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défagréables & tels que Dampierre les décrit. Ils
n’ont ni le nez plat, ni les lèvres grofles ; leurs
dents font blanches & égales j leurs cheveux font
naturellement noirs, mais ils les portent tout courts.
Leur barbç eft de la même couleur, touffue &
épaiffe, mais ils ne la laiflènt cependant pas croître
beaucoup ; 8c fe rafer cheg ces peuples, ç’eft fe
brûler la barbe.
Les deux fexesyont entièrement nuds. Ils pe
Semblent pas plus regarder comme une indécence
dé découvrir tout leur corps, que nous d’expofer à
Ja vue nos mains & notre vifage. Leur principale
parure confiée dans l’os qu’ils enfoncent à travers
le cartilage qui fépare les deux narines l’une de
l ’autre. Cet os eft aufîi gros que le doigt j & comme
il a cinq à fix pouces de long , il croifç entièrement
le vifagç , & bouche fi bien les narines ,
qu’ils font obligés, dp tenir la bouche fort ouverte
pour refpirpr ; aufîi pazillent-ils tellement lorfqü’ils
veulent parler, qu’ils fe font à peine entendre les
uns aux autres. Outre cet ornement, ils opt des
çolliers'faits de coquillages taillés 8c attachés en-
femble trps-propremept j des bracelets de petites
cordes qui forment deujc ou trois tpurs fur la partie
fupérieure du bras, 8c autour dçs reins un
cordon de cheveux treftes, Ces peuples, outre Ja !
craffe 8c l’ordure qui couvre la peau de leur corps,
le peignent encore de blanc 8c de rouge. Ne fe
nôurrifîant que de pêche ,8c de fruits , & ignorant
l’art de cultiver lk terre, ils vivent errants, forment
des petites fociçtés de yingt ou trente, 8c. reftent
dans un canton tant qu’il peut fournir à leur fub-
ïiftance ; alors ils s’y conftruilent de petites cafés ,
en forme de four ; lorfqu’ils n.e paiTent qu’un jour
pu deux dans pn endroit, ils couchent pêle-ihêle
fur la duré', hommes, femmes, enfans , s’abritant
tout au plps d’un buifibn ou d’un arbre, mais plus
jfouvent encore tapis fur l’herbe qui a près de deux
pieds dp hauteur. Leurs meublés cpnfiftent dans
une efpèce de vafe oblong, fait d’écorce, & un
fac à mailles d’une médiocre’grandeur, ou ils rem-
ferment un morceau ou deux de réfinequelques
hameçons & des lignes ; leurs’ armes font des javelines
& des lancçs ; celles-ci ont depuis' huit
jufqu’à quatorze pieds $e long. Elles font composées
de plufieurs pièces qui entrent les unes dans
les autres, i f font liées enfpmble. On y adapte
"diverfes pointes d’un bois dur ou d’os de poiffons,
Ces lances ^infi barbelées, font une arme terrible,
par lorfqp’élles font .entrées dans le corps ? on ne
peut les .en retirer fans déchirer les chairs ? ou
fans laifter dans Ja blefîiirè les échardes poinmes
de l’os ou de la çoquiîle qpi"fprmoient les barbçs.
Ils lancent ces armes avec beaucoup de force 6c
de dextérité, 8c manquent parement leur cpiip à
’dix 8c même vingt verges. Mais s’ ils veulent atteindre
à quarante ou cinquante verges , ils ont
découvert l’art de le faire avec plus de jufteffe erf-
pore , par le nioy^n à.'un bâton à 'jeter ; 8c la lance
alors fend-l’air avec une rapidité incroyable.
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Us ont pour arme défenfive des boucliers d’écorce
d’arbre, de trois pieds de long 8c de dix-
huit pouces de large. Leurs pirogues font aufîi grof-
fières 8c aufîi maLfaitgs que leurs cabanes : ce ne
font que des écorçes dont les extrémités font liées
çnfemblé, tandis que de petits cerceaux de bois
tiennent le milieu féparç ; & cependant on voit juf-
qu’à trois perfonnes ftir im bâtiment de cette efpèce
; ils ont néanmoins d’autres pirogues qui ne
confiftent qu’en un tronc d’arbre qu’ils ont çreufè
avec des pierres tranchantes & par le feu.
Lçs habitans de la Nouvelle Hollande font natu*
rellement braves , familiarifés avec les dangers des
combats, 8c par habitude ainfi que par nature f
forment un peuple guerrier 8ç audacieux. Les
Hollandais découvrirent la Nouvelle Hollande en
1644, mais ils n’y firent point d’établifTçment.
