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y admire encore d'autres reftes d’antiquité. A l’un
des angles de la ville eft le château des fept tours,
auxquelles cependant on en a ajouté une huitième.
C ’eft une efpèce de baftille, car il n’en manque
chez aucune nation; on y renferme les perfonnes
diftinguêes: quand nous difons diftinguêes, nous
n’entendons parler que des places quelles occupent,
puifqu'excepté les princes de la famille régnante,
on ne connoît de noblefle en Turquie,
que celle qui eft donnée par les emplois dans
Fadminiftration ou dans la guerre ; encore cette efpèce
de noblefle eft perfonnelle , & dans aucun
cas ne peut être héréditaire. En 1754, quatre de
ces tours font tombées en ruine. On évalue le
nombre des habitans de cette v ille , avec les faux-
bourgs, après de neuf cent mille âmes, dont environ
deux cent-cinquante mille G re c s ,*& autant
d Arméniens: les Juifs, lès Francs, les Afiatiques
S: les Africains , &c. font le refte de la population.
Le vieux & le nouveau bazards font deux grands
bârimens remplis de marchandifes précieufes &
de toute efpèce. Plus loin eft le marché aux ef-
c ’.aves, il fe nomme L£i -hj^rd. C ’eft - là que le
vendent les efclaves de l’un & de l’autre fexe : ils
viennent principalement de Géorgie, de Mingrelie,
.de Circaflie, de divers lieux vôifins de la mer Caf-
pienne. Ce ieflir-bazard eft enfermé de murailles
& planté d’arbres. Les hommes y font expofés
en public & nuds, à très-peu de chofe près. Quant
aux filles, elles font enfermées ; & lorfqu’un Ma-
hométan en veut acheter, -il .les.choifit & les fait
vifiter par des femmes prêpofées pour cet objet.
Mais ordinairement ces filles , quand elles font
jeunes, font achetées par des femmes Juives qui
les élèvent, leur procurent des -talens , & les revendent
enluite fort cher.
D e l’autre côté du port de Conftantinople, font
phineûrs lieux conficérables dont la connoiflance
tient abfolument à celle de cette v ille , puifqu’ils
en font en quelque lorte partie. Ces lieux fo n t, en
commençant par l’entrée du port à droite :
Top-hana, prononcé Topana , ou la maifon du
Canon, parce que c’eft là qu’eft la fonderie ; Ttrs-
tiana, qui eft dans le même lieu, eft l’arfenal des
armes, & fon nom l’indique.
Pera fe trouve immédiatement après ; mais c’eft
un lieu de toute autre importance, & qui occupe
une étendue confidérable fur ce terrein qui va fort
en s’élevant. La fituation en eft agréable ; c’eft là
•que demeurent les ambafladeurs des piiiflances Européennes.
Celui de Pologne, quand il y en a un ,
habite quelquefois à Conftantinople. Le palais de
Tamfcafladeur de France vient d’être refait à neuf ;
l ’ancien avcit été bâti par les ordres de Henri IV.
La chapelle eft deflervie par les Capucins François,
qui font en quelque forte les curés de la nation
Francoife'en ce pays. Ils ont chez eux,comme
penfiônnaires, les jeunes gens qbe le roi y fait inf-
müre dans la langue Turque, u n les appelle enfans
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de langue ; ils font d’abord penfionnaires à Paris,
où pendant le cours de leurs études ils commencent
à apprendre les élémens de la langue, & vont
enfuite à Pera fe perfeélionner fous un maître
qui , étant Turc & ne fachant pas le françois ,
vient deux fois par jour les mettre dans la néceflité
de parler le turc & de l’entendre. C ’eft auffi à
Pera qu’eft le couvent des Derviches Tourneurs ,
où eft enterré le fameux comte de Bonneval ,
mort à Conftantinople le 23 mars 1747.
Galata, qui eft en partie au-deflbus de Pera fur
le bord du port, étoit une petite ville lorfque les-
Latins s’emparèrent de Conftantinople ; ils la donnèrent
aux Génois. Mahomet II la leur enleva. Ce
lieu eft entouré de murailles & de vieilles tours. Les
Dominicains y ont une églife , ain.fi que les Capucins
; celle qui appartenoit aux Jéfuites , & que
défervent les pères de Saint-Lazare, eft fort ancienne.
On jouit -à Galata de plus de liberté que
dans aucun autre lieu de l’empire Ottoman : il
femble que l’on foit dans une ville chrétienne.
