’après le coucher du
foleil.
C e pays n’a ni auberges ni cabarets. Les riches
voyagent & campent fous leurs tentes , à l’endroit
où la nuit les furprend. On allume alors du
feu pour écarter lès bêtes féroces. Les pauvres ne
voyagent qu'en demandant l’aumône,
i Les Galles ont démembré de l’Abiflinie méridionale
, une étendue de pays confidérable, qu’ils
ont incorporée au leur. Le fommet des montagnes
d’Abiflinie offre fouvent à l’oeil des terres labourables
, des bois & des prairies. C ’eft dans le milieu
de l’Abiflinie que les millionnaires Portugais découvrirent
les fources du Nil fi long-tems ignorées.
Les Hollandois font les feuls Européens qui
aient des établiffemens dans ces contrées : ils en c
tirent, ainfi que les Juifs & lés Arabes, de l’o r ,
de l’argent, des épiceries, des plantes médicina- 1
les , des aromates, des dents d’éléphans. ( R . )
A B 1SSINS. Voyeç A bissinie.
A B L A Y , contrée de la grande Tartarie, au fud
de la Sibérie, & au nord des Calmoucks noirs. Ses
peuples font gouvernés par un prince Calmouck,
fous la proteéfion de l’empire Ruffe. Le prince fait
fa réfidence à Bercou ou Boërkoé, petite ville proche
de la rivière d’Irtifch. (R .')
A BNAKIS, peuple de l’Amérique feptentrionale
, dans le Canada. (i?.)
A B O , ville maritime de Suede, capitale de la
Finlande méridionale , à la pointe de l’angle
formé par les golfes de Finlande & de Bothnig,