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fur foixante de large. M. Biiiching lui donne neuf
cent milles quarrés d’Allemagne. v a
Ce royaume eft tout environne, de forets & de
hautes montagnes, dont les principales font les
monts Bohémiens, qui font partie des monts Sudètes.
Parmi les forets , on diftingue la forêt de
Bohême, laquelle fépare ce royaume de la Bavière
, du haut Palatinat, de la Franconie & du
Yotgland. Le fol de ce pays eft élevé, gras, & fablo-
neux dans très - peu d’endroits ;. le terrent uni pour
la plus grande partie., l’air chaud, mats lalufare.
La terre produit en abondance du bled-farraun , du
millet, des légumes, des fruits, & particulièrement
du houblon, ainft que du fafran , du gingembre,
du callnus. , ,
Ses vins rouges les plus renommes font ceux de
Mielnik & fur-tout celui, de Podskalky, qui le
recueille’ dans les environs d’Auflig. Les pâturages
font bons : on nourrit une grande quantité de bétail.
La chafle eft belle & fournit, outre beaucoup
de gibier, des loups, dés'loups-cerviers, des renards
, des martres, des blaireaux, des caftors &
* Les rivières & les étangs nourriffeht des poiffons
de toutes les efpèces, Le pays fourniffpit des fources
falées , qu’on n’a pas fu ménager i de forte que la
■ Bohème eft forcée de tirer tout fon fel de 1 etranger.
On troûye en plufieurs en^foits du charbon de
terre, de l’alun , du foufre & du vitriol. 11 y a
àuffi des mines d’argent à Kuttenberg , a Pillen, a
Bechin, & dans le diftrift .d’Elnbogen ; des mines
detain près de Krauppen, Sclilackenwald, Lauterr
bach & Schoenfeld ; des mines de fer & d aimant
en plufieurs endroits ; des mines de cuivre près
d’Elnbogen; enfin des mines de plomb , de vit-
argent & du falpêtre. Les carrières offrent des marbres
de toutes les efpèces. On trouve auffi plufieurs
fortes de diamans ; dans la V/atawa & la Witava,
on pêche de fort belles perles. A Carlsbad & a
Toeplits , il y a des bains chauds ; a Kukusbginn il
s’en trouve de froids , & des eaux acidulés a Egra oç
â Defnÿ. ’
L^s neuves de ce royaume font 1 Elbe , 1 E ger,
h 'Moldau , ou Muldau, 8cc.
La population u ’ eft plus ce qu elle a ,ete. La
forme de fon gouvernement 8ç les guerres, fur-
tout celles de religion fous Rodolphe I I , Mathias I
& Ferdinand I I , ont dépeuplé ce royaume. La
Bohème., ne comprend aujourd’hui que cent cinq
villes , tant grandes que petites. En 1770, 1? nombre
des habitans fe monta à près de depx millions,
ce qui ne feroit guères que le quart de ce quelle
pofledoit autrefois,. . j -r , .
Les.pay fans Bohémiens font férfs. La durete de
leur efclavage en obligea un grand nombre , en
16 79, à prendre les armes ; mais la caufe là plps,
jufte n’eft pas toujours la mieux défendue; leurs
tyrans les ayant vaincus »achevèrent de les opprimer.
Cependant la raifon & les fciences qui s e-
téndent peu à peu dans toute l’Europe, ont fait
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voir à leurs maîtres avares, ce qu’ils pourroient gagner
en.les traitant avec plus de douceur. Aujourd’hui
l’empereur a mis un frein à ce pouvoir arbitraire
; chaque payfan a le droit de porter fes plaintes
contre fon feignent, devant les çomminàires'
nommés par le fouverain, & le procureur eft obligé
de plaider fa caufe gratis, Ces procureurs apparemment
ne font pas tout*à fait comme les nôtres.
Dans plufieurs endroits , les payfans peuvent
acheter des biens fonds, fe les faire adjuger parde-
vant le bailli ,8c en difpofer à leur gré par contrat
8c par tçftament. Eh quoi f faut-il donc tant de
fiècles, tant de négociations pour afîurer à l’homme
un droit qui lui eft naturel, 8ç qu’on ne peut lui
enlever fans injuftice ! Je ne demanderai pas pourquoi
un homme eft condamné à être le férf d’un
autre homme. Cette quçftion eft infultante pour
Phu-manicé ; mais je m’étonnerai que cette barbarie
ait exifté fi long-tems en France, & qu’elle exifte
encore dans une grande partie de l’Europe.
