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& par fon hôpital bâti par Guillaume III , en
faveur des matelots invalides. Cette dernière mai-
fon étoit le palais chéri de Guillaume & de la reine
Marie; mais en 1694, ils l’abandonnèrent volontairement
à cette pïeufe deflination , & c’eft la ré-
fidence du gouverneur de cet hôpital royal de marine.
Cet édifice , dont l'étendue égaloit la fomptuo-
iité , a été prefque en entier la proie des flammes
dans ces dernières années.
C ’efl à Gréenwich que naquit Henri VIII prince
aufli fougueux que voluptueux, d’une opiniâtreté
invincible dans les defirs, & d’une volonté defpo-
tique qui tint lieu de lo ix ; libéral jufqu’à la prodigalité
; courageux , intrépide , il battit les François
. & tes EcofTois, réunit le pays de Galles à l’Angleterre
, & érigea l’Irlande en nouveau royaume :
cruel & fans retour fur lui-même, il fe fouilla de
trois divorces & du fang de deux époufes : également
tyran dans fa famille, dans le gouvernement,
& dans la religion , il fe fépara du pape, parce qu’il
étoit amoureux d’Anne de Boulen, & fe fît te premier
reconnoître pour chef de -l’églife, dans fes
états. Mais fi ce fut un crime fous fon empire de
foutenir l’autorité du pape, c’en fut un d’être pro-
teftant ; il fit brûler dans la même place, ceux qui
partaient pour le pontife romain, & ceux qui fe
déclaraient pour la réforme d Allemagne.
Elifabeth fa fille , l’une des plus illuftres fouve-
raines dont les annales du monde aient parlé, naquit
dans le même lieu qu’Henri V I I I , hérita dq
les couronnes, mais non pas de fon caraftère & de
la tyrannie. Son règne ell le plus beau morceau de
î’hiuoire d’Angleterre : il a été l’école où tant d’hommes
célèbres d’état & de guerre fe font formés.
La Grande-Bretagne n’oubliera point l’époque mémorable
o u , après la difperlion de la flotte invincible
, cette reine difoità fon parlement : « Je fais ,
» Meilleurs, que je ne tiens pas le fceptre pour
» mon propre avantage, & que je me dois toute
« entière à la fociété qui a mis en moi fa confiance ;
mon plus grand bonheur ell de voir que j ’ai pour
» fujets des hommes dignes que je renonçafle pour
» eux au trône & à la vie ». (È.)
GRE1FFENBERG, trois petites villes des états
«ht roi de Prude portent ce nom ; l’une lituée en
Siléfte, dans la principauté de Jauer, fur la Qïieifs,
elle commerce beaucoup en toiles , & appartient
à des comtes de Schafgotfch : l’autre lituée dans le
duché de Poméranie, fur la Rega, faifant de même
mi grand négoce de toiles , mais appartenant immédiatement
au prince ; & la troifteme , fttuêe dans
la marche Uckerane de Brandebourg, fur la Ser-
nitz, fort connue dans le pays par la quantité &
la bonté des vafes de terre quelle fabrique, &
chef-lieu d’une feigneurie confidérable , pofledée
depuis plulieurs fiècles par les comtes de Snarr.
GREIFFENHAGEN, Voye{ G r i f f e n h a g i n .
GREIFFENSTEIN , petite ville d’A llemagne,
dans le cercle du haut Rhin, & dans les états de
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Solnis Brauenfels : vingt-deux villages y redore!f.
fent a titre de baillage. Ce nom eli encore celui de
plulieurs châteaux que l’on trouve en Autriche
fn S 'le f ie , au pays de Schwartzbourg , & dans
l Etchsfeld. (JJ.)
GREIN, petite ville d’Allemagne, dans l’Autriche
fuperieure, au quartier noir, proche du Danube
, St fous la feigneurie des comtes de Sat-
bourg ; elle renferme un couvent de Capucins,
une chapelle de Lorette, un mont Calvaire St un
hermitage; & elle donne fon nom à l’un des paf-
fages les plus périlleux du Danube ; paflage que
les courans St les tournans du fleuve rendent fi terrible
en certain tems , qu’on ne peut les franchir
qu’avec le fecours des bateliers les plus .hardis
& les plus vigoureux , 8t fous la conduite des
pdotes les plus expérimentés St le plus de fane-
froid. (je.) f e
G R Ë IT Z , petite ville d’Allemagne, au cercle
' de haut-Rhin, dans le Voigtland, fur l’E lfler, avec
un chateau. (fe.)
