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manquer fon coup. Ces combats font meurtriers
pour les chevaux, & fouvent même pour les hommes
: on en donne bien peu où il n’y ait de ces
torréadors eftropiés. Ces fpeétacles , qui font les
délices de la nation Efpagnole , font très-fréquens
à Madrid ô c dans les grandes villes de ce royaume.
On eft étonné de voir des amphitéâtres fi maigres
& fi décharnés : ce feroit l’occafion de bâtir de
ces fuperbes édifices, tels que l’on en voyoit chez
les Romains , puifqu’aufli bien ces combats , par
la force, l’adreffe , l’intrépidité que l’on y déploie,
par les dangers que l’on y court, ne le cèdent point
aux repréfentations fanglantes des gladiateurs de
l’ancienne Rome.-
Si les Efpagnols font fi inférieurs à leurs voi-
fins , dans les arts , les fciences & l’architeéhire,
ils ont cependant des peintres fameux dont les
ouvrages pourroient fervir de modèles, & ne pas
paroître indignes des plus grands maîtres. Les plus
célèbres de ces peintres font Velafquez, Murillo,
François Guirro, Pierre Cuquet, Jean Arnau,
François Gaffen, tous natifs de Barcelone ; don
Juan Galvane, Aragonais, fi connu par fon goût,
les grâces, & la force de fon coloris ; Claude
Coello , Portugais, qui mourut de chagrin à Madrid
en 1693 , à la .vue de la fupériorité des talens
de Luc Giordano, & fur - tout de fa grande facilité
; François Camille, natif de Madrid, dont
la Marie Egyptienne paffe pour un chef-d’oeuvre ;
Barthélemi Roman, Alphonfe Cano, Jean Ca-
reno , nommé 1 e T it ie n d 'Efpag ne ; le fameux Mo-
ralès, furnommé le D i v i n , parce qu’il ne traita
que des fujets de piété ; Jean Fernandès Ximenès,
appellé le M u e t , dont les ouvrages tiennent beaucoup
du genre du Titien ; Pantoja de la Cruz, &
une foule d’autres, &c. Mais les plus beaux &
les plus précieux tableaux des Efpagnols font dus
au Titien, à Vandick, à Michel-Ange, à Rubens
, à Mitelli, à Çofme Colonna, au Tintoret, à l’Albane , & à ces peintres immortels qu’à
produits l’Italie. Ils ont auflî quelques ftatuai-
rss & fculpteurs , mais bien inférieurs à leurs
peintres.
Il y a à la cour d’Efpagne plufieurs collèges
fùpérieurs pour l’adminifiration du royaume, i°. le
confeil des dépêches ou du cabinet, compofé du
roi & des miniftres d’état; 2°. le confeil d’état;
50. le fuprême confeil de guerre ; 40. le confeil
royal & fuprême de Cafiille ; 5 °. le confeil royal
& fffprême des Indes ; 6 ° . le confeil royal & lii-
prême d’Aragon ; 70. le confeil royal des ordre?
de chevalerie ; 8°. le confeil royal des*finances;
90. le confeil fuprême de l’inquifition ; io°. le
eommiffariat & la direélion générale de la bulle
des croifades ; n°. le collège royal'de gruerie &
des bâtimens ; 120. la chambre générale du commerce
des monnoies & des mines ; 130. la cham*
fere royale du tabac, &c.
Les premiers tribunaux provinciaux font la chancellerie
royale 4? Valladolid, la chancellerie royale
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de Grenade, le confeil royal ôc la chambre des
comptes de Navarre, l’audience royale de la Corogne
& Galice, l’audience royale de Séville,
celle d Oviedo, des îles Canaries, de la contrac-
tation des Indes établie à Cadix, d’Arragon, de
Valence, de Catalogne & de Mayorque, &c.
Les revenus du roi d’Efpagne font évalués aujourd’hui
au-delà de quarante-fept millions d’efcu-
dos de vellon.Voici en quoi ils confiftent. La ferme
générale des péages, les droits de l’amirauté, les
droits fur la laine, l’eau-de-vie, le plomb , la poudre
à tirer, le vif-argent , & les cartes, rapportent
. . . . . . 12,772,950 écus de vellon,
Les fermes ou admi?
niftrations provinciales
de diverfes contributions
payées par les
fujets , Ôc principalement
fur les vivres. . 11,798,00©
Le tabac. . . . 10,996,399
Lespoftes. . . . 3,317,592 |
Le revenu annuel
du roi aux Indes. . 8,000,000
T o t a l . . . 46,884,641 efcudos de vel.
