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BERLEBOURG, petite ville d’Allemagne, avec
un château , dans la Wetéravie, au comté de
Wittgenftein. Cette ville 8c fon château furent
bâtis en 1258. Elle tire fon nom d’un rniffeau qui y
pafte, & que l ’on appelle Berlebach.
BERLIN , ville d’Allemagne , capitale de l’électorat
de Brandebourg 8c de tous les états Prulïiens.
C ’eft une des plus grandes , des plus riches, des
plus belles , des plus considérables & des plus
lloriffantes villes de l’Europe. Elle eft fituée fur la
Sprée, qui tombe dans la Havel, rivière qui verfe
à l’Elbe, Scelle communique à l’Oder par un grand
6c beau canal, que l’éleCleur Frédéric-Guillaume fit
creufer en 1666. C e canal fe termine à Francfort :
par la Sprée, la Havel Sc l’Elbe ; il fait la communication
de la Siléfie 8c du Brandebourg avec la ville
de Hambourg 8c l’Océan Germanique, ainfi que
par l’Oder il fait communiquer le Brandebourg avec
la mer Baltique, 8c que par l’Od e r , la Warte 8c
la Netz il établit communication du Brandebourg 8c
de la Siléfie avec la Viftule 8c toute la Pologne.
Berlin ne le cède aujourd’hui en étendue à prelque
aucune ville de l’Europe, 8c elle les furpaffe toutes
par la beauté, la largeur 8c la régularité de fes
•rues, dont quelques-unes font plantées de deux
rangs d’arbres, avec des canaux, 8c des ponts-levis
comme en Hollande. Depuis la paix de Huberts-
fcourg, le roi y fait bâtir tous les ans une vingtaine
de maifons de-la plus belle architeélure. Il y dé-
penfe régulièrement deux à trois cent mille écus
par an , 8c rend les maifons gratis aux pofleffeurs 8c
fans aucune rétribution. Il y a fait bâtir , aufli à fes
frais, douze grandes 8c magnifiques cafernes, pour
autant de régimens qui font en garnifon à Berlin,
afin d’en épargner les logemens aux bourgeois.
Cette ville a environ quatre lieues de tou r ,
6c on y entre par quinze portes. Murée d’un côté,
elle n’eft que palifladée de l’autre. Le roi y réfidç ,
6c c’eft le liège des collèges fuprêmes. Le magiftrat
eft compofé d’un préfident, de trois bourguemef-
tre s , de deux fyndics 8c d’un certain nombre de
conseillers. On y compte fix mille cinq cents maifons
, plufieurs places belles 8c fpacieufes , vingt-
cinq églifes , partie Luthériennes , partie. Calvi-
uiftes, 8c quelques-unes à l’ufage des catholiques
Romains. Les Juifs d’ailleurs y ont une fynagogue.
Elle a un bel hôtel des invalides, avec cette infcrip-
cription : loefo & ïnvïElo militi. La ville de Berlin
contient aujourd’hui cent quarante mille habitans,
y compris la garnifon. Elle doit fon plus grand ac-
croiffement au roi régnant : au commencement de
ce fiècle, elle comptoit à peine vingt-cinq mille habitans.
Il ne s’y trouve guère moins de fix mille
François réfugiés, dont notre intolérance a augmenté
la population de cette ville. On y remarque
le grand pont qui conduit de la rue royale à la place
du château. Il eft orné d’une magnifique ftatue
équeftre en bronze, de l’éleCteur Fréderic-Guil-
laume le Grand, fondue d’un feul jet. Elle pèfe
n ois mille quintaux, 8c elle a coûté quarante mille
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écus. Ce pont fe termine au château royal. Cet
édifice, ouvrage d’une fuite d’éleCteurs qui y ont
travaillé fuccemvement, n’eft point d’une architecture
uniforme. Il a trois étages, couronnas d’une
baluftrade. On voit en ce palais une nombreufe
bibliothèque, 8c une belle cotteCtion de médailles,
d’antiques, d’hiftoire naturelle , 8c de divers objets
de curiofité. L’académie a aufli une bibliothèque
& un médailler, qui méritent d’être vus. La
grande églife des Calviniftes eft voifine du château
c’eft-là que font inhumés les fouverains. L’arfenal
eft un des plus grands, des plus beaux 8c des mieux
fournis qu’il y ait en Europe.
