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ttibales. Avec le manioc, qui eft une racine , on y
fait une forte de pain que l’on nomme caffave.
Ne pourroit-on pas regarder les Antilles comme
les fommets de très-hautes montagnes liées autrefois
au Continent, dont elles auront été féparées
par la fubmerfion de tout le plat - pays I Lorfqu on
en fit la découverte ? on n’y trouva point de volailles
domeftiques : le pourpier & le crèffoii en
fbrmoient toutes les plantes potagères. Les varia?
tiens dans la température de l’air, viennent moins
dès faifons que du vent. Par-tout où il nefoufle
pas on brûle, & tous ne rafraîchi fient pas.. Celui
d’eft, qui tempère davantage la chaleur, y !eft le.
plus confiant. Il doit fon exiftencfc "àu mouvement
diurne de la terre d’pccident en orient, & à la chaleur
du foleil qui, en paroiffant firr l’hortfon, raréfie
l ’air & le fait refluer vers l’occident. Les pluies
contribuent auïïi à tempérer l’ardeur du climat dans
ces îles; elles font tres-abondantes, fur-tout'd epuis
la’ mi-juillet jufqu’à la moitié d’.o&obre. Par
une fuite de l’humidité qu’elles occafionnent, les
viandes s’y confervent très-peu, les fruits s’y pour-
riflent facilement, le pain fe moifit, & les vins
font fujets à sTaigrir fort promptement. (R ,)
ANTIMILO , île de l’Archipel , au nord de
M ilo , & à l’entrée du havre, (R.)
A N T IO , ou ANZIO ( çap d’ ) , pointe d’Italie,
dans l’état eccléfiaftique, entre le port d’Oflie & le
golfe de Gajete. Il y a un bourg, ùne tour fortifiée ,
ce un port afiez commode. Ce cap tire fon nom de
l ’ancienne ville d’Antium qui en étoit proche. Voye^
A n tium . (JR.!)
'A N T IO CH E , viiiç de la Comagene, dans la
Syrie & fur l’Euphrate. (R.)
' A ntioche, ou Mygdonie , voye{ N ïs ibe.
A ntioche, Antâ^ia , ou An tak ié , ville ancienne
& célèbre de Syrie fur l’O ronte, aujourd
’hui l’Afli. Long. 5 5 , 10 ; lat. .36,-20. Cettç vijle
autrefois très - fameufe, 1 éfi réduite aujourd hui a ;
très - peu de chofe. Elle eft fituée au piéd d’une
haute montagne , don: le fommgt eft muni - d un
fort. Fondée par Seleucus Nicanor, elle fut lé fé-
îour de plusieurs empereurs qui prirent plaifirà 1 or-
aier. Elle fut la capitale de la Syrie. On la regarda
même comme celle de tout l’O rient: on n y voit
prefque aujourd’hui que des ruines. Il s’y eft tenu
plusieurs conciles. C ’eft la pairie de Saint'Jean
Ghryfoftome 5 & l’on croit que ce fut auM .celle de
l ’évangélifte Saint - Luc. Elle eft à 6 lieues e. de
la Méditerranée, à 18 lieues f. de Scanderoun, &
à 10 n. d’Alep. (R-)
A ntioche , ville d’A fie , dans la Pifidie, jadis
confidérable, aujourd’hui réduite à quelques habi-
îans. (/?.)
Antioche , fur le Méandre, ville de Carie, en
Afie mineure, aujourd’hui TachiaH. (R )
Antioche (permis d*), détroit dé la mer de
Gafcogne, entre la côte féptentrionale de lîle d O?
leron & la côte méridionale de 1 île de Ré. (R!)
A N T IO CHIA , ville de l'Amérique jnéridjo-
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nale, au royaume de Popayan. (R!)
A N T IO CH E T T A , ville de la Turquie Afiatique
, dans la Caramanie, vis-à-vis l’île de Chypre.
Long. 4 5 ,4 5 -y lat, 36 ,4 2 . (R.)
AN T IO P IA , ville ancienne de la Paleftine
dans la tribu de Nephtali, vers la frontière d’A -
fe r , entre T y r & Betfaïde. C ’étoit la ville principale
des Chananéens; ce n’eft aujourd’hui qu’un
miférâble village. (R.)
AN T IPA R O S , île de l’A rchipel, vis-à-vis l’île
de Paros, dont elle n’eft éloignée que de 2 lieues.