Mais nous avons de fortes raifons pour croire
que la totalité des revenus de cette monarchie
monte , comme nous l’avons dit plus haut, à 170
millions , monnoie de France.
L’armée de terre , en 1754, montoit à 96,597
hommes qui coûtoient d’entretien à l’état 0,140,064
éfcudos de vellon. ^ *
En 1780, la marine Efpagnole montoit à 60 vaif-
feaux de ligne, depuis 114 jufqu’à 60 canons ; en
1782 , elle peut monter à 70 vaifteaux.
On divifé l’Efpagne en treize provinces, qui la
plupart portent le titre de royaume , parce qu’elles
ont été poffédées autrefois par des rois , foit chrétiens
, foit maures : trois au nord fur l’Océan ; fa-
voir, la Bifcaye, les Afturies, & la Galice ; cinq
dans le milieu, au nord la Navarre, Ôc d’orient
en occident le royaume d Aragon ; les deux Caf-
tilles, ôc le royaume de Léon ; deux au midi ,
l’Andaloufie & le royaume de Grenade ; trois à
l’orient fur la mer Méditerranée, le royaume d®
Murcie, celui de Valence, Ôc la principauté de
Catalogne. Madrid en eft la capitale.
Cet a rticle eft de M. Ma s s o n d e M o r v j l l i e r s ,
E s p a g n e , (nouvelle) V o y e^ M e x i q u e .
ESP AU, ( 1’) abbaye de France, ordre de Cî-
teaux, diocèfe du Mans-, du revenu de 4<rooliv.
(R.) ESPÉRANCE. ( cap-de-bonne) Voye^ Cap,
&c. & ajoutez:y que , félon M. Cafiini, la longitude
du Cap eft de 37 d. 36' ©f, 17 d. 44' i o " b
l’orient de Paris ; fa latitude 34 d. 11| É | mer. Selon
M. de la Caille, fa latitude eft 3 5 d. 24', ÔC la longitude
à l’orient de Paris , 16 d. i o f. (Æ.)
ESPERNAY, ville de Champagne, fur la Marne,
chef-lieu d’une éle&ion, & le fiege d'une prévôté
royale |
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royale, d'un baillage, d’un gouvernement particulier,
d’un grenier à fel, d’une maîtrife particulière
des eaux & forêts , d’une brigade de maréchauffée.
11 s’y trouve une abbaye d’hommes dé l'ordre de
Saint-Auguftin, qui vaut 5000HV. Cette ville étoit
autrefois fortifiée. Ce n’étoit, fous Clovis, qu’un
château habité par Enlage ou Eulage, à qui le prince
pardonna fa révolte à la prière de faint Remi. Ce
-noble françois , en reconnoiffance, donna fon
château à l’églife de Reims. Le corps de faint Remi
y fut dépofé par Hincmar durant les ravages des
Normands/;
Cette terre fut réunie à la couronne par François
Ier, en 1531. Enfin,elle fut cédée au duc de Bouillon
avec d’autres terres, en échange de la principauté
de Sédan en 1641. Efpernay durant la ligue
fut afliégé & pris par Henri IV, en 1592: le maréchal
de Biron y fut tué d un coup de canon, tan- .
dis que le roi avoit la main fur fon épaule , le 27
de juillet 1592, a l’âge de 68 ans ; fa devife étoit
une mèche allumée avec ces mots : M or ia r , fe d in
■ armis : fon fécond fils, Jean de Gontaut, avoit été
tué à la malheureufe journée d’Anvers, en 1583 ; &
•fon père étoit mort des bleffures reçues à la bataille
de Saint-Quentin en 1557.
Le commerce de cette ville confifte en vins, qui
font les plus eftimés de la Champagne. Elle eft à 7
lieues n. e. de Chalon, 6 f. de Reims, ôc 30 n. e.
de Paris. Long. 21, 46 ; lut. 49, 2. {R ) .
ESPERNON, petite ville de Beauce en France ,
fur laGuefle. Elle eft fituée fur une côte efcarpée. La
pofition en eft incommode, mais la vue en eft très-
agréable. Elle a deux faubourgs, trois paroiffes,
& une annexe ; un petit hôtel-dieu, un baillage ,
ôc les ruines d’un château. Elle eft à 2 lieues de
Chartres ôc de Nogent-le-Roi. Long. 19,20; lat.
48, 35. (Æ.)
ESPINAL , ville de Lorraine , fituee proche les
montagnes de Vofge, fur la Mofelle. Long. 24,14;
la t . 48, 22.