Les cabarets y font permis; les Turcs même y
viennent boire du vin. 11 y a des auberges pour
les Francs. La halle aux poiflons mérite d’étre.vue;
c’eft une longue & belle rue où l’on étale des
poiiTons de toute efpèce.
En continuant d’avancer dans le p ort, on a ,
toujours fur la droite l’arfenal des galères , l’arfe-
nal des vailïeaux, Cafim-Paeha , où réfide le capi-
tan-pacha, &c.
Conftantinople a été long-tems la capitale de
l’empire d’Orient , depuis que Conftantin l’embellit.
Baudouin, comte de Flandre, s’en rendit
maitre en 1204 , & les Français la possédèrent
jufqu’en 1259, que Michel Paléologue en chafla
Baudouin II. Mahomêt II la fprit d’aflam fur les
G re c s , le 2.8 mai 1453, & depuis ce tems elle
eft la capitale de l’empire des Turcs. Elle eft à 2.80
lieues f. e. deV ienne, 300 e. de Rome, 580 de
Londres, 62.0 de Madrid, 410, de Copenhague,
450 de Stockolm, 350 de Mofcow , 500 de Paris,
-45 f. eft d’Andrinople, Long. 4 6 ,3 3 la.t. 4 1 ,1 .
La religion des Turcs eft celle de Mahomet ; le
chef de leur clergé eft le grand muphti : & dons
cette nation , auffi ftupide que fanatique, le fabre
eft toujours l’interprète de 1,’alcoran. Lorfque cette
ville étoit fous • la domination des empereurs chrétiens
, il s’y eft tenu plufieurs conciles. Toutes les
terres font cenfées appartenir au fultan ; les Turcs
n’ont qu’une propriété précaire dont ils peuvent
être dépouillés au moindre caprice du defpote.
Cependant, il donne de ces terres à deux efpèces
de propriétaires, que l’on appelle Zdims & Tima-
riots. Les premiers font les plus confidérés ; leur
état eft à peu-près celui de commandeurs, qui ont
la joniflance d’un bien dont le fond ne leur appartient
pas, mais leurs enfans en héritent. Les uns
& les autres font pris dans la cavalerie. Ce droit
que le grand feigneur a fur les fortunes , il l’a auffi
fur la vie. Outre les impôts qui font fixés fur les
c o N . peuples de tomes les provinces de 1 empire, e
fultan a une autre voie encore pour s enrichir, c en
de livrer fes fujets aux vexations de fes delegués,
ceux-ci, fur le plu* léger prétexte,
à leur tour de tous les fruits de ‘e" s bngandages.
Mais nous entrerons dans de pins gra r r
l ’o rigine, le gouvernement de ce M É f e t « «
loix, fa religion, fes moeurs, aux g ic le s T urcs &
O ttoman , (empire.) (Ma s s o n d e M o r v il
L' ^CONSTANTINOW , petiteville.de Pologne,
dans la Volhinie, remarquable par les bapulks
oui s’v donnèrent en 1648 & en flpW ljW g elt
?ür le Sculcza;, à 2.5 li. n. e. deKammieck. Long.
^CON SU EC ï R E , ville d’Efpagne, dans la Caf-
tille-Neuve, au'pied d’une côte .a v e c un ancien
château, vers les fources de la Guadiana, a 12
lieues dé Tolède. ÇUe a deux paroiffes & trois
C° C O N T A , rivière d’Italie, dans l’état de Gènes ;
on la nomme auffi Métra & Néra.
CON TE SSA , ville de la Turquie Européenne,
avec un port dans le golfe » g a S Æ M i g g
Macédoine, fur les côtes de 1 Archipel..Elle eft
à 18 lieues n. e. de Salomquei Long. 41, J 5 , Int.
4°CO N T IG L IAN O , petite v ille d’Italie, dans 1 é-
■ tat de M A , au duché de Spolette.
CON TINENT, terre-ferme , grande etendue de
p a y s , qu’on peut parcourir fans traverser la mer.
V yOn divife ordinairement la terre en deux grands
contînens connus, l’ancien & le nouveau : 1 ancien
comprend l’Europe , l’A f.e & l’Afrique ; le nouveau
comprend les deux Amériques, feptentnonale U
méridionale. . , ■ T L /• -
On a appelle l’ancien continent , le continent fupe-
rieur , parce que, félon l’opinion du vulgaire, il
occupe ta partie fupérieure du globe. Foye^. A ntipodes.
