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■ & les' defcë'n&atïs des^plus illuftres maifons. ne 'dérogent
point par le commerce maritime &-leeom-
-nieree fait en ■ gros.
'La fituation de l’Angleterre, pour cet objet , eft
- très-avantageufe.' Un nombre eonfîdérable de ports,
dont l’entrée eft facile, & qui font propres à la
conftruélion des vaiffeaux; de bons matelots, &.
plufieurs marchandifes de fon crû, recherchées des
étrangers, -en feront toujours une nation naviga-
•trice'& commerçante. L’importation du dedans
d’un port à l’autre, occupe plufieurs milliers de
matelots ; on tranfporte1 fans ceffe du charbon de
terre, du beurre, du fromage , de la terre à fou-
Jon , du f e l , & c . ; & le befoin continuel qu’a une
province d’échanger les productions avec celles
d’une autre provincey formera toujours en Angleterre
une marine immenfe, & un peuple de matelots.
Pour faciliter, dans le pays même, le débit des
marchandifes de laine, il a été rendu une loi qui
ordonne d’enterrer tous les-cadavres dans un lin-
-ceui de laine, fous peine de 50 livres fterlings d’amende.
Prefque tout le commerce d’Angleterre fe fait ■
g a rd e s compagnies fbutenues par le gouverne-;
ment: les principales font,
l°. La compagnie des marchands aventuriers,
«établie par Edouard I , qui tranfporte tous les ans
■ chez l’étranger, pour plus de deux millions fter-
’lings de draps manufaourés -en Angleterre.
-20. :L a compagnie des Indes orientales, em-
%raffe tout le commerce 7de la nation , depuis la
-Perfe jufqu’à la Chine. Les Anglais ont pour ce
commerce des établiffemens & des comptoirs dans
-prefque toutes les parties de l’Inde.
30. La compagnie du Levant ou de Turquie.fait
'tout le commerce de la nation dans les états du
‘grand-feigneur, & fu r toute la côte feptentrionale
d ’Afrique.
4°. La compagnie.royale d’Afrique-a le privilège
de tout le commerce que la nation peut faire depuis'Salé
en Barbarie, jufqu’au cap de Bonne-Efpé-
raiace.
50. La compagnie de RuHie ou de Mofcovie,
que l’on appelle aufli la compagnie d'Eajiland, em-
braffe tout le commerce que la nation peut faire
dans les pays feptentrionaux de l’Europe.
6°. La compagnie de la Baie d’Hudfon, fait dans
l’Amérique feptentrionale un commerce confidé-
rable en pelleterie, quelle tranfporte en Angleterre.
C ’en cette même compagnie qui a déjà fait
chercher plufieurs fois un paffage à la mer du fud ,
par le nord-oueft de l’Europe, En 1746 le parlement
d’Angleterre promit une récompenfe de ;
2,000 liv. fterL à celui qui trouveroit ce paffage ; j
on fit alors des tentatives , qui ont été inutiles. Il
paroît même , par les derniers voyages de l’immortel
C o o k , que ce prétendu paffage eff une chimère
, ou du moins eff impraticable.
Le commerce des Anglais étoit immenfe dans
’les îles & le continent de l'Amérique; mais il eff
à croire qu’il doit s’éteindre de jour en jou r, parce
que l’indépendance de l’Amérique une fois établie
, les Anglais ne peuvent plus foutenir la concurrence
de ce-commerce-avec les autres nations,
v u que les marchandifeside leur crû, & la main-
d’oeuvre chez e u x , eff beaucoup plus chère que
par-tout ailleurs.
Les autres marchandifes dont les Anglais font
commerce , font les draps, les-droguets, l'es fermes
, les frifes, les couvertures, les bas de foie &
de laine, les moires , les damas, les fatins, les
rubans, les toiles de coton 8t indiennes,les cuirs,
le plomb, l’étain, le cuivre, l’alun, la couperofe ,
le beurre, le fuif,‘ le fromage, la morue, les ha-
rangs , les faumons , l’huile de poiffon , le charbon
de terre , les barbes de haleines., les chapeaux, les
dentelles, les ouvrages d’acier, les montres, le
tabac , & c. Les Anglais reçoivent auffi de l’étranger
plufieurs denrées dont ils ont befoin. Ils tirent de
France des vins , des huilesyjdes eaux-de-vie, du
f e l , du vinaigre , des câpres, des figues, des amandes
, des prunes, &c. des velours, des taffetas, du
papier, des plumes, du liège & des glaces, &c. &c.
mais l’article du vin eff le plus eonfîdérable , &
monte , année commune, à plus d’un million ffer-
lings. Ce qu’ils tirent des autres royaumes, & du
Portugal fur-tout, eff immenfe.
