
N ic e , paffént entre le 1 )'ti:p!(ine & le Piémont,
couvrent la Savoie, & là plus grande partie de la
SuilTe ou~elles font le’ plus élevees, & le terminent
à la met Adriatique au golfe dèQuarnéro, entre
l ’Iftrie & & la Croatie , après avoir fourni une
chaîne non -interrompue de plus de deux cent
fôixante -lieues de longueur. De toutes les montagnes
de notre continent, c’ eft les plits hautes &
les plus fameufes. Qüelqués, fommets s’élèvent
jufqu’à deux mille fept cent toifes au-deffus du
niveau de la mer. Elles jètent plufieiïrs grands rameaux
, entre lesquels nous remarquons le Jura &
l ’Apennin. Les grandes Alpes- font dans le Fauci-
gni‘, fur les deux côtés du Valais dans les Grifons,
& le haut canton de Berne. Leur foyer eft au mont
Saint-Gothard.C’eft-là & dans les environs que les
montagnes font entaffées, & préfentent plus qu en
aucun"autre endroit des montagnes & des mers
déglacé auflï ancienne que le monde, des fom-
mets chargés de neige qui y bravent la viciuitude
des faifons. Pafl'é une certaine élévation, il n y
croît plus de végétaux ; il n*y a plus de terre v é gétale
; c’eft la roche nue, recouverte par intervalles
de glaces & de neiges.
- On appelle Alpes maritimes, celles qui vont de
Vada ou Vado dans le comté de Nice, aux fources
~ du Va r, ou même à celles du Pô ; Alpes cottiennes,
celles qui s’étendent des fources du Var à la ville
de Suze ; Alpes grecques, celles qui vont de Suze^au
grand Saint-Bernard ; Alpes pennines, font la chaîne
même du Saint-Bernard qui s’étend jufqu’au mont
d e là Fourche; Alpes Rhétienes ou Grifines, celles
qui vont du mont Saînt-Gothard aux fources de la
Piave dans le Tiroî ; Alpes Julies , Noriques, Carminés
,fiptentrionales, celles qui commencent.à la
naiftance de la P iave, & s’étendent jufqu’en Iftrie,
& vers les fources de la Save ; fumrnce Alpes, ou les
Alpes les plus élevées eft la partie des Alpes où fe
trouvent le Mont Saint-Gothard , le Mont Furca,
le Crifpalî, le Grimfel; les Alpes Lepontienes, au
ientiment de Jovius, font celles qui s etendent depuis
le Lac de Cofme à travers du comté de Chia-
vene jufqu’à Coire : enfin on nomme Alpes de Suabe,
une fuite de montagnes fort hautes qui s’étendent
le long des frontières du duché de Wirtemberg, à
l’eft du Necker. ICirchelin, Aurach & Reutlirigen
font fitués près de ces montagnes. (/?.) -
ALPIRSP A CH , monafterë 8c bailliage de Suabe,
dans le duché de Wirtemberg-, & plus particulière^
ment dans la forêt noire. Le couvent eft fitue au
bord de la rivière de Kmfig. En 1563 , il eut fon
premier abbé Luthérien. Le bailliage de ce couvent
comprend onze paroiffes. (-R-)
ALP-STEIN, chaîne de hautes montagnes en
Suiffe, qui féparent le canton d’Appenzel du Tog-
genbourg, de la baronnie de Sax , & du Rhmthal.
C é to it autrefois les limites entre le pays des Rhe-
tîens ou Grifons & le landgraviat de Turgovie.\R.)
A L PU ER TE ,v ille 8c château enEfpagne, au
royaume de Valence, à l’oueft d e S é p r b e , & a u
nord-eft de la rivière de Guadalaviat. Elle eft affez
agréablement fituée, & fon territoire eft fort abondant.
Long. 16,40;/<*/. 39* 50. (/L )
ALPUJARR A S , ou ALPÜXARRAS , hautes
montagnes d’Efpagne, dans le royaume de Grenade
, au bord de la Méditerranée. Elles s’étendent
depuis la rade d’Almerie jufqu’à Settenil, frontières
de l’Andaloufie. C e canton eft un des plus peuplés
8c des mieux cultivés de toute l’Efpagne* Ces montagnes
font parfemées de villages 8c de bourgs, &
couvertes d’arbres & de vignes. Elles font fituees
entre les villes de Grenade, de Motril & d’Almerie.
Elles font entre-coupées de vallées & de plaines
qui produifent du bled, du vin 5 des fruits & de
bons pâturages. Les collines participent aufli à cette
abondance. Le vin 8c les fruits y font excellens,
& les habitans y cultivent aufli de la foie. Ils
font Maures d’origine : on les diftingue des autres
Efpagnols par la fimplicité de leiîïs moeurs, la grof-
fièreté de leur langage, 8c leur afliduité au travail.
