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fifornie étoitfigurée comme une île, & la mer Vermeille
comme un détroit, on fuivit cette idee
comme certaine dans les cartes que 1 on fit enfuite
en Hollande & en Angleterre ( i) ; malgré cela ,
Janfon donne à cette île, non fur la carte, mais
par la note ajoutée, dix-fept cents lieues fur cinq
cents de large.
„ Or , continue M. Buache, il et! impoflible de
concilier ces diftances avec la Californie, que Janfon
repréfentoit en même tems comme terminée
au cap Mendocino d’aujourdhui, c efi-a-dire, réduite
à fes juftes bornes ».
Il rapporte la relation du P. Kine en 170a, qui
a déclaré avoir trouvé que la Californie étoit une
prefqu’ile , & l’a repréfentée ainfi dans fa carte.
Depuis que le P. Kino a donné fa carte & rétabli
la Californie en prefqu’île, on n’ofe plus révoquer
en doute la vérité de ce fait, tel que les anciens
nous l’ont tranfmis, & cependant on perfite à con-
ferver à cette prefqu’ile la longitude erronnee, &
le giffement de fes côtes fud-eft & nord-oueft, en
plaçant la fin à environ 44 degres de latitude & 2 5 a
degrés de longitude, & faifant l’étendue des côtes
de près de cinq cents lieues, comme lorfqu on la
repréfentoit en île , au lieu que tout devoit reprendre
fa place, puifque nous n’avons aucune relation
Contraire.
M. Buache, lui-même, qui prouve, par des
faits inconteftables, que la Californie proprement
dite eft telle que les anciens l’ont repréfentée, de
même que fa longitude & celle du détroit d’A-
nian, peut-il retenir cette faufle opinion imaginée
par lès nouveaux géographes, & omettre les pays
fi tués entre-deux, pays dont la connoifiance des
côtes les ont conduits à celle dudit détroit ?
Le P. Kino n’ayant point pafféRio de Hila, encore
moins le Rio Colorado, n a point pu rendre
compte des rivières qui viennent de l’oueft; il faut
donc s’en tenir aux anciennes cartes qui doivent reprendre
leurs droits. t
r Ce n’eft point ici une vérité rencontrée au hazard
qui nç décide rien; Fernand Çortes découvrant la
Californie, en 1535, François deTello, envoyé
par lui pour continuer la découverte en 1539;
François Vafqnez Cornero, en 154°» P- Augufiin
Runy, en 1580 & 1581 ; Antoine d’Efpeio, en
158a, pour les provinces à l’efi de la Californie;
les découvertes ultérieures de cette prefqu’ile, faites
en 1617, 1636,1673 & 1683 ; Juan Rodriguèz
de Cabrillo, qui y alla en 154a &1543 » & tant
d’autres qui y ont été, qui ont v u , qui ont im-r
pofè des noms aux rivières , aux caps , aux baies ;
qui en ont drefle des cartes, non au hafard, mais
avec tant d’exaélitude & dç prêcifion que cç qu’on
a découvert depuis s’y eft trouvé conforme, font
une preuve invincible, qu’on ne fauroit éluder,
& qui décide à jamais la queftion. J’ai un ami favant & de grand mérité, M. Jofeph-
( ij De Dankerts ,Tavcrnier, Janfoa , &c,
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Antoine-Feiix de Balthazar, un des premiers ma-
giftrats delà république de Lucerne en Suifle, qui,
voyant que je m’occupois de ces recherches , me
communiqua une nouvelle carte de la Californie,
que feu fon oncle, le P. Jean-Antoine de Baltha-
zard lui avoit envoyée.
J’ai cru devoir publier cette carte même, comme
plus récente que celle du P: K in o , & d’une authenticité
au-defîùs de toute exception ; elle appuie
celle du P. Kino; mais comme elle ne contient
que la propre province de la Californie, 33e degré
avec le golfe, & rien de précis fur ce qui eft au
nord du Mexique, on y a ajouté ce qui le trouve
à, cet égard dans les cartes les plus récentes.
Il s’agit ici feulement d’empêcher qu’avec le
tems, on n’agifîé d'une manière aufli injufte qu’on
l’a fait, en refufant à la Californie la qualité de
prefqu’ile; c’eft pourquoi je vais tranfcrire ce qui
le trouve fur le manufcrit, en efpagnol.
Se no de Californias y fu colla oriental, nucvementt
defcubierta, y rcgijlrada, defde el caba de las virgi-
nés, kafia fu tetmino, que es el rio colutado. Por el
P. Fernando Gonfag, de la compagnia de Jefus, mi/-
fionero de Californias.
