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pitalisrs, amis de la frugalité, mais paflionnés pour
le jeu 8c la chaile. Rien enfin ne fe contredit plus
bifarrement que leur caractère : on les repréfente a
la'fois trompeurs dans le commerce & religieux
dans leurs fermons, fouples 8c opiniâtres , rampans
& hauts, légers , & prêts à prendre des partis extrêmes
; pleins d’orgueil , exempts d'ambition ,
fobres , pareffeux , vigilans dans leurs paflions,
indolens, & capables des plus grands efforts , in-
conftans, 8c hommes d'habitude , vifs & mélancoliques
, impétueux-dans leurs révoltés , & tranquilles
dans le crime; Cet affemblage de paflions
différentes eft en eux une fuite de la vivacité de
leur imagination. (M A s s o n d e Mo r v i l Lie r s ï )
CO R SÔ E R , petite ville du royaume de Da-
nemarck, dans 1 île de Séeland, avec .un fort fur
la mer Baltique. ^
Ç O R T E , Curia, petite ville d’Italie, dans l’île
.de C o r fe , avec un château , 8c un collège. Sa
Situation eft vers le milieu de 1 île. C ’eft la refidence
ordinaire de l’évêque d’Aléria. Elle eft à 10 li.
f. e. de C a lv i, n f. o. de Baftia. Long* 25 , 55 ;
lat- 42 , 12.
Cette ville eft placée dans un pays fertile en
b led s , en vins & en huile ; mais elle eft mal bâtie
& mal peuplée.- Son château eft en allez mauvais
état, quoique réparé par les François. Le roc ef-
carpé fur lequel il eft bâti n’eft acceflible que d’un
côte. Le général Paoli y avoit fon hôtel ; au refte ,
elle difpute vainement à Baftia le titre de capitale
de la Corfe. Quelques-uns croient que cette ville
eft l’ancienne Ceneflum. (72.)
CO R T EM IG L ÎA , petite ville d’Italie, au duché
de Montferrat, dans le pays d’Alb e, fur la rivière
de Bormida.
C O R T O N E , petite ville d’Italie , en Tofcane ,
dans le Florentin, au nord-eft deMonte-Pulciano,
avec un évêché qui ne relève que du pape. La place
eft bâtie fur le penchant d’une montagne » près du
lac de Péroufe, & a joué un fort beau rôle dans
l’antiquité, étant une des plus confidérables de
l ’Etrurie. On y compte deux chapitres , quinze
couvens , dont plufieurs ont des églifes remarquables
par leur architeâure & par des péintures
eftimées ; plufieurs paroiffes 8c confréries de péni-
tens ; un grand nom bre de beaux palais , entr autres
celui des Tommafi, où il y a une galerie de
trois cents tableaux des plus habiles peintres de
l ’Italie. Cortone offre encore aux yeux des curieux
plufieurs reftes précieux d’antiquités Etruf-
oues. On y trouve une académie célèbre , urf fe-
minaire & un collège. Cette ville a produit une
foule de grands peintres 8c de favans illuftres.
Long. 2 9 ,3 7 ; lat. 4 3 » I^*
COR VE Y , ou l a N ouvelle C o r b ie , Corbia,
petite v ille , abbaye , 8c principauté d’Allemagne ,
en Weftphalie/L’abbé, qui eft prince de l’Empire ,
a la dernière voix à la diète parmi les abbes princiers.
Il a aufti voix & féance dans les affemblées
du cercle de Weftphalie. La ville de Corvey eft
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fur le VPefer, à 59 lieues e de Paderborn. (72.)
C O K V G , île la plus feptentrionale des Açores ,
au nord de celle de Flores. Elle a 3 li. de tou r, un
port, 8c un bon château.
C O jRWU A , ville de Pologne affez commerçante
, dans la Samogitie, fur la rivière de Niemen.
CO ( île de ). L ’île de Co , une des Sporades,
nommée encore Lango ou Stancho, autrefois Cos,
fut la patrie d’Hippocrate & d’Appelles, les deux
plus graficis hommes du monde, l’un pour la médecine
,8c l’autre pour là peinture. Elle fut aufti
très-célèbre par la pourpre que l’on pêchoit entre
cette île 8c celle de Niftzus, à préfent Naftari ; par
fes excellens vins 8c par fes belles gazes. Elle s’ap-
prochoit des côtes dé l’Afie mineure, entre la mer
Egée & la mer Carpathienne , à l’entrée du golfe
Céramique, qui féparoit la Carie de la Doride.
Strabon lui donnoit foixante neuf milles d’Italie de
circuit, & parmi -les modernes Thevet lui alîigne
trente-cinq lieues de France.