Il n’y a plus, aujourd’hui en Bohême qu’un petit
nombre de polie fleurs de biens libres. La plus
grande partie de ces biens libres eft fituée dans les
cercles de Bechin 8c de Prachiri ; encore font -'ils
tous entre les mains des nobles qui lès ont incorporés
à leurs feigneuries. Les payfans libres cepen^
dant font encore affervis aux corvées feignpuriâles ;
ils le font bien dans plufieurs endroits en France.
Le feront-ils long tenus encore ?
Les membres des états provinciaux font les pré*'
lats , les feigneurs , les nobles & les villes. Les prélats
font l’archevêque de Prague, les évêques de
Leutmeritz 8c de Koenigingroetz, les chanoines de
la métropole de Saint-Veit au château de Prague,
dont le doyen çft le premier prélat du royaume , JH
yingt-un prévôts 8c abbés.
La clafle des fçignçurs comprend les princes » les
comtes 8ç les barons, Les nobles font les anciens
nobles, ainfi que ceux qui ont été admis à l ’ordre
de la noblefle. Les feules villes royales font aefini-
; fes à l ’aflçmblée des états : ces affeml^lées font
convoquées par le roi une fois l’an , 8ç fe tiennent
à Prague, , ■ ..
La langue Bohémienne eft un dialeâé de l’Efr
; clavon. La langue Allemande eft fprt mitée en
Bohème.
Dès -le v i e fièçle, les Bohémiens avoient em-
braffé la religion Chrétienne. La religion Catholique,
Apoftoliqué 8cRomaine, eft la dominante.
Depuis 176,3 , le gouvernement avoit pris fous fa
protécljon les Juifs 8ç les Proteftans ; mais il falloit
porter un dernier coup au fanatifine. Le fage Jo-
feph vient de fupprimer un nombre infini de consens
auffi riches qu’inytiles, de faire paroître
fon édit 4® tolérance.
" L’archevêque de Prague eft légat né du faint-
Siège, prince du faint çmpîre , primat du royaume
de Bohêmç, chancelier perpétuel ' de l’univerfité
dé Prague: il couronne le roi. Ce prélat avoit aur
trefois voix à la diète de l’empire : la junfdîélion
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fnprême fur les eccléfiaft'ques, appartient privati-
yement à l’archevêque , 8c l ’on ne peut appeller de
fes juge mens qu’au roi ou au fiège de Rome.
Je ne parlerai pas des fciences. Que peuvent-
elles. être dans un pays d’efclàves ? Luniverfité ,
compofée de fujets médiocres, ne peut que former
de médiocres fujets ; cependant on doit tout
attendre des grandes vues du prince augufte qui
gouverne aujourd’hui ce royaume.
Depuis 1763 , il s’eft établi des mantifa&ures de
toutes efpèces dans c e ’royaume, de forte qu il peut
fe pafler des marchandifes étrangères. Les verre
ries fur-tout y f#nt en grand nombre, 8c il en fort
des ouvrages qu’on tranfporte dans toute l’Europe. __
Pour le commerce, la Bohême vend à l ’étranger
beaucoup de bled, de malt, du houblon , des légumes
, de la potaffe, du bois, de la laine, des
cuirs, des glaces, des pierres précieufes , 8c fur-
tout des toiles. Cette dernière branche de commerce,
eft gouvernée par une compagnie qui fait
pafler fes marchandifes dans les deux ^Mondes. Les
marchandifes étrangères font afliijé^'es à de gros
droits d’entrées ; 8c en général, lef^commercq' de
Bohême eft reftreint 8c médiocre.
Environ 589 ans avant Jéfus-Chrift, les Boïenf,
qui faifoient partie des Celtes, fortirent des Gaules^
fous ia conduite de Sigovèfe, paffèrent le Rhin, 8c
fixèrent leur demeure dans'ce pays qui en reçut lë
nom de pays des Boitas, 8c par corruption celui de
Bohême. Les Boïens furent chafîés par les Marco-
mans fous lé règne d’Augufte. Ceux-ci, dans le V Ie fièçle, furent à leur tour chafles par les Slaves,
qui établirent en Bohême plufieurs républiques ;
mais bientôt le gouvernement de démocratique. 8c
ariftocratiqiie. qu’il, étoit devint monarchique ;
Przemiflas premier , leur duc, fit pafler radminif-
tration du royaume à fa poflérité. Charlemagne
rendit les. Bohémiens tributaires de l’Empire ; mais
leur dépendance dura peü ; '8c ils eurent cOnftam-
ment des démêlés avec les Allemands. Dans le 11e
fièçle, la dignité royale fut fupprimée, 8c la Bohême
ne fut plus qu’un duché jufqu’à 119 9 , qu’elle fut
de nouveau érigée en royaume en favetir de
Przemiflas II. Le trône de Bohême fiit occupé par
des rôis de différentes races-3; d’é leâif qu’il étoit il
devint héréditaire , 8c pafla a la maifon d’Autriche
fous Ottocar II dans le x iiie fièçle. La branché
mafcuîine de l’ancienne maifon d’Autriche s’étant
éteinte par la mort de Charles V I , Marie Thérèfe,
l ’aînée de fes filles , hérita de tous fes états , 8c par-
ticnliérement“du royaume de Bohême , qui, par la
mort de Marie Thérèfe arrivée en 1780, appartient
à Jofeph II, aujourd’hui empereur d’Allemagne,
8c roi de Bohême.