EJle mapa dedica la provincia de California al P ,
Juan Antonio Balthafar fu ultimo vifitador general,
reconocida al ajfe&o, y fingular amor, con que le ha
attentido, prorcurando fus majores progreffos & alirio ,
y fomento de fus P P . mi fionero s. Anno D . M. DCQ%
XLVJ.
Petrus M. Nafcimben delineavit.
Je ne fais fi je dois ajouter beaucoup de foi à la
carte du P. K in o , fur le pays depuis la rivière
Hiaqui, jufqu’à la rivière de Hila & A zu l, c’eft-à-
d ire, depuis vingt neuf & demi à trente-trois degrés
, où il remplit tout d’habitations & de noms ,
comme files millions y étoient floriflantes, & que
tout fût dans la poffeflion des Efpagnols. Il trace
pourtant lui-même une ligne, par laquelle il fépare
ce pays de celui de la nouvelle Efpagne ; d’autres
géographes placent cette ligne au nord de Cinatoa,
à trente degrés ; Sonora encore un peu au-delà,
vers le nord. Les provinces feptentrionales, reconnues
autrefois par les Efpagnols, & décrites en
détail, en ont été abandonnées, tout comme les
vaftes pays au nord-oueft , faute de pouvoir les
conferver tous ; cette vérité vient d’être confirmée
tout récemment par les papiers publics qui annoncent
que le roi d’Efpagne avoit envoyé ordre en
1764 de travailler à lubjuguer ces nations au nord ;
qu’en 1767 on en dreffa lèpl^n , & qu’on l ’exécuta
en 1768 ; qu’on avoit fournis les unes par la force j
que d’autres, comme les Sobas ( fur la carte du P.
Kino, entre vingt-neuf & demi & trente-un degrés)
fe font fournis volontairement ; qu’on n’aveit aucune
efpérance de foumçttre les Apaches, mais
bien de délivrer la nouvelle B ifcaye ( dans les cartes
du fiècle paffé, cette province eft au fud de la ligne
fufdite, à quoi on ajoute, fans doute, ces nouvelles
conquêtes) de leurs ificurfions & de leurs
cruautés,
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cruautés ; que dans la province de Sonora on a découvert
une mine d’o r , &c. On peut donc fuppofer
que du tems du P. Kino il y a eu en effet nombre
de miffions en-deçà de là rivière de Hila, & que les
naturels du pays,s’étant accoutumés à voir des Efpagnols,
& ayant été en partie convertis, ont pu
être plus aifément fubjugués.
Ceci mérite d’autant plus d’attention, qu’à chaque
pas qu’on fait vers ces régions qui étoient redevenues
inconnues , la vérité des relations anciennes
fe manifefte ; il vit à Cinaloa, Sonora, les Apaches
retrouvés : on difoit autrefois de ces derniers, fur-
toutdes Apaches de Navajo , que c’étoit une nation
fi nombreufe , qu’elle s’étendoit bien loin ; &
même , à ce qu’on fuppofoit, jufqu’au détroit
d’Anian.
N’ouvrira-t-on donc jamais les yeux pour rendre
juftice aux relations Efpagiaoles, & rétablir leurs
cartes, du moins en gros & pour le principal ?
Revenons à l’extrait du mémoire de M. Buache :
nous y voyons qu’il y établit très-folidement- l’authenticité
de ces cartes anciennes ; il donne même
dans fa fécondé carte la trace des anciennes.
Par la plus ancienne carte marine Hollandaife ,
Anian & le c a p Fortune font à cent quatre-vingt-
cinq degrés de longitude ; chez Du dley, à deux
cent dix-huit degrés ; chez P. Suefta, le détroit
d’Anian eft à deux cent trente-neuf degrés. La vérité
des anciennes cartes s’étoit fi fort ancrée dans
tous les efprits, que malgré l’opinion erronée,
adoptée généralement, que la Californie étoit une
île , on a confervé encore long-tems le refte des
anciennes pofitions. Sanfon le père, en 16 5 1 ,
plaça également le pays • d’Anian & fon détroit
vis-à-vis de l’Afie, à-peu-près tel qu’on vient de le
reconnoître, à environ cent quatre-vingt-cinq degrés
de longitude ; & ces pays , d’après les relations
anciennes , dont celle d’Â cofta, fur la fin du XVIe
fiècle, a toujours été regardée comme la plus ref-
peélabie, font Bergi-Regio , au nordjufqu’à la mer
Glaciale de ce côté, ( on ne doute pas de l’exif-
tence de ce pays, les Ruffes l’atteftent ) : enfuite
Anian repréfenté par les côtes, comme de nos
jours ; un peu plus au fud, rio Grandes Corientes :
félon la relation des Ruffes il y aune grande rivière
& rapide ail même endroit ; une autre chez Acofta,
encore plus au fud; on n’en peut rien décider,
puifque toute cette côte n’a pas été reconnue par
les Ruffes ; enfin tout au fud , vers l’extrémité de
l’Amérique oueft & nord, eft Q uivira, après quoi
T o lm , enfuite la Californie, proprement ainfi
nommée en prefqu'île ; toutes ces côtes faifoient
depuis la mer Glaciale jufqu’au cap Saint-Lucar
dix-fept cents lieues, fans doute Eipagnoles, de
dix-fept & demie au degré; eft-ce que cela n’eft pas
d’accord avec la diftance reconnue aujourd hui ?
