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réputation, & ne le tira pas de la pauvreté : un de
fes créanciers l’ayant fait arrêter, M. Quint, comédien
, touché du malheur du poète qu’il ne con-
noifloit que par fon poème, fe rend chez le bailli
où M. Thom'pfon avoit été conduit , & lui demande
la permiflion de fouper avec lui. Le repas
fut gai ; au deflèrt, le comédien lui dit : parlons
d'afta'tresà préfent : vous êtes mon créancier; je
vous dois ioo liv. fterling, & je viens vous les
payer. M. Thompfon prit un air grave, & fe plaignit
de ce qu on abufoit de fon infortune pour venir
rinfulter.tt Non, Moniteur, voilà un billet de
» banque qui vous prouvera ma ftncérité : à l’é-
« gard de la dette que j’acquitte, voici comment
n elle a ete contraélée. J’ai lit votre poème des
r> S a ïfo n s ; le plaiiir qu’il m’a faitméritoit ma re-
st connoiiTance ; j’ai en coniequence légué par mon
» teftament, zoo livres fterling à l’auteur : ayant
» appris le matin que vous étiez dans cette maifon ,
»> j’ai cru devoir me donner le plaiiir de vous
» payer plutôt jnon legs pendant qu’il vous feroit
33 utile , que de laiffer ce foin à mon exécuteur
n teftameritaire t>.
Un préfent fait de cette manière, & dans une
pareille circonftance, ne pouvoit manquer d’être
accepté. Thompfon, en mourant en 1748, emporta
dans le tombeau les regrets de fes concitoyens &
des.gens de lettres. La meilleure édition de fes ouvrages
eft celle de Londres 1762, en 2 vol. in -4 ".
Le produit en fut deftiné à lui élever un maufolée
dans l’abbaye de Weftminfter. (f?.)
EFFARAM, ville d’Alie , en Perfe, dans le
royaume deKorafan. Long. 72, <8 ; U t . 26, 48 .(R . )
EFFERDING, ville delà haute-Autriche, en
Allemagne. Cette petite ville, fituée à 3 lieues de
Lintz, eft défendue par deux châteaux. Elle appartient
au comte de Stharembere. L o n e . ai 4 8 ; U t 48,18. ( R . ) 6 2 3 * 3 .
ÉGÉE ( mér ) : on donne ce nom à la partie de
la Mediterranee , qu’on appelle communément
V d t c h ip c l . Ce nom lui vient, à ce qu’on croit-,
d’Egée , père de Thefée , qui croyant fon fils
mort, fur les voiles noires qu’on avoit publié de
changer au vaifleau qui le ramenoit victorieux du
minotaure, s’y précipita, & lui donna fon nom.
EGER, rivière confidérable de Bohême, qui
prend fa fource dans le Fichtelberg en Franconie,
& fe jete dans l’Elbe en Bohême, après avoir
arrofé dans ce royaume le territoire d’Egra, célai
d’Elnbegen , le cercle de Saatz , & une partie de
celui de Leutmeritz. On la nomme auffi Egra. ( R . )
EGLISE ( état de 1 ) , grande contrée d’Italie,
qui appartient au pape à titre de fouveraineté. Elle
a quatre-vingt-quinze lieues de longueur , fur une
largeur de quarante. Vers le nord, cette fouveraineté
confine au domaine de Venife ; au nord-
eft, à la mer Adriatique; vers le fud-eft, au royaume
de Naples ; du côté du midi, il eft baigne de
la Méditerranée : le grand duché de Tofcane & le
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duché de Modène, la bornent à l’occident. C e
n eft que fucceflivement que la papauté s’eft formé
ce domaine. On regarde comme fabuleufe la donation
prétendue faite du Patrimoine de Saint
Pierre a Saint Sylveftre évêque de Rome , par
1 empereur Conftantin, en 3 24. Les pofleffions des
papes fe trouvèrent conhdérablement augmen-
lorfqu’en 75 5, Pépin , roi de France, donna
à 1 Eglife tout 1 Exarquat de Ravene, donation qui
fut confirmée par fon fils Charles - Magne, qui
: ajouta encore au.x libéralités de fon père. Cette
donation eft antérieure au tems où fut faite - la première
mention de celle que les papes prétendent
leur avoir été faite par Conftantin. Rome étoit encore
alors foumife en quelque forte aux empereurs
, & les rois de France fe réfervèrent la fu-
Pays <ïu’ils cédoierit aux chefs der
1 eglife. Mais fous les fucceffeurs de Charles-Ma-
gne, on vit croître l’autorité des papes, qui finirent
en 1076 , par s’attribuer la pofteflion du pays ent
toute propriété. Le fouverain de cet état eft choifï
: Par,Tn les cardinaux , dont le nombre fût fixé à
foixante-dix par Sixte V, au concile de Bâle. Dans
les premiers fiecles , le clergé & le peuple élifoient
le pape. Les Goths devenus maîtres de l’Italie,
s en attribuèrent l’eîeâion, ou au moins fe retinrent
le droit de le confirmer. Les empereurs Grecs
qui les chaflerent d’Italie, fe maintinrent dans la
meme pofteflion. Les empereurs d’occident ufèrent
du même droit , ce qui caufa bien des fdnfmes,
Enfin après la mort d’innocent II, les cardinaux,
reunis avec les principaux du clergé de Rome,
Ȏlurent feuls Celeftinll, en 1143. Depuis ce tems
les cardinaux fe font maintenus^ dans%]a pofleffiôiï’
. d’éHre feuls le pape : le clerge& le peuple cefle-
rentd âvoir part à cette élection. Après la mort.
