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rent fe mettre en fûreté parmi les marécages & les
bois, à l’endroit oii eft Ferrare aâuellement. Vers
l’an 595 , l’exarque de Ravenne Smaragdus y fit
bâtir des murailles : le pape Vitalien, en 658 , lui
donna le titre de ville, & y transféra l’évêché de
Voghenza. Ferrare fut comptée parmi les villes
de la Romagne, à caufe de fa fidélité aux empereurs
Romains ; elle fut foumife enfuite aux exarques
de Ravenne, aiix rois Lombards, & enfin
au faint-fiège, foit lorfque Charlemagne donna au
pape l’exarquat de Ravenne, foit au tems de la
comtefTe Mathilde, en 1077. Le pape Jean XII la
donna à Tedaldo, marquis d’Eft, qui bâtit le château
appellé encore Cafiel Tedaldo.
Après la mort d’Alphonfe II, que les papes
regardent comme le dernier duc de la maifon d’Eft,
Clément VIII fit valoir les prétentions du faint
fïège fur la ville de Ferrare : il fe mit en campagne
avec fon neveu Aldobrandini, & il en fit la conquête
en 1598 , malgré les prétentions d’une branche
de la même maifon, qui eft celle des ducs
de Modène, reconnue pour légitime par les empereurs
, mais non par les papes.
Cette ville fe préfente d’une manière avanta-
geufe : quand on vient de Bologne, en entrant par
la porte Saint-Benoît, on voit la rue Saint-Benoît
qui a près de mille toifes de longueur, & qui eft
alignée jufqu’à la porte Saint-Jean-; c’eft une partie
de la nouvelle ville, bâtie par Hercule , fécond
duc de Ferrare, qui avoit époufé une fille de Louis
XII, célèbre par fon goût pour les lettres, & par la
proteâion qu’il accordoit aux favans. A l’égard de la
longueur totale de la ville, on voit, par un grand
plan nouvellement gravé, qu’elle a fept cents perches
de Ferrare, ou mille quatre cent quarante-
quatre toifes depuis la porte Saint - Benoît jufqu’à
la porte Saint - Georges. La grande rue Saint-Benoît
eft traverfée à angles droits à l’endroit où eft
le palais Villa, & celui du maréchal Pallavicini,
par une autre qui eft encore d’une longueur con-
ïidérable.
La citadelle, qui eft à l’occident de la ville, eft
grande , forte & régulière ; le pape y entretient
trois cents hommes de garnifon , & un arfenal
où il y a vingt-quatre mille fufils & beaucoup d’artillerie.
Quoique les ducs de Ferrare aient toujours été
de fort petits fo'uverains, à caufe du peu d’étendue
de leur domination, cependant il y en a plufieurs
qui ont tenu un rang diftingué parmi les princes
d’Italie. Le pays étoit alors très-bien peuplé &
très-bien cultivé; le revenu du prince étoit con- |
fidérable, & fuffifoit pour foutenir une cour brillante.
Depuis que ce pays fait partie de l’état ec-
cléfiaftique, il a été négligé ; le pape n’en retire
rien ; le pays fe dépeuple : de cent mille ha-
bitans qu’il y avoit à Ferrare , on n’en compte
plus que trente-trois mille, encore faut-il comprendre
trois mille juifs. Les eaux fe font débordées,
les canaux engorgés, & le peu d habitans qu’il y
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a ne fufïïfant plus pour ces travaux , Faïr y eft
devenu mal-fain. L’évêché de Ferrare a été érigé
en archevêché , en 1735, par le pape Clément
XII. Le château des anciens ducs de Ferrare eft l’habitation
ordinaire du légat. L’archevêché vaut 16000
écus romains, ou 80,000 livres de notre monnoie ,
& la légation 50,000 livres. L’églife cathédrale,
qui a fon afped fur la grande place, eft affez peu
de chofe. On y remarque un Saint-Laurent de
Guerchin, & on y voit le tombeau de LilioGre-
gorio Giraldi.
L’empereur a un palais à Ferrare, faifant partie
des biens allodiaux qu’il poflede dans le duché. On
y compte au - delà de cent églifes, vingt - deux
couvens d’hommes & feize de filles. Ferrare a
une académie appelée degli Intrepidi, une univerfité.
Le duc de Modène a , fur le duché.de Ferrare,
des prétentions qu’il a fouvent effayé de faire valoir
, mais inutilement. On travaille à bonifie» &
a aff»inir le pays en contenant dans leur lit' les
différentes rivières qui le traverfent, & en procurant
un écoulement aux eaux ftagnantes.
