
BaufFremonf, alliée à la plupart des maifons fou-
veraines de l’Europe. Sur la porte .eft cette légende,
Virtutem comitatur honos, in honore fenefce ÿ qui
fait allufion au nom de cette branche des Bauffremont.
M. Pérard , riche citoyen'de cette Ÿ ille , pofsède
quelques bons tableaux, dont il ne rçfufe point
l’accès aux amateurs. Ce font un Saint - Charles ,
d’Annibal Carrache , réputé dans le pays valoir
40000 liv. , fur l’eftimation d’un connoiffeur qui
n’avoit point envie de l’acheter, & que je crois
valoir bien quatre ou cinq cents louis ; & les fept
facremens d’A lbert Durer en plufieurs tableaux ,
qui font des morceaux très - précieux, d’un fini
admirable , & d’ailleurs frais & très - bien con-
fervés. Ce font des tableaux de chapelle, qui
ne conviendroient point à un cabinet ou à une
galerie.
Gontran , roi d’Orléans & de Bourgogne,
qui commença à régner en 562, établit le fiège
de fa domination à Châlon - fur-Saone. Alors on
y battoit monnoie , & on y en avoit frappé
avant cette époque. On a de Théodebert , mort
en 548 , une monoie d’argent , avec le monogramme
Chrifius, & la légende Teudtbetti. Sur le
revers , qui a l ’empreinte d’une croix,, on lit :
Cabillonum. Gontran y faifoit battre des fols d’or
8c des tiers de fols, ayant d’un côté fon effigie,
avec un diadème de perles , & cette légende Ca-
billono fit.
La ville que flous décrivons a de très-agréables
promenades, de la plupart defquelles la vue s’étend
fur les vaftes campagnes de la Brefie, & fe termine
aux montagnes de la Franche-Comté & de
la Savoie. On y a même en perfpeâive, lorfque
l ’air eft pur, la fommité du Mont-B lanc , qui eft
à la jonâion du grand & du petit Saint-Bernard,
fur les frontières du Piémont, & quelques cimes
de la chaîne des Alpes , qui eu aux confins
du Vallais & du canton de Berne, L’éclat des
neiges dont elles font chargées , & qui bravent
la viciffitude des faifons , les fait appercevoir très-
diftinélement.
Son fauxbourg de Saint - Laurent députe aux
états de la province alternativement avec les villes
de Cuifeaux , de Louans , Cuifery & Verdun.
Ce même fauxbourg eff compris au nombre
des villes qui ont un receveur des impofitions pour
Jes états.
Châlon reçut l’évangile par Saint - Marcel &
Saint-Valérien, qui fournirent le martyre l ’an 179 ,
le premier au village de Saint-Marcel, nommé alors
Hubilïacus, l ’autre à Tournus. Jean Baillet, fei-
gneur de Vaugnerant, premier préfident au parlement
de Bourgogne, a fa fépulture à l’hôpital de
cette ville fa patrie: ce fut un des principaux bienfaiteurs
de cet établiffement de piété. A l’églife
des Minimes , on remarque le tombeau d’Antoine
du B lé , baron d’Uxelles , lieutenant-général pour
le roi , & commandant en Bourgogne , qui fe
trouva à la bataille d'Arques, aux fièges de Paris &
de Rouen , & contribua à la réduâion de la Bourgogne
à la conquête de la Savoie : il jouit
de la confiance des rois Henri III & Henri IV,
Cette même églife a le coeur de Claude Bernard ,
dit le Pauvre Prêtre, fils d’un confeiller au parlement
de Dijon , mathématicien , poète & peintre ;
mais qui s’eft rendu plus recommandable par fa
piété & fon amour pour les pauvres, que par fes
talens. Plufieurs auteurs ont écrit fa vie. Il mourut
à Paris en 1641 ; fon coeur fut porté à Châlou-fur-
Saône fa patrie, &, dépofé dans la chapelle de fa
famille.
5 La ville , du côté du nord, jouit de l’afpeél
d une magnifique prairie, fouvent dévaftée par
les inondations de la Saône ,- qu’on préviendroit
par une chauffée de deux pieds de haut, peu
coûteufe , eu égard fur-tout au fléau dont on fe
garantirent.
