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Ken; au fud-efl, la BrieFrançoife & le Gâtinois
François; aufuâ-oueft, le Hurep'oix; à l’occident,
le Mantois ; au nord-oueft, le Vexin François &
le Beauvoifis ; au nord - e ft, le Valois, le Seiffon-
jùois & le Laonois. Le fol en eft fertile en grains,
en vins & en fruits, & il eft arrofé de plufieurs rivières
navigables. Paris, qui eft la capitale de tout
le royaume, i’eft en particulier de l’Ifle de France,
qui a deux gouverneurs en c h e f , l’un pour Paris,
l ’autre pour la province, (i?.)
F rance ( île d e ) , anciennement appelée île
Maurice. Cette î l e , fituée dans la mer de l’Inde
par le 76e degré de longitude , & par le 20e
degré 10 minutes de latitude méridionale, appartient
à la Franpe, & eft le liège principal du
gouvernement des îles de France & de Bourbon.
Elle a environ quarante-cinq lieues de circuit, a
deux ports, l ’un au Vent ou dans la partie de
î ’eft, appelé le grand p ort; l’autre fous le v en t,
appelé le Port-Louis , du nom du camp , quartier ,
ou ville principale qui y eft litué , & c’eft la
féfidence du gouverneur général ; de l’intendant
& du confeil fùpérieùr, pardevant lequel fe relève
l’appel des fentences d’un juge royal. Elle a en
Outre plufieurs bayes & rades foraines , avec de
bons mouillages , quand les cables ne frottent pas
fur les madrépores de toutes efpèces qui abondent
dans la mer qui l’environne.
Elle fut occupée autrefois par les; Hollandois.
qui l’ont abandonnée. Le -confeil fupérieur de file
Bourbon en fit prendre poffeffion au nom de la
compagnie des Indes, vers l’année 1724. M. de
Labourdonnais, prévoyant l’utilité dont elle pour-
roit être à la compagnie, y déploya toutes les ref-
fources de fon génie, qui favoit faire beaucoup
avec peu de moyens, & jeta les fondemens de la
prolpérité dont elle jouit aujourd’hui.
La population de cette colonie excède peu celle
de l’île de Bourbon ; & quoique moins grande d’un
quart que cette dernière, elle a cependant plus du
double en terres cultivables, le fol en étant plat &
bien arrofé , en comparaifon de l’autre. On y cultive
les mêmes grains qu’à l’jle de Bourbon ; niais
ce qu’on y récolte de cafte fuffit à peine à fa con-
fommation.
• En général, il ne fe fait aucune exportation de
cette île , qui ne fe pourvoit des marchandifes &
denrées d’Europe, de l’Inde & de Chine, que par
les fournitures qu’elle fait aux vaiffeaux qui y relâchent,
& à la garnifon, qui y eft toujours confi-
dérable. On ne compte pour rien l’exportation qui
s’y fait du bois d’ébène, dont le prix eft bien tombé,
tant à caufo de l’abondance, que par rapportau
peu de choix de celui que l ’on exporte.
La terre, trop chargée de mines de fer répandues
à la furface, y eft de médiocre qualité pour la culture
des grains, & eft bientôt épuifée par cette
■ même culture; ce qui fait que cette colonie ne
peut fournir aux vaiffeaux & à la garnifon tous
le s vivres dont ils peuvent avoir befoin-. On eft
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ijïWsjf ? eîl tirer caP Bonne-Efpérance &•
de Madagaicar, après avoir épuifé les magafms de
lu e Bourbon.
Quoique 1 étude de la botanique n’y trouve pas
autant de matière pour s’exercer qu’à l’île de Bourbon,
cependant elle y mérite 1 attention des curieux.
Le gouvernement a fait de grandes dépenfes
pour procurer a cette île les épiceries ; mais on
doute encore fi 1 on parviendra à les naturalifer &
à les multiplier au point de les rendre utiles à la
colonie.
Il y a eu une forge établie en cette île , aufli bien
qu aucune de celles de France ; cependant l’on ne
croit pas qu’élle ait rapporté du bénéfice à fes proprietaires
pendant douze à quatorze ans qu’ils l’ont
rait valoir.
^ 3 trom^ une mine de cuivre, mais fi peu
abondante , qu’on n’a pas cherché à en tirer
parti.