- Il y avoit encore, du tems de Jélus-Chrift , uïi
temple, élevé en l’honneur d’Efculape , dans le
fauxbourg de Co , qui étoit également renommé
& rempli de préfens confacrés , des plus précieux.
On yoyoit |entr’autres dans ce temple le portrait
d’Antigonus , peint par Appelles , & celui'de Vénus
Anadyomène ; c’eit-à-dire , qui fort de Veau. Ce
dernier portrait fut porté à Rome, 8c confacré au
dieu Céfar par l’empereur Augufte.
* Enfin, ce qui touche davantage, on y voyoit
quantité de planches ou de tableaux qui conte-
noient des obfervations fur le côurs des maladies ;
leurs fymptômes , les remèdes, dont on s’étoit
fe rv i, avec leurs divers fuctès. On dit qu’Hippo-
crate fit -un recueil de toutes ces obfervations , Sc
quec’eft-là qu’il a puifé les premières lumières qu’il
a eues de là médecine , 8c dont il a fçu tirer un fi
grand parti.
Cette île eft encore aflez fréquentée. On y a
long-tems admiré un fuperbe platane , dont les
branches couVroient tout le bazar. On dit qu’il a
été abattu par la foudre il y a peu d’années. (72.)
COS A , petite rivière. d’Italie , dans la Campagne
de Rome , qui fe jète dans le Garigliano.
m
COSAQUES ( les ). C ’eft le nom qu’on donne
à un peuple guerrier , qui habite les parties les plus
méridionales de la Mofcôvie | 8c fur-tout ce qu’oh
appelle la petite Ruffie , en langue Mofcovite ,
molaia Rojjîa. Il y a toute apparence qu’ils font
Rtiffes d’origine. Quoiqu’il y ait une grande ref-
femblance entre la langue Polonoife 8e la Mofcovite
, celle des Cofaques a cependant plus'd’affinité
avec cette dernière. Leur religion eft la même.;
ils fuivent le rit Grec ; ils y font même fort 'attachés
: & s’ils ’n’ont pas apporté cette religion dp
leur première patrie , où elle eft généralement
‘ fiiivie, pn ne fauroit dire en quel tems ou à quelle
occafion ils l ’ont embraffép, On peut les divifer en
1 deux branches.
i° . Les
c o s t*. Les Cofaques Maloroffiques I QU de la pente
Ruffie. Cette branche eft compofée des Saporo-
siens 8c des réeimens Slobodiens.
Les Cofaques Donniens , d’ou font iffus las
Cofaques de .la W o lg a , les Cofaques Terkiens ,
qui font aujourd’hui éteints ; Grebeins-Kiens, oe-
ineiniens, Jaïkiens, & Sibériens. .. . r
Il ferait intèreffant de favoir comment ils fe font
réparés du gros de la nation pour faire un peuple a
part, pour vivre fous des loix toutes differentes,
& pour établir entr’eux une forme de gouvernement
toute militaire, & qui n a rien de c°mm™
avec celui de la nation dont ils font delcendus. M.
IVUiller a donné là-deffus certains détails curieux ,
que M. Biifching a tranferits dans fon ouvrage :
nous allons en donner le précis.
Les anciens Mofcovites, peu reffemblans a ceux
de nos jours, qui fe montrent ,fi bien , lorfquil
s’agit d’attaquer une ennemi, ou d en repouffer les
aflauts , étoient, en quelque façon , le jouet de ces
mêmes Tartares que les Ruffes, dans la dermere
guerre , ont fi facile ni ent-fubjugués , maigre la pro-
teftion de l’empereur des Turcs.^ Ces peuples fai-
foient autrefois des courfes fréquentes dans la
Ruffie; ils en ont quelquefois meme traité les fou-
verains avec la dernière indignité : les provinces les
plus voifines de leur pays eurent le plus à fouffrir
de leurs ravages. Ce qu’on nomme aujourd'hui la
petite RuJJie, ou V Ukraine, étoit la principale province
de ce vafte pays. Les fouverains y ont fait
leur réfidence dès le tems du grand duc Igor , juf-
qu’à celui d’André Jurgewitfch Bogolubskoy , qui,
€11 l’année 1157, transféra le fiège de la fouverai-
neté de Kiovie à Wolodimer ; des-lors il y eut
.dans cette ville des princes indépendans. En
1240, les Tartares , fous la conduite de leur Khan-
B a ti, fe rendirent maîtres de Kiovie, oc dévafterent
le pays ; ils y abufèrent étrangement.de leur pouvoir
: ils établifloient 8c dépofoient à leur gré les
princes Ruffes dans le diftrift de cette dernière
v ille , 8c ailleurs. L’an 1320, Gedimin, grand
duc de Lithuanie , mit une fin à la d»mination des
Tartares : il vainquit Staniflau, prince de K io v ie ,
qui defeendoit des anciens grands ducs de Ruflie ,
8c s’étant rendu maître de la v ille , il y établit lin
gouverneur.
