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gril; d’autres pour chauffer de l'eau, en mettant le
fou dans le milieu; un vafe ou efpèce de marmite
de bronze à dôuble fond -, avec trois petites cheminées
: il paroît qu’on y mettoit du feu.'
Des taffes & des foucoupes en argent, comme
celles de nos taffes à café, dont la forme & la cife-
hire font d e là plus grande beauté; des aiguieres
plus commodes que les nôtres ,.en ce que 1 orifice
étoit porté fur le côté, & l’anfe placée au - deffous
de la partie la plus pefante, pour qu’elle fût en
équilibre , quoique pleine ; des pincettes a main
pour prendre le charbon.
Des inftrumens en forme de cuillers quadruples,
propres à faire cuire quatre oeufs a la fois féparé*
.ment ; grand nombre de coquilles de cuivre avec
des manches, pour faire cuire la patifferie. Un gril
de fer pour la cuifine ; j’y ai vu beaucoup de cuillers
, mais aucun meuble, ce me femble, qui approchât
de nos fourchettes.
Des marmites, dont les deux anfes fe rabaiffent
& fe collent fur les côtés, pour occuper moins de
place ; des vafes dont les anfes font en forme de
ferpens entrelacés ; d’autres v afes , ayant des anfes
doubles de chaque côté. Des paffoires ou efpeçes
de cribles comme les nôtres, en argent & dur»
travail admirable ; un mortier à piler du fe l, d'une
forme applatie, avec un trou pour faire tomber le
fel ; des baffins, dans la forme de nos corbeilles à
fruit.
Un baflin de bronze, iucrufte d’argent; beaucoup
de vafes dorés, & de batterie de cuifine argentée
; il n’y en a point d’étamée. Cet art mile
S’appliquer l’etain fur le cuivre, manquoit aux Romains
; auffi leur batterie de cuifine étoit - elle toujours
(l’un métal compofé, comme notre bronze,
& non pas de cuivre pur, métal trop facile à diffou-
dre & qui fe change trop vite en verd-de-gris.
Les denrées même s’y trouvent encore en nature
: on y a trouvé des oeufs très- bien eoafervés ;
une tourte d’environ un pied de diamètre» dans fa
tourtière au-dedans du four. J’y si vu» du froment
dont les grains font entiers, quoique noirs. & charbonneux
; des fè v e s , des noix qui ont encore leur
couleur naturelle, mais qui ne font au- dedans que
du charbon ; des petits pains ronds, qui n étoient
pas ençore cuits ; d’autres déjà cu its , quoique
moifis, & à demi - brûlés : ils ne font point mé*
connoiffables ; leur forme eft entière ; on- y voit
même les lettres d-ont on les marquoit : il y eu
a un de neuf pouces de diamètre , fur quatre d’é-
paiffeur , oii font écrits ces mots: Segilo e granib.
£ . Cicere. Des amandes, dès figues, des dattes, «te
l ’huile defféchée , & dont il ne refié que la partie
réfmeufe; du vin même qui eft à f e c , & réduit
en une matière concrète & noirâtre. On fait que
les vins des anciens étoient épais dépofoient
beaucoup ; & l’on en peut juger fur-tout par celui-
là. L’on en eft affuré, parce qu’on a trouvé dés
caves revêtues de marbre, ayec les bouteilles rangées
fur des- gradins*
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Les verres & les bouteilles y étoîent mie chofo
fort commune, de même que les lacrymatoires »
petites fioles, qui étoient fuppofées renfermer les
larmes répandues fur les tombeaux : il y en a même
où ron voit des figures empreintes.
Des pots de terre, affemblés en forme de panier,
à porter deux bouteilles de vin ; des alîiettes de
terre, abfolument plates , pour mettre les gâteaux ;
des tuiles d’une forme trèsrcommodes » pour border
le faîte des maifons : elles finiffent par un rebord
, avec ue trou pour l’écoulement des eaux ;
des lampes de terre cuire, ornées de bas-reliefs ;
une lampe à deux mèches, qui paroît avoir cté
fufpendue en l’air par le moyen de quatre chaînes
attachées aux aîles de deux aigles qu’on voit fur
les côtés, & dont l’anfe eft en forme de tête de
cheval. .