Mais on s’eft opiniâtré à foutenir ( quoique les anciens
aient déclaré qu’on donnoit le nom de Californie
& de Nouveau-Mexique à tout ce qui eft à
jfon oueft) que tout ce qu’ils ozu découvert de ce
Géograp/i.e, Tome l.
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côté devoit être placé dans ce que l’on avoit converti
en île, en déduire douze cents lieues de côtes
& réduire tout dans cetefpacc de cinq cents lieues j
entrée d’Aguilar, cap B lanc, port de Drake , cap
Mendocino & autres, ne pouvoient être mis en
doute ; donc tout ceci fe trouve dans cet efpace-
Quivira & Tolm , ou Tegu ao n’y trouvent pas
place; il faut donc les transporter à plus de mille
lieues de là , à l’eft. Par quelle raifon ? on n’en indique
que de très-frivoles ; & M. B. qui a prouvé
invinciblement l’authenticité des anciennes cartes ,
& les nomme les meilleures, donne enfuite cette
épithète à celles qui y font diamétralement op-
pofées. Q u ’ailegue-1 - il en faveur de cette opinion
?
i°. Le témoignage de Purchaz ; fon ouvrage eft:
rempli de fables fi groffières, que fon témoignage
opéreroit chez moi précifément le contraire ; car il
ne prouvé jamais rien.
20. Le comte de Pignaloffa doit avoir dit que
Quivira fe trou voit au nord-eft du Nouveau-Mexique.
Je voudrois avoir vu cette affertion du comte ;
je ne faurois la croire. Il étoit vice-roi du Mexique,
il devoit connoître les pays de Teguajo & Quiv ira,
du moins par les informations qu’il en aura prifes.
Il eft impoflible qu’il pût les placer au nord-eft , &
dire en même tems que ce pays a mille lieues d’étendue;
qu’on jète les yeux fur toutes les cartes-
quelconques, & fur-tout fur celle de M. Buache, &
on y verra qu’on fe rendroit ridicule en lui donnant
cette étendue de ce côté , 011 fe trouvent fans contredit
lès Padoucas, que l’on connoît; les Miflbu-
riftes, les Apaches , & où M. B. a trouve à peine
de quoi ménager une place pour le nom de Quivira
qui n’exige pas mille lieues.. Que d’un autre côté
l’on jète les yeux fur les anciennes cartes, on trouvera
affez exa&ement ces mille lieues dans les pays
de Tolm ou Teguajo , & Quivira, depuis la pref-
qu’îie de la Californie jufquau véritable cap.Mendocino
, près de Quivira.
En effaçant tous ces pays immenfes , on étoit en
peine où placer le Quivira ; chez Allard on trouve
ce nom avec ceux des Aixais & Xabotai, au trentième
degré de latitude, au fud du Nouveau-Mexique
, & à deux cent foixante-cinq de longitude;
: chez Sànfon le fils, à environ trente deux de latitude
, & deux cent foixante-dix de longitude ; aujourd’hui
à quarante-cinq degrés de latitude , deux
cent foixante-cinq de longitude, & Teguajo à fon
fud , à l ’eft des Panis & des Miffouriftes 9 qui n’en
ont p^s la moindre notion.
30. M. Buache dit que la carte Italienne trace les
côtes du nord-oueft de l’Amérique, avec moins de
prêcifion que la Japonaife.
40. M. Buache affure que diverfes navigations
ont fait abandonner cette pofition, qu’il nomme
prétendue. Il y a bien des années que j’en ai cherché
, avec tous lés foins poffibles, les relations ; je
n’en ai pas pu trouver ; & fi l’on en trouvoit, il e»
faudrait examiner l’authenticité.
Y y