Il n y a aucune efpèce de reptile. Les infeélès les
plus dangereux qu’on y trouve, font le cent-pieds
ou mille-pieds & le fcorpion ; mais leur piqûre
s y guérit d elle-même en deux jours. Les abeilles
fauvages y font moins communes qu’à l’île Bourbon.
Les fauterelles ont anciennement fait beaucoup
de tort aux récoltes ; mais la multiplication
d un oifèau que l’on y nomme Martin, qui y a été
apporte de 1 Inde & qui ne vit que d'infeéles, en a
prefque détruit l ’efpèce.
Les chevrettes, les anguilles S c ie s mulots fe
trouvent avec affez d’abondance dans toutes les rivières
ou torrens qui arrofenr l’île. La mer qui l’environne
eft extrêmement poiftbnneufe ; la pêché y
eft facile * les efpèces de poiflon y font bonnes &
variées ; cependant il n’en faut manger qu’avec
Pr^ ? llt^01^ ’ Parce ^ue la chair de quelques - uns
y eft mal-faifante en certains temps. On croit que
quelques madrépores lui communiquent de mau-
vaifes qualités.
On abat tous les jours des bois dans cette île
ainfi que dans l’île de Bourbon ; mais il ne repouffe
pas. Q u e deviendront ces îles quand il n’y en ref-
tera plus, ou du • moins que le peu qu’il en reftera
fera dans des endroits inacceflibles ? Elles' étoient
originairement couvertes d’arbres de différentes ef-
peces , dont les plus communes étoient la natte à
grandes feuilles, la natte à petites feuilles, le bois
rouge , le tacamaca, le benjoin, le bois puant, le
bois de fe r , l’ébénier, le bols de canelle (c e n’eft
pas celui qui produit la canelle ) : mais la confom-
mation journalière pour le chauffage & les cuifines,
la confommation par le feu pour les défrichemens,
la confommation pour les bâtimens, prefque tous
en bois, tomes ces caufes réunies éloignent journellement
les bois des quartiers principaux & même
des habitations.
Or ^ l’exploitation d’une de ces colonies pendant
cinquante ans, & de l’autre depuis quatre-
vingts ans, ont déjà éloigné les bois d’une manière
fi fenfible ; û çette dévalïation de bois a occaïionné
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im dèfféchèment notable dans les foureës & les rivières
, quel jugement portera l’obfervateqr fur
l’état pliyfique où fe trouveront ces colonies dans
un certain nombre d’années ? En tirera-t-on de Ma-
dagafcar ? Mais avec quoi les lui paiera-t-on, fi l’exportation
ne peut déjà pas payer l’importation ? Que
fera-ce fi cette importation eft encore augmentée
par les befoins de première néceffité? Fera-t-on
comme à la côte de Coromandel, qui eft entièrement
privée de bois ? Les détails où il faudroit entrer
pour démontrer que l’on y a les mêmes ref*
fources, nous meneroient trop loin : qu’il fuffife
de dire que les climats, les moeurs, les befoins du
gros des habitans ne font pas pareils.
Enfin une des caufes. phyfiques qui feront abandonner
ces îles, ce fera l’épuifement des terres.
Une terre continuellement en rapport^ eft au bout
d’un certain temps aride & fans liaifon entre fes
parties* Un orage furvient peu de temps après avoir
été gratée ; il en emporte la fuperficie , & il refte
une terre rouge, où il ne croît même aucune e fpèce
d’herbe. T e l eft l’état aéhiel des anciennes habitations.
Les moeurs des habitans de cette colonie n’ont
rien qui les diftingue de celles des autres colonies
françoifes ; & à cet égard, qui voudra s’inftiuire.à
fond, peut confulter un livre 'intitulé : Confidêra-
tions fur Vile de Saint-Domingue, qui, au local
près, contient la defcriptioii civile, politique &
morale de toutes les colonies françoifes. Voye\
aufli ce que nous avons dit à l ’article de I’Ile de
Bourbon. (C e t article nom a été fourni par M.
D u v a l , ancien Greffier en chef du confeil fupé•
rieur de Vile de Bourbon. )
FRANCFORT sur le, Me in , ville d’Allemagn
e , au cercle du haut-Rhin , en Vétéravie, fur
les confins de la Franconie, entre la -ville d’Hanaw
& celle de Mayence.