On diftigue aufli le palais du margrave Henri, celui
du prince de Prune, ceux de la princefle Amélie
8c du margrave Schwed, celui de l’ordre de
Saint-Jean de Jérufalem, 8c la maifon de l’opéra,
avec cette légende : Fredericus Rex , Apoilini 6*
Mujîs. Près du palais de l’ordre de Malte, eft la
ftatue en marbre blanc que le roi Frédéric II a fait
ériger au feld-maréchal, comte de S chw e r in tu e
à la bataille de Prague en 1757. Sur la place Guillaume
, il a fait aufli ériger une ftatue, en Ï781 ,
au général Seidlitz : bel exemple, que ne fuivent
point les chefs des nations. 11 étoit réfervé à Frédéric
II d’avoir a fiez' de magnanimité pour décer-
| ner dans fes murs des monumens à ceux q u i, fur
fes pas , marchent dans les fentiers de la gloire.
Berlin a un grand nombre de manufactures flo-
riflantes, qui durent leur établiflement ou leurs
progrès aux réfugiés François, .qui y trouvèrent
une nouvelle patrie après le trop fameux édit qui
révoqua celui de Nantes. Il s’y manufacture des
étoffes de fo ie , 8c demi-foie, des étoffes.de laine,
d’autres de coton, plufieurs en fil, 8c beaucoup de
bonneterie. Il s’y fabrique aufli d’excellente 8c très-
belle porcelaine , 8c en général le commerce y eft
fur un pied très - floriflànt. Il fe trouve en cette
ville une académie de peinture, fculpture 8c. architecture
, un collège de médecine 8c de chirurgie,
avec un théâtre d’anatomie, une académie militaire
8c un corps de cadets, dans lequel on n’admet
que des fils de gentilshommes. Il y a d’ailleurs
quatre collèges, quatre gymnafes, différentes écoles
8c plufieurs bibliothèques publiques, un jardin
de botanique 8c un obfervatoire. Mais un des plus
beaux ornemens de Berlin , un de ceux qui contribuent
davantage à fon éclat 8c à fon luftre, eft l’académie
des fciences de cette ville. Hors de la foule
des inftitutions de même genre,cette fociété favante
ne voit à fon niveau que celles de Londres,de Paris,
de Petersbourg 8c de Bologne. Son établiflement fut
un des premiers ouvrages du grand Frédéric : c’eft
un de ceux aufli qui concourent davantage à la
fplendeur de fon règne. Prince ardent 8c éclairé |
une de fes premières démarches fur le trône fu t ,
de chercher à raffembler autour de lui ceux qui,
n’importe en quel pays , s’élevoient au - dcfliis
des autres hommes par leurs talens, leur génie,
leur érudition. Animés de fon faufile encouragés,
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enhardis par fon eftime, par fa faveur, quelquefois
par fon amitié, il ne tarda pas à fe répandre
dans cette fociété une activité , un reflort, line
énergie , qui dévoient immanquablement 1 elevet
à la fupériorité qu’elle a obtenue , 8c lui méritçr le
haut degré de confidération dont elle jouit aujourd’hui
dans tout l ’univers. v
Les citoyens de Berlin jouiffentde tres-agreables
promenades, tant au-dedans de leurs murs, qu au
dehors. C ’eft de cette ville que nous font venus
les carroffes légers que, de fon nom, nous appelons
berlines. Berlin eft à 17 lieues o. n. o. de
Francfort-fur-l’Oder, 17 n. e. de Vittemberg, 28
f. o. de Stetin ,8c n o n . o. de Vienne. Long. 3 m
56 ; lat. 52,28.
Le fouverain , dont cette ville eft le fiège, eft
en Allemagne le feptième prince électeur, 8c il
a , en cette qualité , un fuflrage dans le collège
électoral , à la diète de l’empire. Il en a
cinq dans le collège des princes, comme duc de
Magdebourg, prince de Halberftadt, de Minden,
de Camin, d’Oftfrife , 8c il -en a plufieurs par-
jn i les comtes de l’empire. Il eft co - directeur du
cercle de baffe-Saxe, du cercle deWeftphalie, 8c de
celui du bas Rhin ; & la branche de Brandebourg-
Anfpach joilit de la même prérogative dans le
cercle de Franconie. Mais une confidération d’une
toute autre importance eft l’influence du roi de
Pruffe dans le fyftême politique de l’Europe. Il
eft le pivot fur lequel repofe la tranquillité de
cette partie du monde. Il maintient l’équilibre de
l ’Allemagne : il maintient celui de l’Europe. La
puiffance d’un des membres du corps fédératif
d’Allemagne ayant crû à un point qui la met
hors de proportion avec celle des autres co-états
de l’empire ; fans la réaCtion des forces Prufliennes,
l ’empire s’écroule ; il devient le domaine d’un
prince inquiet, qui fans ceffe en activité , toujours
difpofé à réalifer le titre d’empereur d’occident,
voit dans les parties de fa domination , éparfes en
Europe, autant de pierres d’attente, 8c fans ceffe a
devant les yeux les vuides qui les féparent. Quoique
la puiffance de la monarchie Pruflienne foit
confidétable en elle-même, elle n’eût cependant
point fufli à effectuer d’aufli grandes vues , fans la
lageffe, la vigueur d’aine , les vertus guerrières 8c
civiles qui diftinguentle grand Frédéric , 8c propageront
dans les fiecles à venir les rayons immortels
de fa gloire. {R . )
BERLINCHEN ( petit Berlin ) , petite ville
d’Allemagne en haute Saxe , dans la nouvelle
Marche. Les habitans s’entretiennent de l’agriculture.
