
3^4 C A M
C ÂM-PIGNOLE, petite ville de France dans la
province de B ieffe, fur la rivière d’Ain. (Jl.'j
C AM P IN E , contrée des P a y s -B a s , dont une
partie dépend des Provinces-Unies, & l’autre de
lJévêché de Liège. . ^ .
C a m p i n e - B r a b a n ç o n n e , petite contrée du
BrabantHollandois, dans la mairie de Bois-le-Duc.
On n’y trouve que la feule ville d’Eyndhove.
C AM P I , ou C AM P O L I , petite ville d’Italie, au
■ royaume de Naples , dans FAbruzze ultérieure.
Long: 31 , 30 ; Ut. 42, 38- Son évêché eft uni a
celui d’Ortone. Elle eft à une lieue n. de Téramo.
CAMP IO N , ville d’Afie dans la Tartarie, capitale
du royaume d sTaiigut, à 22 lieues de la muraille
de la Chine. Long. 1 2 1 ,3 0 ; lat. 40, 25.
C AM P O , petite ville d’Italie, de la dépendance
de la république de Gênes.
C a m p o d ’A n d e v a l o , petit pays d’Efpa-gne
dans l’Andaloufie, fur les frontières de Portugal.
C a m p o B a s s o , bourgade d’Italie, dans la Ca-
pitanate. Elle eft riche, bien peuplée, & il s’y tient
une foire fameiffe.'(JL)
C ampo Major , petite ville de Portugal, dans
la province d’Alentejo * avec un château, à 3 lieues
a. d’EÎvas , 10 f. é. de Portalegre , 40 e. de Lisbonne.
Long, i i , 17 ; U t. 38 , 50.
. C a m p o d i M o n t i e l , petit diftriâ d’Efpagne,
dans la partie méridionale de la nouvelle Câftitle.
C a m p o d i S a n P i e t r o , petite ville d’Italie.,
dans le Padouan , fur la rivière de Mufon.
C a m p o d i S a n P i e t r o . V o y e \ F e l d k i r c h .
C a m p o S a n t o lieu d’Italie dans le duché &
prés deModène, fur la rive gauche du Panaro,
remarquable par la bataille qui s’y donna le 8 février
1743, entre les Efpaghols & les Autrichiens.
s®
s CAMPOLI. V o y e ^ C a m p ï .
CAM PREDO N, ville d’Efpagne dans la Catalogne
, au pied des Pyrénées. Les François en ruinèrent
les fortifications en 1691. Elle eft à 10 li.
{. e. de Puicerda.
C AM U L , ville d’A fie , à l’extrémité du royaume
de Cialis -, fur les frontières de celui de Tanguth.
Long. 1 1 5 ,4 0 ; Ut. 3 7 , 15.
C A N À , ville de Galilée, dans la tribu de Zabu-
lo n , où Jéfus-Chrift a fait pltifieurs miracles. Ce
n’eft plus qu’un village peuplé de Mahométans.
Sainte-Hélène avoit confacré ce lieu par une églife
& par un féminaire ; l’églife a été transformée
en mofquée, & le féminaire en un logement de
iantons.
C A N A D A , pays fort vafte de l’Amérique
leptentrionale, borné à l’eft par l’Océan, à Foueft
par de grands lacs & des terres peu connues ;
au fud par les colonies anglaifes, & au nord par
des pays déferts & inconnus. Ce pays eft habité
par plufieurs nations fauvages , qui ne vivent
que de la chaffe & de la pêche. Quoique le Canada
foit aufli voifin de l’équateur que le pays
que nous habitons, le froid y eft plus piquant &
l’hiver plus long, que dans les régions tempérées
de l'Europe; les vaftes forêts dont cette terre nouvelle
eft couverte, les lacs & les fleuves dont ef’e
efi coupée, & peut-être .l’élévation du terreln , font
les caufes de cette différence de climat.,-fous les
mêmes parallèles ; an refie le fol eft fertile, & on y
a tranfporté avec fuccês plufieurs de nos végétaux,
tels que le froment & quelques.légumes ; le cèdre,
l ’acacia, maintenant l’ornement de nos jardins
,• le pélu dont découle une réfine qui fournit
le goudron. La tige de ces arbres s’élève à une
hauteur beaucoup plus confidérable qu’en Europe.