J’ai, dans cet article, confulté de préférence
l’immortel Cook, dont la relation n’eft pas toujours
d’accord avec celle de Dampierre, mais qui
me paroît beaucoup plus inftru&ive , 8c porte
avec çlle un air d’authenticité que l’autre n’a pas
toujours. (Ma s s o n d e M o r v il l ie r s .')
HOLLENBOl/G , ville d’Allemagne dans la
baffe' Autriche, près de Crems.
HOL L IN , ville 8c fortereffe de Suède, fur la
cote méridionale de l’île dAland » avec un port.
HOLM , c’eft ainfi qu’on nomme en Suede,
en Danemarçk, 8c dans d’autres pays du nord ,
le chantier ou l’on travaille à la conftruftion des
navires. Ainfi les noms des villes qui fe terminent
par holm annoncent un port de mer. (üü.)
’ H OLO STOBRO É , Holdstebrôa , ville 4g
Danemarçk, dans le nord Jijtland , & dans la pre-,
fe&ure de Rypeii, au diftriél d’U lfbourg. Elle eft
baignée d’urie rivière poiffonneufe, qui fe jète à
un mille & demi çle fes murs, dans le golfe fablon-
neiix de Torskmipde, formé par la mer du nord.
L’enceinte de cette ville eft médiocre ; mais fon
trafic eft confidérable. Les campagnes qui l’envL
rdnnent font fertiles eh grain? & en fourrages ;
lpc malgré les fecpurs que fa rivière refuie à fon
commerce, elle s’enrichit dg l’exportation qui fe
1 fait par terre, de fes bleds, de fes boeufs, 6c fur-
tout de fes beaux chevaux^/?.)
H O L O V A C Z , ville de Pologne dans le p^lati-
nat dé Ybihinie.
HOLST£BROÉ? V o y e ^ Ho lo sto b ro é .
HÔLSTE1N , état d’Allemagne, érigé eh duché
par l ’empereur Frédéric III, l’an 1474.11 eft'fitué
dans lé cercle de balte Saxe, entre l’Elbe , la
mer du nord , l’E yd er, la Levenfau ? la mer Baltique
, le duché dè Lauenbourg, & les territoires
de Hambourg 6c de Lubeck. |1 comprend les anciennes
provinces "de Holftein propre, de Storma-
rie , de Dithmarfe 6c deW agr ie , dont les trois
premières çtoient îa patrie des Nordalbinglens, nation
Saxonne , fpumife 6c difperféè par Charlemagne
, qui en tranfporta des milliers de familles en
Holhnde, en Flandres 8ç en Brabant^ yévêché
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d’Eutin , le comté de Rantzau, la feigneurîe de
Pinnenberg 6c la ville d’Altena font enclavés dans
ce duché fans en faire partie, 6c on lui donne environ
dix-huit milles d’orient en occident, 6c douze
à treize du feptentrion au midi.
C ’eft un pays à-peu-près plat, arrofé des rivières
d’E lb e , d’E yd er, de Stor, de Schevartau, de Pin-
nau 6c de Schwentin, 6c fréquemment tourmenté
de vents impétueux , qui fans doute purifient l’air
qu’on y refpire, mais qui venant à foulever les
flots de la mer du nord, expofent allez fouvent la
contrée au danger des inondations, 6c lui rendent
âbfolument nécefTaire l'entretien très-coûteux d’un
grand nombre de digues.
L ’on diftiiigue trois fortes de terreins dans le Holftein
, l’humide ou le marécageux, le fablonneux
ou les bruyères, 8c les terres dures. Celles-ci font
a l’orient vers la Baltique ; les bruyères font vers
le milieu du pays entre Hambourg 8c Rendsbourg,
& leS marais font à l’occident vers l’Elbe & la mer
du nord. Grâces à l’induftrie 6c au travail des habitans
, chacun de ces fols a fon mérite. Le premier
eft riche en fourrages, en froment 6c en gros
légumes. Le fécond nourrit beaucoup de brebis.
