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5 utile , dans la Turgovie , au bord méridional
du lac de Confiance , dans une po'l.ion admirable
, & dans un pays de la plus grande fertilité.
Autrefois impériale , elle fut mife au ban de l'empire
, en 1548, par l’empereur Clîarles-Quint,
peur avoir quitté la religion romaine. Ferdinand
Ie la fournit, en 1549, à Tobéiffance de
la maifon d’Autriche, à qui la polîeflîon en fut
confirmée à la diète d’Ausbourg en 1559, & elle
fait maintenant partie de la Suabe Autrichienne.
L ’é v ê c h é d o n t elle eft le fiège, y fur transféré
de Windisch dans le canton de Berne, en 1570,
à ce que l’on croit. Au refte, Confiance n’eft le
fiège que du chapitre : l’évêque , qui efi fouve-
rain de l’évêché de Confiance, & non de la v ille ,
fait fa réfidence à Mersbourg, fur le coté feptentrio-
nal du lac. C ’eft un des princes du cercle de Suabe.
Ses états font limés de part & d’autre du lac. Ils
contiennent deux v illes , fept villages & vingt-
deux hameau*. Il à voix & féance à la diète de
l’empire ; il eft fuffragant de Mayence. Confiance,
cette grande 8ç belle v ille , depuis la perte de fa liberté
, a vu les richeffes & fa population s’éva-
jiouir; & aujourd’hui elle eft prefque déferte. Son
nom devint fameux par le concile écuménique
qui y fut affemblé de 1414 à 1418. La lupério-
rité du concile général fur le pape y_fut reconnue.
Le pape Jean X X I I I , accufé de toutes fortes
de crimes, y fut dépofé ; Jean HufT, & Jérome de
Prague y furent brûlés vifs dans les années 1415
6 1416, malgré le fauf-conduit qui leur avoit été
donné par l’empereur Sigifmond. Cette v ille , aujourd’hui
Catholique , efi à 15 lieues n. e. de
Zurich, 25 e. de Basic ,2 5 fi o. d’U lm, 1350. de
V ien n e , & 127 fi e. de Paris. On attribue fa
fondation à Confiance, père de Confiantin. Long.
2.6, 58 ; lat. 47, 35. ( R . )
C q n s t a n c e (lac d e ) , lac confidérable d'Euro
p e , fitué entre la Suabe & la Suiffe. Il a près de
feize lieues de long fur cinq de large. La pèche
y eft des plus abondantes. I l eft traverfé par le
îlhin qui y entre au forrir du pays des Grifons.
A fa partie occidentale il renferme une île agréable.
& fertile qui eft à l’évêque de Confiance.
(£ .) ; :
C onstance ( Sainte), nom d une cote du cap
de Bonne-Efpérance, dont les vins font renommes
fous le nom de vins de Confiance.
CO N S T AN T IN E , Confiantina, petite ville d’Ef-
pagne, dans l’Andaloufie , avec un château fur une
montage. Elle eft à 17 li. n. o. de Cordoue.
Cqnstantine, ville forte & confidérable d’A frique,
au royaume d’Alger, capitale de la province
de même nom. Elle fut rétablie par Juftinien.
On y voit de très-beaux monumens anciens, ouvrages
des Romains. Elle eft à 30 li. de la mer,
86 fi e. d’A lge r , 70 fi o. de Tunis. Long. 2 5 ,1 2 ;
la t . 36,4.
CO N S TAN T IN O P LE , Byfantium, puis Conf-
ççTiûnopqlisy nommée par les Turcs Stamboul, port,
c o N capitale de tout l’empire Othoman. « Conftanti-
» no p ie , dit un auteur moderne, a l’air d’être la
» capitale du monde. Il n’en efi point que l’on
» puiffe lui comparer pour fou afliète, ni qui foit
v plus avantageufement fituée pour dominer une
» partie de l’ancien hémifphère ». A raifon de fon
importance, de fon antiquité, & c ., on nous pardonnera
quelques détails fur fa fituation fi mal
décrite dans prefque tous les ouvrages de géo-
graphie.
La mer de Marmara, ou plutôt de Marmora,
communique avec la mer Noire, par un canal d’environ
deux lieues; on l’appelle détroit de Confian-
tinople. Il eft reflerré d’un côté par l’Afie ; de
l’autre, par l’Europe qui formé en cet endroit une
efpèce de prefqu’ile entre la mer Noire, le détroit
& le port de Conftantinople, au fond duquel
fe rend un ruiffeaü, appelle, par les Grecs,
ainfi que le golfe qui forme le port, Chryfo-Ceras f
c’eft-à-dire, Corne d'or : ce ruiffeau fe nomme aujourd’hui
Soouh-Souii, c’eft-à-dire, eau-froide C ’eft
en-deçà de cette prefqu'île & du port, que fe trouve
la ville de Conftantinople, bâtie fur fept collines,
dans l’angle formé par le port & la mer de Marmora.