! GREN ADE ( le royaume de ) , province confi-
derable d’Efpagne , avec titre de .royaume ; c’efi
proprement la haute Andaloufîe , qui fait partie de
la Betique des anciens. Il efl borné nord , par la
nouvelle Caftille ; efl, par la Murcie ; fud , par la
Méditerranée ; oueft , par l’Andaloufie. Les principales
rivières qui l ’arrofent font le Xénil , le
Guadalentin, le Rio-Frio St le Guadalquivireja. I!
a environ 70 lieues de long fur 3.9 de large, St 80
de côtes.
Malgré le manque de culture, Ie terrein efl fertile
en grains , en vins , en lin , chanvre, huiles ,
enA excellens fruits , & en paflerilles j il abonde en
mûriers qui nourriflent quantité de vers à foie , &
en forêts qui produifent des palmiers , des noix de
galles, & des glands de très-bon goût ; on y a du
m ie l, de la c ire , des cannes à fucre ; & le fu-
mac, fi utile pour l’apprêt des peaux de bouc,
de chèvre & de maroquin, abonde dans les montagnes.
La capitale du royaume efl: une ville de
même nom.
Ferdinand le Catholique prît cette province fur
les Maures , en 1492. Du tems qu’ils la pofledoient,
elle étoit le pays du midi le plus riche & le plus
peuplé : il n’a fait depuis que dégénérer, & fa def-
truâion a été achevée par l’expulfion de tous les
Maures qui reftoient dans ce royaume , & que le
confeil mal éclairé de Philippe I I I , rai d’Efpagne,
s’imagina devoir chafler en 1609. (Æ.)
G r e n a d e , grande & belle ville dTfpagne , capitale
du royaume de ce nom, avec un archevêché
& une univerfité, érigée depuis que Ferdinand
V conquit cette ville fur les Maures en 1492»
Ils l’avoient fondée dans le dixième fiècle , & c’é-
toit la demiere pofleflion qui leur reftoit dans cette
partie de l’Europe. Ferdinand V , fiirnommé le Catholique
, ne fe fit point fcrupule d’attaquer fou
ancien allié Boabdilla , qui en étoit alors le maître»
Le fiège dura dix moi«, au bout defquels Boabdilla
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fut obligé de la rendre. Les contemporains ont écrit
qu’il verfa des larmes en fe retournant vers tes
murs de cette ville fi peuplée , fi riche , ornée du
vafle palais des rois Maures fes aïeux, dans lequel
fe trouvoient tes plus beaux bains du monde , &
dont plufieurs falles voûtées étoient foutenues fur
cent colonnes d’albâtre. Quoique cette ville ait
beaucoup perdu de fa fplendeur, cependant les édifices
publics y font encore magnifiques , & il s’y
fait un grand commerce de foie qui pafle pour la
meilleure de l’Europe.
Grenade efl dans une fituation très-riante & très-
avantageufe, fur la rivière de Du rou, près de l’endroit
où elle fe jète dans 1er X én il, à 40 li. f. o. de
Murcie, 25 n. e. de Malaga, 45 fie . de Séville,
90 f. de Madrid. Long. 18 , 19 ; Ut. 37, 30.
Cette ville a vingt-quatre égïifes paroifliales ,
vingt couvens d’hommes, dix-huit de^fémmes &
plufieurs hôpitaux. Outre le palais des rois Maures,
on y en voit un autre bâti par Charles-Quint. Elle
efl dans un terroir fertile, & dans un air très-falu-
bre : c ’efl ia patrie de Louis de Grenade , de Suarez
& de Marmôl. Le premier étoit Dominicain ,
& publia deux volumes in-folio fur la vie fpiri-
tuelle : il mourut en 1588 , âgé de quatre-vingt-
quatre ans. Le Jéfuite Suarez compofa vingt-trois
volumes de philofophie, de morale & de théologie
fcholaftique. Marmol écrivit en Efpagnol, une def-
cription générale d’Afrique , livre utile,- & que
M. d’Ablancourt n’a point dédaigné de traduire en
François. (/?.) Grenade, l’une des plus belles & des plus riches
villes de l’Amérique Efpagnole , au Mexique ,
dans l’audience de Guatimala , fur 1e bord du lac
de Nicaragua , qu’on appelle aufli quelquefois le
lac de Grenade, a 22 lieues e. de Léon, & à 28 de
la mer du fud. Il s’y trouve plufieurs couvens richement
dotés. Les flibufliers François la pillèrent en
1665 & en 1673. Long. 292, 25. (R .)