Le monaflere de Saint - Marcel, de l’ordre de
Saint-Benoît, fitué à un quart de lieue de Châlon ,
communique à la ville par une belle chauffée plantée
de grands .ormes. Ce fut autrefois une abbaye ;
c eft aujourd’hui un prieuré de la congrégation de
Cluniv Le fameux Abailard y finit fes jours en
1142 à foixante - trois ans , & l’on, y voit fon
tombeau; mais Héloïfe demanda fes cendres:
elle les obtint , & les fit inhumer au Paraclet,
ei\ Champagne , près de Nogent - fur - Seine.
L’églife eft du plus mauvais gothique. Le monaf^
. fête eft mieux : on y voit un efcalier de la plus
grande légèreté, & d’une hardieffe extraordinaire.
Dans l ’églife, on conferve les reliques de Saint-
Marcel dans une châffe placée à l’apfide. Les deux
figures d’ànges de grande proportion qui fervent
de fupport, font un excellent morceau de fculp-:
ture dû à M. Boichot, dont les talens honorent
la ville de Châlon fa patrie. Gontran , roi de
Bourgogne , fonda l’abbaye de Saint - Marcel,
& il y fut-inhumé l’an 593. Son maufolée , qui
étoit magnifique , fut détruit par l.es Calviniftes,
& fes cendres furent jetées au vent. On prétend
feulement qu’on parvint à dérober fon chef à leur
fureur.
Châlon étoit une ville de la république des
Eduens. Elle avoit fous les Romains un marché
célèbre, Céfar y établit fes magafins, ,& .y envoya
en quartier les cohortes les plus fatiguées. Les
Romains y entretenaient ime ftotte fur la Saône,
félon la notice de l’empire.
Au quatrième fiècle, elle fut détachée du territoire
des Eduens , pour compofer un diocèfe
particulier. La grande voie romaine, percée par
Agrippa, de Lyon à Boulogne, paffoit par Châ-
lon.L
es rois de Bourgogne y ont fouvent fait leur
féjour. Gontran y avoit fon palais ; il y affembia
plufieurs .conciles, & il y mourut.
Les Vandales & Attila, au fixième fiècle, la
renversèrent de fond en comble. Chramme, fils
rebelle
rebelle de Clotaire, y porta le fer & le feu dans
J e feptième fiècle. Dans le huitième, les Sarrafms
la traitèrent cruellement; dans le neuvième, Lo-
thaire, en haine du comte Warin, qui avoit délivré
Louis le Débonnaire de la perfecution de fes
enfans, l’affiéga, & y fit mettre le £eu apres 1 avo,r
pillée ; l’incendie n’épargna que leglife S. Georges.
Dans le dixième fiècle J e s Hongrois la ruinèrent
: elle n’eut pas moins a fouffnr de la fureur
des Calyiniftes, au feizième fiecle.
Mais la fécondité de fon terroir , la lituatipn
commode pour le commerce, le zèle de fes habi-
tans, les bienfaits des princes , là firent toujours
renaître de fes cendres. C ’étoit fous Charles le
Chauve, une des huit villes , oiiJ’on battoit mon-
«oie dans le palais du r o i , occupé aujourd’hui par
M. Pérard.
. Châlon a eu fes comtes particuliers jufqu’en 1237,
qu’ils cédèrent ce comté à Hugues I I I , duc de
Bourgogne , en échange d’autres terres. Henri I I ,
roi de France , ceignit de murs & réunit à la
ville le fauxbourg de Saint-Jean de Maifelle, & fit
conftruire la citadelle.
Cette ville eft la patrie de Saint Cefaire, évêque .
d’A rle s , de J. Preftet, oratorien , difciple de Mal-
lehranche, dont on a des élémens de mathématiques.
La meilleure édition en eft celle de 1689 ,
3, vol. in-40. Il mourut en 1690. C ’eft auffi la patrie
du P, Jacob , Carme , bibliothécaire du cardinal
de Retz, & enîuite d’Achille de Harlay, premier
préfident , chez lequel il mourut en-1670.
Le Châloçois , dont Châlon eft le chef-lieu, e ft.
un pays de feize lieues de long, fur treize de large ,
8c qui eut autrefois fes comtes particuliers. Il comprend
le Châlonois propre & laBreffe-Châlonoife,
féparés l’un de l’autre par la Saône. Le Châlonois
propre, qu’on nomme auffi la Montagne, eft fitué
en Bourgogne, à l’oueft de la Saône : il renferme
cent cinquante-fix paroiffes ou communautés. On
y recueille d’excellens v in s , 8c des grains de toute
efpèce, Il s’y trouve d'ailleurs de bons pâturages
8c des bois de haute-futaie. La BreJJe - Châlonoije a
quelques montagnes du côté du Cuifeaux ; ailleurs
«lie offre de vaftes plaines , abondantes en grains
de toute efoèce, en bois de futaie & taillis , 8c en
pâturages. Elle eft d'ailleurs entrecoupée d’un grand
nombre de rivières, de ruiffeaux , 8c de petits
étangs très-poiffonneux. Le Châlonois propre 8c la
Brefle-Châlonoife forment l’un 8c l’autre un bailliage
principal. (R.)
