59* F E S
de France. Fefeamp étoit confidérable fous la
première & fécondé race de nos rois : les comtes"
de Croix y faifoient ordinairement^ leur ré-
fidence.
Guillaume, duc de Normandie, furnommé Longue
Epée, rebâtit le château de Fefeamp » avec la
dernière magnificence ; il ne refie de ce palais
«u’une feule tour quarrée ; les moines de l’abbaye
1 ont nommée tour de B a by lon n e , peut-être à caufe
de fa hauteur , ou qu’elle n’étoit pas achevée, ou
par quelques autres raifons qui nous font inconnues.
Les habitans ayant pris le parti de la ligue contre
Henri IV, conftruifirent un fort qu’ils appelèrent
fo r t de Ba ud ou in ; il fut démoli en 1595.
L’abbaye de Fefeamp efi une des plus riches 8f
dés plus confidérables du royaume : e’étoit premièrement
un couvent de religieufes , fondé en
<566, par Waning, feigneur de Fefeamp. Guillaume
, furnommé Longue Epée, duc de Normandie
, tranfporta les religieufes à Montivilliers,
& fubftitua à leur place un chapitre de chanoines
\ réguliers.
Richard Ier fit confacrer l’églife de l’abbaye-, en
960, par quinze évêques de Normandie & des
provinces voifines ; au jour de fa dédicace, il af-
figna à l’abbaye des revenus & des privilèges considérables.
Richard II confirma les donations de
fon père ; il fit affembler Robert, archevêque de
Rouen, & fes fuffragans, & leur fit fignêr une
charte, par laquelle il déclarôit l’abbaye de Fefeamp
exempte de la jurifdiélion' épifcopale. Richard
II préfenta cette charte à Robert, roi de
France , qui accorda des lettres-patentes : enfin le
©ape Benoît VIII ratifia ce que le roi de France
& le duc de Normandie avoient fait au fujet de
L’abbaye.
Robert ', frère & fueceffeur de Richard III,
augmenta encore les revenus de l’abbaye ; mais
n’étant pas content de la conduite des chanoines
réguliers, il leur fubftitua des moines de l’ordre
de Saint-Benoît , qu’il fit venir de Dijon, & auxquels
il donna encore de forts grands privilèges. .
La jurifdiéiion de cette abbaye s’étend à prêtent
fur trente - fix paroifîës , onze prieurés, & quatorze
chapelles : elle a un revenu de cent mille
livres au moins , & elle jouit des droits épifeopaux
Seigneuriaux fur fon difiriâ.
Les moines font obligés de donner tçus les jours
de l’année une certaine quantité de pain aux
pauvres qui fe préfentent , excepté pendant le
mois d’août. L’églife de l’abbaye efi haute &
couverte de plomb ; elle a foixante & douze toi-
fes de longueur fur vingt-fix de large ; le choeur
efi pavé de marbre de différentes couleurs, l’autel
efi de marbre blanc ; à côté de la chapelle
de la Vierge fe trouvent les tombeaux des ducs
Richard 8c Richard IL II y a dans Fefeamp
une cloche dont la circonférence efi la même
m i s celle de Georges d’Amboifç de Rouen, çlle a
F E S
trente-deux pieds de tour ; mais comme elle n’efi
pas d’une épaiffeur aufli confidérable, le fon en
plus clair.
Le marché de Fefeamp efi un des plus beaux de
la Normandie ; il a quarante-huit toifes de Ion-;
gueur, fur quarante - deux toifes trois pieds de
largeur: les murs qui l’entouretit ont vingt-cinq
pieds de hauteur ; il renferme l’auditoire & la pri-
fon : on entre dans ce marché par deux grandes
portes fermant à clef, l’unè du côté de la mer ,
de l’autre du côté de l’abbaye. La fureté que les
marchands y trouvent, les engage d’y venir de
tous les environs ; ce marché fe tient tous les fa-
médis de chaque femaine, 8e produit environ mille
écus à l’abbé.