G r e n a d e ( le nouveau Royaume d e ) , pays de
l ’Amérique méridionale , dans la Terre - Ferme ,
d’environ-cent trente lieues de longueur, fur trente
dans fa plus grande largeur : il efl fitué en particulier
dans la Cafiille d’Or , qui appartient aux Efpa-
gnols. Les fauvages des vallées fe nourriflent de
maïs, de pois, de patates. Il y a des mines d’o r , de
çuivre , d’acier, de bons pâturages , dgs chevaux,
des mulets, des grains, des fruits, du fel & beaucoup
de poiflbn dans le? rivières. On tire fur-tout
de ce pays, de très-belles émeraudes. La capitale
en efl Santa-Fé d.e Bogota , que Ximenès a fait
bâtir. Lat. 12. (&.)
Grenade ( l a ) , île de l’Amérique feptentrio-
nale , dans la mer du nord , & l ’une des Antilles. Sa
longueur dp nord ap fud efl de quatorze lieues ; fa
plus grande largeur de fix. É llen’eft éloignée que
d’environ 30 lieues de la TerrerFerme , & de 70 de
Ja Martinique. Long. 3 1 6 ,3 0 -^ 3 1$ , 50; lat. u d.
— i.a.d. 20'.
£et*ç îlç cédée aux Anglois par lç traité de pai#
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de 1763 , a été reprife fur eux par M. 1e comte
d’Eflaing en 1780 , & leur a été rendue par une
des claufes du traité prélimin^yre de la paix de
1783. Elle donne du fucre, du rnum, du café , du
cacao, de l’indigo. (Ri)
Grenade ; il y a deux petites villes de ce nom ,
en France, dans la Gafcogne ; l’une au Marfan ,
près de l ’Adour ; l’autre fur la Garonne , dans le
pays de Riverdun. ([R.')
GRENADINS ( tes ) : on nomme ainfi une douzaine
de petites îles, qui font au voifuiage de l’île de
la Grenade. (JR.)
GRENÉ , baillage d’Allema gne ,a u cercle de
bafle-Saxe, dans la principauté de Wolferçbutel,
avec un château fur un rocher, près de la Leine ,
entre Gandersheim & Edeimbeck. (R.)
GRENETIERE , abbaye de France , dans
1e P oitou, au diocèle de Luçon ; elle efl de l ’ordre.
de Saint-Benoît, & vaut 7000 livres. (/?.)
GRENOBLE, Gratianopolis , ancienne & confia
dérable ville de France , capitale du Dauphiné ,.
avec un évêché fuflragant de V ienne, & un parle-?
ment érigé en 145 3 , par Louis X I , qui n’étoit encore
que dauphin ; mais fon pere ratifia fon éreéiiou
deux ajis après.
Cette ville efl d’ailleurs le fiège d’un gouvernement
, & celui d’un lieutenant général pour le ro i,
d’un gouverneur particulier , d’une chambre des
comptes , d’une cour des aides, d’une intendance.
Il y a généralité, éleélion , préfidial, bailliage, hôtel
des monnoies , oflicialité , bureau des finances ,
maîtrife particulière des eaux & forêts, &c. Les
prêtres de l’Oratoire y ont le fémïnaire. Elle a plufieurs
hôpitaux, entre lefquels fe diflingue l’hopir,
tal général , & un arfenal. Les liqueurs & les
gants de Grenoble font renommés. Une partie da
diocèfe de cette ville s’étend fur la Savoie.
Grènoble efl fur l’Ifère , à 11 li. f. o. de Cham*
berri, 42 n. o. de Turin , 17 f. e. de L y o n , 16 f. e.
de Vienne , 117 f. o. de Paris. Long. , fuivant
Harris, 23 d. 31' ; fuivant Caflini, 23 d. ja"
i f 1; lat. 45 d. i i '.
Cette ville reçut le nom de Gratianopolis de
l’empereur Gratien , fils de Valentinien I ; elle s’ap-
pelloit auparavant Cularo, & c’efl fous ce nom
qu’il en efl parlé dans une lettre de Plançus à Cicé-?
ron , epijl, xxiij. Long-tems après ? les Romains
l’érigèrent en cité ; dans le cinquième fiècle , elie
fut afliijettie aux bourguignons, & dans le fixième
aux François Mérovingiens \ enfuite elle a obéi à
Lothaire, à Bofon, à Charles-le-Gros , à Louis-
l’A veù g le , à Rodolphe I I , à Conrad & à Rodolphe«
le-Lâche , fes fils? qui lui donnèrent de grands pri«
vilèges.
On met au nomhre des jurifconfultes , dont
Grenoble efl la patrie, Pape ( Guy ) , qui mourut
en 1487 ; fon recueil de dècifions des plus belles
quefiions de droit, n’fft pgs encore tombé dans
l’oubli.
M. ÿe Bourchenu de Valbçnnois ( Je fin Pierre) a
? f f i ij