Elle a eu trois cruels incendies en 1575,
1608 8c 1617. Cette ville eft à trois milles de
Soldin.
BERLINGUES ; île de l ’océan proche la
côte de Portugal. Voye{ B ar lingues. •
BERMUDES ( les ) îles de l’Amérique fep-
tentrionale , vis-à-vis-la Caroline|découvertes en
ï 5 22 ou 15 27 par Jean Bermudes, efpagnoh
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Ces îles font à deux cens lieues de la côte de
la Caroline, 8c à mille neuf cent cinquante des
côtes de France. Elles font toutes ramaffées dans
une circonférence de fept à huit lieues. On n’en
voit aucune d’une étendue confidérable , quoiqu’il
y en ait de plus grandes les unes que les autres.
En 1612 les Anglais s’y font établis 8c s’y font
maintenus jufqu’à préfent. On prétend que leur
nombre monte à dix ou douze mille.
La moyenne de ces îles eft l’îîe de Saint-
Georges ; fa plus grande largeur n’eft guère que
d’une lieue. Elle eft naturellement fortifiée d’un
côté par des roches qui avancent beaucoup dans
la mer ; le côté oriental qui eft le plus à découvert
eft défendu par dés forts 8c de bonnes batteries
bien ménagées. Une fuite contigiie de rochers
rend l’entrée fi difficile , que fi l’on ne connaît
très-bien le local, le naufrage eft inévitable ;
c’eft ce qui l’a fait nommer par les Efpagnols Los
Diabolos, les diables.
La ville de Saint-Georges eft au fonds du port
de même nom. Elle eft défendue par fix ou fept
forts ou batteries qui la mettent à l’abri de toute
infulte. L’églife paroiflîale eft très - belle ; il y a
environ onze cent maifons , bien bâties 8c bien
percées. On y voit un hôtel de-ville où s’aflem-
blent le gouverneur 8c le confeil : cette ville a une
bibliothèque publique , dont lui a fait préfent le
doCteur Thomas Bray , le prûte&etir des lettres en
Amérique.
Outre Saint-Georges 8c fon département., on
compte encore huit autres cantons ; favoir, Ha-
milton , Smits , Devonshire, Pembrock, Pagetz,
Warwick, Southampton, Sandi. Devonshire eft
au .nord , 8c Southampton au midi. L ’un 8c l’autre
eft paroiffe, avec une églife 8c bibliothèque particulière.
Quelques-unes des autres petites îles ont
des églifes, 8c tous les habitans appartiennent à
l’un ou à l’autre de ces huit diftriCts.
La plus grande de toutes ces îles porte le nom
de Bermudes. On v o it dans toutes quantité d’orangers
, de mûriers , 8c d’autres arbres à fruit.
Toutes les productions de l’Amérique 8c de l’Europe
qu’on y a tranfpîantées y ont parfaitement
réufli. On y fait la récolte deux fois par an ; aufli
les habitans, conténs des productions naturelles ,
fe livrent-ils peu au commerce, qui ne confifte
guère qu’en une affez petite quantité de tabac , de
cochenille , de perles 8c d’ambre gris,, de limons ,
d’oranges d’une groffeur prodigieufe 8c d’un goût
délicieux, de très-beaux cèdres, avec des bois de
conftruCtion. La nourriture ordinaire eft le maïz 8c
le-bled d’Inde. On y trouve quantité de tortues,
dont la chair eft très^délicate : la volaille 8c les oi-
feaux fauvages de toutes efpèces y abondent. On
n’y connoît aucun animal venimeux.
Les maladies étoient rares dans ces îles ; mais,
depuis la fin du dix-feptième fiècle , il s’y eft fait
fentir des ouragans qui ont dépravé la qualité de
l’air , au point qu’il y eft aujourd’hui aufli dan