Le commerce des pelleteries étoit l ’objet principal
de l’établiffement des Français dans ce pay s ; les
forêts y font peuplées d’élans, d’ours , de lièvres,
de cafiors & de tigres. Ces derniers n'out rien de la
férocité des monftres d’Afrique ; & c’eft polir leurs
inclinations douces & pacifiques qu’on les nomme
tigres poltrons. On a obfervé que les quadrupèdes
de cette région étoient moins grands que ceux
des mêmes efpèces en Europe : peu économes dans
la jouiffance de ces biens ufnrpés, nous en avons
détruit plufieurs efpèces. Les fauvages, plus fages
que nous , ont fu du moins confervet celle du caf-
tor ; c’étoit une loi établie parmi eux de ne jamais
anéantir une cabane entière : la police prefcrivoit
d’y laiffer au moins quelques individus des deux
fexes, deftinés à créer une nouvelle république.
Ces nations féparées par des lacs, des fleuves, &
des montagnes, habitent dans des bourgades éloignées
les unes des autres. Leurs moeurs, leurs ufa-
ges , leur caraâére, tout efi intéreffant, jufqu’à
leurs vices & à leurs erreurs populaires»
Je parlerai d’abord des Hurons, parce que ce
peuple voifin de nos -colonies, a eu des relations
plus intimes avec elles. Je le peindrai tel qu’il étoit
lors de la découverte du nouveau monde, & non
tel qu’il efi aujourd'hui ; amolli par notre lu xe,
adouci par nos maximes , abruti par nos liqueurs
fortes. La fcience de la politique fembloit avoir
été révélée à ce peuple qui, quoique fans étude &
féparé du refie des nationsconnoiffoit leurs forces
& leur foibleffe, ce qu’il pouvoir en efpércr, & ce
qu’il en avoit à craindre. Supérieur par fes lumières
à tous les habitans du feptemrion, il l’étoit encore
plus par la vigueur du corps : un Huron n’avoit
d’autre intérêt à défendre que fon indépendance ,
& il facrifioit tout à cette idole chérie. Inquiet 8c
foupçonneux, il croyoit fa liberté menacée par tout
ce qui l’approchoit ; il ne connoiffoit point l'epan-
chement du coeur, parce qu’il craignoit d’être trompé
par des dehors affeâueux; s’il faifoit des pré-
fens , il n’étoit libéral que par des vues cachées; il
en recevoit fans reconnoiflance, perfiiaoé qu on
les lui oifioit fans amitié. Toujours occupe a tendre
des pièges ou à les éviter , fon unique étude étoit
d’obfèrver & de découvrir le foible de. fon ennemi,
fes quefiions étoient infidieufes, fes reponfes viv
e s , laconiques, fouvent fauffes 8c toujours vrai-
femjblaples : éloquent, mais fans fafie & fans pré;
C A N
•tention , il avoit l’art de cacher celui qu’il mettoit
dans fes difcours. Fertile en prétextes , il déguifoit
toujours le véritable motif qui le faifoit agir. Ces
taléns naturels étoient répandus avec tant d égalité
parmi ces fauvages, que le dernier d entr eux étoit
capable de la négociation la plus epineufe, & pouvoir
représenter fa nation.
L’Iroquois a la même dofe de génie, mais il en
abufe pour fe livrer à des atrocités. Le premier efi
fin, le fécond efi perfide. Le Huron entraîné par les
circonfiances , viole fans fcrupule le traité le plus
folemnellement juré, & l’ iroquois le conclut dans
le deffein de le violer , lorfque les circonfiances
l’affureront de l’impunité. Celui - ci careffe l'étranger
pour fe défendre-de fes embûches, celui-là Fem-
braffe pour l’étouffer. On a vu leurs députés maf-
fecrer les Européens au fortir même des affemblées
où la paix venoit d’être jurée: leurs alliés font leurs
premiers ennemis. En 1706, après le célèbre traité
de Montréal, ils trahirent la France, & s ’unirent
aux Anglais ; ceux-ci les aidèrent.à vaincre, & pour
prix de leurs fervices , ces barbares firent périr
toute leur armée, en corrompant les eaux. Tant
que nous ayons été poffeffeurs du Canada, ils ont
fuivi un plan de politique confiant & invariable ;
c’étoit d allumer la difcorde entre les Français &
les Anglais , de paffer. alternativement d’un parti
à l’autre, de rétablir l ’équilibre par une diverhon ,
lorfque la nation qu’ils avoient choifie pour alliée,
devenoit affez puiffante pour les affervir. Leur politique
artificieufe étoit de détruire les Européens
le s uns après les autres. En général la paflion dominante
de tous ces peuples, efi l’amour de la liberté.
En peignant les Iroquois & les Hurons, j’ai
peint toutes les nations voifines ; même caractère,
mêmes v ice s , mêmes talens : on difiingue à peine
entr’elles quelques nuances ; leurs moeurs ont la
.même analogie. On voit régner les mêmes ufages
chez toutes les nations, depuis la baie d’Hudfon,
jufqu’au fleuve MiflifSpi, & aux bords de l’Océan.