Elle dépend, pour le fpirituel , de Tarcheveque
Grec de Naxie. 11 y a dans cette île une caverne
très-curieufe, dont M. Olier de Nointel, ambaffa-
! deur à la Porte, a donné la defeription. Voye^ le
| mot C averne. (R.)
| ANTIPACHSU, petite île de la mer de Grece,
fur là côte d’Epiré^ vis-à-vis le golfe d’A rta, entre
s Corfou & Céfalonie. (R.)
ANTIPATRIDE , ville délabrée de Paleftine,
für les confins de îa Phénicie, & près de la Me?
d ite r ran é e à feize milles de Jaffa. {R.)
AN T IPO D E S , ç’eft un terme relatif par lequel
j ori entend en Géographie -, les peuples qui occupent
| des contrées diamétraïemçrit oppofées les unes aux
i autres. ' i
Ce mot vient du grec ; il çft compofé de um;-
contra , ■ zroâ'ts, pied, Ceux qui font fur des parallèles
à l’équateur également éloignés de ce cercle,
les uns du. côté du midi, les autres du coté
du nord, qui ont lç même méridien, & qui -dif*
fèrent de 180 degrés de longitude font antipodes ,
c’eft- à ? dire, ont les pieds diamétralement op-
pofés j , - - : • ■
Les antipodes éprouvent à-peu-près le même degré
de chaud & de froid ; ils ont les jours & les
: nuits également longs, mais en des tems oppofés.
Il eft midi pour lès uns, quand il eft minuit pour
les autres ; lorfque ceux-ci ont le jour le plus long,
les autres ont le jour le plus court.
Nous difons" que les antipodes éprouvant a-peu-
près, & non exactement, le même degré de chaud
;& de froid. Car, 1°, il y a bien des cireonftances
particulières qui peuvent modifier l’aétiQn de la
chaleur folairç, & qui font fouvent que des peuples
fitués fous lé même climat, ne jouiffent pourtant
pas de la même température. Ces circonftan-
ces font en général là pofifioh des montagnes, le
voifinage oü l’éloignement de la mer, des vents,
Sec.'; 20-. le foleil n’éft pas durant toute l’année à
la même diftance de la terre ; d en eA fenfrble-
ment plus éloigné au mois de juin , qu’au mois de
janvier : d’où il fuit que , toutes chofes d’ailleurs
égales, notre été en France doit être moins chaud
que celui de nos antipodes, & notre hiver moins
froid. Aufli trouve-t-on de la glace dans les mers de
l’hémifphère méridional à une diftance beaucoup
moindre de l'équateur, que dans l’hémifphère fep-
tentrional.
L’horifpn d’un Bçu étant éloigné du zénith de ee
■ - “ UeH
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lieu de 90 degrés, il fuit que les antipodes ont le
même cercle pour horifon. , _
Il fuit encore que quand le foleil fe lève pour les
uns, il fe couche pour les autres.
Platon pafle pour avoir imaginé le premier la
poflibilité des antipodes , & pour etre 1 inventeur
de ce nom. Comme ce philofoplie concevoit
la terre fphérique, il n’avoit plus qu un pas à faire
pour conclure l’exiftence des antipodes.
La plupart des anciens ont traité cette opinion
avec un fouverain mépris; n’ayant jamais pu parvenir
à concevoir comment les hommes & les
animaux fubfiftoient fûfpendus en l’air les pieds en
haut la tète en bas ; en un mot, tels qu’ils paroiflent
devoir être dans notre hémifphère.
Ils n’ont pas fait réflexion que ces termes en-haut,
en-bas, font des termes purement relatifs, qui lignifient
feulement plus loin ou plus près du centre
de la terre, centre commun où tendent tous les
corps pefans, & qu’ainfi nos antipodes n’ont pas
plus que nous la tête en-bas & les-pieds en-haut,
puifqu’ils ont comme nous les pieds plus près^ du
centre de la terre, & la tête plus loin de ce même
centre. Avoir la tête en-bas & les pieds en-haut,
c’eft avoir le corps placé de manière que la direéUon
de la pefânteur fe fafie des pieds vers la tête:
or c’eft ce qui» n’a point lieu dans les antipodes; car
ils font pouffes comme nous vers le centre de la
terre, fuivant une direction qui va de la tête aux
pieds.
Si nous en croyons Aventinus, Boniface , archevêque
de Mayence , & légat du pape Zacharie,
dans le VIIIe fièçle, déclara hérétique un évêque
de ce tèms nommé Virgile, pour avoir ofé foutenir
qu’il y avoit des antipodes.
Comme quelques perfonnes employoient ce fait,
quoique mal-à-props , pour prouver que l’églife
n’étoit pas infaillible, un anonyme a cru pouvoir
le révoquer en doute dans les Mémoires de Tre-
. voux.