La ville de Fefeamp efi gouvernée par un fub-
délçgué de l’intendant de Rouen, 8e par deux
echevins dont l’éleélion fe fait tous les trois ans#
Fefeamp efi compofée d’environ mille mai fon s ,
dont quatre à cinq cents font maintenant' ruinées#
Le nombre de fes habitans n’excède pas fix mille ;
ils ont-le franc falé. En place des impofitions faites
fur le fel, chaque famille donne trente-fept livres
dix fous toutes les années : ce privilège leur fut
accordé par Henri II, roi de France, aux folli-
citations du cardinal de Lorraine , pour lors abbé
de Fefeamp, fous la condition que les habitans
donneroient la moitié de l’argent , néceffaire à la
conftruétion des digues, & aux réparations du port,'
Les habitans de cette ville ont encore le privilège
de prendre tout le fel néceffaire à leur falaifon ;
mais il y a quelques années que les fermiers firent
un accord avec les habitans , par lequel il s’obli-
geoient de leur fournir le fel a raifon de 90 livres
le muid en tems de paix, & *10 livres en tems de
guerre.
La vallée dans laquelle efi fituée la ville de Fefeamp
, a deux cents toifes de largeur’, & huit cents
de longueur; elle efi quelquefois inondée dans les
greffes eaux : malgré cette fituation , l’air de Fefeamp
feroit fain , fans les rivières de Valmont &
Granfeville qui traverfent la vallée & fe joignent
à une demi-lieue de la ville.
Le port qui efi fitué à l’extrémité de cette val-;
lée efi à-peu-près quarré ; deux batardeaux retiennent
les eaux dans leur réfervoir ; chacun contient
une éclufe ; fur chaque éclufe efi conftruit .un
pont ; celui de bois efi au couchant ; l’autre qui
efi au levant, efi de pierre. Les eaux du réfervoir
fervent à nettoyer l’entrée du port qui efi prefque
toujours emfearraffée par les graviers que les vents
oueft & nord-oueft occafionnent ; ce défaut confidérable
vient du peu de foin qu’on a pris de confi-
truire de nouvelles digues. Les vaiffeaux n’ont à
craindre que les vents d’eft & fud-oueft pour entrer
dans le port. Il efi défendu par deux batteries de
canon, & une tour confidérable de figure ronde ;
la première , qui efi au couchant , contient
fept pièces d’artillerie, la fécondé qui efi prefque
au niveau de la mer, efi armée de neuf canons#
F E S
ta tour qui fe trouve entre ces deux batteries,
défend très - bien l’entrée du port, & füpplee a
l’éloignement de-l’une des batteries. La grande
rade efi à la diftance de trois quarts de lieue ; les
vaiffeaux y. font à l’abri de prefque tous les
vents; le fond efi de glaife, ou terre de potier
mêlée avec du fable; les ancres ny chaffent
point: il y a dans cette rade vingt brades1 deau
lorfque la mer efi haute, & feize lorfquelle efi
baffe. La petite rade a dix braffes d eau au flux ,
& jamais moins de fept a huit au reflux ; elle efi
expofée aux vents fud , fud-oueft, & efi.
Il y a deux foires à Fefeamp ; l’une efi appelée
fo ir e annuelle , parce quelle fe tient tous les ans Je
premier famedi de janvier ; l’autre efi appelée la
fo ir e de la T r in i t é , parce quelle fe tient le famedi
qui précède le dimanche de ce nom. Tout auprès
de Fefeamp , & au pied d’un coteau du côté du
levant, l’on trouve une fontaine dont les eaux font
excellentes. A une lieue fud-eft de cette ville, efi
un puits d’eau minérale affez renommé.
Les habitans de Fefeamp envoient quelques vaiffeaux
à la pêche des morues à Terre-Neuve, de
groffes barques à la pêche du hareng, & de petites
barques à la pêche journalière qu’on fait fur la
côte. .
Le principal commerce de Fefoamp confifte en
draperie, ferge, toiles, dentelles, tanneries, &
en chapeaux.
Entre les hommes de nom qui font fortis de cette
yille, l’on peut compter S. Maurille, archevêque
de Rouen. Fefeamp efi à douze lieues fud-oueft
de Dieppe , quatorze de Rouen , huit du Havre-
de-Grace, fix nord-efi de Montivilliers , & fud-
ouefi de Saint-Valeri en Gaux , & quarante-cinq
nor.d-du.efi de Paris. Long. 18 d., iy, 4 " } la t. 49 d.