Mais entrons dans quelques détails fur cet objet.'
En Turquie , ils portent des demi-draps apel-
lés londrïns, des étoffes de laine, du plomb, de
l’étain, des ouvrages d’acier, des montres , des
armes à feu , du tabac, du fucre , du rum ; ils
rapportent en échange des foies crues, des drogues
d’apothicairerie , du coton, des tapis*, des
amandes, des raifins fecs, des figues, des dattes,
du cafté, du poil-de-chevre 8c des cuirs, &c. A u jourd’hui
lés Français ont intercepté la-majeure partie
de ce commerce, parce qu’ils peuvent donner
une partie des mêmes chofes, travaillées avec plus
de goût & à beaucoup meilleur marché.
A la côte feptentrionale d’Afrique, ils portent
des fufîls, des canons, des fabres, des couteaux,
des cifeaux, des ouvrages d’acier, des chaînes pour
les efclaves, du rum , de la poudre, du plomb , du
tabac, des étoffes de laine, &c. ils en Rapportent
de la laine, des grains , de la cire, de l’huile,
des peaux non-apprêtées, des peaux de tigres &
de lions, des'drogues d’apothicairerie, des dattes ,
des figues , des ananas, &c. &c. Et ce commerce
eff dans une balance à-peu-près égale.
En Italie, ils portent des draps, toutes- fortes
d’étoffes de laine, du cuir, du fucre, des poiffons
falés, -&c.; ils en rapportent de ta foie crue, du
velours, dû v in , du tartre, de l’huile, du favpn,
des olives , des terres pour la teinture, de l’alun,
des anchois ; outre c e la , ils donnent de l’argent
comptant aux Italiens.
En Efpagne, ils portent des productions naturelles
& de leurs manufactures, du poiffon falé &
féc'né, & ils en rapportent de l’o r , de 1 argent,
de la laine, des peaux, de l’huile , du v m , t es
oranges , du quinquina, & . d’autres drogues , des
couleurs, &c. Ce commerce diminue de jour en
^°En Portugal, les mêmes marchandifes qu’en
Efpagne; outre cela, des toiles : ils en rapportent
des huiles, des v ins , du f e l , des fruits , de lo r ,
de l’argent, des lingots , des diamans bruts, des
laines, des peaux non-apprêtées , &c. &c.
Ce commerce, qui rapportoit plus.de 2,000,000,
fterlings de profit par an à la nation, s eteint de
jour en jour; & les Portugais fe laffent enfin de
ne plus être que les faâeurs des Anglais.
J’ai parlé de leur commerce avec la France : .paf-
fon s à l’a Ruflie.
Les Anglais vendent auxRuffes de.preique toutes
leurs marchandifes ; ils en rapportent du chanvre,
du lin, de la graine de lin, de la toile, du fil, de la toile
à voiles , de gros cordages, du cuivre, du talc, du
fe r , des fourrures, de la cire , des drogues, 8c
des bois pour la conftruftion navale, & c . &c.
Je ne dirai rien du commerce de l’Angleterre
avec fes Colonies ; il étoit d’une richeffe immenfe
avant la guerre actuelle. Il feroit ridicule d établir
ce qu’il peut ê tre ; les événèmens font trop incertains,
& je n’ai jamais eu l’art heureux déliré
dans l’avenir. . \ .
Le commerce d’Afrique, fur-tout pour la partie
des nègres, étoit très - eonfîdérable il y a quelques
années ; mais tombe prefqu entièrement depuis
la guerre aCtuelle , il a pafle en d autres
mains.
