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poflêdés en fief depuis plus de trois cents ans,
par des comtes & feigneurs de Schlieben, anciens
chevaliers de l’ordre Teutonique en Pnvffe.
Ces Schlieben en furent invêtus en rêcompenfe
de leurs exploits, & de leurs ferviccs dans les
guerres de l’ordre contre la Pologne. Un grand-
maître, du nom de Richtenberg, leur en fit la con-
ceffion ; & de plus grands princes, du nom de
Brandebourg, ayant pris dans le pays la place de
l’o rdre, l’on fe perfuade fans peine, & de nos
jours plus aifément que jamais, que cette concef-
lion étoit trop analogue par fes motifs à la façon
de penfer de ces princes, pour n’en être pas
ratifiée & confirmée. Aufli la maifon de Schile-
ben continue-t-elle à jouir de Gerdaun fous le roi
de Prufle, avec tant d’autorité, que pour le civil
fes officiers ne relèvent d’aucun des tribunaux du
royaume. Quant à l’eccléfiaffique , ils relèvent de
l ’archi - prêtre luthérien , qui fiège à Raftenbourg.
w
G E R D EN , petite ville d’Allemagne, dans le
cercle de Weftphalie, 8c dans l’évêché de Pader-
jborn , au baillage de Dungenberg , fur le torrent
d’Oefè. Elle eft du nombre de celles qui afliftent
aux états du pays , & elle renferme un courent
de filles de S. Benoît. (Z?.)
G ER EN DO D E , petite ville d’Allemagne, en
haute S ax e , dans la principauté d’Anhalt, avec
une abbaye de dames. (Z?.)
GERGEAU. Voye{ Ja r g e a u .
GERGENTI , Agrigentum, ville d’Italie dans
la Sicile, avec un château qui la défend du feul
côté où elle foit acceffibie, & un évêché fuffra-
gant de Parlerme, à trois milles de la mer. Elle eft
dans la vallée de Mazara, à.24 lieues f. o. de Ma-
zara , 20 f. e. de Palerme. Longit. 3 1 , 21 3 latit.
37 ? 23* , . ■ t
Elle a pris fon nom de la ville d’Agrigente , des
ruines de laquelle elle s’eft formée , quoiqu’elle ne
foit pas précisément fur le même terrein. Voye1
A g r ig en te. (R .)
G E R IN G SW A LD A , petite v ille d’Allemagne,
près de Roehlitz en Mifnie, dans le cercle de Leip-
f:k. (R.)
GERMAIN ( Saint ) , petite ville de France,
dans le Limofin, ou diocèfe de Limoges, avec un
chapitre. (Z?.)
G ermain-de-Bourguejl (Saint), petite ville
de France en. Anjou ; dans l’éledion de Saumur,
avec une abbaye de Bénédiclins, qui vaut 1 Booo
l i v . , un château & titre de baronnie , auprès d’une
forêt de même nom. Làrlg. 1 7 , 52; lat. 4 7 , 20.
w W Ê Ê Êm K ^ G ermain-La v a l (Saint) , ville de France dans
îa Forés, avec-une châtellenie royale * elle eft dans
un terrein fécond en bon v ins , à 91 lieues fud-eft
de Paris. Long. 21 , 31 , 41 ; lat. 45 , 49 , 57.
(Z?)
G ermain-en - L aye (S a in t ) ,, ville de lîle de
France, avec une maifon roy ale, augmentée fuc-
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ceffivement 8c embellie par plùfieurs de no$ roî£
C ’eft un des plus beaux féjours de France par
fa pofition, fa fo rê t, & fes jardins. Elle eft
à 4 lieues de Paris fur la Seine. Long. 1 9 , 40 ;
lat. 48 , 52.
Cette ville eft bien bâtie 8c bien peuplée, tant
à caufe du bon air 8c de la vue admirable dont on
y jou it, qu’à caufe de fa franchife. Elle eft fituée
lur une montagne près de la Seine , à une demi
lieue de Marli. Le château neuf fut conftruit par
Henri IV , Louis X IV y ajouta les cinq grands pavillons
: celui-ci eft fitué fur la croupe de la montagne.
Les efcaliers fuperbes qui y furent faits tombent
déjà en ruines. 11 s’y trouve une paroiffe , un
hôpital, trois couvens, une prévôté royale , une
maîtrife des eaux & forêts, & une capitainerie royale
des chalfes.
Marguerite de France , fille de François Ier,
célèbre par fa beauté, fon favoir, 6c fes vertus
, naquit à Saint-- Germain - en - Laye le 5 Juin
1523.-Les François la tnommoient la mere des
peuples.