Le roi de Bohême avoit le titre d’arçhi-échanfon
de l’Empire; aujourd’hui cet archi-oflîce eft héréditaire'à
la maifon des Comtes d’Althan.,
Il n’y a d’autre Ordre' en Bohême que l’ordre de
Vétoile rouge , qui fut établi en 1217", 8c qui exifte
en Moravie, en Siléfie & en Hongrie.' •
La chancellerie de Bohême fut réunie en 1762 a
la chancellerie des états héréditaires d’A utriche;
elle a été remife en fon premier état depuis cette
époque. Cependant les,affaires de juftice 8c de finance
en font reftéës féparées. Il a été établi en
1763 un gouvernement provincial, qui expédie les
affaires d’état 8c de finance, ainfi que celles qui regardent
les autres départemens de la province 8c de
la cour impériale. Prague a aufti le fiege provincial
fupérieur & inférieur, le fiège royal des finances,
lw fiège féodal, la table provinciale, la police, la
chambre de députation , la chambre des mines, de
lamonnôie, &c.
Chaque cercle de la Bohême ( au nombre de 16
fans y comprendre Prague) a fon capitaine, 8t
chaque ville fes magiftrats 8c fa juftice. La Bohême
entretient 9000 hommes pour la milice perpétuelle
de 24,000 hommes des pays autrichiens. Les contributions
ordinaires font payées par 50,000 per-
fonnés domiciliées ,.à raifon de 66 florins chacune,
ce qui rapporte 3,300^000 florins. Les contributions
extraordinaires fe lèvent des rentes feigneu-
riales. Les autres impôts font fiir la bierre , la
viande, le tabac, lé bétail, 8cc. (M k s s ô i ï d e
Mo r v i l l i e r s .)
BOHÉRIES, riche abbaye de France, au dio-
cèfe de Laon , ordre de Cîteaux, fondée en 1141.
Elle vaut 18000 liv.Elle eft à une li. n. o. de Guife.
BOHMISCH-BROD. Voye^ Bcehmisch-brod. BOHMISCH - WEYER , ville de Bohême ,
dans le cercle de Pilfen , fur un lac.
B O H O L , île fituée entre les îles Philippines, 8c
l’Océan oriental en Àfie. Elle a feize lieues de
long 8c huit environ de large.
BOH U SL AW , ville de Pologne, dans le palatin
at de Kiovie.
BOIANO , petite ville d’Italie , au pied de l’A pennin
, au royaume de Naples, dans: le tomté de
Molife , près du Biferno , avec un évêché fuffragant
de Bénévent. Long. 3 2 , 8 ; lat. 41 , 30.
B O ÏG N Y , village de France à imelieue f. d’Orléans
, chef-lieu de l’ordre de S. Lazare.
BOINE , rivière d’Irlande dans le Leinfter, au
n. de Dublin, connue par la bataillé qu’y perdit
Jacques II en 1696, ou le.'maréchal de Sçhomberg
fut tué.'
BO IN E BO U RG , petite ville 8c comté d’A llemagne
dans la baffe-Hefle, à l’orient d’Eifenack.
BOINITZ , ville de la haute-Hongrie au comté
de ZolT, remarquable par fes bains 8c le fafran
qui croît dans fon territoire en très-grande quantité.
Long. 3 6 ,4 0 ; lat. 48 , ’'42.
BO IS-AÙ BR Y , abbaye de Bénédidïns, diocèfe
de Tours, à 3 lieiles f. e. de l’île Bouchard. Elle
vaut 1800 liv. Bois-belle. Voye^ Henrichemont.
B o i s - gommaîy > Qommsmnum, petite ville de
France dans le Gatinois , près du ruiffeau des
Ondes , avec un château , à 5 li. o. de Montargis.
B o is - grosland, abbaye de France, fondée