La compagnie des Indes orientales , dans les
provinces du Bengale , de Bahar, d Orixa, 8c de
fà côte de Coromandel, monte jufqu a 2,000,000
fterlings-, & même au - delà, par an ; 8c l’intérêt
de fes fonds donne 40 pour cent. Cependant à^
raffembler les produits des différentes branches du
commerce de l’Angleterre, on v o it , déduâion
faite dé l’échange 8c des frais , qu’elle gagne au-
delà de 2,000,000 fterlings par an : mais elle a
gagné beaucoup plus ; & de jour en jour les autres
puiffances de l’Europe, en calculant leurs véritables
intérêts, ont fend la nécefïité de ne point
laiffer le commerce univerfel entre les ^ mains
d’une feule nation. Chaque état a cherché à- fe
former une marine , & a enlevé fucceflivement
quelques branches de commerce aux Anglais.
La banque Anglaife a été jufqu’ici le dépôt le
plus fâcré que l’on eût jamais vu chez aucun peuple
; lorfque le fyftême de Law ruinoit tant de
fortunes en France, 8c culbutôit le crédit public
6c l’état, la compagnie du Sud, en Angleterre, fit
une banqueroute à-peü-près femblable : non-feuler
ment le parlement pourfuivit ces* brigands politiques,
qui s’étoient enrichis aux dépens de la bonne-
foi nationale, mais on détourna des branches du
revenu public pour acquitter les créanciers. Cependant
cette même banque fi facrée , fi religieufe,
n’exîft2 ■ que-' par artifice ,. & pour ainfi dire , que
par miracle. La Hollande, laSuiffe, les différens
états d : l’Italie , tranchons le m o t, citons la France
& tome l’Europe ; tous ces pays , tous ces états,
tous ces royaumes en font les ronds ! Phénomène
étonnant produit par la confiance qu’infpire une
nation qui a toujours fait honneur à fes- engage-
mens, & qui eût plutôt entrepris une guerre in»
jufte , & dépouille des voifins plus foibles, que
de manquer à la foi du commerce. C ’eft en partant
de. ce même principe, qu’aujourd’hui même
elle attaquera en brigand un honnête négociant
Hollandais, ou Français , 8c ruinera les pères»
pour avoir de quoi payer la rente due aux en-
fans !
En 1764 , la compagnie du Sud & celle des Indes
Orientales, étoient chargées de 120,674,553 1.
fterlings, dont les intérêts montoient tous les ans
à 4,825,73’8 1iv. fterlings. _
Malgré le crédit dont jouit cette banque., je,
doute fi elle auroit fouvent, je ne dis pas de quoi
rembourfer le ’ capital, mais même de quoi payer
“les intérêts. Il réfulte donc de cette obfervation,
que ces Anglais fi fiers, ne font que les banquiers
8c les agens qui font valoir l’argent des. nations;.
& que 11 les particuliers étrangers, retiroient in-
fenfiblement leurs.fonds, l’Angleterre tomberait,
dès l’inffant même dans la plus étroite indigence.
Car enfin le capital réel de. cette banque n’exiffe
pas il n’eft que dans les profits éventuels 8c incertains
du commerce , 8c non fur lés fonds de;
terre , ni dans ce genre de bien, qui tient au;
fo l, & qu’on retrouve toujours. D ’ailleurs le papier
repréfente, dans cette banque, des fonds,
réels au défaut de l ’or & de l’argent. Or ce par
p.ier n’exifte que par le crédit public., . & les produits
avantageux du commerce. On doit donc,
conclure que fi la guerre aéluelle vient à dépouiller
les. Anglais, 8c de la propriété de.leurs colonies, .
8c des Branches lucratives de leur commerce, allons;
plus 1, in:, fi la guerre aéluelle en retranche feulement
une légère partie , l’état ne. pourra plus faire,
honneur aux engagemens qu’il a/ pris avec les,
étrangers , ni à ceux qu’il a pris avec, fes propres
fujets.
D ’après les derniers calculs de là dette nationale,
elle monte à environ 200,000,000 fterlings.;,
; les intérêts de cette fournie courent tous les ans ;
il faut y. ajouter les dépenfes indif peu fables, pour.
; rentretieii de la marine , des. troupes , de.la; mai-
| fon roy ale, &c. &c. O r , comment: acquitter des
fournies fi étonnantes , fi le commerce de l’An-
' gleterre fe mine iafenfiblement, & languit chez
; toutes les nations : il faut donc que cette banque
. tombe ; 8c fi par malheur cela arrive , fa chute
' entraîne celle, de l’é tat, 8c le fait rentrer dans la
: claffe des puiffances médiocres de l’Europe.
Sciences & Arts,
Il nV- a que dcuxuiiiverfités, ccll^ d Oxford^
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