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le dire, & c’eft avec regret, ii n’en eft guères de bonnes. Dom VaiffetteJ
Nicole de la Croix , font fecs & pas toujours fidèles ; le favant Büfching lui-
même n’a pas toujours des renfeignemens allez exaâs. M. Mentelle, auteur
d e là Géographie comparée, a .porté une faine critique dans la Géographie,
il a nourri fon ouvrage de toutes les recherches qu’un homme favant peut
puifer dans les autres fçiences : il a ôfé fa féchereffe à la Géographie, & l’a
rendue aufli inftru&ive qu’intéreffante. M. Robert, Géographe du R o i, l’un
des Coopérateurs de ce Diftionnaire, a donné deux ouvrages fur la Géographie
; l'un , purement élémentaire , & à l’ufage des collèges , dans un petit
nombre d’années a déjà eu quatre éditions ; & l’autre en trois volumes. a
efe traduit dans plufieurs langues. Cet ouvrage a le mérite d’étrç très - exafl:,
& de renfermer des détails qu’on chercheroit inutilement dans les autres
ouvrages du même genre qui ont paru jufqu’à ce jour. L ’auteur a fur-tout
l ’avantage d’avoir fouvent écrit de vifu, parce qu’ayant voyagé vingt ans
& parcouru en détail & en obfervateur les diverfes contrées de l’Europe, il a
fait fur les lieux des recherches intéreffantes, & recueilli des matériaux précieux
, dont il a enrichi fon ouvrage. Ces voyages l’ont mis à portée de juger
par lui-même de l’exaâitude & de la vérité des faits avancés par les divers
Géographes ; ce qui ne manquera pas de tourner à l’avantage de cette partie
de l’Encyclopédie. Nous pourrions citer ici les titres d’unë douzaine d’autres
ouyrages ; mais ce ne font guères que de volumineufes compilations fans
plan, fans ftylç, & où Ja vérité fe trouve prefque toujours poyée dans un
.ras de menfonges; il nous paraît aufli inutile d’analyfer ici Corneille , Bau-
drand, &c. & ç . , qu’il ferait faftidieux de faire la nombrçufe nomenclature
«de tous nos abrégés élémentaires.
Avant de finir ces réflexions, il nous paraît néçeffaire de dire un mot fur
les cartes & fur les Atlas : il faut du moins prévenir le public contre urj
çharlatanifme fi deftruâeur pour les fçiences,
Prefque tous les atlas & les cartes qui paroiffent journellement fourmillent
d’erreurs, qui décèlent la plus profonde ignorance. L ’art de calquer en Géographie,
eft un brigandage que le moindre écolier en état de tenir un compas
& un burin , exerce avec une effronterie qui n’a pas d’exemple. Un habile
Géographe aura pafle une année à faire une excellente carte , qui fera copiée
en deux fois vingt-quatre heures : non-feulement ce vol littéraire décourage
les artiftes & les favans en les privant du jufte émolument dç leurs travaux,
mais le public lui-même paie fort cher un ouvrage qu’il croit excellent fur
le nom de l’auteur, & qui n'eft qu’une contre façon remplie de fautes, de
négligences & de menfonges. A peine compte - 1 - on à Paris trois fonds
eftimables, On doit s’attacher aux cartes originales des Sanfon , des Danville,
des Delifle , de feu M. Robert de Vaugondi, de MM. Bonne & Buache, & de
quelques autres en petit nombre. Il faut diftinguer aufli les cartes de l’Obferva-
S U R LA G É O G R A P H I E . ,
toire, rédigées par des Savans refpeâables; & fur-tout le fuperbe atlas de la
France exécuté fous les aufpices du Gouvernement. L ’atlas de M. Mentelle
réunit à l’exaâitude , la beauté du burin & dii papier. La clarté avec laquelle
chaque objet fe détachant de l’étendue du plan femble pour ainfi dire s’offrir
aux yeux , doit en faire defirer la continuation.
La plupart des cartes Angloifes font faites avec beaucoup de foin ; nous
difons la plupart, car on altère, on défigure le globe avec autant de barbarie
à Londres qu’en France ; mais les bonnes cartes y font d’une extrême perfection
, & fur-tout les cartes marines, parce que le gouvernement ne néglige
rien pour encourager les favans & les artiftes dans une partie aufli
effentielle à la navigation.
Nous ne parlerons pas de même des cartes Hollandoifes, qui font prefque
toutes fautives & remplies de menfonges, non qu’il n’y ait eu dans ce pays
des Géographes très - habiles , tels que les Pieter Goos, les JanJJonius, tes
Blaeu , les W m Reulen ; mais parce qu’il entre dans les principes du gouvernent
Hollandois de cacher fes nouvelles branches de commerce aux autres
nations j intérêt fordide qui lui fait préférer l’avantage de s’enrichir, à la gloire
de contribuer avec les autres peuples de l’Europe aux progrès de la Géographie.
Ge feroit faire une injure aux Géographes Allemands que de les oublier
ici. Nous ferons toujours portes a rendre juftice à cette nation éclairée &
Iaborieufe ; elle a défriché les landes de la littérature, & l’on doit à fes doâes
& volumineufes recherches des obfervations qui ont hâté les progrès des
fciences & des arts. Les Homann , le profefleur Mayer, le doéteur Eij'enJ-
chmid, le fieur Jceger, ingénieur, &c. & c . , nous ont donné d’excellentes
cartes géographiques: il feroit à defirer, pour la perfe&ion de leurs ouvrages,
que les fouverains de l’Allemagne vouluffent bien s’occuper du foin de faire
mefurer leurs poffeffions, qui ne l’ont été jufqu’ici qu’imparfaitement. C ’eft
un genre de dépenfes digne de la grandeur des princes, & dont ils doivent
les premiers recueillir l’avantage.
Parmi les écrivains Géographes qu’a produits l’Allemagne, on diftinguera
toujours M. Büfching: il efl:tres-methodique, & dans fa Géographie , les faits
font prefque toujours d’une fort grande exaftitude. Il nous a décrit fon
p a y s , les^ différentes fouverainetés qui le compofent, toute la partie du
nord de 1 Europe fur-tout, avec des détails qu’on chercheroit vainement
dam les autres Géographes : on doit regretter qu’il n’ait encore parlé que
de 1 Europe. Cet homme aufli modefte que favant , nous indiquant toujours
les fources ou il puife, femble nous montrer ces vaftes contrées pour
la premiers fois ; il ferait a defirer que fon traducteur eût plus foigné fon
.ftyle. Il eft tems de dire un mot du plan que nous avons adopté.
Dans 1 ancienne Encyclopédie, la nomenclature étoit tellement incomplète ,