. ÇHALONNE, petite ville de France, en Anjou.,
fur le bord méridional de la Loire, près de
l ’endroit où le Layon fe jète dans cette rivière,
vis-à-v is d’une petite île d’environ une lieue &
demie de longueur, appeliée auffi Chalanne. Il y
a auprès des mines de charbon de terre. Son territoire
produit de bon vin blanc.
CHALONOIS ( l e ) . Voye^ C hâlon .
CHALOSSE ( la ) , pays de France, en Gascogne.
Le fol en eft fablonneux ; il eft cependant
Géographie* Tome I, Partie IL
affez fertile en v in s , en grains, fruits & pâtur^
ges. Saint-Séver en eft la capitale (R )
CHA LU S , petite ville de France, avec titre de
comté, dans le Limôfin. Elle eft: remarquable par
la foire aux chevaux qui s’y tient le jour de Saint-.
Georges. Elle eft à 6 li. f. o. de Limoges. Lpngm
1 9 , 2 ; lat. 45 , 16.
CH A L Y B S , rivière d’E fpagne, dont les eaux
avoient la réputation de donner une trempe fi excellente
à l’acier, que les Latins défignoient l’aciep
du nom de cette rivière, qui s’appelle aujourd’hui
Cabe.
CHAM , contrée maritime d’A fie , 8c l’une des
fix provinces de la Cochinçhine. Corneille dit
qu’elle n’eft pas la plus grande , mais qu’elle eft
fort riche & très-agréable. C ’eft où fe fait la plus
grande partie du trafic des Portugais, des Chinois
8c des Japonois. Elle renferme plufieurs villes ,
entt’autres celles de Hahm,ou de Cachant.
C ham , port de mer de la Cochinchine, dans
la province de Cham.
Cham , ville du cercle de la baffe - Bavière ,
dans le bailliage de Cham. Cetre ville eft fur le
R egen, recevant la petite rivière de Champ. Les
Récollets y ont un couvent. Elle fut prife par les
Impériaux en 1703 , & faccagée par les Pandours
en 1742. La maifon d’Autriche s’en eft emparée
en 1778', après la mort du dernier éleéleur de
Bavière. Long. 30, 3Q-,lat. 4 9 , 14.
CHAMAKI. Voye[ Schamachia.
CHAM AS ( S a in t) , hou-rg de Provence, fur
l’étang de B erre, à 3 lieues f. de Salon, renommé
pour la bonté de (es olives.
CHAMBERTIN. Voyez-Gevrey.
CHAMBERY , ville confidérable , capitale du
duché de Savoie , fur les ruiffeaux de Laiffe 8l
d’Albans. Long. 23 , 30 ; lat. 4 5 ,3 5.
Elle eft le fiège d’un fénat & d’une chambre des
comptes. Son château qui eft l’ancienne habitation
des comtes & des ducs de Savoie , & où logeaient
auffi Les rois de Sardaigne, quand ils venoient à
Chambéry, eft afl'ez fort. Il a été prefque brûlé entièrement
en 1745. Là collégiale , qu’on nomme la
Sainte-Chapelle, a été fondée parle duc Amédée
IX 8c fa femme Yolande de France, vers l’an 1467.
Elle eft ornée de marbres 8c de colonnes d’un bon
goût. Le chef du chapitre a le titre de doyen de
Savoie. Chambéry eft pour le fpirituel. de la dépendance
de l’évêque de Grenoble, qui y a un
official. Le collège poffédé ci-devant par les Jé-
fuites eft magnifique. En 1742, les François & les
Efpagnols s’emparèrent de Chambéry, & d’une
grande partie de la Savoie, qu’ils ont rendue en
1748. Cette ville eft ornée d’une quantité prodi-
gieufe de fontaines. On remarque le couvent des
Jacobins où s’affemble le fenat, la place de l’an
ou du marché, la place du château, 8c la belle
promenade de Vernay, où il y a fix rangées d’arbres
qui font un très-bel effet. Le roi de Sardaigne
y tient ordinairement trois cents hommes de gar-
F f f