Vers le lac Huron , on rencontre les Mipiflïriens,
la nation de la Loutre, lesOutaouaicks, les Hurons
, les Ç ynago s , les Kiskakous, les Manfova,
les Kaetous, les Sauteurs, les Miffiffakes. Le nord
efi couvert de nations moins nombreufes & plus
éparfes , ce font les Chrifiinaux, les Monforis, les
Chichi-Goueks, les Otaulubis, les Onaôvientagos,
les Micacondibes, les Afïmbouets. Près du lac Ontario
, font les Iroquois, divifés en plufieurs cantons.
Le fud efi habité par les Ponteanotenais,
les Sakis, les Malhominis, les Onenebegous ou
Puans, les Outagamis ou Renards, les Maskou-
teks, les Miamis, les Kikabous, les Illinois, les
A y o ë s , divifés en différentes tribus, qui font répandues
vers l’ouefi.
Tous ces fauvages font légers à la courfe, adroits
à la chaffe, braves dans les combats, patiens dans
les travaux & même dans les fupplices. Ceux qui
n’ont point embraffé le Chrifiianifme ont moins de
confiance en Dieu que dans le diable ; on voit chez
eux peu de culte, à moins qu’on ne veuille décorer
.leurs jongleurs du titre de prêtres, & appeller reli-
gion le relpeél ftupide qu’ils ont pour les charlatans,
qui prétendent lire dans l ’avenir & même dans les
coeurs ; ils exercent la médecine : toute leur fciencô
fe borne à enfermer le malade dans une é tuve, 8c
à lui procurer la t'ranlpiration la plus abondante ;
ils accompagnent cette opération d’un vacarme affreux
, de paroles myftérieufes, de contorfions 8c
de gambades. Nous avons perdu le droit de rire
de ces extravagances, puifque les mêmes fcandales
fe font renouvelles en France , dans un Cède
éclairé par la philofophie. Si le malade échappe à
la mort, c’eft au faltymbanque qu’il fe croit redevable
de la vie ; s’il meurt, l’excufe du médecin eft
toujours prête ; il eft bien payé dans l ’un & l’autre
cas , 8c tout fe paffe à cet égard comme chez les
peuples civilifés. Ces jongleurs font auffi les dépo-
îitaires des fecrets de la religion , 8c c’eft à eux qffeft
confié le foin d’inflrnire la jeuneffe. L ’eau, difent-
ils , eft le premier des élémens; Michapoux s’y
promenoit fur une efpèce d île fîotante, formée
de morceaux de bois, groffièrement affemblés. C e
dieu créa les animaux pour lui tenir compagnie ,
tout étoh bien alforti, car lui-même n’étoit qu’un
grand lièvre : il alloit mourir de faim avec tes confrères
; on tint confeil, 8c l’on promit un empire
fuprême fur les animaux à celui qui iroit chercher
un peu de terre au fond des eaux, fauf néanmoins
les droits de la divinité du grand lièvre ; le caftor
prefifé par la faim, animé par l ’ambition, fe jeta-
dans l’e au, 8c revint à vuide ; la loutre ne fut pas
plus heureufe ; le rat mufque tenta l ’avanture à fon
tour, 8c rapporta quelques grains de fable, que
Michapoux féconda 8c groflit au point, qu’il en fit
d’abord une montagne, 8c enfin il en créa la terre
entière. A mefure que le monde prenoit des ac-
croifïemèns, le dieu s’éloignoit des animaux pour
'fe porter toujours à l’extrémité de fon ouvrage :
alors la difcorde s’alluma entr eux ; le fort écrafâ
le foible, dont il fit fa proie. Dans le premier tranf-
port de fa colère il créa l’homme : v a , lui dit - i l ,
exterminer ces animaux,-je te réferveau bout du
monde un féjour délicieux, après ta mort; il forma
enfuite la femme, qui fut chargée des foins do-
meftiques ; ainfi le monde fe peupla. Mais bientôt
l’intérêt mit la divifion parmi les hommes, ils tournèrent
contre eux-mêmes leurs armes qu’ils avoient
reçues pour détruire les bêtes féroces. Michapoux
indigné fut tenté de créer un être d’une traifième
efpèce pour exterminer le genre humain : on le
dit maintenant occupé à groffir 8c féconder la terre
vers le fud ; il revient cependant quelquefois ver-
fer fes influences fur le nord. Les aurores boréales
8c tous les météores enflammés font autant de
traces de fon paflage ; auffi-tôt que l’efpace. des airs
en eft éclairé, les fauvages fortent de leurs cabanes,
fument du tabac, dont ils lui envoient la filmée
comme une offrande précieufe.
Les cérémonies religieufes de ces peuples fatf*.