
comme des portes cochères : mais les canons , qui
font d’une grandeur démefurée, n’ayant ni affût
ni reculée, ne fauroient tirer plus d’un coup chacun.
Qui feroient les hommes affez hardis pour cffer
îles charger en préfence des vaiffeaux de guerre,
dont les bordées renverferoient en un inftant les
murailles des châteaux qui ne font pas terraffées, &
qui enfeveliroient les canons & les canonniers fous
leurs ruines ? Quelques bombes feroient capables
de démolir ces fortereffes. Ce font des réflexions
de M. de Tournefort, 6c les gens de l’art les trouvent
très-julles.
Les Géographes croient ordinairement que les
châteaux des Dardanelles font bâtis fur les ruines
de Seftos & d’Abydos ; mais ils fe trompent mani-
feftement ; car les châteaux font vis-à-vis l’un de
l’autre, au lieu que ces deux villes étoient fituées
bien différemment: Seftos étoit fi avancé vers la
Propontide, que Strabon , qui compte avec Hérodote
huit cent foixante-quinze pas d’Abydos à
la côte voifine , en compte trois mille fept cent
cinquante du port de cette ville à celui de Seftos.
D’ailleurs on ne trouve aucuns reftes d’antiquité
autour des châteaux , & l’endroit le plus étroit
du canal eft à trois milles plus loin fur la côte de
Maita en Europe: on voit encore-des fondemens
& des mafures confidérables fur la côte d’Afie,
où Abydos étoit placée.
Xerxès , dont" le père avoit fait brûler cette
ville, de peur que les Scythes n’en profitaffent
pour entrer dans l’Afie Mineure, choifit avec rai-
lbn ce détroit pour faire paffer fon armée en Grèce
; car Strabon afiiire que le trajet fur lequel il fît
jeter un pont, n’avoit que fept ftades, c’eft-à-dire,
qu’environ un mille de largeur. (/?.)
DAREL-HAMARA, ville d'Afrique, au royaume
de Fez; elle eft fituée fur une montagne, &
trafique en huile & en bled." Il y a beaucoup de
DARGUN, bu D r àg un , bourg, château &
bailliage d-Allemagne , au cercle de baffe - Saxe ,
dans le duché de Mecklenl|purg & la feigneurie
de Roftock. (R.')
DARHA , ou D a r a s , province d’Afrique ,
fur la rivière de même nom , dans les états du
roi de Maroc. Elle abonde en miel & en excellentes
dattes. (R . )
DARIEN (ifthme de), ifthme qui joint l’A-
incrique feptentrionale avec la méridionale. Il y a
une .rivière & un golfe de même nom près de
1 ifthme. Le pays eft aride, mal-fain & rempli
d’infecles. (R .')
DARKING, ville d’Angleterre , dans la province
de Surrey, fur la petite rivière de Mole, &
au voifinage de Boxhill. Au jugement des médecins,
cette ville refpire le meilleur air de l’Angleterre.
Les anciens Romains y avoient un établif
fement confidérable, & l’on y trouve .encore des
reftes de l’un de leurs grands chemins pavés &
cimentés. Tous les environs de Darking font rians,
fertiles & bien cultivés. L’on y fait un grand commerce
de grains. Il s’y débite beaucoup d’oies.&
de chapons gras, 6c il n’eft point de foires dans
le royaume où il fe vende autant d’agneaux
qu’aux fiennes. La rivière fur laquelle elle eft fituée
difparoît près de fes murs, & reparoît à Lea-
theread. Non loin de cette ville eft la montagne
de Leth, du fommet de laquelle la vue s’étend
de tout côté à foixante lieues de diftance. L o n g .
17, 15 ; la t. 51, 18. (/?.)
DARLINGTON , grand bourg à marché d’Angleterre,
dans l’évêché de Durham, fur la rivière1
de Skerne, proche des trois cavernes fameufes,
appellées h e f i, kettles , chaudrons d'enfer, que l’on
croit s’être formées'à la fuite d’un tremblement de
terre , mais dont le commun peuple ne parle
qu’avec effroi & menfonges. Il fe tient dans cette
ville de bonnes foires & de gros marchés, où il
fe débite beaucoup de toiles de lin qui fortenf
de fes fabriques; Il y a une belle églife, jadis
collégiale, une école publique bien réglée, & un
palais épifcopal qui tombe en ruines. Long. i6,>
20; lu t. 54, 30. (Æ.)
