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par rapport aux caps, qu’il multiple à proportion
des divers noms qu’il a pu trouver dans les relations.
A environ 102 degrés de longitude & 72 de latitude
, il place le cap Schulaginskoi de la largeur
de 3 degrés & plus à fou extrémité même, droit
vers le nord entre le 65 & le 67 degrés de latitude
le Serdzekamen, fous le nom de Tjchukotskoi-Nofs
en double cap, l’extrémité de 2 degrés ( ou 40
lieues ) abfolus de large ; à 20 degrés plus au fu d ,
à 190 degrés de longitude, il marque Serdzekamen,
■ quoique toutes les cartes nouvelles donnent ce nom
à la partie feptentrionale du double cap; & feulement
alors il place l’embouchure de l’Anadyra 180
degrés de longitude & 60 de latitude : c’eft ce qu’il
y a de plus au fud , conformément aux cartes nouvelles
, excepté que 111e d ’Amur eft repréfentée à
plus de 3 degrés de l’embouchure, longue de 4
degrés & demi abfolus, ou 90 lieues, & fon extrémité
auftrale, de même que le cap Lopatka à 49
degrés ; il n’y a pas une feule des îles Kurdes au fud
de Lopatka; les prémieres font marquées au 2 &
3 dégrés à Foueft, & ainfi du refte ; auSi le deflein,
la gravure, l’impreflion & le papier répondent très-
bien à l’exaélitude de la carte même.
J’avois déjà propofé quelques doutes fur l’exif-
tence de ce cap Tabin dans mes Mémoires & Observations
Géographiques, imprimées à Laufanne en
2765 ; je n’ô&i pourtant pas l ’omettre dans ma
carte , crainte de choquer la prévention fi enraci-
d é e ; je lui ai donc donné une place fous le nom de
cap Schataginskoi , même avec la grande île à fon
e f t , quoique je fufie convaincu qu’elle n’exiftoit
pas ; je redonne aujourd’hui la même carte réduite
^vec quelque petit changement : mais je ne puis
m’empêcher d’y joindre l’efquifle d’une autre carte
conforme à mes véritables idées ; je vais la détailler
3c l’appuyer fur les relations rapportées ci-deflus.
11 y a des faits que je crois ne pouvoir être niés.
•2°. Q u e la pofition de ce cap Tabin doit fon origine
à l’envie qu’on avoir de placer celui de Pline ; nous
en avons parlé ci-deflus, & ce motif ayant fubfifté
jufqu’à préfent, ou du moins l’idée d’un finis terres,
vers le nord-eft, on l’a confervée, & il falloit trouv
e r un cap.
20. Que le plus grand, celui qui s’étend le plus
en mer , le plus formidable, félon toutes les rela_-
tions, eft le double cap , nommé à préfent Scrdçc-
kamen, au nord de l’Anadyr.
.3*. Q u e ce cap & les contrées voifines font le
véritable pays des Tchouktfchi & Tchalaski, qui
détendent depuis les Koriaques plus au fud jufqu’au
nord , & habitent les bords de la mer du nord &
de l’eft, depuis le Kolyma, ayant les Inkagres à
leur oueft.
4 ° . Que les îles vers l’Amérique, petites & grand
e s , avec la partie du.continent oppofé, font toutes
à l ’eft de ce Serdzekamen, & que l ’on n’en connoît
»oint de plus au nord.
.5 °. Que ver? le nord, les cotes jde l’A fie rentrent
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vers l’occident, & puifqu’on n’a plus de vertiges
de celles du côté oppofé, celles-ci doivent tourner
vers le nord-eft.
Je dis donc que tout ceci eft prouvé par les rela-
tions les plus authentiques, & ne peut être fujet à
aucun doute ; là-deflus nous pouvons mieux examiner
le fens de toutes ~Cès relations ci-defliis rapportées,
& les conféquences qu’on en doit naturellement
tirer. -
i° . Nous venons d’en parler..
20. Ceci en eft une fuite.
30. Ce fait ne fera pas nié ; j’en conclns feulement
encore, que ce que ces gens ont découvert
chaque année pas à pas, côtoyant toujours depuis
1636, connu par conféquent dans l’efpace de cent
ans avant qu’on entreprît les dernières découvertes,
doit prévaloir, s’i l y a de la différence.