■ - Cette ville eft peuplée , marchande, ôc aftez con-
fidérable. C’eft le fiège d’une maîtrife particulière
des eaux & forêts, d une jurifdiétion de maréchauffée
, d’une recette des finances. On y remarque une
célèbre abbaye ôc chapitre de chanoineffes nobles,
un collège , quatre couvens, ôc un hôpital. Ses papeteries
font très -renommées. Elle eft a 4 lieues
n. o; de Remiremont, & 14 f. e. de Nancy. (/?).
. ESPINOSA. 11 y a en Efpagne deux villes de ce
nom, Tune dans la Bifcaye, l’autre dans la Vieille-
Caftille : celle-ci a de long. 13,46 5 ôc de la t. 43,
1 2E S( RP-O} NDEILLANT , petite vHille de France, en
Languedoc , au diocèfe dé Beziers. (Æ.)
- ESSARTS ( les ) , petite ville de Poitou, en
France, élection de Mauléon , avec titre de baronnie,
dans un terroir des plus fertiles, (i?.)
ESSECK, ville du comté de Walpon,dans l’Ef-
clavonie. Elle eft fituée fur la Drave, Long. 36,
30; la t . 45.,„36. Cette ville .eft bien fortifiée, Ôc
Géographie, Tome /, P a r t ie 11^
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paftablemertt grande. On,y remarque le grand
pont de bois qui traverfe la Drave , & s’étend
un mille en longueur à travers des marécages.
Soliman , empereur des Turs , le fit conftruire
en 1566, & y employa plus de vingt mille hommes.
La ville eft aftez marchande : on y voit des
arbres dans toutes les rues. Elle eft à la maifon
d Autriche depuis 1687. Elle eft à 36 lieues n. o,
de Belgrade, 45 f. de Bude, ôc 70 f. e. de Vienne.
i H ESSEN, abbaye fouveraine de dames nobles
de l’ordre de Saint-Benoît, fur les confins du
duché de Clèves. Les titres de l’abbefte font : N o u s ,
N . par la grâce de D i e u , abbejfe de U abbaye immédiate
& fécu liere d 'E jfe n , princejfe du faint-Em pire Romain ,
Ôcc. Le chapitre eft compofé de princefiës ôc de
comteffes. L’abbefte a voix ôc féance aux diètes
de l’empire. Sa fouveraineté s’étend fur un territoire
aftez confidérable. L’abbaye eft proche des
murs de la ville d*Eften. ( R . )
Essen , ville de la Weftphalie, en Allemagne.
Elle prétend être libre ôc impériale. La chambre
impériale, après un procès très - coûteux, ôc qui
dura près de cent ans, après avoir examiné les prétentions
réciproques de l’abbaye d’Eften ôc de la
ville, en 1670, adjugea à l’abbefte la jurifdiftion
ordinaire, & la pleine fupériorité territoriale fur la
vVille, en réfervant néanmoins à la ville les droits
dont elle a prouvé la poffeflion , favoir, l’exemption
de la preftation de foi & hommage, celle de
ne payer aucune impofition, fi ce n’eft fa quote-,
part des contributions pour l’empire, ,ôc pour le
cercle, qu’elle doit livrer entre les mains mêmes-
de l’abbefte ; l’adminiftration de la juftice civile ôc
criminelle ( en réfervant à l’abbeffe le droit de
condamner à mort, ôc celui de faire grâce); le
droit de lever toutes fortes d’impofitions, & de
faire des ordonnances pour le bien public. Le roi
de Prufte eft proteéienr de cette ville. Elle a un
château où l’abbelle fait fa réfidence. Les habitans
font Luthériens ; il y a cependant une églife Réformée
ôc quelques églifes Catholiques.il s’y trouve
un collège. La ville eft paftablemenr grande, ôc fait
un commerce aftez confidérable. On y fabrique
de bons draps , mais la manufacture d’armes eft
bien déchue. Dans le voifinage de la ville il y
a des mines de charbon de terre. Effen eft à 4
lieues n. e. de Duisbourg, ôc 6 f. de Dorfteîn. L ong.
24, 4 2 ; lut. 51,25.
Essen, bourg de l’évêché d’Ofnàbruck, dans le
baillage de Witlaye, près de Ravensberg. On y
fait un grand trafic de lin. (/?.)
ESSËQUEBE, rivière delaGuiane, dans l’Amérique
méridionale ; fes bords font habités par
des fauvages Elle donne le nom à une colonie
que les Hollandois établirent fur fes bords, on
ne fait précifément à quelle époque. Ils( en ont
été chaffés dans cette guerre parles Anglois, fur
lefquels les François fe font emparés du pays,
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