Le feul monument, dit l’auteur anonyme, fur
lequel ce fait foit appuyé, ainfi que la tradition qui
nous la tranfmis, eft une lettre du pape Zacharie
à Boniface : « S’il eft prouvé, lui dit le fouve-
î7 rain pontife dans cette lettre, que Virgile fou-
j> tient qu’il y a un autre monde & d’autres
v hommes fous cette terre, un autre foleil, & une
j) autre lune, affemblez un concile ; condamnez-le ;
3> cliaffez-le de l’églife, après l ’avoir dépouillé de
« la prêtrife, &c. ».
L’auteur que nous venons de citer, prétend que
cet ordre de Zacharie demeura fans effet, que Boniface
& Virgile vécurent dans la fuite en bonne
intelligence, & que Virgile fut même canonifé par
le pape. Mémoires de Trévoux ,jznv. 1708.
L’anonyme va plus loin : il foutient que, quand
même cette hiftoire feroit vraie, on ne pourroit
encore accufer le pape d’avoir agi contre la vérité
& contre la juftice ; car, d i t - i l , les notions
qu’on avoit alors des antipodes étoient bien dif-
Géographie• Tome /.
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férentes des nôtres. « Les démonftrations des ma-
»thématiciens donnèrent lieu aux conjeâures des
» philofophes : ceux-ci affuroient que la mer for-
„ inoit autour de la terre deux grands cercles qui
» la divifoient en quatre parties ; que la vafte éten-
„ due,de l’Océan & les chaleurs exceflives de la
» zone torride empêchoient toute communication
» entre ces parties ; enforte qu’il n’etoit pas polîible
» que les hommes qui les habitoient fuffent de la
« même efpèce & provinffent de la même tige que
1? nous. V o ilà , dit cet auteur, ce que l’on enten-
n doit alors par antipodes »,
Ainli pafle l’anonyme pour juflifier le pape Zacharie;
mais toutes ces raiforts ne paroiffent pas
fort concluantes. Car la lettre du pape Zacharie
porte, félon l’anonyme même, ces-mots : s’il eft
prouvé que Virgile Joutient qu’il y a un autre monde
& / autres HOMMES SOUS cette terre,-condamneI-
le. Le pape ne reconnoiffpit donc point d’antipodes,
& regardoit comme une héréfie d’en foutenir
l’exiftence. Il eft vrai qu’il ajoute ces mots :
un autre foleil, me autre lune. Mais, i°. quelqu’un
qui foutient l ’exiftence des antipodes, peut très-
bien foutenir qu’ils ont un autre foleil & une autre
lune que nous; comme nous difons tous les jours,
que le foleil d’Ethiopie n’eft pas le même que celui
de France; c’eft-à-dire, que l’aélion du foleil eft
différente, & agit en differens tems fur ces deux
pays ; que la lune de Mars & celle de Septembre
font différentes, &c. Ainfi, ces mots, un autre foleil,
une autre lune , pouvoient bien, & félon V irg ile ,
& dans la lettre du pape même, avoir un fens
très -fini pie & très-vrai. Ces mots, un autre foleil
fous notre terre, ne.-lignifient pas plus deux folcils
que ces mots,-un autre monde fous notre terre, ne*
lignifient une autre terre fous notre terre.
“Enfin, il eft plus que vraifemblable que c’étoit-là
en effet, le fens de- Virg ile , puifqu’en admettant
la terre fphérique,.& lexiftence des antipodes,
c’eft une conféquence nécèffaire qu’ils aient' le
même foleil que nous, lequel les éclaire pendant
nos nuits. Audi 1 anonyme, fupprimant dans la
fuite de fa differtation ces mots , fous notre terre,
qu’il avoit pourtant rapportés d’abord , prétend
que le pape n’a pas nié les antipodes, mais feule-,
ment qu’il y eût S autres hommes, un autre foleil, une
autre lune. i ” . Quand même Virgile auroit foutenir
l’exiftence réelle d’un autre foleil & d’une autre
lune pour les antipodes, il n’y auroit eu' en cela
qu’une erreur phyfique, à la vérité affez groffiere,
mais qui ne mérité pas, ce me femble, le nom
d’héréfie', Si en .cas que le pape eût voulu la qualifier
telle, il devoir encore diftinguer cette prétendue
héréfie de la vérité que .foutenoit Virgile
fur l’exiftence des antipodes, & ne pas mêler tout
enfemble, dans la même phrafe, ces mots, d’autres
hommes fous notre terre , un autre foleil Se une autre
“ A l’égard de l’opinion générale où l’apologifte
anonyme prétend que l’on étoit alors fur les an-
R