46', o". , R g
Cette ville qui efi tres-ancienne, a titre de
baronie , fénéchauffée » amirauté, bureau de cinq
groffes fermes , grenier à fel, traites foraines, bureau
du tabac, &c. Il y a dix paroiffçs, dont
quelques-unes hors des murs , un college , un fe-
minaire, un hôpital, deux couvens, indépendamment
de l’abbaye, une commanderie de 1 ordre de
Saint-Jean , & deux prieurés. (R . )
FESSEN , 011 F isen , contrée de Numidie qui
confine avec les déferts de la Libiç, 8c dans laquelle
font les ruines d’Eléocat, à 60 journées du
Caire. Cette contrée comprend plufieurs villages 8ç
villes , dont la capitale efi à 44 cl- de long. à 2.6
la t it . F o y ç^ Marmol, 8c de la Croix, f u t l 'A f r i q
ue. (R . ) '
FE'TIPOUR, ville des états du Mogol, dans U
province d’Agra ; les enmeveurs y ont un palais.
f a ) ■ ■ ■ \
FÉTU , petit royaume de l’Afrique, fur la cote
d’or de Guinée, d’environ quatre lieues de long ,
fur quatre de large ; il abonde en fruits , bétail,
huile , & palmiers qui fourniffent du yin. I*es
Hollandois v ont un fort, (R .)
F E Z 593
I PEU ( terre de ) , nom fous lequel on défigne
plufieurs îles agglomérées de l’Amérique méridio-
• riale , fituées au fud de la terre Magelianique, 8c
qui s’étendent l’efpace de 130 lieues le long du détroit
de Magellan. Il y a quantité de vallées & de
prairies abreuvées par des riiiffeaux. Elles font habitées
par des fauvages, dont quelques-uns, à ce
qu’on dit, font antropophages. (R )
FFÜCHTY/ AN G, ville d’Allemagne, dans le
cercle de Franconie, & dans les états du prince
d’Anfpach, fur la rivière de Sulz, près des frontières
de Suabe. Cette ville, chef-lieu d’un grand
baillage, étoit autrefois impériale ; 1 empereur
Charles IV l’engagea dans le xive fiècle aux burg-
graves de Nuremberg, pour la fomme de 50,000
florins, & l’empereur Robert la leur abandonna
en pleine propriété, après avoir fait ajouter 20,000
florins à la première fomme. Elle a une école latine.
Les troupes de Bavière la maltraitèrent beaucoup
en 1645. f a )
FEUILLETIN. V o y e ç Felletin.
FFUQUIERES, gros bourg de France, dans
le Beauvoifis. (Æ.)
FEURS , ou F eur , forum Segufianorum, ancienne
ville de France, capitale du haut Forez, à
10 li. fud-eft de Roane, 10 fud-oueft de Lyon,’
95 fud-eft de Paris. Long, z i , 53 , 33 ; 'at. 45 ,
44 , 43. Jofeph Guichard du Verney: célèbre ana-
tomifte, naquit à Feurs. Elle efi lur la route de
Saint-Etienne à Roane , à 300 pas de la rive droite
de la Loire. C’eft d’elle que le Forez tireTon nom.
Elle a une châtellenie , un grenier à fel, une recette
des aides , un couvent & un hôpital, A une
lieue de cette ville, au pied d’un rocher, efi une
fource d’eaux minérales fulphureufes. f a )
FEVERSHAM , petite ville à marché d’Angleterre,
avec titre de comté, dans la province de
Kent, entrç-Cantorberi & Rochefter , fur un petit
golfe. Elle efi remarquable dans rhifioire eccle-
fiaftique d’Angleterre par un monaftère de l’abbaye
de l’ordre de Clugny, que le roi Etienne y
fonda , & où la reine fa femme , lp prince Eufta-
che fon fils, & lui, furent inhumés. Le roi Jacques
II y fut fait prifonnier au moment qu’il vou-
loit fe faiiver en France. Les pêcheurs de cette ville
portent beaucoup d’huîtres en Hollande. Fevers-
ham efi à 5 lieues e. de Roçhefter, & à 12 lieues
& demie f. e. de Londres. Long. 18,255 lu t. 51 »
19. (J?.)
Fi Z , royaume confidérable de l’Afrique, fur
la côte de Barbarie, enfermé entre le royaume
d’Alger au levant, de Maroc au midi, & la mer
par-tout ailleurs. Il fait partie de l’ancienne Mauritanie
Tangitane. Le pays efi plein de montagnes,
principalement vers le couchant & le midi, où efi:
le mont Atlas. Il efi ârrofé de plufieurs rivières. On
le divife en fept provinces. Il efi bien peuplé, fertile,
& abonclair en grains , beftiaux , légumes , fruits
& cire, & s’il étoit habité par des hommes qui ne
fuffçiit point courbés fous la verge du defpotif^