La température du climat eft douce & falutaire. On
trouve dans ces montagnes une grande quantité de
Amples, que nos curieux botaniftes devroient s’em-
preffer d’aller connoïtre. (-&.)
A LRE SFORD, petite ville d’Angleterre dans la
province de Hamp. Elle eft fur la riviere d Iching,
I environ à 6 lieues fud-eft de Winchefter. Long. 19 ,
33 ; lat. 31 , 2.3. (Æ») ,
A L SA C E , province de France , bornée à l’eft
par le Rhin qui la fépare de la Suabe, au fud par la
Suiffe & la Franche - Comté , à l’occident par la
Lorraine, dont elle eft féparée par les Vo fge s,, &
au nord par le palatinat du Rhin. Long. 24, 30-23 ,
10 ; lat. 4 7 ,3 2 - 4 9 , 8. Son étendue eft d’environ
' quarante-fix lieues du midi au feptentrion, 8c de
huit à treize de l’orient à l’occident.
C e pays eft d’une admirable fertilité. Il offre des
plaines immenfes chargées des plus riches moiffons,
abondantes en grains de toqtes efpeces ; la cote des
Vofges eft chargée de vignobles d’un grand rapport,
dont les vins fe font rechercher, tant par leur bonté
que par l’avantage qu’ils ont de fe conferver long-
tems ; il a des pâturages excellens, des fruits 8c des
légumes de toutes fortes , beaucoup de chanvre qui
delcend dans les Pays-Bas, & de lin qui s’emploie
dans les fabriques du pays. Les terres y produifent
encore quantité de tabac, & l’on y récolte beaucoup
d’huile qui s’exprime des pavots & de la navette
que le fol donne abondamment. Cette huile
s’emploie, tant à brûler qu a peindre, 8c. a d autres
ufages. ,
Cette province a d’ailleurs de belles 8c grandes
forêts, beaucoup de mines de différens métaux,
& des fources minérales. On y rencontre des fa-
pins de cent vingt pieds de haut. Le gibier, la volaille
& le poiffon y abondent. Sa population s’é lève
à un demi-million d’habitans. L état monaftj-
que y eft cornpofé de quinze cent fôixante religieux.
On y compte fept cent cinquante paroiffes,
dont les deux tiers appartiennent aux catholiques
Romains *
A L S
Romains, & l’autre tiers à-peu-près à la communion
Luthérienne. Il y a aufli des Réformés, des
Anabaptiftes & des Juifs qui y ont des écoles &
des fynagogues. Ces derniers y compofent environ
deux mille fix cents feux. A cinq hommes par feu ,
leur nombre s’élève à treize mille.
La langue du pays eft l’allemande ; mais dans
les villes , . les gens au-deffus dû commun parlent
les deux langues allemande & françoife. En paffant
de l’empire à la domination de la France , la no- 1
bleffe de la baffe-Alface reçut de Louis X lV la
confirmation de tous fes privilèges, autant quils
ne répugnoient point aux loix du royaume. Elle continua
à être divifée en noblefle immédiate, & no-
bleffe médiate. Les caufes de celle-ci font portées „
directement au confeil fupérieur de Colmar. L’autre
a fon propre direéloire, fiégeant dans fon hôtel à
Strasbourg, 8c qui connoît non-feulement des différends
des gentilshommes, & des appellations de
leurs baillis définitivement jufqu’à la concurrence
de 3oc livres; mais encore de toutes les affaires
perfonnelles des nobles & de celles de tout le
corps, tant en demandant qu’en défendant. C e tribunal
que le roi a décoré du titre de préfidial, eft
compolé de fept confeillers ordinaires, choifis du
corps de la noblefle à la pluralité des v o ix , & qüi
alternent pour la préfidence de fix mois en fix
mois, de trois confeillers-affeffeurs, d’un fyndic
8c d’un fecrétaire. Il y a de plus huit adjoints perpétuels
élus par les direéleurs, & qui fiègent avec
eux dans les affaires où tout le corps eft intéreffé.
Quant à la noblefle de la haute-Alface & du
Sundgaw:, avant la réunion de l’Alface à la France,
elle avoit paffé infenfiblement fous les loix de la
maifon d’Autriche. En acceptant des emplois dans
la régence, à la cour, & dans les provinces, &
par d’autres voies encore, elle s’étoit dépouillée
de fes privilèges.