Tout ce qui eft néceffaire pour la toilette &
pour l’ajuftement, fe retrouve dans ce cabinet d’antiques
; un braflelet d’or , formé de deux demi-
cercles , qui s'attachaient avec de petits cordonetS
dor ; on y voit deux têtes fort - bien cifelées; des
bagues , des boucles d’oreilles, des cifeaux, air
guilies, dés à coudre; une caftette, contenant tout
ce qui étoit néceffaire pour les travaux des femmes ;
des cure-ofeilles, des peignes, des ornemens de
la jeuneffe , appelés bullce. , en forme de coeur »
des boucles de cheveux en bronze, évidées avec
légèreté, & frifées avec goût ; des galons d’o r ,
treffés fans foie ; des pots de rouge, en cryffal de
roche , femblables à ceux des toilettes des fran-
çoifes , avec 1e vermillon fu c u s y qui eft encore
dans fon entier; des vafes pour les parfums; des
frottoirs pour la peau, firigili, qu’on employoit
dans les bains. On a trouvé les bains eux-mêmes,
avec l’affortiment de tous les uftenfjles qu’on y
employoit.
Des couleurs brutes pour peindre, très.-bien
confervées, for-tout de la laque, de l’encre jaune,
& de très-beau bleu.
D e petites balances à deux baffins, mais dont
les bras font divifés en deux parties ; un- petit
poids, qu’on y faifoit couler, fuppléoit, à - peu-?
près comme dans nos romaines, au grand nombre
de petits poids , ou de fubdivifions dont on fe fert
dans le commerce. Ces balances font fufpendues
à une fimple boucle : elles n’çnr point d’aiguilles
ni dé languettes pour indiquer les petits trébuche?
mens ; cependant j’ai vu ailleurs des balances an*
tiques où il y avoir une languette.
Des inftrumens de mufique ; tïbi# , les flûtes
fait?es; d’os ; tes croiali, ou petites pièces rondes de
cuivre qu-’oii frappoit l’iine contre l’autre ; &
trum , infiniment en fer-à-cheval, traverfé de plu*
fleurs tringles def métal, que l’on frappoit avec un
archet ; la flûte à fept tuyaux, le tambour de baf*
q ue , les tymbates & les jeux de dés, ne fe voient
que dans les peintures.
Des inftrumens de chirurgie, comme des font
$es » & ipêmç un étui complet * où tous les inûru*
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fciens ont des manches de bronze avec des ornemens
de fort bon goût.
Des cafques, des boucliérs, & toutes fortes d’armes
offenfives & défenfives, des verroux, des ferrures
, des clefs, des marteaux ; des clous qui pa-
roiffent faits au marteau, & d’autres qui ont été
formés dans une efpèce de filière : je parle de ceux
de cuivre, car pour ceux de fe r , je n’ai pas pu en
diftinguer la forme. En général, tous les inftrumens
de fer font rongés parla rouille, défigurés,
Véduits en fcories, bourfoirffiés & méconnoiffables.
Voilà pourquoi l’on n’y a trouvé prefque d’autre
meuble en fer bien confervé, que le gril de fer
dont j ’ai parlé. 'On trouva une maifon , dont la
porte d’entrée étoit fermée d’une grille de fe r ,
mais elle s’en' alla en morceaux quand on voulut
la toucher. J’ai remarqué encore des hameçons,
des filets de pécheurs & d’oifeleurs, noircis par le
fe u , mais dont la forme eft entière.
Des urnes de terre, divifées intérieurement par
loges : ort croît qu’elles fervoient pour renfermer
les loirs, glires, que l’on é le vo it/& qui formoient
un objet de luxe chez les anciens, par un de ces
ufages bizarres, dont on trouve à peine quelque
prétexte, malgré leur univerfalité: tel eft parmi
nous lhifage du tabac, auquel il femble qu’on ne
puiffe attacher ni agrément ni utilité.
Un petit cadran folaire, tracé fur une pièce d’argent
en forme de jambon : la queue de l’animal y
fert de ftyle : on l’a gravé dans le troifième tome
des antichità di Ercolano, page 33 7.
Il s y eft rencontré une mefure du pied romain,
dont M. Bonpiede , ingénieur du port, m’a fait
voir une copie exaâe: il a dix pouces onze lignes
& demie, cela peut contribuer à décider la queftion
de la longueur de l’ancien pied', que IM. de la
Condamine avoit déjà trouvé de dix pouces onze
lignes, parla comparaifon deplufieurs monumens
Romains.
