
■ juin ). N'îftfpbfte, en calculant fon Voyage jiifqifà
l ’arrivée de l’autre côté du cap prétendu, il faudroit
jJlâcêr (on extrémité , non à 208 lieues , mais à 250,
v u que le degré n’y donné plus que 5 lieues & demie :
pofons 6 lieues , & que , comme il eft d it , en fe
ïrendant vers la mer, depuis Anadirskoi, il laiffa la
fource de cette rivière, marquée à plus de 12 degrés
à l’eft de Kolyma à fa gauche, & marchant
dircélèment au nord; malgré donc l’éloignement
ihppofé &incroyable dé ce cap Tabirt, duKolyma,
( toujours d’après la carte de M. Muller Y, il n’y
auroitdepuis lapremière rivière inconnue, jufqu’au
c a p , ou fa riaiffance, qu’environ 10 degrés ou 60
lieues. Je voudrois qu’on pût concilier cela avec
toutes ces journées & le tems qu’il y a employé.
Après le troifième combat, il pana ce capTabin ,
Ik mit dix jours pour parvenir à la côte oppofée , à
Caùfe des grandes montagnes qu’il avoit à paffer. Je
m’en ferai pas le calcul ; mais ce voyage augmente
toujours cette étendue fi extraordinaire ; depuis cet
endroit, il fut vingt jours en chemin, lui & fes
'Jbaidarés de même, jufqu’au Serdzkamen, d’o ù ,
«ft-il dit, il reprit le même chemin, pour retourner
à Anadirskoi , qu’il avoit pris pour aller à la mer
^Glaciale. L’auteur de la relation montre par - tout,
<ju’en la eompofanf, le bon fens l’avoit entièrement
abandonné. 11 alla depuis Anadirskoi diredement au
mord, fit un voyage de près d’un mois vers Teft ;
de-là au fnd jufqu’au Serdzkamen , & revint pourtant
par le même chemin qu’il étoit allé vers le
mord. En vérité, pareilles fornettes épuifent toute
crédibilité, crédulité même, & on en en droit de
rejettér toute la relation : mais , enfin, dira-t-on , il
a été à ce cap dont on nie l’exiftence. Je veux fup-
pofer que fur un endroit de la côte, il y ait de
grandes montagnes, comme au Serdzkamen, &
dans prefque toute la partie de cette extrémité de
i ’A fie ; mais il n’èft pas dit un mot qu’il s’y trouve
tin cap fi fort avancé dans la mer : quand même
donc tout ce récit feroit auffi véritable qu’il eft ma-
mifeflement fabuleux, cela ne prouverait, rien en
faveur du cap ; au contraire, toutes ces relations
«’accorderaient plutôt avec celles des anciens, avec
leurs cartes , & l’idée même de M. de l’Ifle, que
depuis le Lena, la cote s’avance toujours au fud-eft,
Sl non point à l’eft.
180. Je n’ai rien à remarquer ici fur M. Kirilow,
linon que c’eft par connoiffance de caufe que le
Sénat mit"tant de confiance en fon zèle & fes lumières
, lorfqu’il s’agiffoit de fa relation de Spang-
fcerg.
190. On voit par ce que M. Witfen d it , & la remarque
de M. Buàche, que tout Ceci ne peut s’entendre
que du Serdzkamen , quoiqu’il foit un de
ceux qui font imbus de l’idée de ce capTabin, &
de l’exillence tout-à fait infoutenable des îles &
Bas-fonds de cette latitude ; ce que M. Witfen dit
des hommes à joues percées le confirme encore p !us.
20°. Ce que dit Kæmpfer efl de même; un ifthme
» ’a jamais pu être fuppcfé à 73 degrés ; mais il y en
a un au Serdzkamen, rempli de monfagiiêfc
fenté par tous les auteurs, comme avançant fi fort
en mer, qu’on n’en connoît pas la fin , & nommé lis
cap de Glace par M. de Rifle , qui en eut la connoiffance
fous ce nom, de même que du Kamtfchat^
fans fe douter qu’il enexifîâtun autre plus au nord;
que même on ne le connoîtroit pas fans les nouvelles
découvertes, auxquelles celle de Beering a
mis le fceau ; ce font les montagnes de Nofs , fi fa»
meufes chez les précédens géographes. Ce ne peut
étriqué ce cap coupé fur la planche, que Kæmpfer
a vu; quand même on alléguerait & admettrait les
montagnes mentionnées dans la relation plus que
fufpe&e de Pawluski, toutes les autres circonftances
ne peuvent convenir qu’au Serdzkamen.