L’Alface paffa de la domination des Celtes fous
celle des Romains. D e ceux-ci, elle échut aux A llemands
, auxquels les François l’enlevèrent après
la bataille de Tolbiac, qu’on appelle aujourd’hui
Zulpich, gagnée par Clovis en 496. Elle fut en-
fuite incorporée au royaume d’Auftrafie : en 732 ,
elle paffa comme le refte de la monarchie fous les
loix de Pépin-le-Bref & de fes fuccefleurs. Au décès
de Louis-le-Débonnaire, en 840 , Lothaire, fon
fils aîné, s’en empara, & la joignit à cette grande
portion de l’empire François qui lui échut , ce
qu’on appella le royaume de Lotharingie ou de
Lorraine. Lothaire I I , fort fils puîné, en hérita ;
mais après -lui, & en 869, l’A lface fut réunie à
l’empire d’Allemagne ; elle fut gouvernée par des
ducs, & releva enfuite immédiatement de l’emr
p ire, excepté la partie de la haute-Alface que la
maifon d’Autriche étoit venue à bout de fe fou-
mettre.
Près d’un fiècle avant l’extinélion des ducs, les
comtes provinciaux qui dominoient fous eux en
Alface , prirent le titre de landgraves, & les çon-
Giographity Tome I .
A L S
trees auxquelles ils jpréfidoient furent appellées '
landgraviats,.1’un fuperieur & l’autre inférieur. L e '
gouvernement politique étoit diftribué de maniéré
que le duc avoit foin de tout ce qui avoit rapport
à la milice & à la tranquillité de l’état, & les land-*
graves préfidoient aux tribunaux. Les domaines
leuls de l’empereur, les villes épifcopales, & quelques
autres étoient exempts de leur jurifdi'âion „
& étoient adminiftrés par un préfet & des confeils
municipaux. Dès qu’il n’y eut plus de ducs, les
landgraves étendirent peu-à-peu leur pouvoir, obtinrent
les droits régaliens, 8c finirent par gouverner
en maîtres, les pays qui les avoient vus auparavant
{impies magiftrats.
En 1357, la meilleure partie du landgraviat inférieur
paffa à l’évêque de Strasbourg avec le titre
de landgrave , qui appartenoit aufli à la maifon
d’Autriche pour la haute-Alface où elle dominoit-
Par le traité de Munfter, conclu en 1648, l’empereur
renonça , tant en fon nom qu’en celui de
la maifon d’Autriche 8c de l’empire , à tous leurs
droits fur le landgraviat de haute 8c baffe-Alface,
le Sundgaw & les dix villes impériales 8c unies de
cette province, 8c en fit ceflion à la France pour
en jouir à perpétuité 8c en toute fouveraineté.
Louis XIV promit bien à fon tour de ne point déroger
aux immunités des états de cette province,
qui avoit joui de l’immédiatèté de l’empire, 8c de
fe contenter des droits que la maifon d’Autriche'
avoit exercés fur eux; mais dans la guerre fuivante,
il fe crut obligé de prendre poffeflion des dix villes
impériales ; 8ç leur reddition n’ayant point été ex-
preffément déterminée par le traité de Nimègue ,
il les fournit entièrement à fa domination. Le corps
de la noblefle ayant fubile même fort en 1680, il
11e reftoit plus que la ville de Strasbourg , qui, ne
pouvant faire mieux, fe fournit au roi en 1681 ,
8c que l’empereur 8c l’empire cédèrent également
en toute fouveraineté à la France, par le traité de
Rifwick de 1697, avec tout ce qui lui appartenoit
fur la rive gauche du Rhin.
Depuis que cette province a ainfi été réunie à la
monarchie Françoife, elle eft régie par lin gouverneur
général 8c un intendant.
Le commerce de ce pays confifte en tabac, eau-
de v ie , chanvre, garance, écarlate, fafran, cuirs
8c bois; le négoce s’en fait à Strasbourg , fans
compter les choux pommés qui font un objet beaucoup
plus confidérable qu’on ne le croiroit. Il y a
manufaéhire de tapifferie de moquette 8c de ber-
game , de draps , de couvertures de laine, de fu-
taines , de toiles de chanvre 8c de lin ; martinet
pour la fabrique du cuivre, moulin a épicerie,
commerce de bois de chauffage, qui appartient
aux magiftrats feuls; tanneries à petit cuirs, comme
chamois, boucs, chèvres, moutons ; commerce de
fuifs, poiffon fec Sc falé, chevaux, & c ......... Le
refte du pays a aufli fon négoce ; celui de la bafie-
Alface eft en bois ; celui de la haute, en vin , eaux-
de : v ie , vinaigre, bleds, feigle , avoines. Les