On a trouvé beaucoup de médailles, dont quelques
unes font curieufes ; telles que les médailles
de Vitellius, qui font rares "dans tous les cabinets1; !
un triomphe de Titus ; une médaille de Vefpafien,
frappée àFoccafion de la prîfe de Jérufalem, Judcea
capta. J’y ai vu un médaillon d’Augufte en or , de
quatorze lignes de diamettre, qui pèfe plus d’une
once : morceau unique pour les antiquaires ; mais
cVft le foui de cette importance qui ait été trouvé
à Herculanum.
Des fceaux ou cachets ;lldés anneaux de for.,
d’or , d’argent, montés & non montés ; des cornalines
,. des fardoines ; plufieurs pierres précieufes
montées en or , mais groffièrCment. On m’en fit
voir une que le roi d’Efpagne avoit fait remonter,
& qu’il portoit depuis' fept ans, mais qu’il a remife
au cabinet de Portîci, en partant pour l’E fpagne,
afin de faire voir qu’il vouloit conlgrver au royaume
de Naples, tout ce qu’on avoit trouvé à Herculanum
, fans exception.
Les pierres gravées fe font trouvées en grand ‘
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nombre , & la plupart d\nie grande beauté. On
en a tiré auffi plufieurs meubles de cryftal de roche*
-qui prouve (Jce ce travail étoit très - perfectionné
dans ce pay s -la: il y a des flacons de cette matière
, dont l'ouverture eft fi é troite, que le travail
en a dû être fort difficile.
On garde, dans le même cabinet, huit petits tableaux
fur pierre, représentant huit mufes : ils ne
font pas mienx peints que de bonnes peintures
Chînoifes : mais fl y a une de ces mufes remarquable,
en c e qu’elle a à côté d’elle trn fcrin'mm,
boîte que l’on avoit regardééjufqu’à préfent, comme
deft-inee a mettre des livres. C e tableau leve toute
incertitude à ce fujet : on apperçoit très - diftinéle-
ment dans 1 e/crlnium, des livres roulés avec leurs
étiquettes, qui font de petites bandes de papier qui
débordent ; ce que l’on n’avoit encore trouvé dans
aucun monument.
Les livres, ou plutôt les nianuferits trouves à
Herculanum , font d’une grande efpérance pouf lés
gens de lettres * quoiqu’on n’en ait fait jufqn’à préfent
que peu n’ufage. Ces livres ne font point eti
parchemin , àitift qu’on l’a publié en France. On a
cru d’abord qu’ils étoient d’ancien.pamer d’Egypte;
mais on s’eft apperçu/depuis qu'ili.n’etojeiit que fut
des feuilles de cannes de joné , colléej lçs unes à
côté des autres,’ N&; roulées dans' le fens oppoféu
celui dont on les lifoit. Ils né font toits écrits qiiè
d’un côté , & dilpofés par petites colônnés, qui né
font guère plus hautes que les pages de nos in-12.
Ils etoient rangés les uns fur les autres dans une armoire
en marqnètterie, dont on voit encore les
fragmens. Lorfqù’on mit la main fur céS livres
tous ceux qui n’âvoient point été faifis par la chaleur
des cendrés du Véftive, étoient pourris par
1 effet de l’humidité, & ils tombèrent comme des
toiles d’araignées auffi-tôt qu’ils furent frappés de
l’air : ceux au contraire qui, par l’impreffion de la
chaleur de ces cendres, s’étoient réduits en charbon
, étoient les feuls qui fe fuffent confervés,
parce qu’ils avoient réfifté à l’humidité.
Ces feuilles roulées & converties qn charbon:
ne reffemblerit ordinairement qu’à un bâton brûlé
de deux pouces de diamètre, fur huit à dix pouces
de longueur. Quand on veut le dérouler ou enlever
les couches de ce charbon, il fe caffe & fe réduit en
pouffiere; mais en y mettant beaucoup de tems &
de patience, on eft parvenu à lever les lettres les
unes apres'les autres, & à les copier en entier. Le
P. Antohio Piaggi, religieux Somafque, a é t é n n-
venteur de cette efpèce d’a rr, & il a fait un élève
nomme Vicerr^iq Merlï, qui s’èn occupe annuellement
, _ mais avec1 peu d’affiduïté & peu d’ardeur
Voici a-peu-près leur procédé.
On a un chaffis iflujèti fur nne raBle, dans le bas
duquel le livre eft porté fur des rubans par les deux
extrémités du morceau de bois fur lequel il eft roulé
: otrfafrdéfcendfé de deffils un cylindre , qui eff
au hatitda jlraffis, des’foies crues d ’une très-mamie
fineffi y & rangées comme une chaîne fert d aue ,