C ’eft vraifemblablement de cette époque qu’il
faut dater le commencement des Cofaques. La
haine d’une domination étrangère obligea plufieurs
des anciens habitans à s’expatrier, 8c à chercher une
retraite aux environs de rembouchure du Borif-
thène , qu’on nomme aujourd’hui le Dnieper.
Ce fleuve, avant que d’entrer dans la mer Noire,
forme une efpèce de lac d’aflfez grande étendue, 8c
.un grand nombre de petites îles : plus haut on
trouve treize cataraéles , ou chûtes d’eau , qu’on
nomme communément les treize porovis du Boryf-
thène. Une fituation comme celle - là étoit propre
à fe défendre, 8c les attaques Fréquentes que ces
fugitifs avoient à effuyer de la part des Tartares ,
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des Lithuaniens, 8c des Polonois,' 8c l’obligation
de repoufier tant d’ennemis, les mit dans la nécef-
fité d’établir parmi eux un gouvernement militaire,
très-différent de celui fous lequel ils avoient vécu
jufqu’alors. On ne peut guère en fixer le commencement
avant cette époque. | "
Des ètabliflemens de cette nature ne fe font pas
faits tout d’un coup. Une fécondé irruption que les
Tartares firent en 1313 , dans laquelle il fe rendirent
encore maîtres de K io v ie , augmenta vrai-
femblabiement le nombre des fugitifs. Une troi-
fième caufe put y contribuer : Cafimir, fils de 3a-
gellon , roi de Pologne, entreprit cl’unir à la Pologne
la principauté de Kiovie. Il la partagea en
diftriéis ; il établit dans chacun de ces diftriéis des
vaivodes , des cafiellans , des fiaroftes , des juges ,
& d’autres officiers, tous de nation Ruffe : il ne
mît point de différence entr’eux 8c les Polonois naturels
; il vouloir même rendre ces difpofitions
durables, 8c les confirmer par des loix , dont fes
fuccefleurs ne dévoient point s’écarter. Cependant
elles durèrent peu; il s’introduifit quantité de Polonois
dans le pays ; ils y acquirent des domaines;
ils furent attirer à eux les emplois honorables 8c lucratifs
; ils commencèrent à traiter avec hauteur les
anciens habitans , que cette façon d’agir rebuta de .
plus en plus , 8c ce mécontentement groffit encore
le nombre des émigrans.
Il eft vraifemblable aufti que ce fut à cette époque
, ou du moins vers ce tems , que le pays, dont
les Cofaques fortirent, fut appèllé la petite Ruffie,
pour le diftinguer du refte des provinces qui for-
. moient cette yafte région, qu’on nomnie aujqur-
d’hui Mofcovie ou Ruffie. Pendant que la première
étoit unie à. celle-ci fous un meme fouverain , ou
pendant que lune 8c l’autre étoient opprimées par
les Tartares, il n’y a pas d’apparence qu’on ait
penfé à cette diftinéffon.
Peu après, ces émigrans, que l’on nomma d’abord
Mêla RoJJisky , mot qui peut fignifier les petits
Ruffes , s’étendirent jufqu’au Bog , 8c même juf-
qu’au Dniefter , 8c occupèrent le pays compris
entre ces fleuves 8c le Boryfthène. Ils bâtirent- des
| villes 6c des villages , où ils fe retirèrent en hiver
pour y habiter avec leur famille. En été, la jeu-
neffe , 8c ce qu’il y avoit de gens vigoureux, fe
répandoient fur les frontières, 8c harceloient perpétuellement
les Turcs & les Tartares ,, ce qui
mettoit la Pologne 8c la Lithuanie à couvert de
leurs dévaftations ; fi bien que les fouverains de ces
deux pays, non-feulement les laifibient faire , mais
de plus leur accordoient certains avantages , 8c
cherchoient à mettre plus d’ordre à leur gouvernement
, afin qu’ils fe rendiflènt plus redoutables à
ces deux peuples, ennemis du nom chietien.
Le nom de Saporoçièns , qu’on a donné aux C o faques
, paroît figniffer demeurant au - defjous des
c luîtes d'eaux. Dans les commencemens on n'y
mettoit pas de différence : tous les Cofaques étoient
habitués au-d^ff^s des cat&raétes eu porovis du
P p p