A Sa n ta -M a r ia in V a d o , on voit un tableau de
Paul Veronèfe ; l’églife de Saint-Georges eft remarquable
par le concile qui y fut affemblé, en 1438,
oc qui fut enfuite transféré à Florence. Le palais
Bentivoglio eft le même qu’habitoit le célèbre cardinal
de ce nom, dont on a un recueil de lettres,
que l’on confeille encore de lire comme un modèle
dans la langue Italienne. (Æ.)
FERRETE , petite ville d’Alface, fur la rivière
d’Ill, chef-lieu d’un comté de même nom, dans
le Sundgaw - propre , fujète à la France depuis
1648. Ferrete reffortit au coqfeil de Colmar, &
eft dans un terroir très-fertile, à 4 lieues f. o. de
Bâle, 9 e. de Montbelliard. Long. 25 , 10 ; la t ,
47,40. (Æ.)
Il ne faut pas confondre la feigneurie ou comté
de Ferrete avec l’ancien comté du même nom,
dont elle n’eft que le diftriâ primitif , & qui coin-
prenoit outre cela les grands baillâges 011 feigneu-
ries d’Altkirch & deThann, de Belfort, de Dêle
& de Rougemont, & par conféquent la plus grande
partie du Sundgaw. Son nom vient du château de
Ferrete, Ftrretce, Pherretoe , P fir th , bâti fur un rocher
entre Bâle & Dêle, & dont la plus grande
partie eft en ruines aujourd’hui. Il en eft fait mention
dès l’année 1144; & ce qui en forme le do?
inaine à préfent appartient, dès l’an 1659, à la
maifon de Mazarirr. La petite ville de Ferrete a
trente-quatre villages dans fon diftrift. (JR.)
FERRIERES, petite ville de France, dans le
Gâtinois-Orléanois, avec une abbaye de l’ordre
de Cîteaux, du revenu de 5000 livres. Elle eft
fituée à quelques diftances de la rive droite du
Loing & du canal de Briare , dans un pays fort
agréable,» 2 lieues deMontargis, & 21 de Paris.
(*• ) ' P #
Firrieris , petite ville de France , en Provence
, à 7 lieues d’Arles , avec une abbaye de
Bénédi&ins, qui vaut environ 3000 liv. (JR..')
FERTÉ-ALAIS, (la ) petite ville de l’île de
France dans le Hurepoix, fur le ruiffeau de Juine,
à 10 lieues f. de Paris, & 3 d’Etampes. Long. 20 d.
2' ; lat. 48 d. 26'. Le nom de Ferté, commun à
plufieurs places de France , fignifie un lieu fort,
bâti fur quelque roche ferme.
En effet, on voit dans l’hiftoire de notre nation,
que les François avoient des places fortes , plutôt
deftinées à fe mettre à couvert de Pincurfion des
ennemis, qu’à loger des habitans. L’auteur des annales
de Metz les appelle Firmitaj.es. Nous lifons
dans rhiftoire eccléfiaftique d’Orderic. Vital, page
738. Taies tantique ho fie s a d ponte/n ferreum cajlra
metati J u n t , & firmitatem illam confefiim expugna-
•verUnt.
La Ferté - Alais, en latin F irmitas A d e la id i s ,
tire fon nom, fuivant Adrien de Valois, de la
comteffe Adélaïde, femme de Gui le Rouge, ou
de la reine Adélaïde, époufe de Louis VII, & mère
de Philippe-Augufte. (R .')
Ferté-A u ra in ( l a ) , petite ville de France,
au Blaifois, dans la Sologne, avec .titre de duché-
pairie , fituée fur la rivière de Beuvron, à fept
lieues fud d’Orléans. Il y avoit autrefois un chapitre
qui, en 1714, fut réuni à celui de Mehun.
Ffr té-Bernard ( l a ) , petite ville de-France,
dans le Maine fur l’Huifne , à fix lieues du Mans.
Elle eft fermée de très-bons murs , avec des fof-
fés, & un château. Elle a deux paroiffes , une abbaye
, deux couvens, & un hôpital. Elle appartient
au duc de Richelieu, à titre de baronie. C’eft la
patrie de Robert Garnier, poète françois, né en
1534, mort vers l’an 1595 , & dont les tragédies
ont été admirées avant le règne du bon goût. Long.
fuivant Caflini, 18 d. 10', fi1 lat. 48 d. i i' 10" .