d Adrien VI, qui étoit Hollandois, & qui avoit:
été élu a la recommandation de Charles-Quint
dont il avoit été précepteur , les cardinaux fe f o n t
fait une loi de n’élire pour papes que des cardinaux
Italiens de naiflànce^Il faut réunir les deux:
tiers des voix pour être élu pape. Le titre de fainteté
affeéfé au pape, lui étoit autrefois commun avec
tous les évêques.
Les principaux goavernemens de Fêtat de l’£-
glife , fe nomment légations , & elles font an
nombre de cinq : celle de Bologne, celle d’Ür-
bin , de la Romagne, de Ferrare, & d’Avignon.;
Dans celle-ci, le gouverneur ou légat eft fup~
pléé par un vice - légat : leur commiffioa n’eft
que pour trois ans ; tous font eccléfiaftiques. Le.
pape gouverne par lui-même les provinces voifines
de Rome. Chaque province a d’ailleurs un général
pour les troupes , chaque ville un gouverneur : le
peuple choifit les podeftats & autres officiers municipaux.
Les revenus de la papauté s’élèvent,
tout compris, à vingt millions de nos livres , ou à-
peu-près. La milice du pays confifte en neuf compagnies
, & la garde de fa fainteté en quatre cents
fuiffes, foixante - quinze cuiraffiers, & autant de;
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cavaliers. Quand le faint-fiège eft vacant, ce font
les doyens des trois ordres des cardinaux , evê-
ques , prêtres & diacres, qui gouvernent.
Le terroir de l’état de l’Eglife eft bon de fa
nature , & fournit aux récoltes de vin , de bled ,:
d’huile, de fruits, & de légumes; mais par les
fuites d’une adminiftration vicieufe , la culture
l’induftrie y languiflent. En quelques endroits-
même il eft inculte & défert. Le commerce dont
les mers Adriatique & de Tofcane lui offrent la' facilité
, y eft comme nul. La population y eft des
plus foibles , les moeurs des plus corrompues , &
l’air infalubre en quelques contrées.
Les provinces de l’état Eccléfiaftique, au nombre
de douze, font la Campagne de Rome , le
Patrimoine de Saint-Pierre, le duché de Caftres,
l’Orviétan , la Terre de Sabine, le Peroufin , l’Om-
brie ou duché de Spolette , la, Marche d’Ancone,
le duché d’Urbin , 1a Romagne , le Bolonois , le
Ferrarois. Rome eft la capitale de tout l’état. Le
pape pofîede d’ailleurs en France le Gomtat Vé-
naiffin & la ville d’Avignon , enclavés dans la Provence.
(/?.)
EGLISES ( cinq), petite ville de la bafte-Hon-
grie, avec un évêché fuffragant de Strigonie, &
un ancien château. La maifon d’Autriche s’en* empara
fur lès Turcs en 1686 , & elle lui eft demeurée.
Elle eft à 10 li. du Danube, 30 f. de Bude.
L o n g . 36,35 ; Int. 4 6 ,6 .(£ .)
Eglises ( trois ) -, fameux monaftère de Perfe ,
dans l’Arménie, réfidence ordinaire du grand patriarche
d’Arménie. Ce patriarche a un revenu de
plus de 200,000 écus. Ce monaftère, fuivant l’u-
fage, eft dans le lieu le plus agréablè & le plus
fertile qu’on connoifte dans tout le royaume. On
croit que c’eft l’endroit même où fut le paradis
terreftre. Il eft à 5 li. f. o. d’Erivan. L on g . 6 2 ,1 0,
la t. 40,20. (£ .)