Et le troifième fertile, à force de culture, produit
toutes fortes de bons grains. Le bois à brûler manque
dans le Holftein ; les chênes 6c les. hêtres V y
confument fans qu’on les remplace ; mais la nature
lui donna de la tourbe, 6c l’art lui apprit à
faire ufage des herbes de bruyère defféchées. L’on
exporte de ce pays-là quantité de grains, de légumes,
de boeufs, de vaches, de brebis, de pourceaux
, de volaille, de poiflbns, de gibier , de
beurre 6c de fromage. Au moyen des deux mers
qui flanquent le duché, 6c de la plupart de fes
rivères qui font navigables, le commerce s’y fait
f^ns retard 6c fans peine; Hambourg 6c Lubeck
font fes deux grands entrepôts ; il y porte l’excédent
de ce qu’il a ; il en rapporte les fupplémens
de ce qu’il n'a pas. Une heureufe activité règne
dans cet échange, 6c l’on peut dire en général que
le Holftein profpère. L’on y compte quatorze villes
6c dix-huit bourgs, avec une multitude de terres
feigneuriales 8c de baillages, dont les uns font aux
princes du pays, 6c les autres à la nobleffe, 6c à
quelques abbayes fécularifées à l’époque de ' la
réformation ; car toute la contrée eft luthérienne ,
& ce n’eft que dans Gluckftadt, K ie l, Rendsbourg
& Altena , fes villes principales , que l’on trouve
des églifes de différentes communions chrétiennesv-
,6c dés Juifs.
Après la conquête 8c la dépopulation du pays
par Charlemagne, les ducs de Saxe l’eurent en
partage, 6c le gardèrent avec négligence jufqu’au
commencement du x n é fiècle, A cette date, ils
l ’inféodèrent, à titre de comté, à la maifon de
Schauenbourg, qui s’appliquant d’abord à le repeupler,
y tranfplanta des Flamands , des Frifons,
des Weftphaliens 6c des Venedes; 6c q u i, après
en avoir joui long-tems, non fans trouble de la
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part des rois de Danemarçk, ducs- de Slefwick,
le leur abandonna enfin l’an 1459, & ne
ferva que laSeigneurie de Pinneberg. Dans le x v i*
fiè c le , après la mort du roi Frédéric I I , il s’ert
forma deux parts, dont l’une refta dans la branche
amee de la maifon roy ale, qui la tient encore fous
le nom de Holftein Gluckftadt, 8c l’autre fut affec*
tee à la branche cadette de cette maifon qui l’a pof*
fedée fous le nom de Holftein-Gottorp, ou fous le
titre de maifon ducale. L’on dit que Holftein Gluckftadt
rapporte annuellement 400000 rixdalers ,
6c Holftein Gottorp 200000. Les chambres, de
juftice, de finance 6c de régence de la première
fiégeoient dans la ville de Gluckftadt, 6c celles de
la féconde', dans la ville de Kiel.
Les gentilshommes de la contrée jouiffent de
franchilës 6c de privilèges qui ne les exemptent
pas de payer d’afléz fortes contributions à l’état. Ils
font corps avec la nobleffe de Sleftfick, 8c tous
les payfans de leurs terres font efclaves de la
glèbe. Les payfans^des domaines du roi 6c de ceux
du duc ont été tirés de cet efclavage. Quant aux
villes , elles ont des immunités , quelques droits
de police, 6c des écoles latines.il y a dans Kiel une
univerfite, 6c dans Altena un très - bon collège
académique.
Holftein Gluckftadt 6c Holftein Gottorp avoient
chacun voix 6c féance dans les diètes d’Allemagne
, au collège des princes , ôc payoient en commun
800 florins pour les mois romains, 6c 278
rixdalers^ creutzers pour la chambre impériale.
La branche de Sonderboure , d’où font fortis les
lignes d’Auguftbburg , de Beck 6c de Plon, n’eft
confidérée que comme une branche appanagée.'
Cependant tous.les princes de Holftein , fans exception
, portent les titres d’héritiers de Norwège,
ducs de Slefwich, de Holftein, de Stormarie 6c
de Dithmarfe , comte d’Oldembourg 6c de De l-
menhorft.
Holfteinbourg eft un château de Danemarçk,'
fitué dans l’île de Seeland, au baillage d’Anders-
how, 8c poffédé par dès gentilshommes connus
dans le royaume fous le titre de comtes de Holftein.
En 1773 le roi de Danemarçk acquit tout le
duché de Holftein en donnant les comtés d’O ldembourg
6c de Delmenlïôrft, en échange de la
partie ducale de ce duché. Ce fut Frédèric-Au-
gufte, évêque luthérienne Lubeck, qui obtint ces
comtés, fitués en Weftphalie, pour lui 6c fes défi-,
cendans mâles.
Le duché de Holftein , qui n’eut d’abord que le
titre de comté , avoit été érigé en duché en 1474 ,
en faveur de Chriftian ou Chriftiern Ie r, roi de
Danemarçk. Il avoit été enfuite partagé entre fes
petits-fils Chriftiern I Ï I , chef de la branche royale
de Danemarçk , 6c Adolphe, chef de la branche
des ducs de Holftein-Gottorp ou Slefwick, dont
un prince fut appelé en 1742 en Rufîîe , 6c y régna
peu de tems fous le nom de Pierre III. C ’eft