2i°. Les Xuxi & Ko eliki, habitant le pays jiaf-
qu’an Kamtfchatka, la langue de terre ou cap de
Glace, coupée par"des îles , ne fauroient indiquer
que le même ; l’entrée des pêcheurs vers le nord ne
peut convenir qu’à celui-cï, puîfque ce font les pair
fages entre ce cap & les îles ; on voit qu’il parle d’A-
nadirskoi & de fes environs:enfin que le Narwal fe
trouve en abondance fur ce banc de l’Anadyr-;
c ’eft là que ceux de Jakontsk fe rendent, & que le
cap Saint, avec toùs les autres endroits mentionnés,
font voifins l’un de l’autre, non à 10 degrés, ou
200 lieues plus au nord.
220. L’officier fuédois parle encore affez récemment
des Ruffes qui paffent le Swoetoi - Noff pour
commercer avec les Kamtfchadales , vers les 50 degrés
de latitude. Ne fera-ce pas encore le Serdzr
kamen ? Affûrant qu’ils feront obligés de' paffer
entre la Terre-ferme, & une grande île au norçl-eft:
du cap Swoetoi-Noff. Où trouver cette grande île
vers ce cap Tabin ? Efl-ce à fon nord-eft ? Perfonne
n’ofera affurer qu’on en ait une ombre d’indice de
ce côté ; au lieu que la grande île , que ce foit la côté
du continent ou non , eft en grande partie au nord-
eft du Serdzkamen ; c’eft à cette confufton que la
prétendue terre des Eidigani devait fon origine ,
parce qu’on l’a placée vis-à-vis le Kolyma ; ce qui a
caufé bien des frais & des peines pour en conftater'
l’exiftence , qui , enfui'te des informations juridiques,
s’eft trouvée fans fondement.
Les Jukagres habitent précifément les pays dont
cet officier parle, depuis la four ce de l’Anady r,
jufques vers les bords de la mer du nord à l’oueft d,u
Kolyma; fon capTabin eft donc le Serdzkamen, vu
que les Tfchoutski occupent feuls tout le p ay s ,
depuis l’Anady r, vers le prétendu cap.
230. Cette relation toute récente a frappé bien des
favans, qui ont été furpris de la voir fi concordante
avec mon fyftême de la poffibilité & facilité
de pafîer ce formidable cap Tabin ( que j’avois
encore laiffé fubfifter alors ) , contre tout Ce que les
autres géographes avoient foutenu ci-devant ; & ce
qui me paraît le plus firigulier , c’eft qu’en fuppo-
fant ce cap , on le regardoit comme un obftacle in-1
furmontable au paftage par le nord ; mais que l’ayant
paffé, il n’y en avoit plus pour fe rendre au Kàmtf-
A S I
ttie'r ;,ce qui , fans cela, fêroit ridicule, & plus
que fi pu parloi't aiufi du Rhône & du Tage.
Strahlenberg, à la vérité, a laiffé fubffffer cé
cap Tabin : mais il met fa naiffauce tout près du Ko-
iyma , & ce cap fait une langue de terre étroite,
fort avancée dans la mer, dont l’extremité vis-a-vis
l’île iuppoÇéc des Edigani. Les officiers fuédois, en
1726 , oijtomis l’un oc l’autre, comme ne méritant
également aucune croyance, Au contraire, eux &
-Strahlenberg, ont marqué avec foin un grand promontoire
châtia, au lieu que le raifonnement Sdesexpê-/ .
riences générales fondent urj fentiment oppofé. . ,
Ce cap Tabin erft , dit-on , à rextrémite du nord-
eft de l’Afie , ayant la mer du nord à l’oueft & au
nord ; l’autre mer à l’éft & fud-eft : ce doit être un
finis terres. . L’experience inconteftable prouve q u e , ..
■ dans une „telle mer, l ’agitation des vents , de quel
côté qu’ils viennent, eft fi forte, que jamais il ne
s’y pourroit former des glaces ; encore moins y
refter fi peu de tems que ce foit: tous ceux qui
donnent la defçription des côtes dp la mer & dp ces
glaces (f^oy^ Froid et G l a ç e s ) , affurent
unanimement qu’un vent ordinaire du nord les
jète fur le rivage , qu’un autre de terre les fait
d’abord retourner en mer ; & qu’eft-çe qu un tel
-venti, en comparaifon de ceux qui régnent contir,
nuellement vers un tel cap de tous les c ô t é sV o ila
donc ce cap , quelque grand qu on le fuppofe, finif-
fant en pointe, dit-on, qui ne mettroit jamaisd’obf-
tacle au paflage : il n’en eft pas de même du Serdz-
kamfn', un promotoire grand , la rg e , s’avançant
très-loin vers l’çft dans la me r , fon extrémité fuivie
de plufieurs îles grandes & petites vers le continent
peu éloigné : quoi de plus naturél que les glaces emmenées
de toutes les bandes du nord» qui s arrêtent
à cette prefqu’iie , autrefois prife ponr un iftbmè,
vers les îles fuivaptes & entre les îles ? Voila le ve-
ritable cap de Glacés, &. qui eft très à craindre ; cependant
on voit qu’on peut le franchir avec de bons
,,vaiffeaux, & on ne le craint point.