EGLISOW , ou Eg l i s a w , ancienne & jolie
ville de Suifte , au canton de Zurich , fituée fur le
bord feptentrional du Rhin, qu’on y pafle fur un
beau pont couvert. Long. 2 6 ,15 ; la t. 47,43. (JL)
EGRA, en allemand E g e r , en bohémien Cheb
ou H e b , & en latin Hebanum ou OEgranum , ville
du royaume de Bohême, fur la rivière d’Egra, au
centre d’un territoire ou - diftriâ particulier qui
porte le même nom , & aux frontières du pays
de Bareith, en Franconie, & du haut - Palatinat,
en Bavière. Elle eft de médiocre grandeur, mais
forte & bien bâtie. Elle renferme trois couvens,
avec un collège. Elle jouit de fa municipalité,
fondée fur de très-anciens titres ; & Ton ne peut
appeller qu’immédiatement au fouverain , des
fentences de fa magiftrature. Le privilège de battre
monnoie ne lui a même pas été refufé, mais
le cours de fes efpèces eft borné à l’enceinte de
fon territoire. Ce territoire n’eft aujourd’hui ni fort
étendu ni fort riche. Il ne comprend qu’un certain
nombre d’affez mauvais villages, avec le bourg
de Redwitz & fon diftriét, A une lieue de la ville
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fe puifent dès eaux minérales très-connues & très-
eftimées : une affluence de monde va les prendre
chaque année fur- les lieux, & il s’en fait au-de-
hors de grands envois, dans des flacons munis du
fceau du confeil d’Egra. Au refte, cette ville, pareille
à la plupart des autres de la contrée, préfente
bien de la confufion & des malheurs dans
fon hiftoire. Elle faifoit originairement partie de
l’empire germanique, & l’on croit même quelle a
été mife au rang des villes impériales. "Vers la fin
du X I Ie fiècle , Przemyfl - Ottocare de Bohême,
l’enleva au duc de Bavière , avec lequel il étoit en
guerre,.& qui la pofî’édoit, on ne dit point à quel
titre. Cent ans après, Rodolphe d’Habsbourg , à
qui elle appartenoit auffi , l’on ne fait comment ,
la donna pour dot à celle de fes* filles qui épou-
. foit le roi de Bohême , Venceflas II. La Bavière-
enfuite l’acquit de nouveau, & s’en redeflaifit enfin
l’an 1322, par les mains de l’empereur Louis V,
chef de fa maifon, en faveur du roi Jean de Bohême
, qui lui répétoit des frais de guerre, montant
à la fomme de quarante mille marcs. Egra dès-
lors n’a pas changé de fouverain, mais fon bonheur
n’en a pas été plus confiant. Elle a eu part
à tous les troubles des Huffites , auffi, bien qu’à
tous les. maux que les-troupes étrangères ont fait
au royaume , tant dans ce fiècle que dans le précédent.
Des horreurs particulières ont même déshonoré
fes murs, fans que l’on doive cependant
lui en imputer la honte. Le maflacre des Juifs ,
arrivé fous Charles IV, en 1350, l’afîaffinat du
poète & hiftorien Brufehius, l’un de fes citoyens,
commis l’an 1559 , & celui de "Waltenftein, ordonné
par Ferdinand II, l’an] 1634, fous le prétexte
d’une conjuration que le tems n’a jamais
développée, font des événemens qui fouillent fes
annales. Sa diftance eft à 4 milles d’Allemagne
d’Elnbogen, à 9 d’Amberg., à 20 de Prague, 82
n. o. de Vienne. Long. 30 ; la t . 5 0 , 2 . ( R . )
Eg r a , rivière. Voy et^ Eg er.
EGREMONT, ville maritime d’Angleterre ;
dans la province de Cumberland, fur une petite
rivière que l’on y pafle fur deux ponts. Elle a
un port qui n’eft fréquenté que parvdes barques,
un château qui tombe en ruine, Sc le titre de .
comté dont un lord de la famille de Windam eft
revêtu. Long. 14 , 20 ; lat. 54,30. ( R . )
EGUE-LE-CUIN GIL , ville de la province de
Héa, au royaume de Maroc en Afrique , fur une
montagne fort efearpée. (Æ.)
EGYPTE , contrée d’Afrique, qui a environ
deux cents lieues de long fur cent de large ; bornée
au midi par la Nubie, au nord par la Méditerranée
, à l’orient par la mer Rouge & l’Arabie
Pétrée, & à l’occident par la Barbarie & le Bile-
dulgerid. Elle fe divife en haute , moyenne &
bafle. La haute comprend l’ancienne Thébaïde ; la
bafle s’étend de la Méditerranée jufqu’au Caire,
& la moyenne, depuis le Caire jufqu’à Bene-
fouef, L’Egypte n’eft plus auffi inerveiileufe qu’au- -