Elle eft de forme triangulaire. Un des côtés
eft bordé par la mer, & s’étend depuis les fept
tours au 1. o. jufqu’à la pointe du férail au
n. e. Le port, qui eft vafte & fort lo n g , borde
l’autre côté qui s’étend de la pointe du lérail jusqu'au
fauxbourg Eyup ou Youp hors de la Ville
& qui a pris le nom de la mofquée où fe fait le
couronnement du grand feigneur. Enfin le troi-
ïième côté s’étend depuis Youp , où l’angle eft
bien moins aigu , jufqu’aux fept tours, & renferme
les blaquernes qui , au tems de Conf-
tantin, étoient hors de la ville. M. d’Anville, qui
a comparé l’étendue de Conftantinople à celle de
Paris, a trouvé que cette derniere ville étoit plus
grande dans le rapport de onze à huit s encore le
férail comprend - il une efpaee de cent foixante
mille toifes , ce qui eft plus grand que les thuileries
& le lmçembourg réunis. On'ne comprend pas ici
dans cet efpèce d’autres lieux, qui font en quelque
forte des fauxbourgs de Conftantinople, mais
qui en font féparés par le port: il en fera quefi'.
tjon cira près.
Qn fait que ce fut fur l’emplacement de l’ancienne
Byfance , dont l’étendue eft occupée au-r
jourd’hui par le férail, que Conftantin fonda une
nouvelle ville commencée en 326. Il étendit la
fienne, qui fut encore aggrandie depuis. On l’ap-
pelloit la Nouvelle Rome, & ce fut à jufte titre, car
il y eut un fériat , un cirque, des théâtres , en
un mot , tout ce qui fe remarquoit dans Rome
ancienne. Depuis la prife de cette ville par les
Turcs , fous la conduite de Mahomet I I , le 29
mai 1453 , elle a perdu plufieurs des monumens
qui l’embelliffoient. Cependant telle qu’elle eft
encore , c?eft une ville intérefiante à voir. Elle
eft b«fiiç , comme on 1’^ dit, fur fept collines ,
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'ce qui en rend les rùgs montueufes & très - incommodes
pour les gens à pied, caries gens riches
( Mahométans ) y vont à cheval. Perfonne n ignore
que dans tout le Levant on rie connoit pas 1 iilage
des voitures. Les maifons y font prefqu entièrement
en bois , peu hautes & Peu ornées a l extérieur
; cependant elles ne manquent pas d a ir ,
comme on le croit ordinairement , car elles ont
beaucoup de fenêtres & prefque toutes un jardin.
La partie des maifons où vivent les femmes fe
nomme harem. Les lieux de Conftantinople les
plus remarquables font, le férail, les mofquees
(en Turc Djamij de Sainte-Sophie, de Soliman,
de Sulthan Achmed , de Sulthan Bajazed ; la place
des courfes de chevaux , ou l’atméidan, que les
grecs appelaient par la même raifon l’hyppodrome ,
&c. H H
Le férail, dont le nom turc eft féraï, ou pala
is , & dont les Italiens ont fait Jeraglio , eft, à
l ’angle qüfe baigne , d’un côté , la mer de Marmora
, de l’autre , le port : il a près de trois milles
de circuit. Les appàrtemens font fur le haut de
la colline, lés jardins dans le bas vers la mer.
C e palais n’a rien de magnifique ; ce font de grands
corps de bâtimens, conftruits en diffère ns tems
par les empereurs. Son architecture n’a rien que
«le très-ordinaire ; les’ galeries , les balcons, les
belvédères, y"font les feules chofes remarquables.