Henri I I , né dans le même château, le 31 Mai
1 5 18 , & mort à Paris le 10 Juillet 1559 , per-
fécuta les Calviniftes de fon royaume , foiuint
ceux d’Allemagne , fit alliance avec les Suiffes
qui s’y prêtèrent avec peine, 6c fut fournis dès
le commencement de fon règne aux volontés de
la ducheffe de Valentinois, qui fe rendit maîtrefle
de fon coeur 6c de fon efprit.
Charles IX naquit auffiàSaint-Germain-en-Laye
le 27 Juin 1550. Son règne fut rempli de meurtres
6c d’horreurs; il s’avoua l’auteur de la Saint-Bar-
thélemi, 6c fa devife étoit deux colonnes avec ces
mots, pietate 6? jujlitid.
Louis XIV vit le jour dans le même lieu le 7
leptembre 1638 , après vingt-trois ans de fiérilitê
de la reine fa mère ; phénomène auffi ftngulier que
la longueur dedon règne. (R.)
GERMANIE, ce nom a été commun à la Getv
manie proprement dite , 6c à une partie de la Gaule
belgique. La Germanie proprement dite a été aufli
nommée la grande Germanie , Germanie trànfrhénane.
La Germanie belgique fe nommoit autrement
Germanie cifrhenane.
La .grande Germanie dont il s’agit ic i , étoit un
vafte pays de l’Europe au centre de cette partie du
monde , autrefois habitée par divers peuples , auxquels
le nom de Germains étoit commun. Ce pays
n’a pas toujours eu tes mêmes bornes, 8c les anciens
géographes lui ont donné fuceeflivement plus
ou moins d’étendue. Mais l ’on peut dire en général
que la Germanie comprenoit tout le pays Renfermé
entre la V iftule, te Danube, le Rhin 6c l’O céan
feptentrional ; qu’elle faifoit la portion la plus
grande de l’ancienne Celtique, 8c avoit au moins
deux fois plus d’étendue que l’Allemagne d’aujourd’hui.
Les Romains ayant trouvé leur compte a conquérir
la Grèce 6c l’Italie, où il y avoit d’immea-
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fes richeffcs, détournèrent leur attention du- pays
des Germains, peuples qui ne poffédoient aucun
héritage en particulier , n’avoient aucune demeure
fixe pendant deux ans de fuite, s’occupoient à la
chafle, vivoient de lait 8c de la chair de leurs troupeaux
, plutôt que de pain. L ’avidité romaine ne fut
point tentée de s’avancer dans un pays fi miférable ,
d’un accès très-difficile, arrofe de fleuves 6c de rivières
, 8c tout couvert de bois 8c de marais. Ils n y
pénétrèrent point comme ils avoient fait en Afie j
6c craignant ces peuples redoutables , ils fe contentèrent
de s’emparer dune lifiere de la Germanie,
feulement par rapport à la Gaule , 6c autant que
le iVoifinage lès engageoit néceffairement à cette
guerre, une ou deux viâoires fur les bords du
pays, acquéroient le nom de germanique au general
qui les avoit remportées.
Nous devons à Céfar la première defcription des
Germains. Il en parle beaucoup dans fes commen-
|aires, lib. IV , de bello gallico , cap.j , ij , iij ; 6c
quoiqu’il ne nomme que les Suèves , qui étoient
les plus puiffans 6c les plus belliqueux, il y a fujet
de croire que la defcription qu’il fait de leurs
moeurs, convenoit à tous les Germains, 6c même
à tous les Celtes , c’eft-à-dire aux plus anciens ha-
b.itans de l’Europe car ces moeurs fimples, guerrières'
6c féroces qu’il dépeint, ont été générales ;
il eft feulement arrivé que les Germains les con-
fervèrent plus long tems que les Gaulois 8c les Italiens.
Le même auteur obferve que les'Suèves ai-
moient à être entourés de vaftes folitudes. On
remarque encore la même chofe chez les Polonois
6c les Ruffes, dont les pays font bornés par des
régions incultes du côté de laTartarie.
Après la defcription que nous a donné Céfar
de la Germanie , nous avons, eu celle de Strabon ,
qui a vécu fous Augufte 6c fous Tibère : mais
il fuffit de le lire pour fe convaincre qu’alors
les Romains ne connoifloient de la Germanie,
même imparfaitement, que ce qui eft en-deçà de
l ’Elbe : les Romains, dit - i l , nous ont ouvert la
partie occidentale de l’Europe jufqu’à l’Elbe, qui
coupe la Germanie par le milieu ; 6c ce qui eft au-
delà de J E lbe, pourfuit-il, nous eft entièrement
inconnu.