On ne m’objeélera pas qu’étant plus au fud , les
glaces y font moins à craindre : nous prouverons aux
articles cités, que çp n’efî pas le plus ou moins de
proximité du pôle qui eft la caufe du plus ou moins
de glaces ; mais des circonftances qui n’y font pas
précifément relatives. Je dois feulement remarquer
fur cette relation, que ceux du Kolyma ont nommé
•ces île s , vers l’Amérique, Meyut ; & q ue , félon le
rapport de M. Muller^ d’apres les Tfchoutski, le
peuple de la première île fe nomme Achjuch-Allât,
celui de la grande contréç à l’eft Kitfchm-Aliat ; ce
qui paroît être le même nom que celui d'Aleyut,
•une autre nation d’une de ces îles Peckeli : tout ceci
£ft très-conforme l’un à l ’autre.
Pour ne pas être trop prolixe , nous dirons pçu
fur les cartes citées.
Nous voyons que ee que les anciens auteurs mar-
quent du cap Tabin, n’eft fondé, comme nous l’avons
dix, que fur 1 envie de donner une place a celui
jdé Pline, d’après les idées 'qif on s’en eft formées ,
non fur des relations ; quê tons plaçoient dans le
voifinage du cap l’Indigir , le Kolyma (celui-ci
même quelquefois <»u fud ou a l’eft ) , 1 Ariadyr , le
^amtfchat, comme peu éloignés les uns des autres ;
ce qui fortifieroit l’idée, qu’en omettant cap, on
devroit unjélmfùap cote, depuis le Lena
jufqu’au Serdzekamen ; .& qne ce n’eft pas fans
raifon que plufieurs , & encore Gmelin qui a eu une
. grande connoiffance de ces pays & rivières , ont re-\
ffildè l’Indigir (S* V^ipadyr coiritjfe ih'Ures dç
ou prefqu’île , comme un finis cerree de ce
côté ; 'c’eft le cap Anadirshoi, le feul cap réel &
çonfidérable ; une grande île à fon e ft, nommée des
Luchochouski, qui fera celle découverte vers l’Amér
iq u e , & d’autres petites ( i) . Ce feul. grand cap
finit du côté du fud ,fon commencement à 60 degrés,
le tout depuis le 65 degré, admirablement
. conforme à la vérité, fans doute parce qu’on l a appris
d’Atlaffosv ; dans la relation .de Strahlenberg,
article Injcagri, il d it,. . , entre, le Lena A* Je Swoetoi~
noJJ, ou comme di/ent les Ruflcs, Noff-Tchalaskoi &
Anadirskoi: voilà donc tout expliqué; qu’au delà dit
Lena, il n’y a point d’autre cap que le Serdzekamen ,
fous le même nom qu’Atlaffon lui donna, commet
tout près de l’A nadir, point d’autre çonfidérable-
entre celuirci & le Lena.
Si dans la carte d’Isbrand Ides, la rivière Kamtfchatka
eft marquée à .72 degrés, c’eft toujours par 1*
fiippofition qu’i l y a un cap au 75 degré ; & pourtant
on n’en connoiffoit point d’autre que le c ap , voifioe
de l’Anadir, qu’on éloignoitàproportion ; d’ail'eurv
les latitudes mêmes , & encore plus les longitudes ,
font encore fi peu fûrement indiquées de nos jours,
( comme nous le remarquerons article Latitude ) ,
qu’il ne faut pas être furpris fi les anciens y faifbient
des fautes fi groffières ; ce n’eft point fur quoi je me
fonde, mais fur les pofitions réciproques & relatives
des caps & rivières qui pouvoient & dévoient
être connues , fans que la latitude le fût. Ortelius ,
félon que M. Muller le remarque luhmême , a placé
les dix tribus d’Ifraël fur la rive de l’O b i , à 62g
degrés ; fi donc on a pu commettre une faute fi groft
ftère, qui n’empêche pas l’exiftence de l’O b i , Ides’-
a bien pu^lacer le Kamtfchat à 72 degrés : il-s’agit
des fituations.
Le foupçon de la déclinaifon de là côte, & de lapins
grande proximité de l’ Indigir & du Kolyma
fe fortifie encore par d’autres réflexions.
M. Gmelin dit : a il y a même des veftiges qu’uni
» homme, dans un petit bateau , qui n’étoit guere
» plus grand qu’un canot de pêcheur, a doublé le
» cap Sçlialaginskoi, & a fait le voyage depuis le
„ Kolyma jufqu’au Kamtfchatka ». On demandera
fi , je fuis allez crédule pour le croire ? Non : fi j’ac-
cordois ce qu’ il entend par ce cap, il faudroit, félon
ces diftances arbitraires, données fur les cartes »
( ) Cette fituàtion a »été fi bien reconnue , qu’on 1-a
\ adoptée Sc repréfentée telle dans l’hiftoirë des Tartares
| d'Sulgafi JSayaivr Çkan , de laquelle nous l’aygps tirée».
7* ij