Les jardins‘font plantés de hauts cyprès & d autres
arbres toujours verds , pour dérober aux habi-
tans de Galata & des autres lieux élevés, :1a vue
des fultanes qui s’y promènent. Ces jardins font
agréables, mais diftribués fans goût. L entree principale
du férail eft une grande porte qui reffemble
à un corps - de - garde ; les Turcs la nomment la
fublime porte. On traverfe d’abord une grande
cour , plus longue que large, fur les côtés de laquelle,
font les infirmeries & les logemens des
perfonnes employées extérieurement au fervice le
.plus vil du férail. On entre enfuite dans une grande
cour carrée , plus belle & plus agréable que la
première , fur les côtés de laquelle font les offices,
les cuifines, & c. Tout à l’entour régné line ■
galerie foutenue par des colonnes de marbre. Au
fond de cette cour font différentes falles du divan ,
du confeil, &c. Les murailles de ce vafte palais,
tant du côté du port que du côté;de la mer, font 1
■ percées de crénaux, ou font des canons que Ion
tire en différentes oceàfions , telles que les réjouif-
fances publiques , & régulièrement à la fête du
baïram qui fuit le ramazam, ou- carême des Turcs. j
Sainte-Sophie , qui eft peu éloignée du férail,
fut dans fon origine un temple élevé à la fageffe ;
divine par Conftantin. Cette première églife chrétienne
étoit peu confidérable ; elle fut renver-
fée par un tremblement de terre. Celle que l’on
voit aujourd’hui, & qui fert de mofquée , fut
bâtie fous le règne de Juftinien par les deux
célèbres architectes Anthémius de Thrales , &
ïfidore de Milet. Leur génie élevé enfanta un l
Géographie» Tome 1• Partie II»
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projet ^ .dont l’exécution étonfta leur fiècle , &
fut regardé', par le pufillanime empereur comme
un titre; dé plus en faveur de fa vanité. Il s’écria
, dit - on , en voyant ce bâtiment achevé :
je t'ai furpajje Salomon. On fait allez combien ce
prince eut peu de part à tout ce qui fe fit de bien
fous fon règne.
La mofquée de Sainte-Sophie a la fprme d une
croix grecque. Ce qu’il y eut de trè?-neuf & de
très-hardi pour le tems , c’eft la voûte immenfe
qui fe trouve au centre de la croix, & le dôme qui
depuis a été imité & de beaucoup furpaffé en Italie
& en France. Mais la façade, de ce bâtiment n a
rien de magnifique, & tous les détails y font de
mauvais goût.
Quoiqu’il y ait d’autres mofquées fort grandes ;
elles ne font guères que des copies de Sainte-Sophie
car dans cette nation abâtardie, le génie
craint de fe montrer ; & iorfqu’on a une id é e ,
on l’étend , on la perpétue, on la multiplie, fans
faire le moindre .effort pour en trouver une fécondé.
T e l eft l’effet du defpotifine fur les efprits
& fur les arts. - j&î *
Le terrible incendie qui commença la nuit du 1 1
au 22 d’août 178a , dans le quartier appelle loù-
baly, vient de détruire environ les deux tiers de
Conftantinople. Toute la ville , dans une tres-
grande largeur depuis le port ( à commencer âfiez
près de la mofquée Unis jufqu’à celle .appellée G&-
Jalmi ) , en allant vers la mer & vers la campagne
, a été confirmée jufqu’à la porte d’Andrinople.
Les mofquéës d'Ofman, de Soliman. de Chehfadé ,
le.palais de l’Aga des janiffaires, ont été brûlés. Les
nouvelles publiques ont donné des détails fur ces
affreux éyénemens. Mais ce ne font pas feulement
les incendies fréquens qui affligent cette malheu-
reufe. v ille ; les tremblemens de terre 8c la pefte.
y font d'affreux ravages. C e dernier fléau fur-tout
ne laiffe prefqu’aucun relâche aux habitans. Loin
de l’arrêter ou de le prévenir, ils femblent au contraire
le- provoquer. Des millions de générations
y font anéanties depuis plufieurs fiècles, fans que
fo u fe foit occupé des moyens de remédier efficacement
à la contagion. La caufe la plus marquée
de cette incurie eft le fyftêmé religieux du
fatalifme adopté, comme article de fo i, par tous
les Mufulmans ; il y faut joindre la mal-propreté dès
Turcs , l’inertie du gouvernement. Il eft affez ordinaire
dé voir un fils porter les habits de fon
père mort de la pefte ; il eft aufli: commun de les
voir vendre dans les places publiques.
Vatméidam , que les Grecs appellèrent Y hyppodrome
, & près du férail, n’a point été endommagé
par le dernier incendie. Cette place a plus de
quatre cents pas de longueur fur ceat de largeur.
On y voit deux obélifques, qui font d’un très - bel
antique. Près de-là fe voient les reftes d un autre
obélifque de marbre, chargé autrefois de plaques
de bronze, avec des infcriptions &^des figures:
aujourd’hui ce monument eft à moitié ruiné. On
N n n