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. F erté-Ch auderon (la), petite ville de France
en Nivernois , fituée fur la rive droite de l’Allier,
environ à quatre lieues, nord-oueft, de Moulins.
Elle a ie titre de baronie , dont le propriétaire fe
qualifie de maréchal & fénéchal de Nivernois,
prétendant au droit de conduire l’armée du duc
de Nevers en allant à l’arrière - ban & en revenant.
(Æ.)
F erté-G aucher (la ), petite ville de France,
dans la Brie Champenoise, fur la rivière de Morin
, à cinq lieues nord de Provins. C’eft le fièoe
d’un baillage, d’une châtellenie , & il y a une ma-
nufaélure de ferge. (fl.)
Ferté - Habaut , ou Imbault , (la ) petite
ville de France, dans le Blaifois, avec un château
& un très-beau parc: elle eft fituée fuf la rivière
de Sandre, environ à 4 li. eft-nord-eft, de
Romorentin. (R . )
Ferté-Loupiere , ( la) petite ville de France
dans le Gâtinois, au canton de Joigni. (.fl.)
F erté - Milon , ( la ) petite ville de l’île de
France fur l’Ourque, à 15 lieues n. o. de Paris.
! Elle a trois parodies, deux prieurés, un couvent
de Cordeliers, une maifon de Bernardins ; il s’y
trouve un baillage , une châtellenie dépendans du
baillage de Crepy, & un fort beau château appelé
vulgairement la grande maifon , & qui appartient
à l’evêque de Soiffons. Cette ville eft remarquable
par la naiffance du célèbre Racine,, qui après avoir
partagé le feeptre dramatique avec Corneille, eft.
mort à Paris le 22 Avril 1699 , âgé de 60 ans ,
& comblé de gloire dans la carrière qu’il a courue.
Heureux s’il eût été aufli philofophe que grand
poète ! Long. 20, 40 ; la t. 49 , 8. (fl.)
F erté-sur-A v b e , (la ) petite ville de France
en Champagne, fur la rivière d’Aube, à une lieue
fud de Clairvaux, & à 4 lieues de Bar-fur-Aube.
L o n g . 22, 16 ; la t. 48 , 4. (JL)
F erté-sur-Grône ( l a ) , riche & célèbre abbaye
de l’ordre de Cîteaux, dont elle eft la première
fille. Elle eft fituée en Bourgogne , à 3 li.
f. o. de Châlon-fur-Saône, & fut fondée en 1113.
Elle a environ 100,000 liv. de revenu. L’églife a
de très-bons morceaux de fculpture , & le monaf-
tère eft orné d’un efcalier des plus hardis. ( R . )
Ferté-sous-Jouare (la ), ou la F erté-Au-
COUT , F irmitas A n c u lp h i , petite ville de France ,
dans la Brie Champenoile, fur la Marne, entre
Château-Thierry & Meaux. On y fait un grand
commerce de meules à moulin, qui paffent pour
les meilleures de France. (R . )
FERTO , Neusiedlersée , L a c u s P e i f iw is ;
lac de la baffe Hongrie, aux confins des comtés
d’Edenbourg & de Wiefelbourg. De fa crue plus
ou moins grande , les habitans du pays jugent de
la quantité du vin qu’ils recueilleront dans l’année ;
voient-ils fes eaux bien hautes, ils concluent que
leur vendange fera mauvaife ; & les voient-ils bien
baffes, ils jugent qu’elle fera bonne. (R .)
FERVÂQUES , bourg de Fi ance en Normandie,
fur la rivière de Touques, entre Lizieux &
Vimoutiers. (JR.)
FESCAMP, Fificamnvm , Fifcannum , petite ville
du pays de Caux en Normandie, fituée fur une rivière
de même nom , dont l’embouchure lui forme
unypetit port peu fréquenté.
Quelques auteurs prétendent, que Fefcamp exiff
toit du tems de Céfar , & s’appelloit F i f c i camp
us , parce que l’on y apportoit les tributs des environs.
Le vulgaire, ou peut-être l’adroite politique des
moines & des prêtres, tire de F i c i campus ou champ
du f ig u ie r , l’origine,de Fefcamp, parce que c’eft
au pied d’un arbre de cette efpece qu’on prétend
avoir trouvé la relique du précieux fang. L’hiftoire
fabuleufe de cette relique ne mérite pas d’être rapportée.
Henri I I , roi d’Angleterre, donna la ville de
Fefcamp à la célèbre abbaye de même nom ; mais
depuis 1560 , elle eft fous la domination des rois