On n’eft pas encore certain fi pluiie.irs
terres connues font des îles ou des contînens.
On fuppofe un troifième continent vers le m id i,
que l’on peut appeller le continent wifauOqM ou
méridional à notre égard, & que l’on nomme terre
aaftrale , parce quelle eft fituée vers le midi a
notre égard. . ,
L’on pourra faire un quatrième comment des
terres arfliques , fi elles font contiguës entr elles ,
& qu’elles faffent ml-corps fépare de 1 Amérique,
& ce continent ferait appelle feptentriotial, ou arc-
tiaue , de fa fituation. . -
C O N T Y , petite-ville de France , avec titre de
principauté àffeflée'àune branche de la maifon de
Bourbon. Elle eft en Picardie, fur la Seille,, au
midi d’Amiens. Long. 19 » 3 4 » latp 4 9 » 54* v 0
CONVERSANO , ville d’Italie, au royaume
de Naples, dans la terre de Bari. Son évêché eft
fuffraeant de Barri. Long. 14 , 1° I l‘n - 4 * > to -
CÔ N ZA , petite ville d’Italie, an royaume de
C O P 4 6 7
rivière d’Offante. , Elle a un archevêché. Long.
3 2 , 5 5 ; Int. 40 , 59» t ,
COP A , rivière d’Italie, dans le duché de Milan ,
qui prend fa fourcé dans le comté de Bobbio , &
fe je te dans le P ô , dans le Pavefan.
COPARBERG. f l f a Fah lün .
COPENHAGUE, grande ville , très-bien fortifiée
, avec un port très-commode , capitale du
royaume de Danemarck , fur la . côte orientale de
l ’île de Seiland, la réfidence ordinaire des rois. Sa
lut. eft de 55 d. 40'., , .
Elle eft fituée au bord de la mer Baltique, a cmq
milles du Sund. Le terrein où elle eft placée eft bas
& marécageux ; mais elle eft entourée de plufieurs
lacs d’eau-douce qui fourniflent abondamment aux
befoins des habitans.
La ville fe préfente extérieurement avec grandeur.
La rue des Goths^ui fépare la vieille ville de
la nouvelle, a au-delà de quatre mille deux cents
pieds dé long. O n compte dans Copenhague quatre
palais royaux, dix églifes paroiffiales, neuf autres
églifes , un grand nombre de palais publics & particuliers
, & environ quatre mille cinq cents mai-
fons bourgeoifes, parmi lefquelles il y en a plufieurs
qui contiennent au-delà de dix familles, onze
marchés & places publiques , & cent quatre-vingt-
La ville fe divife en trois parties , le vieux Copenhague
, le nouveau Copenhague, & le port de
Chriftian. Les deux dernières ont des rues larges oc
tirées au cordeau. Après le grand incendie, a
éiargi les rues dans le vieux Copenhague ; mais on
n’a pu parvenir à les rendre entièrement droites.
Dans les principales rue s, & fur ies principales
places , les maifons font bâties en pierre ; dans tout
le refte elles ne font prefque toutes que de bois. Ln
plufieurs endroits de la ville on trouve des canaux
profonds où les grands vaiffeaux vont décharger les
marchandifes juiqu’aux pieds dés maifons. Un remarque
principalement dans la ville v ie ü ïe 1 egliie-
Allemande de Saint-Pierre , le college de Walken-
dor f, fondé par Chriftophe de Wa ïk end o rf, en
KQe pour l’entretien de feize etudians ; le marché
au foin ; le grand hôpital de Warfow pour les
nauvres, & qui a au-delà de trois cent trente lits , la
place, appelée A u f der V/afferkunJl ; la conciergerie
d elà ville , & fon eglife ; la maifon des orphelins
, qui a fa pharmacie, fa librairie , fon imprimerie
& fa bibliothèque particulière. On y éleve
fufqu’à cent huit enfans des deux fexes ; la maifon
de ville , le palais ro y a l, la porte d O ue ft, près de
laquelle eft une maladrerie;l’églife de Sainte-Marie,
collégiale. La hauteur de la tour eft de trois cent
quatre-vingt & quelques pieds ; elle a un carilloni,
& fa fituation eft dans le lieu le plus élevé de m
' * Bécole latine , compofée de fix claffes ; l ’um-
verfité, qui eft très - célèbre , & dont dépendent
plufieurs collèges ; le marché au charbon, a porte