Francfort eft partagé en deux par le Mein, que
Fon ypaffe" fur un pont de pierre. La partie , qui
eft fur le bord feptentrional du fleuve, porte proprement
le nom de Francfort,; on appelle l’autre
Saxen-Haufen , c’eft-à-dire , les maifons des Saxons.
Ces deux parties font fortifiées d’une courtine flanquée
de tours , d’un double foffé plein d’eau, d’un
rempart muni de baftions , parapets , chemins-
couverts , & d’un glacis. .
Cette ville eft la patrie de Charles-le-Chauve,
roi de France,: elle eft impériale, anféatique, riche,
peuplee & marchande ; on y tient deux foires cha-
que année, l’une au primtems, & T’autre en aur
tomne, o ù , entr’autres marchandifes , il fe fait un
gand commerce de livres. Elles durent chacune
trois femaines, & font très-fameufes.
- C eft-là que les eleéleurs fe rendent pour élire
tm empereur ou un roi des Romains, conformément
ou non conformément à la bulle d’or de l’empereur
Charles I V , dont l’original fe garde à la
maifon-de-ville ; c’eft un parchemin in-4°, de quarante
trois feuilles, fçlon Wagenfçil,
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Francfort eft fameux par fon concile de l’an, 79 4 ,
un des plus célèbres qui le foient tenus dans l’occident.
Le premier canon de ce concile porte, dit
M. l’abbé de Fleury, qu’il a été affemblé de l ’autorité
du pape, par le commandement du roi (Charlemagne).
On rejetta dans ce concile le fécond
concile de Nicée-, dans lequel on avoit rétabli le
culte des images. M. de Mar ça ( de concordia , lib.
I I , cap. 1 7 ) , prétend que les évêques de Nicée.
& de Francfort, verborum fono tantum ,non re ipfa
diffienjiffe. M. le préfident Hénault dit, a que les
” pères du concile de Francfort, en même te ms
» qu’ils condamnoient la dodrine de Neftorius
>?que l ’on avoit voulu renouveler , furent d’un
» autre côté induits en erreur fur de faux a&es,
n qui leur furent produits coçitrç le fécond concile
n de Nicée, où l’impératrice Irène avoit fait jufte-
» ment condamner les Iconoclaftes ; & qu’ ils re-
n jetèrent ce fécond concile de Nicée , qui fut
» dans la fuite reconnu pour oecuménique, lorf-
» que les véritables ades eurent été produits ».
On peut, encore confulter le cardinal du Perron,
M? de Sponde, le père Alexandre, & c . Voy.e^
I c o n o c l a s t e s .
Francfort- embrafta , la confeflion d’Ausbourg
l’an 15 30 ; le magiftrat, & prefque tout le peuple ,
font de cette confeflion; les Réformés , les Catholiques
- Romains,, & même les Juifs , y font
également bien reçus. On eft affez fage dans cette
v ille , pour ne s’y occuper que du foin de faire
fleurir le commerce , & de maintenir les droits
des citoyens.
Le gouvernement y eft entre les mains de quelques
familles , qu’on appelle patriciennes : cependant
le choix des personnes particulières qui y
doivent remplir les charges, eft fait par le corps
des métiers ; ce qui rend ce gouvernement arifto-
démocratique.
Le territoire de Francfort eft un petit pays entre
l’archevêché de M ayence, le comté de Hanaw, &
le landgraviat de Heffe-Darmftadt : il a feulement
quatre mille? de long & autant de large ; & il eft
partagé par le Mein en deux parties, dont la fep-
tentrionale eft fort peuplée, tandis que l’autre n’eft
prefque qu’une , forêt.
La ville de Francfort eft le feul lieu confidéra-
ble de fon territoire; elle eft à 6 lieues n. e. de
Mayence, à deux milles de Hanaw, à cinq d’Af-
fehaffenbourg , 18 li. n. d’Heidelberg, 13 n. e. de
Worms, yo T. e. de Cologne, 140 n. o. devienne ,
& 110 n. e. de Paris.
Cette v ille , en allemand Frankenfort, en latin
Francofurtiim & Franco fordia, contient quatre mille
maifons , & de foixante-cinq à foixante-dix mille
habitans. La partie qui eft à droite du fleuve eft
beaucoup plus confidérable que l’autre ; elle renferme
douze de quatorze quartiers qui compofent
la ville. Le fénat,. les négocians, les principaux
citoyens habitent cette partie de la ville. On y
remarque le beau palais des princes. de la Tour