4°. Voilà un fait frappant : ces gens curieux »
pafïionnés pour les découvertes , s’informant de
tout, en particulier de„tout ce qui eft à l’eft du Kolyma
, apprennent qu’il y a une rivière nommée
Pogitscha, & après de nouvelles recherches, que
c’eft l'Anadyr^ félon les nouvelles cartes fi éloigné,
& pas un mot de ce prétendu cap Schalaginskoi
ou Tabin, qui, félon les idées erronnées, devoit
les empêcher de pouffer vers l’Anadyr. Un empêchement
fi grand, fi voifin, n’eft pas connu même
des habitans de cç pays, qui ne pouvoient en inf-
truire Ignatiew en 1646 ; ceci eft très-frappant, mais
ce n’eft rien en compargifon de l ’autre fait.
Il avança vers l’e ft, non quatre jours, cela feroit
fujet à des explications, mais quatre fois 24heures,
ce qui feroit 7 degrés & demi. Il commença avec
lesTfchouktski dans une baie qu’il trouva, & qui
félon les cartes, devrait être à la naiffance du cap ;
également il n’apprit rien de ce cap. Stadouchin
voulant abfolument trouver ce Pogitfcha , vogua
fept fois 24 heures vers l’eft: il mît des gens à terre
pour s’informer de la rivière ; on ne pouvoit lui eu
rien dire, & il n’eft pas fait mention d’un cap quelconque
, feulement parle-t-il des rochers le long de
la côte, qui empêchoient la pêche ; ce qui avec la
diminution des provifions, le contragnit au retour :
malgré donc, que dans celles des nouvelles cartes
qui étendent les côtes outre mefure, on voie la naiffance
de ce cap à environ 20 degrés du Kolyma, ôc
que Stadouchin au contraire doive avoir parcouru
27 degrés fans en voir une trace , ni en apprendre
quoi que ce foit; comment foutenir cette exiftence?
Q u ’on obferve encore que ce n’étoit point un cap
entouré de glaces, qui le fit rebroufier chemin ;
mais le manque de v iv r e s , & les rochers qui ne
dévoient pas etre confidérables, puifqu’il n’en parle
pas comme d’un empêchement à la navigation, mats
feulement à la pêche. On trouva donc fimplement
pins commode de chercher par terre l’Anaayr; on
y réurtit, & l’pn conftruiüt dès-lors Anadirskoi-
Oftrog. /
<°. Malgré toutes les recherches poflibles, 0«
ceignit fi peu ce cap, ou plutôt on eut fi peu d’idée
de fon exiftencê , que le zèle pour les découvertes
augmenta d une manière furprenante ; & ce qui eft
digne de remarque, c’eft qu’il s’agiffe de les entreprendre
du côté de cè prétendu cap , 3c que le peu
de fuccès de Fan 1647 augmenta le courage au lieu
de le dimimier ; apparemment parce que, comme
H eft naturel de le croire, ils avoient appris pendant
la dernière année des particularités qui eurent cet
effet ; ce ne fut certainement pas la connoiffance
d’un cap fi formidable qui en eût opéré un tout contraire.
C ’eft donc fans raifon que M. Muller 8c d’autres
fe plaignent du peu que l’original de cette relation
d it, de ce qui étoit arrivé aux trois ketfehes jufqu’au
grand cap, parce que fans doute ils n’avoient
rien à.en d ire, ayant fait leur voyage tranquillement
fans empêchement, ni par un cap, ni par les glaces
; mais étant arrivés au grand cap , c’eft-à dire ,
au Serdzekamen , comme tout l’indique, & que
nous allons prouver tout-à-fait ; Defchnew en rapporte
tout ce qu’on pouvoit exiger de lui.
6°. Il dit que ce cap étoit différent de celui qui
eft près de la rivière Tchukoja à l’oueft du Kolyma ;
cette diftinélion me donna quelque foupçon que je
manifeftgi dans mes Mémoires. M. Adelon en eft
furpris; cependant, f i , par exemple, on veut distinguer
entre Bologne en Italie & Boulogne fur
mer, on le fait, parce qu’on pourroit s’y tromper,
étant deux villes confidérables ; mais jamais on n’avertit
qu’on ne doit pas les prendre pour le château
de Boulogne près de Paris. Il faut qu’il y ait quelque
chofe qui puiffe caufer quelque méprife par la
reffemblance, non-feulement des noms, mais par
d’autres endroits..Si Defchnew avertit que ce n eft
pas le cap près de Tfchukotfchia, mais le grand
cap, ne pourroit-fon pas en conclure, que c’eft autant
que s’il difoit, il n’y a que deux caps confidé-
rables par ces côtes, l’un celui du Tfchukotfchia ,
l’autre le grand près de l’Anadyr ; alors ce cap Scha-
taginskoi difparoîtroit de foi-même. Ce Defchnew,
témoin de la plus grande authenticité , puifqu’il a
fait ce voyage de l’aveu de tout le inonde, & a demeuré
plufieurs années dans ce p ay s , y a fait des
voyages, s’eft informé de tout, & en a rendu
compte à la cour ou au gouvernement général du
Jakontsk ; ce Defchnew donc, dis - j e , décrit le
grand cap d’une manière à ne pouvoir s’y méprendre
; les îles vis-à-vis reconnues fi fouvent pour être
entre le Serdzekamen & l’Amérique ; les habitans
avec les joues & les lèvres percées ; le peu de dif-
tance entre l’extrémité de ce cap & l’embouchure
de FAnadyr; la forme des côtes en demi-cercle
vers cette rivière.