DARMOUTH, D ermouth , ou D ertmouth,
ville affez confidérable d Angleterre dans le
Devon-Shire. Elle eft très-peuplée, & fituée près
de l’embouchure de la rivière de Dart, ou Dert,
avec un bon port défendu par deux châteaux. Elle
envoie deux députés au parlement. Le commerce
quelle fait en Efpagne, en Portugal'; en Italie,,
avec l’Amérique feptentrionale , eft très-confidé-
rable. Elle a titre de comté. Elle eft à 9 lieues
d’Excefter, & 55 f. o. de Londres. Long. 14,2 ;
la t . 50, 16. (R . )
DARMSTADT, ville d’Allemag ne, au cercle du-
haut-Rhin ; c’eft la capitale du landgraviat de Heffe-
Darmftadt ; elle eft fituée fur la rivière qui lui donne
fon nom, dans un canton fablon/ieux. On y voit
un nouveau château commencé & refté imparfait,
une place d’armes ou d’exercices couverte, une
autre place publique fort grande, un collège, une
églife paroifliale lervant de fépulnare aux princes,
8c une maifon d’orphelins fituée hors de fon enceinte.
C’eft la réfidence ordinaire des princes. Elle
eft à 6 lieues f.,de Francfort, 7 f. e. de Mayence,
8 n. e. de Worms, 12 n. o.d’Heidelberg.Long. 26 ,
15-; M 4 9 , 50. (R . )
' DARQW. V o y e^ O d ow à r a .
DARZ, prefqu’île de la mer Baltique, fur les
côtes de la Poméranie Suédoife & du Mecklen-
bourg, au nord-oueft de Srralfund. Elle contient
plufieurs grands villages & métairies, qui ont pris la
place des maifons de chaffe que les anciens ducs de
Poméranie y tenoient autrefois ; enforte qu’à l’honneur
des tems modernes, c’eft un des lieux de
l’Europe où l’agriculture s’eft élevée fur les ruines
de la vénerie. En 1625 , un coup de mer brifa
& emporta l’ifthme qui la réunit au continent.
Bientôt après les flots ayant comblé le canal qu’ils
D A S
avoient ouvert, elle reprit fon état de prefqu’île.
( R .) DASCHOW, petite ville d’A llemagne, au cercle
de bafié-Saxe, dans le Mecklenbourg, près de
la mer Baltique. (/?.) ,
DASSEL, petite ville d’Allemagne, fituee dans
une vallée profonde, fur la riviere de Spulmg,
qui, près de là, fe perd dans l’Ilme. Elle eft du
cercle de baffe-Saxe, dans l’évêché de Hildesheim,
DASSEN-EYLANDE, ou Isle des D aims ,
l’une des trois petites îles fituées au nord du cap
de bonne-Efpérance. Elle eflf abondante en daims
& en brebis ; dont on dit, peut - être fauflement,
que la queue pèfe jufqu’à dix-neuf livres.
DASSOW. Voye{ D a sCHOw.
, D AUMA, royaume & ville d Afrique, dans la
Nigritié. Long. 94, 10; la t. 8. (Æ.)
D A U N E ,D aun, D auhn , D haun, ou T haun,
bailliage , château & bourg d’Allemagne , dans
l’éleélorat de Trêves , fur la Lezer, à quatre lieues
de Mont-royal, aujourd’hui réuni à l’évêché de
Trêves, à l’exception du château, dont les comtes
de Manderfcheid font tenanciers. C’étoit- le patrimoine
des comtes de ce nom, qui, s’étant attachés
à la maifon d’Autriche, fe font établis dans les
pays héréditaires de cette maifon. (Æ.)
D àune , ou D haun , beau château d’Allemagne
, au cercle du haut-Rhin, conftruit fur une
montagne , près de la Simmers , aux environs de
fon embouchure dans la Nache , autrefois à, la
maifon de Dhaun , aujourd’hui aux Rhingraves
de Grumbach 8c de Rheingrafenftein. (i?.)
DAUPHIN ( fort & port), bon port de l’Amérique
, dans l’île de Saint-Domingue. Il appartient
aux François. (JE) .
DAUPHINÉ, province de France , bornée à
l’occident par le Rhône , au feptentrion par le
même fleuve, à l’orient par les Alpes. Elle eft arrogée
par le Rhône , la Durance, l’Ifère, le Drac 8c
la Drome. Elle eft fertile en bled, vin , olives,
châtaignes. On en tire de la manne, du paftel, de
la couperofe , de la foie, du criftal, des chanvres,
du fer , du cuivre, des fapins , 8cc. Il fe divife
en haut 6c bas. Le haut comprend le Grefivau-
dan , le Briançonnois , l’Embrunois, le Gapençois ,
le Royannez, & les Barônies. Le bas contient le
Viennois , le Valentinois, le Diois 6c le Tricaflin.