Le tableau que Pomponius Mêla à tracé de la
Germanie, prouve que l’on n’en connoifîoit guère
davantage fous l’empereur Claude. Les Romains
n’etoient pas plus éclairés fous Néron • on peut juger
de leur ignorance à cet égard par le faux portrait
que fait Sénèque des Germains ; ils ont, dir-il,
un ciel trifte, une terre ftérile , un hiver perpétuel
, &c.
Cependant on eut pu acquérir tons les jours à
Rome de nouvelles connoiffinces des Germains ,
fi les Romains les enflent fubjugués. On fait que
c’étoit l’ufage d’expofer aux yeux du public dans
les portiques de Rome , des repréfentâtions des
pays vaincus.
Pline dont les recherches intéreffantes ne connu-
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rent de bornes en aucun genre, acquit fans doute
des lumières plus fûres 6c plus étendues de la Germanie
, que tous ceux qui l’avoient précédé. Il fer*
vit fur la lifière de ce p a y s , 6c écrivit en vingt livres
les guerres des Romains contre les Germains ;
mais cet ouvrage précieux s’eft perdu: 6c nous n’avons
fait que profiter de quelques généralités géographiques
à ce fujet, qu’il a inférées dans fon histoire
naturelle, 6c qu’il expofe même fuivant fa,
coutume avec beaucoup de réferve.
Tac ite, ami 8c contemporain de Pline, fit à fon
tour un livre des moeurs des Germains qui eft entre
les mains de tout le monde, 6c qui renferme miile-
chofes curieufes de la Germanie. Comme procurateur
de la Belgique fous Vefpafien , il fut plus à
portée que perfonne de s’informer du pays qu’il fe
propofoit de décrire, 6c des peuples qui l'habi-
toient: mais, ainfi que Pline, il ne parla que d’après
le rapport d’autrui, 6c ne mit jamais le pied dans la
Germanie tranfrhénane.
Enfin Ptolomée donna une defcription de la Germanie
beaucoup plus complète 6c plus détaillée,
que celle de tous fes prédéceffeurs ; 6c c’eft auffi la
defcription qui a été reçue par prefque tous les
Géographes qui l’ont fuivi. Il rencontre jufte en
tant de chofes, qu’il doit l’avoir faite cette de£
cription fur d’excellens mémoires dreffés avant lu i,
8c vraifemblablement après avoir confulté toutes les
cartes qu’on avoit de ce pays-là dès le tems d’Au-
gufte, 6c les tables dont j’ai parlé ci-defi'us, qui
etoient expofées dans les portiques de Rome. Cependant
Ptolomée fe trompe Couvent ; il ne parle
que d’après des mémoires anciens ; 6c pour tout
dire, il n’a pas été plus heureux que les autres ; il
n’a pas vu les lieux dont il parle : aufli pourroit-il
décrire la Germanie , noritelle qu’elle étoit de fon.
tems, mais telle qu’elle avoit été autrefois. En effet,
il met les Lombards fur la rive gauche de l’E lb e ,
6c l’on fait que fous 1 ibère , ils avoient été reculés
au-delà de ce fleuve ; il met les Sicambres dans la
Germanie propre, 8c Tacite dit formellement,
qu’ils avoient déjà été tranfportés dans les Gaules.
Enfin , 6c c’eft une autre obfervation importante, il
place plufieurs villes dans la grande Germanie ,
quoiqu’il foit démontré que de fon tems , il n’y.
en avoit pas une , non plus que du tems de Tacite;
Ce dernier dit expreffément que les peuples de Germanie
n’avoient aucune'ville, étoient fans ufage de
la maçonnerie 8c des tuiles , ne fouffroient pas que
les maifons fuffent jointes l’une à l ’autre, 8c fe
creufoient pour habitations des cavernes fouterrai-
nés , afin de s’y mettre à l’abri pendant l’hiver.'
Concluons qu’aucun géographe ne nous a donne
d’exaéles defcription s de la véritable Germanie, par
cette grande raifon, que les Romains n’y pénétrer
rent jamais.
Mais comme ils ne purent la fubjuguer, ils prir
rent'le parti de fe faire une nouvelle Germanie en-
deçà du Rhin ,a u x dépens de la Belgique. Suétone
dans la vie de T ib è re , remarque que ce prince