J’avois déjà parlé de ces deux derniers articles
dans mes Mémoires. M. Adelon en convenant parfaitement
de la contradi&ion manifefte entre la relation
& les cartes, ne veut pas voir que par cette
ra-ifon on puiffe conclure contre celles-ci ; qu’on .en
jage- -
La kotfche d’Arckondinow fit naufrage ; l’cquipage
fut fauvé.par les deux autres ; peu après, elles
furentféparées', & toutes deux jetées furies côtes
vers le fu d , loin de l’Anadyr : elle a donc fait naufrage
à l’extrémité à l’eft ou fud-eft de ce cap, fans
quoi ces kotfches reliantes n’auroient pas ofé hafar-
der de le paffer, étant en effet aufîi dangereux qu’on
le dit de celui qu’on met toujours à la place de celui-
c i, le prétendu cap Tabin.
70. Pour revenir versTAnadyr depuis le fud, Defchnew
erra pendant un an ; y étant arrivé , il établit
l’Oftrog qui. dès-lors refta la feule po{Tertion des
Rudes dans ce pays ; c’eft de là qu’on eut quelques
connoiffances de cette côte, & ou Atlaffow enfuite
prit les bennes. Defchnew remarqua le banc de fable
à l’embouchure de l’Anady r, le long de ce promontoire
, qui étoit pour ainfi dire le rendez-vous
de tous ces amphybies qui pouvoient enrichir ceux
qui s’appliquoient à en prendre.
Il voulut donc envoyer le tribut annuel confidé-
rable par mer à Jakontski, fentant bien qu’en part*
fant avec précaution ce double cap Serdzekamen ,
il n’avoit rien à craindre d’un autre, mais feulement
des glaces qui font fréquentes au nord &nord-oueft
de ce cap ; ce qui n’eft pas étonnant, la pointe en
étant tournée un peu vers lé nord-eft, & formant,
à caufe que ce promontoire a une longueur confi-
dérable vers l’eft dans la mer, une efpece de baie %.
les glaces qui viennent du nord-oueft & nord-eft,
comme dans un entonnoir, s’y arrêtent, & n’en
font pas fi promptement chanées que dans une
mer plus libre , d’autant moins qu’elles peuvent
s’arrêter entre les îles vers l’eft : c’eft fur-tout le
défaut des matériaux qui lui firent abandonner fon
entreprife.
8°. Il arriva cette dilpute mentionnée, qui prouva
clairement la fituation de ce grand cap des îles
vôifmes & du banc de fable.
90. Il découvrit dans fa courfo vers le fud, le fort
d’Ânkoudinow & d’Alexiew ; à l’arrivée d’Atlaffow
, les habitans pouvoient lui en donner encore
des indices.
io°. Âtlaffow fit les expéditions dont on a
parlé.
1 1°. Il déclara encore plus pofitivement qu’entre
le Kolyma & l’A n ad y r , il fe trouvait un double
cap nommé cap Tfchalas-Koy & Anadirs-Koi ; peut-
on voir quelque chofe de plus convaincant ? Il
parle à*un feul mais double cap, non de deux ou
plufieurs. Il n'y en a d’autre nulle pârt que celui-
ci ; par-tout les noms de Tchuzchi & Tfckatazki
font pris pour des fynomyines, & avec raifon :
nous verrons que ceux qui parlent des habitans de
tout le nord, les nomment Tcficushi., les habitans
de ce promontoire & des environs de même ; peut-
être que comme les Koriaques du Kamtfchatka fe
diftinguent de ceux de 1 île Karaga, quelques-uns
donnent le nom de Tfchalatki à ceux de ce promontoire.
Enfin, toujours n’y a-t-il qu’un feul mais double
cap, dont la partie auftrale eft nommée cap Anadir