Ç’a été autrefois un pays d’Etats. Grenoble en eft
la capitale. Au nord le Dauphiné confine à la Breffe,
à l’eft au Piémont, à l’oueft au Lyonnois 6c aux
Cevennes, qui font partie du gouvernement de
Languedoc. Il a quarante-deux lieues de longueur,
fur trente-quatre de largeur. L’air y eft vif, le climat
pur 6c fain. Les montagnes 6c les vallées, dans
le haut Dauphiné, font couvertes de neige une
bonne partie de l’année. Long. 22,20, — 24,40 ;
la t . 44, 10, — 45 , 50. La température n’en
eft point la même par-tout. Le bas - Dauphiné
éprouve des chaleurs très - fortes en été, qui ne
fe font point également fentir dans le haut-Dauphiné,
où les rigueurs de l’hiver font .extrêmes,
tandis que les froids font affez. modérés dans la partie
baffe ,qui eft la partie voifine du Rhône. Toute
la fertilité de la province rêfide dans cette partie;
le haut Dauphiné, hériffé de montagnes, ne donne
que des pâturages 6e des bois, tant pour le chauffage
, que pour la conftruélion 6c la mâture. Cette
partie produit une grande quantité de plantes médicinales
, 6c il s’y trouve plufieurs efpeces d’animaux
qui ne fe rencontrent point dans les autres
provinces du royaume , comme les aigles ,
les ours, les chamois , les bouquetins , les marmottes
, des lièvres blancs, des autours , des fai-
fans. On trouve des marcaflites dans les hauteurs
d’Embrun 6c de Die, 6c on pêche d’excellentes .
truites , t.ant dans les lacs , que dans les rivières.
On réduit actuellement à quatre les prétendues
merveilles de Dauphiné , qui font : L a fo n ta in e ardente
, qu on nommeroit à plus jufte titre le terrein
brûlant. C’eft un terrein effectivement à fec, fur
une hauteur près' du village de Saint-Barthelemi,
duquel on voit s’élever, à la hauteur d’un demi-
pied , des flammes rouges 6c bleues. L a tour fa n s
v en in , autour de laquelle on prétend qu’il ne peut
vivre aucune bête venimeufe. Il s'y trouve cependant
des fèrpens , des araignées ; dès-lors 011
peut la retrancher du nombre des merveilles. L a
montagne inaccejfibU , qui confifte en un rocher
ifolé , dont la bafe repofe fur une. haute' montagne.
C’eft à tort qu’on l’a donnée très long-tems
pour une pyramide ou cône renverfé ; la bafe en
eft plus évafée 6c plus large que la fommité ; on la
nomme même le mont Aiguille. Il eft extraordinairement
difficile d’y grimper, mais enfin on y a
monté plufieurs fois ; ainfi elle n’eft point inac-
ceflible. L e s cuves de Saffena ge , formées de deux
pierres creufes qu’on voit dans une grotte au-
deffus du village de ce nom. Elles font vuides
toute l’année ; mais , au dire dess habitans, elles fe
rempliffent le 6 de janvier, jour des rois. L’une,
par fa quantité d’eau, pronoftique Fabondaifce
plus ou moins grande de la moiffon ; l’autre, celle
de. la vendange : autre fable. Quelques-uns comptent
encore parmi les merveilles de Dauphiné,
de petites pierres lenticulaires , dites pierres de
S a (J en âge , 6c pierres d'hirondelles , qui ont , di-
fent - ils, la propriété de chaffer les corps étrangers
qui fe feroient gliffés dans les yeux ; la manne
de B r ia n ç o n , exudation dumelefe, que le peuple
y regarde comme une rofée defcendue du ciel,
6c qui s’y coagule ; la grotte de N otre-D am e de
la Balaie 8c C. .....
Du tems de Jules - Céfar, le Dauphiné étoit
habité par les Allobroges , 6c autres peuples. Sous
Honorius, il fe trouvoit compris dans la Vien-
noife , dépendant en partie de la fécondé Nar-
bonnoife, 6c en partie des Alpes maritimes. De
la domination des Romains , il pafla fous celle
des Bourguignons , 6c fut renfermé dans le pre-
S f.f ij